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Rien de nouveau sous le soleil

Envoyé par Thierry Noroit 
Comme il n'y a pas que ce pauvre DSK dans la vie, petit intermède littéraire autour de thèmes chers à Renaud Camus. Les plus perspicaces des in-nocents pourront s'amuser à essayer de deviner l'auteur de ce morceau de bravoure écrit en 1973...


Nous allons, vous savez, tous les dimanches à la campagne. Eh bien ! à chaque fois nous découvrons de nouvelles horreurs. Nous avions pris comme refuge la forêt de Dourdan : une autoroute vient de la couper en deux. Cette "promotion", car c'est ainsi que s'appelle ce genre de profanation et de crime, aurait dû déclencher des émeutes sans précédent. Rien. Partout le même enfer. N'importe quel épicier se fait bâtir une maison (la folie de la "résidence secondaire") au milieu d'un bois ou au bord d'une rivière, et tout est foutu. Le spectacle de cette dégradation galopante me réconcilie avec la mort : à quoi bon vivre pour voir ça ? Ces imbéciles de jeunes ne savent pas ce qui les attend, sans quoi ils se suicideraient en masse.

Pour vous consoler de votre malheur, je vais vous raconter ce qui vient de m'arriver. Au-dessous de la petite chambre où je suis censé travailler habite une vieille fille de 89 ans, complètement sourde. L'autre jour, on sonne à ma porte : deux gaillards, porteurs d'un appareil de télévision, me demandent où habite Mademoiselle Armand (c'est le nom de la vieille). J'ai compris le désastre aussitôt, et j'ai failli me trouver mal. Cette demoiselle, économiquement faible, vit au crochet de la
mairie. L'appareil lui a été offert par une association criminelle : "les petits frères des pauvres". Comment ces monstres n'ont-ils pas songé qu'en dotant une sourde et une folle pareille d'un engin si dangereux, la paix de ses voisins en serait compromise ? Vous savez comme moi qu'on ne peut rien contre les vieux, ni bien entendu contre les jeunes. Faire des réclamations ne rimerait donc à rien : à qui s'adresser ? Pour minimiser les dégâts, j'ai décidé qu'il fallait être lâche, totalement lâche, aller, en d'autres termes, faire la cour à cette vierge nonagénaire, hurler des flatteries dans ses oreilles condamnées, lui porter des fleurs et des bonbons, et tâcher d'arriver à un modus vivendi avec elle. A force de la supplier, j'ai obtenu l'assurance qu'elle ne ferait marcher son appareil à toute pompe (!) que de 20 à 22 heures. Inutile de vous dire que pendant ces deux heures je déguerpis. (...)
Utilisateur anonyme
17 mai 2011, 12:49   Re : Rien de nouveau sous le soleil
Cioran ?
Utilisateur anonyme
17 mai 2011, 12:52   Re : Rien de nouveau sous le soleil
Céline ?
Céline en 1973... ce serait difficile...
Utilisateur anonyme
17 mai 2011, 13:15   Re : Rien de nouveau sous le soleil
En effet, pardon. Mille pardons même;
Ces imbéciles de jeunes ne savent pas ce qui les attend, sans quoi ils se suicideraient en masse.

