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Fête

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
21 juin 2011, 15:00   Fête
(Message supprimé à la demande de son auteur)
21 juin 2011, 15:11   Re : Fête
21 juin 2011, 16:45   Re : Fête
Oui, on en est là : le bruit est devenu un argument commercial...
J'avais aperçu, il y a quelque temps, dans le rayon de disques d'un grand magasin, un article sobrement sous-titré (ne me demandez pas le nom du groupe, je crois que je ne l'ai même pas lu) Le CD qui va déchirer les oreilles de tes voisins !
Notons que tout ça est tout de même relatif, encore une fois, puisque Chet Baker, que ceux qui détestent le jazz ne prendront certes pas pour référence, déclarait, en décembre 1986, « C'est une question d'oreille et d'aptitude à comprendre ce qu'est la musique. Il me semble que la plupart des gens ne veulent pas prendre le temps de s'informer : ils veulent avoir la tête frappée par les batteurs de rock, ça ne les intéresse pas tellement de penser à la musique. C'est probablement pour cela que le jazz sera bientôt un art perdu. » — Ce à quoi les amateurs de rock répondront en dénigrant le rap, ou le "métal", ou que sais-je encore.
On n'est pas sortis de l'auberge.
21 juin 2011, 17:20   Re : Fête
Le fait que le Jazz soit devenu une musique savante en dit long sur la sensibilité de nos contemporains.
Utilisateur anonyme
21 juin 2011, 17:27   Re : Fête
(Message supprimé à la demande de son auteur)
21 juin 2011, 20:31   Re : Fête
Tout cela me rappelle un professeur de latin que j'avais eu au collège et qui faisait justement remarquer que, de même que l'on s'abstient de travailler le jour de la Fête du Travail, on devrait également s'évertuer à faire silence le jour de la Fête de la Musique...
21 juin 2011, 22:04   Re : Fête
Vous avez eu, cher Félix, un professeur de latin qui vous parlait de la Fête de la musique, le mien était passionné de sa mission en Afrique, il nous disait que lorsque commence la pièce de Corneille, l'orage a pris le temps de se charger comme là-bas. Mon Dieu ! Comme passe le temps...
21 juin 2011, 22:33   Re : Fête
Aujourd'hui, dix millions de livres et quelques centaines d'employés, étudiants et chercheurs ont vibré (au sens propre du terme) à la Bibliothèque nationale de France, pendant plusieurs heures, au rythme de la préparation sonore du concert de ce soir, et dès 17 heures au dit concert : MTV Shake ton booty.

La BnF a été très fière de s'associer pleinement et officiellement à ce "grand évènement dédié aux cultures urbaines en plein air", et MTV de profiter d'un "parvis à l'architecture impressionnante ouvert à 360°."

Un "spot de graffeurs" et les danseurs de la "Juste debout school", des "dj contest" et "dance contest", Cut Killer et Dj Abdel, tout cela au-dessus de notre histoire nationale, quel plus beau symbole de transmission culturelle à travers les générations ?

[www.mtv.fr]
Utilisateur anonyme
21 juin 2011, 22:47   Re : Fête
« Quand le soleil de la culture est bas sur l'horizon, même les nains projettent de grandes ombres. » Karl Kraus
Utilisateur anonyme
21 juin 2011, 23:00   Re : Fête
« Privé du mythe, c’est-à-dire des paroles sacrées qui donnent aux mots et aux œuvres pouvoir sur la réalité, le rite se réduit à un ensemble réglé d’actes désormais inefficaces, à une représentation inoffensive de la cérémonie, à un pur jeu (ludus). [Inversement,] le mythe sans le rite aboutit au simple jeu de mots (jocus), paroles en l’air sans contenu ni garantie, sans portée. Alors la lutte pour la possession du soleil devient partie de football, et l’énigme probatoire de l’initiation n’est plus qu’un calembour. »

