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Un simple rappel : Jacques Ellul face à l'islam

Envoyé par Kiran Wilson 
Non à l’intronisation de l’Islam en France

Article de Jacques Ellul


"Ce n’est pas une marque d’intolérance religieuse: je dirais "oui", aisément, au bouddhisme, au brahmanisme, à l’animisme..., mais l’islam, c’est autre chose. C’est la seule religion au monde qui prétende imposer par la violence sa foi au monde entier.

Je sais qu’aussitôt on me répondra : " Le christianisme aussi ! "

Et l’on citera les croisades, les conquistadors, les Saxons de Charlemagne, etc. Eh bien il y a une différence radicale.

Lorsque les chrétiens agissaient par la violence et convertissaient par force, ils allaient à l’inverse de toute la Bible, et particulièrement des Evangiles. Ils faisaient le contraire des commandements de Jésus, alors que lorsque les musulmans conquièrent par la guerre des peuples qu’ils contraignent à l’Islam sous peine de mort, ils obéissent à l’ordre de Mahomet.

Le djihad est la première obligation du croyant. Et le monde entier doit entrer, par tous les moyens, dans la communauté islamique.

Je sais que l’on objectera : "Mais ce ne sont que les 'intégristes' qui veulent cette guerre."

Malheureusement, au cours de l’histoire complexe de l’Islam, ce sont toujours les "intégristes", c’est-à-dire les fidèles à la lettre du Coran, qui l’ont emporté sur les courants modérés, sur les mystiques, etc.

Déclarer sérieusement qu’en France l’adhésion de "certains musulmans" à l’intégrisme est le résultat d’une crise d’identité est une désastreuse interprétation.

L'intégrisme en Iran, en Syrie, au Soudan, en Arabie Saoudite, maintenant en Algérie est-il une réaction à une crise d’identité?

Non, l’intégrisme est seulement le réveil de la conscience religieuse musulmane chez des hommes qui sont musulmans mais devenus plus ou moins "tièdes".

Maintenant, le réveil farouche et orthodoxe est un phénomène mondial. Il faut vivre dans la lune pour croire que l’on pourra "intégrer" des musulmans pacifiques et non conquérants. Il faut oublier ce qu’est la rémanence du sentiment religieux (ce que je ne puis développer ici). Il faut oublier la référence obligée au Coran. Il faut oublier que jamais pour un musulman l’Etat ne peut être laïque et la société sécularisée: c’est impensable.

Il faut enfin oublier comment s’est faite l’expansion de l’Islam du VIe au IXe siècle. Une étude des historiens arabes des VIIe et IXe siècles, que l’on commence à connaître, est très instructive : elle apprend que l’islam s’est répandu en trois étapes dans les pays chrétiens d’Afrique du Nord et de l’Empire byzantin. Dans une première étape, une infiltration pacifique de groupes arabes isolés, s’installant en paix. Puis une sorte d’acclimatation religieuse: on faisait pacifiquement admettre la validité de la religion coranique. Et ce qui est ici particulièrement instructif, c’est que ce sont les chrétiens qui ouvraient les bras à la religion soeur, sur le fondement du monothéisme et de la religion du Livre, et enfin lorsque l’opinion publique était bien accoutumée, alors arrivait l’armée qui installait le pouvoir islamique — et qui aussitôt éliminait les Eglises chrétiennes en employant la violence pour convertir.

Nous commençons à assister à ce processus en France (les autres pays européens se défendent mieux). Mais c’est du rêve éveillé que de présenter un programme de fédération islamique en France, pour mieux intégrer les musulmans. Ce sera au contraire le début de l’intégration des Français dans l’islam.

La seule mesure juridique valable, c’est de passer avec tous les immigrés un contrat comportant : la reconnaissance de la laïcité du pouvoir, la promesse de ne jamais recourir au djihad (en particulier sous forme individuelle — terrorisme, etc.), le renoncement à la diffusion de l’islam en France. Et si un immigré, beur ou pas, désobéit à ces trois principes, alors, qu’il soit immédiatement rapatrié dans son pays."