Après vous, Monsieur. Je veux bien me suicider, mais hélas ! il n'est pas dit, après, que je m'en porte mieux.
Céline c'est autre chose, vraiment dix pointures au dessus de ces platitudes. Pardon Buena vista mais c'est vraiment médiocre.
Utilisateur anonyme
17 mai 2011, 13:51   Re : Rien de nouveau sous le soleil
En ce qui me concerne, il est vrai, je suis très peu favorable au suicide.
Le vrai panache consiste bien davantage à relever une cause perdue et juste, ou perdue parce qu'elle est juste.
Ah non, je ne trouve pas que ce soit si médiocre que cela. L'histoire de la vieille à qui on livre une télévision est à mon avis fort bien amenée et enlevée. L'idée générale est certes un lieu commun éternel. Mais le traitement littéraire vaut le détour à mon humble avis (pardon pour le cliché). J'ajoute qu'il s'agit d'une simple lettre, pas d'un texte littéraire destiné à la publication. Et pour terminer : bravo M. Notaras, c'est bien Cioran. L'extrait est issu du recueil des Lettres (1961-1978) de Cioran à Armel Guerne publié en mars 2011 aux Editions de l'Herne.
L'appareil lui a été offert par une association criminelle : "les petits frères des pauvres".
Utilisateur anonyme
17 mai 2011, 14:20   Re : Rien de nouveau sous le soleil
Merci Madame BUENA VISTA.

Permettez moi, s'il vous plait, un petit correctif.
Je suis Luc Notaras, pas Notarias.
J'y tiens parce que mon ancêtre, qui s'appelait Luc comme moi était Grand Amiral de Byzance, commandant les dernières galères chrétiennes lors de la prise de Constantinople par Mohamet, le Grand Turc.
Echappé au massacre , et prisonnier des janissaires, il fut conduit devant Mohamet avec deux de ses fils, deux adolescents d'une grande beauté, "cette beauté grecque", écrit l'historien Doukas, qui "durant des siècles avait inspiré les artistes et les poètes".
Le Grand Turc avait du goût pour les jeunes gens en général et pour les deux fils de Notaras en particulier mais, chose étrange en plein sac de la ville, il les voulu consentants et offerts sur un grand lit de soie par leur père.
Très droits au milieu de leurs gardiens, les trois Notaras refusèrent en peu de mots.
Les deux garçons furent décapités sur-le-champ, puis le Grand Amiral tendit lui-même sa tête au boureau ..."

Bien à vous,
J'ai rectifié cinq minutes après, espérant que vous n'auriez pas lu le message entre temps. Espoir déçu. Mes excuses... ou plutôt mille excuses...
Utilisateur anonyme
17 mai 2011, 14:31   Re : Rien de nouveau sous le soleil
Aucun problème, j'ai moi-même oublié, avant l'envoi de mettre les deux derniers paragraphes en italique et entre guillemets.
Il s'agit d'une citation, naturellement ...
Grand Amiral de l'Empire romain (ou, si l'on préfère, de Constantinople).
Utilisateur anonyme
17 mai 2011, 16:44   Re : Rien de nouveau sous le soleil
Oui, cher Marcel,

De l'Empire romain d'orient.
Le seul qui était encore debout à l'époque.

Mais comme je l'ai expliqué, j'ai oublié de mettre des guillemets.
Je ne faisais que citer, et ne pouvait donc m'éloigner du texte.
Bien sûr, cher Luc. Je n'aime pas du tout l'appellation "Byzance" qui est dévalorisante et n'a guère de justification historique, mais tout le monde l'emploie, à commencer par les historiens spécialisés, même s'ils prennent toujours soin de préciser que ça n'est en quelque sorte pas de leur faute, alors...

Votre homonyme éponyme aurait aussi été l'auteur d'une fameuse monstruosité (« plutôt le turban turc que la mitre latine »), mais elle est probablement apocryphe.
Utilisateur anonyme
17 mai 2011, 17:12   Re : Rien de nouveau sous le soleil
Encore que, depuis Dioclétien, les deux empires romains ont été plus en guerre qu'en paix.
Par suite, les croisés ont laissé de bien mauvais souvenirs.

Si la formule que vous citez est incertaine, elle n'est pas non plus inconcevable.

Ceci étant, "mon ancêtre Notaras" fait figure de l'un des derniers défenseurs de Constantinople, que l'occident avait également lâchée.
On peut comprendre sa rancune ...

