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Qui sera dans mon train ?

Envoyé par Thomas Rhotomago 
Retenir un billet de train sur Internet m'a permis de découvrir un nouveau service imaginé par la SNCF, baptisé, "iDTGV and Co". Si j'ai bien compris, il devient possible, techniquement, de faire connaissance avec ses futurs voisins dans le train. "Qui sera dans mon train ?" s'interroge la pub explicative. "Faites connaissance avant - Vous aurez plus à partager à bord !" L'image qui accompagne cette invitation est d'une rare laideur (je ne sais pas la montrer ici), c'est un "personnage" en image de synthèse, singulièrement hideux. Ce n'est qu'un aspect des choses.

Ce qui peut retenir l'attention et donner, qui sait, à réfléchir, c'est le service en lui-même. Ainsi, l'usage de l'outil informatique permet d'entrer en contact avec un inconnu qui a réservé une place à proximité de la vôtre et qui destiné à devenir votre voisin de voyage. Voici qui me semble modifier profondément les conditions du voyage ferroviaire - et dans une infinité de directions. On part dans une quinzaine de jours et l'on est déjà dans le train... Ce projet personnel de voyage est localisé quelque part, accessible à des inconnus.

Bien sûr, on n'est pas obligé d'utiliser ce service (notons que l'on n'est jamais obligé de rien, jusqu'à ce que l'on finisse par dire "On peut pas faire autrement") mais si un nombre croissant de voyageurs décident de s'en servir, on prend le risque de se trouver dans la situation désagréable d'entrer dans un wagon où, peut-être, beaucoup de voyageurs se "connaissent" déjà. Il est à craindre que l'on ne fasse alors figure d'inconnu infréquentable - soit que l'on passe pour un ringard qui ignore cette nouvelle technologie, soit pour un sauvage qui, précisément, ne veut pas "faire connaissance", puisqu'il ne s'est pas servi de cette nouvelle technologie et alors, pas question de lui adresser la parole ni de lui répondre.

Ce service renforce à l'évidence la volonté malsaine de l'entre-soi. "Faire connaissance" n'est plus "faire connaissance" mais devient plutôt vérifier avant que les conditions seront réunies, qui permettront de s'entendre avec le voisin ou la voisine parce qu'ils partagent nos goûts, nos idées, parce qu'ils nous ressemblent etc. Sous la volonté naïve de maîtriser le hasard des fâcheuses proximités, d'en supprimer autant que possible l'éventualité, c'est bien pratique non ?, cette technique met en place les conditions d'une sorte de "tribalisme" plutôt oppressant.
11 avril 2011, 12:39   Re : Qui sera dans mon train ?
Vous oubliez quelque chose, cher Orimont, dans cette apologie de la promiscuité : si vous répondez non à certaine personne on va vous traiter de raciste et vous trainer devant les tribunaux.
"On recherche des humoristes, mais aussi des magiciens et des performers visuels."