Article paru dans l'hebdomadaire "Réforme" le 15 juillet 1989. Jacques Ellul, juriste, historien, théologien, sociologue, est décédé en 1994. De son vivant, il a publié plus de 600 articles et 48 livres, traduits dans une douzaine de langues, dont plus de la moitié en anglais. De 1953 à 1970 il fut un membre du Conseil National de l'Eglise Protestante Réformée de France. Professeur d'Histoire et de Sociologie des Institutions, à l'Université de Bordeaux, son oeuvre inclut des études sur les institutions médiévales d'Europe, l'effet de la technologie moderne sur la société contemporaine, ainsi que la théologie morale. Il fut reconnu par des cercles académiques américains comme l'un des plus importants penseurs contemporains.
Tout est là, mais il est presque trop tard. Preuve que nos dirigeants depuis plus de 25 ans sont des traîtres à leur patrie et, plus grave, à leur civilisation.
Oui mais frappe aussi le fait qu'un tel texte en 1989 était publiable alors qu'aujourd'hui le MRAP et d'autres brigades de propagande poursuivraient l'auteur pour - etc. etc. Jacques Ellul fut un intellectuel admirable. Ce qu'il dit dans ce bref article relève du simple bon sens, de la connaissance historique et de la prudence élémentaires. Et pourtant qui en 2011 oserait encore s'exprimer ainsi ?

Et dans 20 ans, la prison, la déchéance de la nationalité pour une telle parole ?
Je recommande son livre "Islam et judéo-christianisme" où il dénonce les fausses proximités entre les "trois religions" qu'on nomme tantôt "les trois religions monothéistes" (alors qu'il y a bien plus de monothéismes), tantôt "les trois religions du Livre" alors qu'elles ne partagent pas le même livre (les chrétiens et les juifs partagent la moitié d'un livre, et n'en partagent pas même la moitié avec les musulmans - l'expression, on le sait, est une déformation des "Peuples du Livre" qu'on trouve dans le Coran), tantôt "les trois grandes religions" (sympa pour les hindouistes !).
Il dénonce ainsi la fausse proximité suscitée par la figure d'Abraham (les trois peuples issus d'Abraham/Ibrahim), celle suscitée par le Livre et une autre que j'oublie.
Est ajoutée à ces trois chapitres denses et précis, une préface qu'il accorda à une histoire de la dhimmitude. Sa formation de juriste s'y révèle d'une grande utilité. Il montre que ce statut est un droit concédé et non personnel. Il suffit que les musulmans changent d'avis pour que cesse ce droit. Ce droit lui-même, remarque-t-il avec beaucoup de finesse, est un droit d'être protégé (contre un impôt), mais, demande-t-il, d'être protégé contre qui ? Contre les musulmans ! Il suffirait qu'ils ne soient pas dangereux et menaçants pour que ce droit se révèle superflu et obsolète.
Un monothéisme digne de ce nom n'implique-t-il pas une certaine unité de la Création, une certaine fraternité ?
Rémi Brague, dans Du Dieu des chrétiens et d'un ou deux autres (que je viens d'acheter), aborde lui aussi ces faux rapprochements couramment opérés dans la presse de vulgarisation, et qui visent à dissimuler les différences radicales entre les religions. L'ouvrage est moins incisif que celui d'Ellul, mais très intéressant. Une bonne piqure de rappel, comme on dit sur France Culture.
Sur le même sujet, j'avais beaucoup aimé le livre de François Jourdan : Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans. Ce fut une découverte pour moi qui, comme beaucoup de Français, connaissais très mal l'islam, puisque je n'en savais que ce que le collège unique m'avait enseigné. C'est aussi bon livre pour qui veut commencer à connaître le christianisme, car les deux religions sont sans cesse mises en vis-à-vis dans la démonstration saisissante de Jourdan.
Il ne faudrait tout de même pas tomber dans l'excès inverse et nier que judaïsme, christianisme et islam ont bien des points communs.

Pour répondre à Florentin, l'idée centrale du christianisme, qui est en effet la fraternité ("aime ton prochain comme toi-même") est aussi, il me semble, l'idée centrale de l'islam avec la notion d'Oumma (qui vient du mot "mère").

Il me semble que ces deux notions sont fort éloignées de l'idée centrale du laïcardisme avancé qui est "aime ton iPhone comme toi-même".
Faut-il vraiment vous rappeler, Jean-Marc, que la Oumma est la communauté des croyants musulmans et que la fraternité ne va pas au-delà ? Vous trouvez les musulmans fraternels avec les polythéistes ou les juifs ? Vous trouvez que le Coran incite à la fraternité à l'égard de ceux-ci ? Et ne me répondez pas, je vous en supplie, que les chrétiens eux-mêmes n'ont pas toujours été fraternels avec les juifs ou autres mécréants.
Utilisateur anonyme
21 avril 2011, 18:30   Re : Un simple rappel : Jacques Ellul face à l'islam
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Il ne faudrait tout de même pas tomber dans l'excès inverse et nier que judaïsme, christianisme et islam ont bien des points communs.