Roger Caillois, L’Homme et le sacré

Le règne tout-puissant du Spectacle traduit l'inéluctable survivance du rite, alors devenu orphelin de tout mythe. Mais lorsque le mythe n'assure plus la distinction des rites et leur ordonnancement en différents lieux et moments consacrés, les rites se chevauchent et se mêlent dans une atmosphère étrange, à la fois barbare et crépusculaire.
21 juin 2011, 23:05   Re : Fête
Surtout, cher Henri, si on pense aux Jeux de Delphes que décrit si bien Héliodore dans les Ethiopiques.
Utilisateur anonyme
21 juin 2011, 23:50   Re : Fête
Tout à fait, cher Florentin. Ces jeux antiques s'inscrivaient dans une mythologie des plus riches.
22 juin 2011, 00:14   Re : Fête
En cet auguste soir de fête de la musique, je me souviens des jours anciens, et je pleure...



22 juin 2011, 00:32   Re : Fête
Ça y est, il pleut.
22 juin 2011, 00:56   Re : Fête
Citation
Florentin
Ça y est, il pleut.

Chic pour vous. Estimez-vous heureux, sous vos latitudes, qu'il puisse encore pleuvoir ; mimer avec force sueur une danse de la pluie à Jéru ne donnera rien.
Utilisateur anonyme
22 juin 2011, 01:21   Re : Fête
À défaut de ses larmes, cher Alain, vous pouvez encore sentir, entre monts et déserts, le regard protecteur du bon vieil Adonaï. Ici, les cieux se meurent, immobiles et sans voix. Pas un bruit, pas un son ; le passé s'est éteint...

(Oh, oui, ce soir, un infernal boucan... mais les cieux restent sourds à ces rites barbares...)
22 juin 2011, 02:36   Re : Fête
» À défaut de ses larmes, cher Alain, vous pouvez encore sentir, entre monts et déserts, le regard protecteur du bon vieil Adonaï

Hum, les choses sont ainsi faites, cher Henri, qu'à titre purement individuel, je ne sens rien du tout... Mais il y a pire : les nouvelles de six heures du matin sont précédées d'un court et bien senti Schemah Israël, qui me trouve en général en train de dîner tranquillement ; or ces immémoriales paroles ont le don parfois de me mettre dans une rage mauvaise et comique, et entre deux bouchées, à l'écoute de l’inénarrable : ...et tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur..., il peut m'arriver de ricaner bien sottement :
-Ouais ouais ouais, c'est ça va...

Hélas.
Utilisateur anonyme
22 juin 2011, 03:08   Re : Fête
Oh ! Alain, faites une mitzvah : jetez de suite vos livres de Leopardi ! Ils corrompent votre tête... Quant à moi, en ces jours, un petit Schemah Israël dès le matin ne me déplairait guère... son phrasé est somme toute assez chantant.

(Dites-moi, en passant, avez-vous lu l'Éloge des oiseaux de Leopardi ? Un texte étrangement beau...)
22 juin 2011, 05:13   Re : Fête
Je ne l'ai pas lu Henri. Mais je me souviens d'un passage du Zibaldone où il exhorte le flâneur à surtout ne pas s'en laisser accroire par l'aspect charmant du plus accueillant des jardins, par une journée ensoleillée : c'est bien dans un enfer végétal et animal que nous pénétrons, où tous font souffrir l'autre en un massacre étouffé, délibéré et général.
Il en deviendrait presque, c'est un comble, philanthrope...
22 juin 2011, 07:15   Re : Fête
Shemoh, boruch shemoh.
Utilisateur anonyme
22 juin 2011, 13:24   Re : Fête
Citation
Henri Lesquis
Oh ! Alain, faites une mitzvah : jetez de suite vos livres de Leopardi ! Ils corrompent votre tête... Quant à moi, en ces jours, un petit Schemah Israël dès le matin ne me déplairait guère... son phrasé est somme toute assez chantant.

(Dites-moi, en passant, avez-vous lu l'Éloge des oiseaux de Leopardi ? Un texte étrangement beau...)

Non, non ne jetez rien! On peut aimer Léopardi et rester fidèle à sa foi. La beauté et la grandeur ne corrompent jamais personne.

Ce sont toutes les "Operette morali" qui rendent un son étrange et beau.

