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"Frère numéro 2" dans le box

Envoyé par Francis Marche 
[www.lemonde.fr]

Nuon Chea, responsable de la "sécurité" Khmer Rouge avait ordonné à Douch (Kang Khek Iev de son vrai nom), l'exécutant, le macheteur, du camp S-21, de détruire toutes les archives de ce camp, dont en particulier les photos des victimes, ennemis du peuple, non rééducables dont il fallait bien se débarasser pour que la révolution du Kampuchéa Démocratique ne souffre aucun obstacle dans sa glorieuse avancée; il lui avait ordonné donc, à l'approche des colonnes vietnamiennes déterminées à abattre ce régime, de brûler tout ça. Nuon Chea, qui se devait d'avoir un peu plus de hauteur de vue que Douch le boucher-comptable, avait compris que l'offensive vietnamienne et l'entrée des troupes vietnamiennes dans Phnom Penh le 7 janvier 1979 ne permettraient guère aux hommes "de la sécurité" de revenir sur les lieux de leur forfait pour en effacer les traces. Douch, lui, véritable bête bornée, scrupuleuse, assidue, systématique, jusqu'au-boutiste et consciencieuse jusqu'à l'absurde, entreprit d'achever la besogne, la tuerie, en négligeant de serrer les fichiers, les archives, les caisses de clichés et d'éléments biographiques des "ennemis du peuple". Il avait un travail à finir. Le travail achevé, il se replia dignement, sûr que ce "repli stratégique" ne durerait tout au plus que l'affaire de quelques jours. Douch le boucher se replia parfaitement serein, la conscience pure, le devoir accompli.

On connaît la suite: des dizaines de milliers de fiches, de dossiers, des montagnes de paperasses de recensement des "ennemis du peuple non rééducables", tombèrent entre les mains des troupes vietnamiennes et grâce à cela, l'on a tout su de ce qu'était ce "communisme", celui des "frères numérotés", formés, il faut bien le dire, le rappeler, par le parti communiste français dont Pol Pot avait été membre, de même que Khieu Samphan.

Nuon Chea fut l'ingénieur, (Khieu prétend pour sa défense qu'il ne savait rien), le maître d'oeuvre de ce système, quand Pol Pot en avait été l'ordonnateur, distant et général. Voilà aujourd'hui 27 juin notre fripouille dans le box. Souhaitons-lui de prendre 30 ans au moins, comme Douch. Ces hommes, que l'on a laissés vieillir dans des villas sur la frontière thaïlandaise, ne méritent point d'autre sort que celui d'Eichmann: ils sont la honte vivante de l'humanité.

Il ne faut pas perdre de vue que dans cette affaire, il s'en est fallu de rien que l'on ne sache rien de ces atrocités. Si Douch avait brûlé les archives comme son chef Nuon Chea le lui avait ordonné, le communisme aurait encore toutes ses chances!

Un mot de plus, qui pourrait paraître une provocation mais qui pourtant ne l'est pas: je n'ai pas le courage d'aller puiser sur le Net les PORTAILS de photographies des victimes des camps Khmers Rouges. Ceux qui auront ce courage y verront des tableaux de photographies d'identité. Ces tableaux où tous sont égaux, où toutes les photos sont de même taille, comme sur.... oui... comme sur les portails de Facebook, où tous vos amis se valent dans une égalité parfaite de considération...
Francis,

Comme vous le savez, j'ai visité le lycée-musée en question. C'est, en fait, beaucoup plus effrayant qu'Auschwitz, car à Auschwitz on discerne le bien du mal alors que là, ces alignements de photomatons montrent d'abord les ennemis du peuple, c'est à dire tout ce que le Cambodge avait de gens instruits, puis les amis des ennemis du peuple, c'est à dire les premiers bourreaux qui finirent par déplaire et qui furent traités de la même façon, et ainsi de suite autant qu'il plaisait à frère numéro 1 et autres. Je pense que plusieurs générations de bourreaux ont fini dans les Killing Fields (pour ceux qui ne connaissent pas l'extrême-orient, c'est un jeu de mot macabre sur Rice Fields, les rizières).

Un procès reste à faire, et ne dépend que de nous : celui des intellectuels français qui encensèrent cela.
Bien sûr Jean-Marc, comme dans tout système criminel, il est impératif d'éliminer les exécutants des tueries. La mafia ne fonctionne pas autrement, qui tue ses petits tueurs pour éliminer tout possible témoin actif, pour prévenir tout retournement de ses exécutants. La révolution dévore ses enfants dit-on, en fait non: elle dévore, comme il est logique, pour s'en protéger, ses porte-flingue. La Révolution, comme la mafia, tue ses tueurs. Rien de plus normal quand on sait combien l'une et l'autre aspirent à la théâtrale légitimité de l'innocence et du bon droit historique.
Intellectuels français: Jean Lacouture, Alain Badiou, sont les premiers noms qui me viennent à l'esprit, Jacques Vergès en est un autre...

Ces hommes, par volonté d'ignorance, par perversité, par calcul carriériste, par aveuglement idéologique, ont défendu les camps d'extermination communistes quand rares furent les intellectuels français qui, dans la génération précédente, avaient justifié, ou minimisé, ou banalisé Auschwitz, même parmi les pires salauds de la collaboration.
Francis,

Il y eut aussi la lâcheté des politiques. M. Sauvagnargues était une nullité. M. Chirac se fichait de ce dossier et de toute façon n'avait pas en charge la politique étrangère.

Voici une photographie montrant le Président de l'Assemblée "quittant de son plein gré" l'Ambassade de France où il s'était réfugié.



Les autres hommes en civil sont des gendarmes.

Il serait intéressant d'enquêter pour savoir qui ordonna à Chodron de Courcel d'envoyer à notre Ambassade le télégramme indiquant que les Cambodgiens devaient être livrés.
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