J'ai lu en diagonale le rapport du président du jury du concours 2010 de l'ENA. Ce président est une présidente et il se nomme Mme Pappalardo, ancienne élève de l'ENA et "haut fonctionnaire". "Haut" - n'exagérons rien : elle fait dans le "développement durable" : c'est "tendance" comme disent les journaux féminins. Ce qui, hélas, ne laissera aucune trace durable dans la pensée, c'est Mme Pappalardo, et surtout la langue qu'elle écrit et qu'elle "ose" rendre publique, sans même prendre conscience qu'elle va faire se gausser tous les habiles de France. Jadis les juristes savaient écrire. Aujourd'hui, ils sont comme les autres. Et pourtant Mme Pappalardo est allée au lycée et à l'université avant le grand désastre. Elle n'écrit pas comme un pied, mais comme deux pieds, chaussés l'un et l'autre trop grand, beaucoup trop grand. Son rapport est un tissu d'impropriétés, parfois d'erreurs de langue; les phrases sont construites sur des liens logiques étranges; elles fourmillent d'intensifs (de très, de si, de beaucoup de, d'autant de...); elle croit bon de nous faire part de réflexions dans une langue d'une naïveté à désarmer une armée de zoïles; et surtout elle fustige le (supposé ou prétendu) conformisme des candidats, alors que tout dans son rapport, la langue, le style, la naïveté, les poncifs... trahit l'allégeance à la bien pensance du moment.