Ce qui semble commun, en surface, à ces trois religions (unité et unicité de Dieu, référence à l'Ancien Testament, filiation d'Abraham, etc.), dissimule des contradictions profondes. Plus on creuse (je ne dis pas que c'est mon cas, mais c'est celui d'un grand nombre d'auteurs), plus ce qui apparaît unique (et commun, et universel) se diffracte et se différencie. Il ne faudrait pas non plus tomber dans l'ésotérisme vague d'un Frithjof Schuon, par exemple.
Citation
Stéphane Bily
Plus on creuse (je ne dis pas que c'est mon cas, mais c'est celui d'un grand nombre d'auteurs), plus ce qui apparaît unique (et commun, et universel) se diffracte et se différencie.

C'est exactement cela.
Je n'ai pas la référence en tête mais "aime ton prochain comme toi-même" est extrait du Lévitique. Cela s'applique-t-il à tout le genre humain ?
Lévitique XIX:18, en effet. Et cela s'applique à tout le genre humain.
Florentin,

Je vous remercie de rechercher la source et d'éviter de m'excommunier. Le Lévitique nous dit :

"Ne te venge ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple, mais aime ton prochain comme toi-même : je suis l'Eternel."

De même, notre religion fait la distinction entre le peuple des baptisés et les autres.


Marcel,

Je ne vous réponds pas ce que vous me dites, puisque vous le savez.

A votre tour, pourriez-vous m'indiquer ce qu'il advient d'un athée militant à sa mort, dans la doctrine chrétienne ? l'enfer, ou le paradis ?
» Et cela s'applique à tout le genre humain.

Oh, ce n'est pas sûr du tout, ça, et sujet à maintes interprétations. Jean-Marc cite à propos le verset en entier.
Le rèa dont il est question veut plutôt dire "camarade", "compagnon", "condisciple".

Selon Maïmonide le doute n'est pas permis : "Aimer chacun des membres de l'Alliance".
C'est toujours le même problème avec les interprétations qui isolent un verset de son contexte : le résultat en est toujours une espèce de regrettable appauvrissement du sens. Il suffit de lire l'ensemble du chapitre XIX du Lévitique (qui est une sorte de récapitulation des Dix commandements sous une forme plus développée) pour lire un catalogue de choses à faire ou à ne pas faire si l'on veut aimer son prochain, et pour tomber sur le verset 34 : "Vous traiterez l’étranger en séjour parmi vous comme un indigène du milieu de vous ; vous l’aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers dans le pays d’Egypte. Je suis l’Éternel, votre Dieu."

Mais je suis content de savoir que malgré cela le doute n'est pas permis pour un spécialiste de la Loi comme Maïmonide, dont j'imagine bien qu'il m'expliquerait, comme tous les spécialistes de quelque chose dont il est curieux de constater à quel point ils peuvent souvent se perdre dans des explications retorses, que cela n'est valable que si l'étranger est en séjour parmi le peuple de Dieu, etc.

Dès l'Ancien Testament, dès la Loi et les Prophètes, la dimension universelle de l'amour de Dieu et de l'amour de l'homme pour son prochain est exprimée.

"De même, notre religion fait la distinction entre le peuple des baptisés et les autres."

Voilà qui est curieux comme affirmation. Le christianisme que je pratique, c'est-à-dire dans sa forme catholique, ne fait aucune distinction entre le peuple des baptisés et les autres quant à l'amour du prochain. Un certain Jésus de Nazareth, dont l'existence ne serait pas sans rapport avec la genèse de cette religion, et dont nous célébrons aujourd'hui la mort, enseignait même ceci : "Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains aussi n'agissent-ils pas de même ?
Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens aussi n'agissent-ils pas de même ? Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.
" (Matthieu V:43-49)

Je suis un peu remonté là, mais ce doit être l'effet du Vendredi Saint...

"A votre tour, pourriez-vous m'indiquer ce qu'il advient d'un athée militant à sa mort, dans la doctrine chrétienne ? l'enfer, ou le paradis ?"