Je crois, cher Orimont Bolacre, que vous allez vous é-cla-ter.
11 avril 2011, 22:31   Division du travail
Dans une optique plus intéressée et strictement ciblée, cette facilité permettrait de couper court aux approches d'usage, à la parlotte aussi obligée que parfois fastidieuse, et de passer sans plus d'encombres à l'acte, à la faveur d'une proximité assise et physique propice, le déblaiement préliminaire des obstacles de convenance ayant été fait avant, et la suite contractuellement approuvée si affinités physiques satisfaisantes.
Ce n'est pas nécessairement un mal. Combien de fois, lors de voyages en autobus entre Tel-Aviv et Jérusalem, dans une obscurité dodelinante et tiède, ai-je regretté de n'avoir pas plus de temps à consacrer en actes à telle croustillante créature que le hasard avait assise à côté de moi, le temps de parole rognant sur l'essentiel. SI le coup peut être arrangé d'avance, c'est tant mieux.
J'en reviens toujours à cette idée, que par des raccourcis qui peuvent à première vue paraître surprenants et inattendus, la technique nous ramène souvent à notre humanité inchangée, et par le détour en accéléré des sortilèges de la virtualité nous place finalement comme par miracle, nous replace dans la pure substance matérielle, les hasards, les imprévus et la résistance de la bonne veille matière, corporelle, désirante et inassouvie.
Voyez comme cette offre nouvelle pourrait vous prendre comme par la peau du cou, vous téléporter dans le train et vous poser sur le siège, sommé en tout et pour tout d'agir dans la vraie vie !
J'apprécie, cher Alain, que vos provocantes arabesques nous permettent, au moins, d'échapper à la sinistrose.
11 avril 2011, 22:47   Re : Division du travail
Merci, cher Éric. Il s'agit d’insuffler même aux machines quelques rudiments de savoir-vivre...
11 avril 2011, 23:09   Re : Division du travail
Certains, très vite, en viendront à prendre le train avec pour seul but celui "d'assurer", de "conclure", une approche entamée dans le virtuel. Le Train Bleu, nom du buffet de la gare de Lyon, a toujours été un lieu de drague: ça ne va faire qu'empirer, certains, les mêmes, ne s'y rendront plus bientôt que pour "boucler une affaire", "lever", "emballer" quand les approches d'usage rondement menées dans le virtuel auront été suffisamment avancées, prometteuses, et que le ticket sera dans la poche (kangourou, celle du slip).

Plus sérieusement, certains travaillent déjà à un moteur de recherche (recherche de l'oiseau rare, de l'oiseau rare de la plus commune espèce qui soit) qui ne serait plus sémantique et dont la vocation ne serait pas de faire migrer les tourtereaux virtuels mus par affinités par-delà les longs espaces mais bien plutôt de les faire "se brancher" dans la proximité, la localité. Qui est assis près de moi au restau, au bar, dans le bus ? voilà ce que grâce au google cube, nous allons bientôt savoir. Finis les codes vestimentaires, les body language, les oeillades de l'inconnue qui vous bloquent la pomme d'Adam dans un train, une salle d'attente. Désormais, les présentations sont faites. L'acte nu et cru, la bagatelle, la bistouille, va s'offrir sans ambages. Vous allez vous faire votre voisine de banc, votre voisin de banc, comme au fast-food, sans perte de temps inutile. Le Google Cube-Image va vous le servir, vous le rôtir, sans sauce, sans vaseline. Ca sera du direct dans la gueule: "je sais que tu sais que je sais, alors, on descend à Laroche-Migennes pour un petit coup vite-fait-sur-le-gaz et on repart vers Clermont une heure après ni vu ni connu, et ne fais pas ta bégeule que j'te dis, je sais tout de toi"....
11 avril 2011, 23:19   Re : Division du travail
"Ca sera du direct dans la gueule: "je sais que tu sais que je sais, alors, on descend à Laroche-Migennes pour un petit coup vite-fait-sur-le-gaz et on repart vers Clermont une heure après ni vu ni connu, et ne fais pas ta bégeule que j'te dis, je sais tout de toi"...
Ca me fait penser à la fameuse histoire où il est question de Liver ... non rien.
11 avril 2011, 23:35   Re : Division du travail
Oui, Francis, mais les abrutis seront toujours là, pareillement servis par la pierre taillée de Cro-Magnon et Second Life. Et après ?
Qu'avons-nous que diable à toujours vouloir envisager les choses selon ce qu'elles feront faire, statistiquement, à la collectivité la plus imbécile, quand une approche personnelle et choisie est possible ?!...
12 avril 2011, 00:07   Re : Division du travail
Il est tout de même curieux de se voir soupçonner de "sinistrose" à la première réserve émise sur l'apparition de nouvelles techniques qui modifient notablement les usages, les moeurs, induisent de nouveaux comportements, alors même que, de discussions en discussions, il n'est ici question que de "remplacement" d'un peuple par un autre, d'impositions de nouvelles façons d'agir, de listes de faits divers qui établissent la "contre-colonisation" en marche, de compte-rendus circonstanciés de tous les désastres à l'oeuvre et si un Jean-Marc fait simplement mine de contredire à peine à ces tableaux, il est vertement remis à sa place, passe, au mieux, pour le "ravi" de service.