Avez-vous lu le livre de René de Ceccatty, "Noir souci" sur la relation entre Ranieri et notre poète? C'est un peu brouillon et narcissique. On a le sentiment qu'il veut nous persuader et se persuader qu'il n'y eut aucune relation physique entre les deux hommes tout en mettant le doute dans l'esprit du lecteur. C'est un peu bas.

J'ai noté que Richard Millet citait volontiers le bossu de Recanati.
22 juin 2011, 13:35   Re : Fête
Ceci dit, Didier, la fête traditionnelle européenne est bruyante, fort bruyante, et il était à l'époque très mal considéré de ne pas se joindre à la liesse (en quelque sorte, joie obligatoire).

Prenez nos amis alémaniques : le carnaval nous les montre sous un jour très différent de la vision habituelle.

Prenez nos fêtes patronales d'autrefois, et les férias traditionnelles du sud : il était impossible de dormir avant l'aube, de même que dans le Paris d'il y a quarante ans les bals populaires du 14 juillet laissaient peu de répit aux voisins.

Plus anciennement, vous aviez le charivari, je possède des textes de première main (rapports de police) sur ses excès à Castres.

Tout ceci pour dire que si je suis un adversaire acharné des bars de nuit et un ennemi de la place Saint-Pierre à Toulouse, je considère qu'il y a des dates dans l'année où le bruit est de bon aloi.

C'est un peu la situation de l'habitant de Mea Shearim lors de la fête des Sorts.

[www.hassidout.org]
Utilisateur anonyme
22 juin 2011, 13:40   Re : Fête
Brunet, ma prescription était ironique, elle répondait au pessimisme cynique dont était teinté le témoignage de "l'impiété" d'Alain...
22 juin 2011, 16:15   Re : Fête
Alain Eytan dîne à six heures du matin ?
22 juin 2011, 16:19   Re : Fête
Apparemment il réveillonne toutes les nuits.
22 juin 2011, 16:44   Re : Fête
C'est qu'Alain est très "Vieille France", ou alors qu'il se penche sur quelque grimoire des Croisades en son castel hiérosolymitain, comme dans le "Coronement Looïs", éd. E. Langlois, 2089 : [Al matin monte]... quant ont disné li noble chevalier].
22 juin 2011, 16:53   Re : Fête
" Alquant s'endorment, car ils sont travaillié.
Veit le Guillelmes, molt l'en prist grant pitié...
Utilisateur anonyme
22 juin 2011, 17:20   Re : Fête
Citation
Alain Eytan
Je ne l'ai pas lu [ L'Éloge des oiseaux ] Henri. Mais je me souviens d'un passage du Zibaldone où il exhorte le flâneur à surtout ne pas s'en laisser accroire par l'aspect charmant du plus accueillant des jardins, par une journée ensoleillée : c'est bien dans un enfer végétal et animal que nous pénétrons, où tous font souffrir l'autre en un massacre étouffé, délibéré et général.
Il en deviendrait presque, c'est un comble, philanthrope...

Alain, comment voulez-vous avoir le pied léger avec un si lourd pavé sous le bras ? Deux mille quatre cent pages de sombre ratiocination... Ce livre est littéralement plombant.
Utilisateur anonyme
23 juin 2011, 03:55   Re : Fête
Citation
Henri Lesquis
Citation
Alain Eytan
Je ne l'ai pas lu [ L'Éloge des oiseaux ] Henri. Mais je me souviens d'un passage du Zibaldone où il exhorte le flâneur à surtout ne pas s'en laisser accroire par l'aspect charmant du plus accueillant des jardins, par une journée ensoleillée : c'est bien dans un enfer végétal et animal que nous pénétrons, où tous font souffrir l'autre en un massacre étouffé, délibéré et général.
Il en deviendrait presque, c'est un comble, philanthrope...

Alain, comment voulez-vous avoir le pied léger avec un si lourd pavé sous le bras ? Deux mille quatre cent pages de sombre ratiocination... Ce livre est littéralement plombant.

C'est aussi de l'ironie?
Utilisateur anonyme
23 juin 2011, 11:26   Re : Fête
Cher Brunet, je vous en prie, cessez de m'en vouloir et je vous enverrai des images Panini de footballeurs des années 70.
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