Bon, n'oublions pas que nous devons également à Constantinople au moins les premières codifications du droit romain.
Ingenti(que) hominum exspectatione propositis decem tabulis, populum ad contionem advocaverunt et, "quod bonum, faustum felixque rei publicae ipsis liberisque eorum esset, ire et legere leges propositas" iussere : "Se, quantum decem hominum ingeniis provideri potuerit, omnibus, summis infimisque, iura aequasse : plus pollere multorum ingenia consiliaque. Versarent in animis secum unamquamque rem, agitarent deinde sermonibus, atque in medium quid in quaque re plus minusve esset conferrent : eas leges habiturum populum Romanum quas consensus omnium non iussisse latas magis quam tulisse videri posset".
Cum ad rumores hominum de unoquoque legum capite editos satis correctae viderentur, centuriatis comitiis decem tabularum leges perlatae sunt, qui nunc quoque, in hoc immenso aliarum super alias acervatarum legum cumulo, fons omnis publici privatique est iuris.


C'est de Tite-Live, et le Code de Justinien n'est qu'une des multiples codifications du droit romain.
Utilisateur anonyme
17 mai 2011, 17:44   Re : Rien de nouveau sous le soleil
Oui,

La lex duodecim tabularum était une forme de codification, et le "code d'hammourabi" une autre, encore plus ancienne.
Justinien lui-même a procédé à plusieurs codifications.
Et le terme même de codification, à propos de l'œuvre justinienne est à bien des égards inappropriée.
D'ailleurs, le droit romain sous sa forme antique procède d'une casuistique plus proche de la case law britannique que de notre actuel code civil.
La "jurisprudence" romaine s'apparente davantage à notre doctrine, mais a été en partie codifiée, ce qui est impossible chez nous.

L'apport est dont tout relatif, concernant le droit romain "bysantin".

Je ne faisais que solliciter de l'indulgence pour Constantinople.
Et par transitivité, pour mon ancêtre qui en fut, donc, l'un des derniers défenseurs.
Et je sais que vous la lui avez déjà accordée ...
Non ?
Merci pour ce texte de l'atrabilaire Cioran. Cette liberté de ton, cette incorrection (si peu feinte d'ailleurs) ne se rencontreront bientôt plus nulle part. Personne n'osera plus écrire, même dans un courrier privé, qu'"on ne peut rien contre les vieux" et que "les jeunes sont des imbéciles". On manquera de "réactionnaires authentiques", capables de maudire sans crainte ce monde rendu invivable par le progrès.
Atrabilaire...

La bile noire...

Cela me fait penser à la Garde de fer, ces hommes "uniformément noirs", et à l'atrabilaire "Transfiguration de la Roumanie". Le jeune Cioran y est plus direct que le Cioran vieillissant. Le vieux Cioran n'aime pas les jeunes et le vieux Cioran n'aime pas les vieux, le jeune Cioran n'aimait pas les juifs et l'écrivait.
Et vous, Jean-Marc, aimez-vous Cioran, jeune ou vieux, mort ou vif ?
Francmoineau,

J'aime bien certains écrits de Cioran et, du point de vue philosophique, je crois son apport réel, car il nous prouve qu'on peut être un grand esprit et un pauvre type.

Lisez ce qu'il a écrit puis biffé à propos des juifs, et donnez-moi à votre tour votre opinion, comme je vous ai donné la mienne.

J'ai élaboré, comme on dit en français moderne, à l'instant où vous me priiez de le faire.
Développez, développez ; ça m'intéresse.
Cioran, un pauvre type ? Pourquoi le serait-il davantage que ses contemporains Sartre, Camus (Albert), Céline et autres ?

Pourquoi le serait-il, tout court ?

Je trouve le jugement de M. Jean-Marc bien abrupt.

Des erreurs de jeunesse, quel écrivain, quel penseur n'en a pas commises ?

Cioran est un des plus grands stylistes français du 20 ème siècle, et peut-être de tous les temps. Lisez-le.