Tout se passe comme s'il ne se passait rien d'autre qu'un affrontement de peuples à peuples, de civilisations à civilisations, à l'ancienne. "Les abrutis seront toujours là" nous dit Alain Eytan. La pierre taillée de Cro-Magnon vaut la téléportation : des outils. Où est le problème, dans ce cas ? Dans ce cas, tout va bien, rien de nouveau sous le soleil, pourquoi se prendre la tête, en effet. Mais alors, qu'on n'ait pas la sinistrose sélective. Sur le billet que j'ai imprimé et que j'aurais à présenter au contrôleur il y a une image, une sorte de créature anthropomorphique parfaitement hideuse qui m'invite à "faire connaissance" avec elle ou lui. Eh bien quoi ? Quelle est la différence si au lieu de cette créature il y a écrit Allah Ouakbar ? On voyage, non ?

Rien n'est "nécessairement un mal."
12 avril 2011, 00:37   L'Ange bleu
La collectivité la plus imbécile n'a aucune existence statistique. Son existence est physique et elle gâche tout. A cause d'elle, plus question de draguer dans ma langue, qui est toute sienne, qui lui est cédée. L'inconnue de l'Express, la "collectivité la plus imbécile" me l'a rendue hors d'atteinte. L'aventure amoureuse si elle existe encore, pose de folles exigences à celui ou celle à qui elle importe. La première de ces exigences est un décor (langagier autant qu'urbain) qui rompe avec le cadre imbécile commun. Les dragueurs (dragueuses) du Train Bleu m'ont privé de toute drague au Train Bleu, alors même que ce lieu est divinement situé, divinement conçu pour se livrer corps et âme à la première oeillade, au premier rouge à lèvres qui passe. La collectivité des imbéciles, depuis toujours, m'empêche et me prive d'être l'imbécile heureux que je serais, sans elle, si content d'être. Elle ruine d'avance toute aventure de sa menace de rendre la mienne vidée de toute magie, minuscule, pitoyable. Je ne veux pas d'elle et comme elle est tout je ne veux plus rien, et si toute la technique (de l'outil primitif à Second Life) se dévalorise, se dévoie, c'est parce que l'art et la technique pâtissent avec moi de cette menace, de cette contamination par la menaçante imbécillité qui s'auto-reproduit, s'auto-imite, s'auto-limite avec pour première et dernière obsession d'évacuer le merveilleux de toute occasion où il pourrait apparaître.
12 avril 2011, 00:50   Re : Division du travail
Disons que le bon ou mauvais sera à proportion de ce que vous pourrez faire de la nouveauté et du Remplaçant, ou de ce qu'ils pourront faire de vous.
Là où la comparaison pèche à mon sens, c'est que le Remplaçant humain est humain. Les machines seront pour longtemps encore, sinon à jamais, bêtes, dociles et neutres, si tant est que vous soyez assez solidement installé dans vos goûts et votre quant-à-soi pour vous en servir à votre gré. Un "jeune" conquérant a plus de caractère.
12 avril 2011, 00:59   Re : Qui sera dans mon train ?
Au dernier moment Turquoise a manqué son train et la place est restée vide.
12 avril 2011, 01:02   Honeypot
Manque de pot Florentin !
Utilisateur anonyme
12 avril 2011, 09:06   Re : Honeypot
(Message supprimé à la demande de son auteur)
12 avril 2011, 09:22   Re : Honeypot
Se retrouver à Bamako ou à Alger sans avoir eu à faire le voyage, c'est un genre de téléportation et même de télédéportation.
12 avril 2011, 09:44   Re : Qui sera dans mon train ?
La télédéportation sur place, il fallait y penser !
Utilisateur anonyme
12 avril 2011, 12:54   Re : Qui sera dans mon train ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Ah, encore un effort et vous verrez que la lapidation sera remise au programme du jour...
12 avril 2011, 16:10   Re : Honeypot
""La pierre taillée de Cro-Magnon vaut la téléportation"
Bien sûr que non. "L'essence de la technique n'est rien de technique" (et, corollaire, il n’y a pas de solution technique à la technique…). "L'outil n'est ni bon ni mauvais, cela dépend de ce que l'on en fait " : voilà vraiment, pardonnez-moi, le degré zéro de la réflexion, à peine bonne pour le comptoir."