Comme nous tous, il passe en jugement devant Dieu. La doctrine chrétienne enseigne que c'est là que tout se décide, dans un choix rendu parfaitement clairvoyant puisque fait dans la connaissance pleine et entière de qui est Dieu et rendu parfaitement définitif puisque fait dans l'éternité. Il est difficile pour nous de nous représenter cela car, soumis au temps, nous n'avons aucune idée de ce qu'est l'éternité, et n'ayant jamais été mis en présence de Dieu dans toute sa gloire, nous pouvons être pris par le doute.

Evidemment, toutes les choses que nous avons accomplies durant notre vie soumise au temps et au doute peuvent préparer plus ou moins bien notre âme à cette rencontre décisive, mais on ne peut pas porter de jugement catégorique sur ce à quoi un homme se destine, même le pire d'entre nous. Même pour Judas Iscariot, le "fils de perdition", l'Eglise n'a jamais dit qu'il était en Enfer. Certains hommes de foi ont pu le croire et véhiculer cette idée, mais l'Eglise est muette sur ces choses : elle se préoccupe de sanctifier, pas de damner.

Celui qui se damne dit à Dieu : "Bien que je sache désormais parfaitement qui Tu es, je ne veux pas T'aimer et je ne veux surtout pas que Tu m'aimes. Je préfère m'aimer moi-même et moi seul." Et le jugement de Dieu ne consiste qu'à prendre acte de cette décision. La damnation est le fait de l'orgueil, premier des péchés capitaux, puisque le péché même du Diable et de ses sbires.

Je terminerai en indiquant que l'athéisme, c'est-à-dire l'absence de foi, n'est certainement pas le pire des péchés, puisque "les démons aussi croient, et ils frissonnent." (Jacques II:19) La foi sans espérance et sans amour est la marque même des légions du Diable. Un athée militant est tout à fait capable d'amour, donc nous devons garder espoir pour lui.
Vous avez la colère lucide, cher William.
"Mais d'autres autorités [que Maïmonide], dont Jacob Emden (Aboth I,12) et M. Cordovero (Tomer Debora II), professent que l'amour d'autrui s'étend à l'ensemble des hommes, y compris aux pécheurs et aux païens. Les diverses opinions sont résumées dans Encyclopédie talmudique."
Elie Munk, La Voix de la Thorah, Le Lévitique, p177.
William,

Vous m'avez l'air fort instruit en cette matière, aussi vous demanderai-je de m'éclairer sur le sens du baptême, puisqu'il ne parait introduire aucune distinction bien pertinente...

De même, vous semblez suggérer qu'un athée militant, qui aurait bouffé du curé tout les jours sauf justement le Vendredi Saint où il se nourrit de boudin pour un repas gras, mais qui aurait eu par ailleurs une vie des plus parfaites pourrait être appelé au Royaume de Dieu ?

Vous nous dites en somme que ce qui importe c'est la vie qu'on mène et non la croyance qu'on a ? qu'on peut rejeter Dieu en paroles mais que l'accueil du prochain en actions lave tout cela ? que par exemple la prière ne sert à rien ?

Ai-je compris ?
De même, vous semblez suggérer qu'un athée militant, qui aurait bouffé du curé tout les jours sauf justement le Vendredi Saint où il se nourrit de boudin pour un repas gras, mais qui aurait eu par ailleurs une vie des plus parfaites pourrait être appelé au Royaume de Dieu ?

Mais qu'en savons-nous, mon Dieu, qu'en savons-nous ? Et qui vous dit que certains non-croyants ne pourraient pas en effet être plus proches du royaume de Dieu, plus agréables à Dieu par leurs actions que certains baptisés ? J'avoue n'y connaître pas grand-chose, mais je pense qu'il serait fou pour le dernier des chrétiens (et avons-nous vraiment la certitude de n'être pas ce dernier des chrétiens ?) de se prétendre davantage aimé de Dieu que le premier des "athées". Le baptême est une manière de mort dans le Christ, mais il n'est pas la garantie d'une élection particulière ; une fois franchi le seuil de l'Eglise, rien n'est donné, il faut encore cheminer en évitant les trous, les gouffres qui s'ouvrent sous nos pas. Vraiment, il faudrait être fou pour souhaiter sonder ces choses-là, dont nous n'avons pas la clef.
Le baptême a plusieurs fonctions et significations pour l'Eglise. Il est le moment où l'homme est purifié du péché originel, où il reçoit le don de l'Esprit Saint, et où il est plongé dans la mort du Christ pour renaître à la vie nouvelle. De plus, en tant que cérémonie ecclésiale, il est le moment où la personne est introduite dans la communauté chrétienne qu'est l'Eglise. Les distinctions entre baptisé et non baptisé sont spirituelles et pertinentes.

