"Jeudi 21 octobre [1925]
Journée de Paris. Passé à l'Académie. C'est vraiment le char mérovingien. On voulait encore remettre les élections après les réceptions, qui ne peuvent commencer qu'en janvier 1926. Alors, Bourget, d'une voix faible, à peine intelligible, mais ferme et résolue, a fait observer à ses confrères que Barrès, mort depuis deux ans, n'avait pas été remplacé, non plus que le comte d'Haussonville, mort depuis plus d'un an, et que nous avons toujours l'air d'un corps inachevé, tronqué. L'Académie tout entière a compris et a voté à l'unanimité que les trois élections auraient lieu le 29 novembre.
Il y a de fins manœuvriers qui auraient bien voulu qu'on attendît les réceptions pour faire les élections, comptant la voix des nouveaux élus en faveur de leurs poulains. Calcul puéril, car, pendant ce temps-là, on meurt, et pour une voix que leur apportera une réception, la mort enlève une ou même deux voix. Ici, on meurt dans la proportion d'un et demi par an, et si l'on attend deux ans, pour une réception, trois immortels ont pu mourir. C'est du moins ce qui arrive la plupart du temps."
Maurice Donnay -
Mon journal 19196-1939
"Ici, on meurt dans la proportion d'un et demi par an."
Cette proportion est-elle toujours la même ?