Je crois son apport à notre langue, à notre littérature, lui qui vient (et le répète sans cesse) du fin fond des Carpathes,
beaucoup plus important que son apport à la pensée.

C'est aussi un humoriste, oui un humoriste, comme l'a bien saisi M. Bily en mettant en exergue la phrase :

L'appareil lui a été offert par une association criminelle : "les petits frères des pauvres".

C'est du Cioran tout pur. Un mélange de Swift, de Chesterton, de Schopenhauer... et d'Alphonse Allais. Dans la langue de La Rochefoucauld. Il est certain qu'après association criminelle on attendait tout... sauf ce qui suit. Le lecteur est surpris, fouetté. On aime ou on n'aime pas. Moi, j'adore.
Le plus grand styliste de tous les temps, c'est exagéré (quoique Sur les cîmes et le Précis soient écrits dans une langue sublime de noirceur); mais un "pauvre type" est injuste. A l'exception de ses égarements de jeunesse (toujours facile de jeter l'anathème après l'Histoire), je ne vois rien dans ce que je connais de sa biographie qui puisse le faire considérer, plus qu'un autre, comme un pauvre type.
18 mai 2011, 14:16   Vanitas vanitatum
Nous sommes tous de pauvres types, voilà.
18 mai 2011, 14:20   Re : Vanitas vanitatum
Nous avons tous dans notre vie au moins un moment de faiblesse ou d'indignité qui, si on nous réduisait à ce moment, ferait de nous des pauvres types.
18 mai 2011, 14:37   Dazai Osamu
Cioran eut un homologue, une figure miroir, au Japon: Dazai Osamu; l'un était né en 1909, l'autre en 1911; l'un, à la fin de la guerre, abandonna sa langue et embrassa l'exil, l'autre parvenait au même moment à l'accomplissement de son suicide. L'adoption du français par Cioran, comme langue d'expression, de pensée, à cette époque le sauva-t-il du suicide ? Ou fut-elle l'accomplissement symbolique du suicide actualisé par son homologue ?
Lisez ce que Cioran a écrit des juifs avant la guerre. Soit c'est un imbécile pour avoir prêté de façon stupide à une population inoffensive et souvent misérable en Roumanie des dessins qui n'existaient que dans son imagination et dans celle des Gardes de fer, soit c'est un salaud ou un pauvre type, au choix.

Paul Valéry prononça, les Allemands étant là, l'éloge funèbre du "juif Bergson". Cioran accabla les juifs de son pays. Voici ce qui distingue quelqu'un de bien d'un pauvre type.
Jean-Marc, les choses ne sont pas si simples, et se borner à coller les étiquettes de "salaud" ou de "pauvre type" ne nous fait pas avancer plus profondément dans la compréhension de l'oeuvre de Cioran. Il me semble qu'Alain Finkielkraut, dans un entretien que vous connaissez certainement, a très bien décrit ce "délire inaugural" avec lequel Cioran, dans sa vieillesse, a pris ses distances.


LE FIGARO LITTÉRAIRE. - Quelle a été votre réaction à la lecture de Transfiguration de la Roumanie ?

Alain FINKIELKRAUT. - J'en avais déjà lu quelques extraits, notamment les plus redoutables, dans l'essai très critique qu'Alexandra Laignel-Lavastine a consacré à Cioran, Eliade et Ionesco. En découvrant la traduction intégrale de Transfiguration de la Roumanie, j'ai mieux compris le rôle de ce livre dans l'œuvre de Cioran. Les rédempteurs du passé, qui sont nombreux aujourd'hui, dénoncent une sorte de camouflage. Cioran aurait dissimulé ce péché originel. Il l'aurait occulté pour vendre à un Occident naïf une image acceptable. Personnellement, je pense qu'il ne s'agit pas d'un camouflage, mais plutôt d'une conversion. Pour Cioran, ce livre de jeunesse - et même d'adolescence - est une honte. C'est ainsi que Transfiguration de la Roumanie l'a amené à se méfier de lui-même. L'épigraphe du Traité de décomposition emprunté à Richard III de Shakespeare est révélatrice : « Je prendrai contre mon âme le parti du désespoir et je deviendrai l'ennemi de moi-même. » Cioran a expié ses enthousiasmes, il s'est converti à la forme élégante contre la force élémentaire, au scepticisme, au désespoir radical et a écrit en français. Il a choisi la France non pas comme citoyenneté, mais comme langue, pour se délivrer de l'instinct. Dans Transfiguration, il écrit : « Il faudrait supprimer les hommes que ne dévore pas la conscience d'une mission. » Dans le Précis de décomposition, il montre ce que peuvent avoir de sanguinaire les hommes possédés par cette croyance.