Vous me demandez en fait si un pécheur (athée militant, publicain, prostituée, vous, moi) est appelé au Royaume de Dieu. La réponse est oui. Mais nous pouvons très bien ne pas répondre à cet appel.

Le problème est que nos croyances ont une incidence sur la vie que l'on mène. Persister dans le péché et dans le refus de Dieu conduit à un endurcissement du coeur, lequel peut s'avérer dangereux pour le salut de l'âme, puisque une fois le corps mort, l'âme qui est présentée à Dieu porte en elle le produit de la vie qu'elle a menée ici-bas. Ce produit peut être d'un orgueil tel que même en présence de Dieu dans toute sa gloire et dans tout son amour, l'âme refuse de répondre à cet amour et de partager cette gloire, et choisit de se damner. Décision sans appel, je le répète, puisque faite en parfaite connaissance de cause.

La damnation est un choix personnel de l'âme qui passe en jugement. Dieu prend acte, et respecte la liberté qu'il nous a octroyée.

Evidemment, bouffer du curé est au mauvais départ et un mauvais itinéraire dans la course qui nous mène de toute façon vers le jugement de Dieu. Mais l'athée peut très bien refuser Dieu par méconnaissance, par bêtise, et se comporter très bien par ailleurs puisque la Loi de Dieu est inscrite dans le coeur de l'homme. Et en effet, arrivé devant Dieu Lui-Même, son âme peut très bien se convertir car n'opposant plus de résistance à l'Amour.

Si un baptisé peut très bien se damner, un non baptisé peut très bien être sauvé. Rentrer dans l'Eglise et participer à sa vie, c'est participer à une communauté de gens éclairés afin de s'entraider sur le chemin qui mène à Dieu. Car seuls, nous ne pouvons rien pour notre salut.

Et la prière est évidemment utile et efficace, puisqu'elle consiste en une conversation avec Dieu ou avec l'un des Saints qui jouissent de la vision de Dieu. Là encore, prier c'est ne pas être seul.
Utilisateur anonyme
22 avril 2011, 14:51   Re : Un simple rappel : Jacques Ellul face à l'islam
(Message supprimé à la demande de son auteur)
» comme tous les spécialistes de quelque chose dont il est curieux de constater à quel point ils peuvent souvent se perdre dans des explications retorses, que cela n'est valable que si l'étranger est en séjour parmi le peuple de Dieu, etc

Vous serez encore plus content, cher William, de savoir qu'en effet Maïmonide donne à cet étranger qu'il faut protéger, honorer et aimer "comme l'un des nôtres" du verset que vous citez le sens de guer tsedek, ce qui veut dire l'étranger ayant accepté la Thora et se soumettant à sa Loi. Il n'est certes pas le seul, et nombre de sources talmudiques font de même.
Au reste Maïmonide, qui est assurément un "commentateur" négligeable, des conceptions théologiques et philosophiques duquel le judaïsme aurait fort bien pu se passer après tout, dit d'autre part des choses terribles sur les goyim, et les mécréants en règle générale, et non content de ne point promouvoir un béat amour idéal de principe embrassant l'humanité tout entière, affirme de plus qu'il faut les haïr (s'appuyant entre autres sur le verset des Psaumes "...et ceux qui te haïssent Seigneur je les haïrai").
Il y a bien entendu d'autres interprétations, plus généralistes...
Mais vouloir à tout prix que l'interprétation "universaliste" soit la seule bonne et envisageable, et toutes les autres déformées, déformées par un particularisme juif dans la lecture de ce Livre écrit par des juifs pour des juifs, qui a dans cette optique pour seul et unique objet d'exposer l'exigence du Travail du Créateur, d'un Dieu envers ses obligés électifs, n'est-ce pas une distension de sens au moins aussi partiale ?
Plus convaincante me paraît la vision (essentiellement chrétienne il est vrai) d'une première révélation encore largement fermée sur la population juive mais qui contient en germe le message évangélique et son universalisme. Et le christianisme n'est du reste pas autre chose qu'une secte juive qui a réussi en se détachant, sous la férule de Paul, des particularismes juifs.
Cher Marcel, vous répondrai-je qu'il y a quelque chose d'insolite dans le fait d'envisager le judaïsme d'après le sens que lui donne le drageon qui expressément s'en démarqua, et de fait déclara nul et non avenu ce qui en constituait la spécificité ?
Pour ma part je ne vois pas de "vision plus convaincante" ; il n'y a que des vues différentes, irréconciliables, et parfaitement légitimes du point de vue d'où elles sont considérées.
Cher Alain, je le répète : la dimension universaliste est déjà présente dans l'Ancien Testament. Il suffit de le lire et de se rendre compte, dans la progression de son texte même, du passage d'un Dieu unique essentiellement national à un Dieu unique qui est Celui dans lequel toutes les nations seront bénies. C'est particulièrement frappant dans les psaumes ou dans les textes prophétiques.