Très vite, essayons d'abord de lever un malentendu. Ce n'est pas du tout moi qui argumente dans le sens ci-dessus. Je me suis mal exprimé, je ne faisais que reprendre un propos d'Alain Eytan : "les abrutis seront toujours là, pareillement servis par la pierre taillée de Cro-Magnon et Second Life." (comme si un abruti servi par la pierre taillée valait un abruti servi par "Second life", ce que je ne crois pas du tout, justement, comme si les abrutis ne changeaient pas.)

Que "L'outil n'est ni bon ni mauvais, cela dépend de ce que l'on en fait " soit le degré zéro de la réflexion, c'est précisément ce que je m'évertue à suggérer depuis des lustres, sans me permettre de parler de "degré zéro". Et pourtant, plus d'un en plus d'une occasion brandit immédiatement son marteau et ses clous à la moindre critique de la technique, façon de dire qu'elle n'est rien d'autre qu'un marteau et des clous perfectionnés.
Utilisateur anonyme
12 avril 2011, 16:46   Re : Honeypot
(Message supprimé à la demande de son auteur)
12 avril 2011, 23:45   Re : Honeypot
» "L'outil n'est ni bon ni mauvais, cela dépend de ce que l'on en fait "

Ce n'est pas non plus ce que j'ai dit ; je me suis borné à constater que l'outil devient menaçant quand le moyen qu'il doit être devient sa propre fin, et dispose de vous comme instrument (consommateur effréné) de cette fin, plutôt que vous soyez ordonnateur du moyen selon vos propres besoins, goûts et particularités.
Je suis désolé, mais je crois que cette distinction existe, et l'ignorer reviendrait justement à rendre indifférencié le changement lui-même, qui est effectivement inéluctable.

D'autre part cette nuance à introduire dans l'évaluation du rapport possible à la technique n'est pas reconductible dans l'autre sorte de changement, le Remplacement que vous évoquiez, cher Orimont, parce que tout de même, nous n'en sommes pas encore à ne pouvoir faire la différence entre une machine et un être humain, et que l'attitude supposée des populations remplaçantes ne laisse guère le loisir de les régler à notre convenance, bien au contraire.
Utilisateur anonyme
13 avril 2011, 08:03   Re : Honeypot
(Message supprimé à la demande de son auteur)
23 avril 2011, 09:44   Qui sera dans mon bus ?
La chute est véritablement savoureuse :
I C I
23 avril 2011, 12:31   Re : Qui sera dans mon bus ?
« La lycéenne a obtenu 1.000 euros de dommages-intérêts. »


C'est à la vertigineuse augmentation des prestations les plus courantes que l'on s'aperçoit à quel point on a vieilli.
Tout cette inflation, c'est à cause de l'euro.
Utilisateur anonyme
24 avril 2011, 09:45   Re : Qui sera dans mon train ?
Je m’autorise, très respectueusement, une petite mise au point ferroviaire. : Un « wagon » est destiné au transport de marchandises, une « voiture » au transport d’êtres humains.
Vous avez raison Monsieur Chassaing, ne confondons pas les voitures-lits et les wagons-litières.
Il faudrait justement dire voiture-lit. Le mot est en usage et, en effet, wagon-lit est impropre bien que courant.
Utilisateur anonyme
24 avril 2011, 11:26   Re : Qui sera dans mon arrière-train ?
Le terme est "voiture-lit" en français. La popularité de la faute (Exemple : « Compagnie des wagon-lits ») ne l’excuse pas.
Jean-François,

Où voyez-vous une faute ?