La suite, passionnante, est ici : [www.lefigaro.fr]
"Des erreurs de jeunesse, quel écrivain, quel penseur n'en a pas commises ?"

Sans parler des erreurs de vieillesse...
Et les erreurs de la maturité, qu'en faites-vous ?
Citation

Nous sommes tous de pauvres types, voilà.

Je dirais même plus : nous sommes tous de pauvres types allemands.
Stéphane,

Je comprends ce que vous voulez dire, et j'avais lu avec grand intérêt ce texte de Finkielkraut. Effectivement, tout le monde peut se tromper. Cioran écrivit aussi très clairement que "dans le monde d'aujourd'hui, il n'existe pas d'homme politique qui m'inspire une sympathie et une admiration plus grande que Hitler".

Des gens commirent des erreurs de jeunesse, et se rachetèrent par la suite (je pense aux antisémites de l'avant-guerre qui résistèrent quand l'Allemand fut venu). Cioran, à la Noël 1940, prononça un discours à la gloire posthume du "Capitanul" Codreanu. Cioran travailla à Vichy. Il ne résista pas.


Voici une photographie des frères Cioran, "uniformément noirs".

[euro-synergies.hautetfort.com]
Plus tard, bien plus tard, cette photographie, rue de l'Odéon (chère entre toutes à votre serviteur), à Paris :

Stéphane,

Le pire est que Cioran est un très grand écrivain, un homme très intelligent. L'Evangile nous dit qu'à ceux à qui il a été beaucoup donné, il sera aussi beaucoup demandé.

Je vais vous dire quel est mon sujet d'interrogation principal : quand on a écrit ce qu'a écrit Cioran, on ne donne pas de leçons aux autres, car on ne s'est pas lavé de sa conduite. Se poser en arbitre de la décomposition quand on a été soi-même l'acteur de celle-ci, c'est, comme on dit, ne pas manquer d'air.

Ceci dit, je veux bien admettre les conversions et suivre Finkielkraut. Après tout, Marthe Richard fut une pute, et elle fit fermer les bordels. Tout arrive.
Utilisateur anonyme
18 mai 2011, 19:23   Re : Rien de nouveau sous le soleil
Citation
Jean-Marc
Stéphane,

Le pire est que Cioran est un très grand écrivain, un homme très intelligent. L'Evangile nous dit qu'à ceux à qui il a été beaucoup donné, il sera aussi beaucoup demandé.

Je vais vous dire quel est mon sujet d'interrogation principal : quand on a écrit ce qu'a écrit Cioran, on ne donne pas de leçons aux autres, car on ne s'est pas lavé de sa conduite. Se poser en arbitre de la décomposition quand on a été soi-même l'acteur de celle-ci, c'est, comme on dit, ne pas manquer d'air.

Ceci dit, je veux bien admettre les conversions et suivre Finkielkraut. Après tout, Marthe Richard fut une pute, et elle fit fermer les bordels. Tout arrive.

Je ne comprends pas bien votre acharnement. Votre message est bien passé je crois et nous l'avons tous compris.

J'ai pris bonne note que Cioran était un grand écrivain mais qu'il avait écrit des ordures contre les juifs. Très bien. Nous condamnons tous une telle attitude. Ce type est un salaud il n'y pas à dire.