Maïmonide et tous les talmudistes ont beau avoir été des gens très savants et très instruits, et sans doute plus que je ne le serai jamais, ils n'ont été que des hommes faits de terre glaise et soumis à leurs passions comme vous et moi. Voilà pourquoi je me réserve le droit de prendre mes distance à leur égard et à l'égard de leurs idées lorsque cela me paraît juste et bon, comme à l'égard de celles de tout homme pécheur. On peut appeler cela l'esprit critique ; on peut aussi penser que je fais piètre usage du mien...

Vous parlez d'amour béat, comme s'il s'agissait d'une sottise, d'une faiblesse ou d'une facilité. Détrompez-vous : il n'y a rien de plus difficile que d'aimer ses ennemis comme l'a enseigné le Christ, c'est-à-dire de continuer à les aimer en tant qu'hommes faits à l'image du Créateur dont vous parlez tout en haïssant le mal qu'ils font, tout en continuant d'avoir à l'esprit que ce sont vraiment nos ennemis et qu'ils veulent notre perte. La preuve que c'est surhumain : je suis presque certain que vous n'y arrivez pas, comme je n'y arrive pas non plus. Mystère de l'Amour divin crucifié.
Une remarque, William.

Christianisme et islam me semblent être des religions "de conquête", alors que le judaïsme paraît "judéo-centré".

De mon point de vue, chrétiens et musulmans considèrent le voisin comme "pouvant et devant être converti". On a perdu cela de vue en France, mais il suffit de s'intéresser aux évangélistes pour comprendre que leur logique et celle des musulmans militants ne sont pas très éloignées.

Si vous prenez le judaïsme, pas d'effort de conversion et même une méfiance.


D'autre part, le christianisme a un fond très important d'antijudaïsme, on ne peut pas le nier. Sur ce caractère irréconciliable, je rejoins Alain.

Je reviens à vous, William : si je comprends bien, vous nous proposez une sorte de morale sans religion, d'une haute tenue certes mais sans prières, par exemple.
Ce dernier point me paraît peu contestable, cher William.
Cela étant, je voulais surtout faire valoir qu'il y avait également une lecture et une intelligence spécifiquement juives des textes, se différenciant notablement de l'approche plus chrétienne et universaliste que vous considérez, qui doivent également être prises en compte, lorsqu’il s'agit de la Bible, après tout.
En effet Jean-Marc, de ce point de vue cela me paraît évident : le judaïsme est auto-suffisant, il n'a pas besoin des autres, ils ne l'intéressent pas vraiment, et de ce fait il les laisse tranquille. C'est la veille souche qui prit nativement racine.
En revanche, un Karl Barth a écrit que le simple fait que le judaïsme se perpétuât constituait une plaie vive dans le corps du Christ...
Citation
Jean-Marc
D'autre part, le christianisme a un fond très important d'antijudaïsme, on ne peut pas le nier. Sur ce caractère irréconciliable, je rejoins Alain.

Je reviens à vous, William : si je comprends bien, vous nous proposez une sorte de morale sans religion, d'une haute tenue certes mais sans prières, par exemple.

Sur la question de l'antijudaïsme du christianisme, les choses sont plus complexes que la doxa qui est en cours à ce sujet. Le christianisme se présente non comme une négation du judaïsme (auquel cas il serait effectivement un antijudaïsme) mais comme un accomplissement de celui-ci, un accomplissement-dépassement si l'on veut, puisqu'il universalise en quelque sorte le judaïsme (ou achève de l'universaliser, histoire d'énerver Alain), accomplissement qui se fait dans la personne même du Christ. Cela me fait d'ailleurs penser aux paroles de Jésus disant très clairement qu'il n'était pas venu abolir la Loi mais l'accomplir. Tout l'orthodoxie chrétienne tient dans ces paroles.