Voiture pour les voyageurs, wagon pour le marchandises, pourquoi pas, dans le langage technique de la SNCF. Pour le TLFI, citations à l'appui, un wagon peut très bien servir à transporter des voyageurs (Proust, Cendrars, Duhamel).
Utilisateur anonyme
24 avril 2011, 11:59   Re : Qui sera dans mon train ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Voilà, c'est fini M. Chassaing, le bobo au nom est réparé.
Et le métro, vous en faites quoi du métro, Didier ?

Voici ce que nous dit le TFLI (je suppose que Cendrars s'y connait en littérature et en trains) :

1. Voiture destinée au transport des voyageurs et à certains services.

Wagon bien aménagé, confortable; wagon bondé, vide; wagon sanitaire; wagon de bois, wagon de première/deuxième classe; banquette, coin, compartiment, couloir, fenêtre, filet, marchepied, portière, vitre du wagon; poussière, trépidation du wagon; monter en wagon; s'installer dans un wagon. Les wagons, doublés pour la plupart en beau velours d'Utrecht rouge, sont larges et capitonnés d'importance (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 98). Lucienne et Germaine sont dans le wagon et il y a justement encore de la place (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 161).
En appos. avec valeur d'adj. Vert wagon. Vert vif et soutenu dont étaient peintes les anciennes voitures de voyageurs. Avec ce jeune homme barbu, tennis effondrés, chemise à carreaux, shetland vert wagon et Levi's marronnasse, le glamour hollywoodien en prend un vieux coup ! (Le Point, 8 sept. 1980, p. 124, col. 1).
P. anal. Wagon (de métro). Jerphanion se trouvait assis avec Odette dans un wagon de métro, entre les stations du Palais-Royal et de Saint-Paul (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 242). Une rame entrait en gare, je sautai dans un wagon et descendis à Cambronne (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 388).
P. méton. Ensemble des personnes transportées dans le wagon. Tout le wagon dort, maintenant, toutes les têtes se balancent (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 153).

2. CH. DE FER. Véhicule destiné au transport des animaux et des marchandises.
Wagon de marchandises, de messageries; wagon de charbon, de vin, de volailles; charger, décharger, expédier les wagons. Les wagons de champagne étiquetés via Laon, Tergnier, Amiens, arrivèrent en deux jours à quatre heures cinquante, matin, à Calais-Triage par train 5.799 (HAMP, Champagne, 1909, p. 188). Comme pour ceux de Rawaruska, cela commença par l'ignoble voyage de quatre jours et cinq nuits dans l'entassement des wagons à bestiaux (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 303). V. benne ex. 9.
Dans les accidents de chemin de fer, c'est toujours le dernier wagon le plus dangereux. C'est pour cela qu'on l'a supprimé.

(Pierre Dac)
Utilisateur anonyme
24 avril 2011, 12:18   Re : Qui sera dans mon train ?
Merci pour la réparation du bobo.
D’une manière générale, ce n’est pas le lieu je le sais, se pose la question du vocabulaire professionnel ou technique (issu souvent d’une histoire assez longue) et de la culture. Pour moi un minimum, je dis bien un minimum, de maîtrise de ce type de vocabulaire est nécessaire à l’homme cultivé. Exemples : Un avion se pose sur une piste et non sur un tarmac (il y stationne) , une personne renvoyée devant un tribunal correctionnel est un prévenu et non un accusé. C’est aussi une forme de respect pour l’autre d’être ouvert à ces domaines non « littéraires » et ne pas utiliser un mot pris au hasard, « accusé », « tarmac », au petit bonheur, comme un vulgaire journaliste. Mais je pense que ce n’est pas l’avis de tous, et Marcel Proust dit « wagon » d’accord. Céline aurait dit des choses abominables sur la question…
Jean-François,

L'avion peut très bien se poser sur du tarmac, si la piste en est revêtue, et stationner sur du béton, s'il n'y a pas de tarmac.