Et puis après? On ne le lit plus un mot au motif qu'il a écrit des ordures contre les juifs? On le lit encore mais en gardant bien présent à l'esprit qu'il a aussi écrit des ordures contre les juifs? Doit-on avant de s'intéresser à un auteur s'assurer qu'il n'aurait pas écrit dans une gazette d'étudiant un articles contre les juifs ou toute autre communauté. Doit -on se préserver de toute tentation d'admiration avant d'être sûr que notre écrivain n'aurait pas dérapé sur les juifs ou tout autre communau
Vous me posez une question, je vous dois donc une réponse.

On le lit encore mais en gardant bien présent à l'esprit qu'il a aussi écrit des ordures contre les juifs, qu 'il a soutenu des mouvements totalitaires et antisémites, qu'il a été un proche de Vichy et qu'il a toujours été dans le sens du vent, ce qui relativise grandement la portée de ses indignations et son invitation au suicide des jeunes.
Euh... Affirmer que Cioran a toujours été dans le sens du vent, c'est quand même pousser le bouchon de la détestation un peu loin, BCJM. On ne peut pas dire qu'il ait beaucoup cherché à se faire, je ne dis pas aimer, mais seulement bien voir de ses semblables, vous ne trouvez pas ?
Je pensais au vent politique en période troublée.
L'écrivain qui a fait des bêtises dans sa jeunesse
est comme une femme au passé dévergondé.
On le lui reprochera toujours.

Cioran

Dire que Cioran a "poussé les jeunes au suicide", c'est vraiment mal connaître le fond de sa pensée.
Olivier,

Prenez la phrase : Ces imbéciles de jeunes ne savent pas ce qui les attend, sans quoi ils se suicideraient en masse. et dites-moi ce que vous en pensez. Est-ce, ou non, une invitation au suicide ?
BCJM, comme je l'ai déjà signalé, il s'agit d'une lettre privée, adressée en 1973 à un seul correspondant, le poète et traducteur Armel Guerne, ami de Cioran et son exact contemporain (ils ne sont donc jeunes ni l'un ni l'autre). Ce n'est pas ma faute, encore moins celle de Cioran, si leurs héritiers autorisent la publication de la correspondance privée de grands écrivains. Vous aurez du mal, à mon avis, à trouver un écrit public et anthume de Cioran où celui-ci recommanderait sérieusement, et sans humour, aux jeunes de se suicider en masse. - Ce qui clôt le débat, me semble-t-il.
Cher S. Bily,

Soit le membre de phrase : cette photographie, rue de l'Odéon (chère entre toutes à votre serviteur),

Est-ce la rue de l'Odéon qui vous est chère ou bien cette photographie de Cioran ?

Je vous en conjure, ne voyez aucune critique ou malice dans ma question.

A première lecture, j'ai pensé qu'il y avait possibilité d'ambiguïté.

Puis, je me suis dit que la place des virgules et des parenthèses annulait peut-être cette ambiguïté et qu'un bon connaisseur de la syntaxe et des nuances du français (meilleur que moi) comprendrait tout de suite que c'est la rue
qui vous est chère.

Mais que l"'effet de traîne" de la rue vers la photo ne vous déplairait peut-être pas...

J'aimerais bien réorienter ce fil Cioran qui se dévide désormais dans le brouillard du sens vers la syntaxe... ou n'importe quoi qui nous éloignerait des lassantes interrogations sur la littérature, la pensée et les bons sentiments. Je pensais que depuis Mathusalem - en tout cas depuis André Gide - la question était réglée.
C'est bien la rue de l'Odéon, Buena Vista, qui m'est chère (c'est du moins ainsi que je l'entendais dans mon précédent message). Mais j'aime bien la photographie aussi, remarquez.
Parfaitement d'accord avec M. vista.
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