En revanche, je ne nie pas que beaucoup de chrétien n'aient pas compris cette idée profonde et complexe. Cette incompréhension a au moins commencé avec Marcion, qui fut justement excommunié parce qu'il voulait proposer un christianisme antijudaïque (rejetant l'Ancien Testament et les livres du Nouveau qui lui semblaient faire la part trop belle aux Juifs), et que cette incompréhension a longtemps perduré. Elle perdure sans doute encore chez les chrétiens mal instruits.

Et je n'ai jamais proposé de morale sans religion et sans prière ! Relisez-moi plus attentivement ! Rien n'est plus étranger à ma pensée de catholique croyant et pratiquant !

Pour ce qui est du caractère prosélyte du christianisme, je suis d'accord. Encore faudrait-il sans doute faire une histoire complète du prosélytisme juif, car il y a eu des périodes, notamment celle ou le christianisme est né, où ce prosélytisme existait vraisemblablement...

Je connais mal Karl Barth, mais je préfère voir la permanence du peuple élu comme un témoignage de la réalité de l'Incarnation de Dieu en son sein, et comme un rappel fait au chrétien que je suis qu'il y a de nombreuses demeures dans la maison du Père.

Du coup, le sujet a bien dévié...
Excellente réplique cher William !
(En fait, j'avais mal lu votre dernière réponse, William, à laquelle je n'ai rien à objecter, d'où une mienne réplique tout à fait à côté de la plaque ; effacée donc...)
"La damnation est un choix personnel de l'âme qui passe en jugement. Dieu prend acte, et respecte la liberté qu'il nous a octroyée."

??????????
Autrement dit : nul n'est en Enfer sans l'avoir pleinement voulu. La damnation est en quelque sorte un acte de totale rébellion à l'égard de l'amour et de la grâce de Dieu, l'Enfer n'étant pas un lieu mais un état d'éloignement absolu vis-à-vis de l'amour divin. L'idée que Dieu puisse damner une âme qui regretterait le mal qu'elle a commis est une idée absurde bien que courante dans les esprits, les gens s'imaginant le Dieu des chrétiens sous la figure d'une espèce de tyran oriental sourd aux suppliques d'un repenti sincère.

Il ne faut pas penser pour autant que cette explication soit entièrement rassurante, et qu'elle introduise un christianisme de saccharine, puisque la peur légitime d'être damné persiste : plutôt que de craindre d'être injustement jugé, le croyant est réellement responsabilisé et craint désormais d'endurcir son coeur par la pratique du mal au point de vouloir rejeter le pardon de Dieu lorsqu'il paraîtra devant lui. Le croyant comprend ainsi qu'il n'a pas de pire ennemi en dehors de lui-même.

Bien sûr cette explication du salut est conforme à la doctrine catholique, car le salut y est le résultat l'action de la grâce divine et des bonnes oeuvres accomplies par l'homme durant sa vie. D'autres confessions chrétiennes ne voient pas les choses exactement ainsi.
Merci pour cet éclairage - ou cet éclaircissement.
Quant à moi, serai-je damné ?
Utilisateur anonyme
29 avril 2011, 14:38   Re : Un simple rappel : Jacques Ellul face à l'islam
J'ai reproduit à plusieurs reprises cet article du regretté Jacques Ellul dans des forums de discussion du Figaro, et il a été à chaque fois censuré ! Le Figaro a rejoint dans la dhimmitude le torchon de référence qu'est le Monde.
J'ai lu récemment Le Bluff technologique de Jacques Ellul et j'y ai relevé ces passages, également assez prémonitoires pour un texte publié en 1988 (j'ai mis en gras les passages qui me semblaient les plus significatifs) :


Le problème européen, c’est qu’en définitive il n’y a plus de culture européenne ! Nous avons assisté depuis un demi-siècle à une ruine de l’art et de la littérature (cf. L’Empire du non sens), à un remplacement de l’apprentissage (qui unissait des valeurs de vie et des valeurs de connaissance) par l’instruction, à une « mondialisation » de toutes les cultures, qui de fait s’interpénètrent en des ensembles incohérents de miettes et de fragments et spécialement pour l’Europe à une américanisation (je n’ai aucune hostilité contre l’Amérique, mais contre l’invasion de ses plus mauvais aspects) qui a déstructuré des habitudes, des mœurs, des langages implicites, des rituels, qui faisaient la culture européenne autant que la littérature et l’art. Aujourd’hui, le grand thème d’une France multiraciale, avec l’invasion musulmane, achève cette destruction de la cohérence culturelle française.