A ma connaissance, le français n'a pas de terme pour traduire apron et taxiway, du moins pas de terme d'usage courant.
Cher Monsieur Chassaing,

ne nous laissons pas leurrer, ou aveugler, par le vocabulaire technique, notamment celui des transports publics, ou communs. Par je ne sais quel maniérisme, il se plaît, jusqu'à l'absurde, à se démarquer du vocabulaire commun. J'ai travaillé un temps à au siège de l'Organisation maritime internationale à Londres (aujourd'hui Office maritime international). Savez-vous cher monsieur que l'OMI ne connaît pas le mot bateau ? Je répète : l'Office maritime international a banni de son vocabulaire le terme français bateau. Il faut employer, comme générique, vaisseau ou navire. Viennent ensuite les trente mille termes techniques, de l'aviso au contre-torpilleur, de la felouque à la marie-salope, qui désignent les différents types de navire, de vaisseau ou d'embarcation. Voilà.
Utilisateur anonyme
24 avril 2011, 13:07   Re : Qui sera dans mon train ?
Bien je termine.
1 -Pour tarmac, si la piste en est revêtue (ce qui est rare) il faudrait dire « L’ « avion s’est posé sur la piste en tarmac de … ». Dans le cas général « tarmac » désigne l’ère de stationnement. Taxiway peut se dire piste de roulage, mais le terme français le plus courant est « taxiway » d’accord. Il arrive que les avions s’y posent, mais l’avenir du pilote est alors incertain.
2 -Je ne propose pas de respecter les normes réglementaires qui sont trop complexes pour une personne étrangère à la profession. Il n’est pas question de réécrire le Bateau Ivre. Je propose simplement de respecter les usages professionnels les plus fondamentaux. Pour moi dire un « camion de pompier » est aussi horrible que de dire Sir suivi du nom (Ici, je pense que je vais me faire lyncher).
Pour votre information l’usage est de dire un « engin de pompier ». Et ce n’est pas un anglicisme, pas plus que canceller.
« Dans le cas général "tarmac" désigne l’ère de stationnement. »

J'ai tout de même appris grâce à vous que certaines personnes pouvaient trouver "horrible" « camion de pompier ».
Utilisateur anonyme
24 avril 2011, 13:23   Re : Il avait tout le jour travaillé dans son aire
Pire : "Les pattes d'un cheval". Pour un cavalier c'est l'horreur absolue.
Et après les mille euros de la lycéenne délurée, voici les engins de pompier de M. Chassaing : curieuse discussion pour un dimanche pascal…
Utilisateur anonyme
24 avril 2011, 14:16   Re : Qui sera dans mon train ?
Monsieur Goux vous commencez à comprendre qu’engin et camion ce n’est pas pareil. Le glissement du signifié sous le signifiant est plus facile avec l’un qu’avec l’autre.
Remarquez, quand on utilisera l’horrible « camion » il y aura, probablement, moins de pyromane. Un remède aux incendies de forêt ?
Jean-François,

A propos de pompiers et de perte de la langue, et pour faire suite au dit de Didier, une anecdote.

Je me trouvais dans une rue parisienne en compagnie d'un élève de M. Badiou, quand nous passâmes à proximité d'une fille de joie qui avait avec un monsieur la discussion suivante : "Pour un pompier, c'est combien ? ... Pour un pompier, c'est cinquante euros...".

Le jeune homme fit demi-tour et je l'entendis demander "Et pour un étudiant en sociologie, c'est combien ?".

Vous avez aussi la bouche et le nez, pour le cheval.
La boucherie est un autre bel exemple d'un jargon, celui des bouchers, qui désigne des parties de l'animal que le profane, le simple ami des bêtes, ignore. Ce dernier caresse les flancs, la croupe, et non... je ne sais pas moi, le paleron, l'araignée, le flanchet ou la meta'schiena. Et bien même chose pour le passager des convois ferroviaires (des trains) qui compte les wagons avant de trouver le sien, cependant que le cheminot a ajusté son vocabulaire suivant les dernières directives de sa hiérarchie et s'applique (maniérisme) à nous parler de voitures.

