Frères en islam

(Message supprimé à la demande de son auteur)

Quel sacrilège !

Réclamons le droit pour les Chrétiens de faire une procession le jour de la fête de la Vierge, avec prêtres vêtus d'étoles, ciboires, enfants de chœur, goupillons et étendards, dans les rues de La Mecque. Portons plainte devant la commission des droits de l'homme de l'ONU si on nous le refuse.

Comment comprenez-vous la phrase suivante :

"Pour forger sa grandeur, l'islam s'est inspiré des Grecs, des Latins, des Indiens, des Perses, des Chinois. Les Européens ont été éduqués par l'Islam. Je peux en effet lire le Coran éclairé par les principes des Lumières. "

C'est extrait de :

-20110422-[zonea]&ens_id=1511602]Le Monde

Abdelwahab Meddeb est un charmeur de serpents. Cultivé, généreux et idéaliste, il rêve sur les ondes un islam que peu de musulmans aspirent à voir s'accomplir. Mais il a une audience à la radio et dans les médias. Lorsqu'il décrit ses fantasmes et ses rêves, les auditeurs croient qu'il décrit une réalité existante ou très proche.
Je préfère Hani Ramadan : il dit des horreurs, mais ces horreurs sont dans les textes. Avec lui, nous savons avec quoi nous avons affaire face à l'islam.

Les critiques qu'émet Virgil à l'encontre d'Abdelwahab Meddeb avaient déjà été formulées par Anne-Marie Delcambre au cours d'un débat télévisé (voir ci-dessous) :



Cela dit, je pense qu'Abdelwahab Meddeb est sincère, contrairement à Tariq Ramadan (qui pratique un double langage). Son analyse révèle néanmoins certaines lacunes ; lorsqu'il dit : "Les passages du Coran sur les femmes qui nous choque [sic] ont des équivalents dans la Bible. Ce n'est pas une invention coranique. Le statut de la femme est même plus avancé dans le Coran que dans la Bible. Le problème, c'est que les sectateurs de la Bible ont pour la plupart dépassé l'approche littérale.", il oublie de préciser que cette différence d'approche est due à la différences de nature des deux textes : les chrétiens considèrent que le Nouveau Testament a été écrit par des hommes, tandis que les musulmans considèrent que le Coran est la parole de Dieu, mot pour mot. Du coup, si on recommande aux femmes, dans le Nouveau Testament, de porter un voile, on peut réinterpréter cela selon le contexte (c'est-à-dire se demander ce que le locuteur a voulu dire). Dans le Coran, au contraire, si Dieu dit de mettre un voile, on peut éventuellement se demander quelle est la définition exacte du mot (s'il s'agit d'un voile intégral ou non) mais en aucun cas remettre en cause l'injonction ou tenter de l'interpréter différemment. Rémi Brague a bien mis en avant cette différence, sur laquelle on ne peut faire l'impasse sans risquer de révéler qu'on ne comprend rien au problème.

(Message supprimé à la demande de son auteur)

Tout à fait Felix. C'est toute la différence entre le statut de parole inspirée qu'a la Bible par rapport à celui de parole dictée qu'a le Coran. Les rédacteurs du Nouveau comme de l'Ancien Testament sont des hommes auxquels Dieu a inspiré sa parole pour laquelle ils ont eu la liberté de la formuler en fonction de leur intelligence et de leur art particuliers, et parfois, il faut le dire, de leurs préjugés d'hommes pécheurs. Lire la Bible, c'est toujours l'interpréter, tandis que lire le Coran, c'est peut-être plutôt au contraire l'expliquer ou l'expliciter...

Entre la Bible et le Coran, il y a toute la différence que l'on peut trouver entre une dissertation, qui suppose un sujet de départ donné par le maître et une liberté d'expression accordée à l'élève, et la dictée d'une leçon, où l'élève recopie servilement ce que prononce le maître...

Cher Didier, je ne pense pas qu'on puisse accuser tous les intellectuels musulmans de duplicité. Abdelwahab Meddeb et Tariq Ramadan s'étaient déjà affrontés sur le plateau de Frédéric Taddéi, dans lequel il apparaissait nettement que leurs convictions n'étaient pas les mêmes, même si l'entretien du Monde peut laisser à penser que leurs divergences sont minimes. Je persiste à croire que Meddeb est sincère : il envisage l'islam d'un point de vue occidental (ou du moins occidentalisé), en mettant l'accent sur le côté culturel de l'Islam (en tant que civilisation) et l'interprétation raisonnée ; ce n'est pas un théologien. Tariq Ramadan, au contraire, est un habile manipulateur qui connaît bien mieux l'islam d'un point de vue théologique, mais qui cache ses convictions profondes derrière un vernis occidentalisé pour mieux faire avancer sa cause. C'est là un exemple classique de taqiya.

Meddeb me semble aussi sincère, en effet. Et comme vous le remarquez, cher Felix, il paraît faire partie de ces musulmans lettrés et pour ainsi dire christianisés qu'a produit l'occident. L'islam est pour eux une religion d'amour et de raison, ce qui n'est pas sans rappeler le fides et ratio si caractéristique du christianisme, mais à vrai dire bien étranger à l'islam authentique.

Ramadan est quant à lui un penseur véritablement retors.

(Message supprimé à la demande de son auteur)

William,

Je suis d'accord avec vous (et je saisis l'occasion pour vous remercier de votre dernier message sur le fil relatif au christianisme, dernier message avec lequel je suis là encore globalement d'accord, comme Alain Eytan).

La notion de "musulman christianisé" est intéressante et gagnerait à être développée.

Je parlais de Hani Ramadan, le frère de Tariq, lequel dit sans détour ce qu'est l'islam. Il est sans doute moins brillant intellectuellement que Tariq, ce qui l'empêche de manier la taqyia comme lui.

» Les rédacteurs du Nouveau comme de l'Ancien Testament sont des hommes auxquels Dieu a inspiré sa parole pour laquelle ils ont eu la liberté de la formuler en fonction de leur intelligence et de leur art particuliers,

Hum, je suis sincèrement désolé de trouver à nouveau à ajouter là mon grain de sel, mais je crois qu'il est important de ne pas perdre de vue que la notion de "Thora du Ciel" (Thora min haShamayim) est l'un des principes de la foi juive, en vertu de quoi Moïse a bel et bien reçu la Thora et les Commandements de Dieu, et les a retranscrits mot à mot par écrit.
Maïmonide, encore lui, y consacre l'un de ses treize articles résumant les Principes de la religion juive (très largement consensuels), le neuvième, "Principe de la Copie, qui consiste en ce que la Thora est copiée du Créateur, à laquelle on ne peut rien ajouter et de laquelle rien retrancher...".
Je crains, cher Félix, que de ce point de vue l'on ne puisse reprocher à Abdelwahab Meddeb l'omission que vous dites, si tant est que l'on adopte concernant l'Ancien Testament une attitude un peu cratylienne...