[...]

On pouvait être tranquille tant que le tiers-monde n’avait pas d’idéologie mobilisatrice. Une révolte anticoloniale de tel ou tel pays, ce n’était pas très grave. Mais maintenant, le tiers-monde est muni d’une idéologie puissante mobilisatrice, l’islam. Celui-ci a toutes les chances de réunir contrairement au communisme qui était encore importé d’Occident. Et c’est pourquoi le communisme échoue peu à peu dans les pays d’Amérique latine qui l’avaient adopté (sauf à Cuba et en ce moment au Nicaragua), et en Chine où l’on a compris que si l’on voulait devenir le troisième grand, il fallait abandonner le communisme. Au contraire, l’islam est du tiers-monde. Il gagne à une vitesse extraordinaire toute l’Afrique noire, il mord de plus en plus largement en Asie. Or, c’est une idéologie à la fois unificatrice, mobilisatrice et combattante. A partir de ce moment, nous allons être engagés dans une véritable guerre menée par le tiers-monde contre les pays développés. Une guerre qui s’exprimera de plus en plus par le terrorisme, et aussi par « l’invasion pacifique ».
Il est clair que le tiers-monde, même en réunissant toute ses forces, ne pourrait pas engager une guerre déclarée, frontale, sur un champ de bataille. Ni guerre de tranchées comme en 1914, ni guerre de mouvement comme en 1940, ni même guerre « froide » comme en 1947, ni non plus guerre économique. Il n’aura jamais une puissance militaire suffisante ni une domination économique (on l’a bien vu avec le pétrole). Mais il a deux armes fantastiques : le dévouement illimité de ses kamikazes, et la mauvaise conscience ce de l’opinion publique occidentale en vers ce tiers-monde. Car il est remarquable que cette Europe, qui ne peut pas se décider à prendre les mesures drastiques raisonnables pour rendre ce tiers-monde vivable, subit une mauvaise conscience permanente. Dès lors d’une part il y aura un terrorisme tiers-mondiste qui ne peut que s’accentuer et qui est imparable dans la mesure où ces « combattants » font d’avance sacrifice de leur vie. Quand tout, dans notre monde, sera devenu dangereux, nous finiront par être à genoux sans avoir pu combattre. Et en même temps se produire inévitablement l’infiltration croissante des immigrés, travailleurs et autres, qui par leur misère même attirent la sympathie et créent chez les Occidentaux des noyaux forts de militants tiers-mondistes. Les intellectuels, les Eglises, le P.C., pour des raisons diverses, seront les alliés des immigrés et chercheront à leur ouvrir les portes plus largement. Toute mesure prise par le pouvoir, soit pour les empêcher d’entrer, soit pour les contrôler, rencontrera une opinion publique et des médias hostiles. Mais cette présence des immigrés, avec la diffusion de l’islam en Europe, conduira sans aucun doute à l’effritement de la société occidentale entière. Par suite de la déraison manifestée depuis vingt ans par nous, l’Occident va se trouver, sur le plan mondial, d’ici vingt-cinq ans, dans l’exacte situation actuelle de la minorité blanche d’Afrique du Sud face à la majorité noire.
Pour répondre à Florentin, l'idée centrale du christianisme, qui est en effet la fraternité ("aime ton prochain comme toi-même") est aussi, il me semble, l'idée centrale de l'islam avec la notion d'Oumma (qui vient du mot "mère").

Oh mon dieu, pas vous Jean-Marc, en tout cas pas comme ça, je vous en prie... Je découvre ce fil d'avril dernier seulement maintenant. Est-il possible, vous le catholique qui savez si bien ce qu'être Catholique signifie comme renoncement à toute meurtrière fraternité! Le Christianisme est tout sauf une cochonne de fraternité qui s'entend pour abattre le père et niquer les soeurs comme le fait l'Islam !
Je parlais d'une idée centrale proclamée et théorique dans l'islam. Dans la pratique, c'est la fraternité des Atrides.
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