Cendrars, puisqu'il a été question de lui dans ce fil, disait que son livre de chevet était la Grande nomenclature des douanes, lequel est devenu Code du Système Harmonisé (le HS en langue internationale), soit des dizaines de milliers de termes techniques qui servent à dénoter, désigner, signifier le plus strictement possible, le référent, la chose, l'objet à son professionnel. A l'article "Bois", on compte des centaines de termes, à "sciages", trois douzaines au moins (avec flache, sans flache, avivés, non-avivés, etc.), où l'on voit que l'objet, le référent donc, a lui-même ses séries organisées comme le sont les séries saussuriennes des sons signifiants (voisé/non-voisé, etc..) du langage investi de la mission de le désigner.

On constate ainsi, entre le signifiant et son signifié, M. Chassaing, un étrange continuum de structure.

(Signalons aux amateurs que pour la somme dérisoire de 295 euros, ils auront, à titre individuel, et pendant un an seulement, accès à cette formidable nomenclature de plus de 200 000 termes en s'abonnant au service en ligne administré par l'Union douanière internationale, cela s'ils tiennent absolument à généraliser à tous les champs de l'objectivation la désignation professionnelle des objets qui les entourent ou de tous ceux qu'ils souhaitent désigner à leurs contemporains, I C I Comme le rappelait pertinemment Didier Goux ici même on n' a rien pour rien aujourd'hui, et c'est à ce constat que l'on mesure le temps passé depuis l'époque où Cendrars se permettait de sauter dans un wagon de train...)
24 avril 2011, 21:07   Une enfance chaste
Tout cela me ramène des années en arrière, quand, écolier à l'école Israélienne Moshe Sharett à Paris, sise à Sèvres à l'époque, nous avions comme professeur de français, c'est pourtant vrai, une certaine Mme Chassaing.
Oh, il n'était cependant pas question dans ses cours d'''engins de pompier" et d'éteignoirs déroulants.
Utilisateur anonyme
24 avril 2011, 22:45   Re : Qui sera dans mon train ?
Jean-Marc - Badiou n’apprend rien à ses étudiants, c’est scandaleux.
Alain – Je ne connais pas cette respectable dame, mon patronyme est très courant en Limousin. Dans le sud du Limousin (Brive) il est prononcé ChassainGGG. Nous connaissons tous ici le problème, GerSSS etc. Mais je suis comme cette cousine lointaine et inconnue, je ne parle pas d’engins de pompier à mes étudiants, seulement ici.
Je suis quant à moi ravi de cette recherche d'orthodoxie langagière dans les domaines techniques. Il me semble d'ailleurs que, mis à part le cas tout à fait curieux de la Compagnie des Wagons-lits, on entend très couramment dire "voiture de première classe" et "wagons à bestiaux", par exemple. L'engin de pompier me laisse en revanche sans voix.
Cher jean-François, la chère Mme Chassaing était une pointilleuse, adorable et chenue personne, et je crois que je luis dois mon amour inconditionné de la langue française.

Cher Marcel, nous fûmes sans doute quelques-uns à en avoir été siphonnés.
Tant qu'à faire, nous avons aussi le véhicule, qui est commun aux gendarmes et aux bouddhistes.

Jean-François, à propos de Céline et des wagons :

"Donc en ce wagon si rafraîchi, plus une vitre plein de zefs, et quels zefs ! personne pouvait plus dormir... trop froid, trop secoués !"

D'un Château l'autre.
Citation
Jean-Marc
Jean-François,

A propos de pompiers et de perte de la langue, et pour faire suite au dit de Didier, une anecdote.

Je me trouvais dans une rue parisienne en compagnie d'un élève de M. Badiou, quand nous passâmes à proximité d'une fille de joie qui avait avec un monsieur la discussion suivante : "Pour un pompier, c'est combien ? ... Pour un pompier, c'est cinquante euros...".

Le jeune homme fit demi-tour et je l'entendis demander "Et pour un étudiant en sociologie, c'est combien ?".

Vous avez aussi la bouche et le nez, pour le cheval.

Il me semble, Jean-Marc, que vous nous avez rapporté il y a peu la même anecdote en la situant dans une rue toulousaine.
Oui, c'est comme le couteau de Lichtenberg.
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