C'est un peu plus compliqué que cela, comme vous devez bien vous en douter: n'est invasif que ce qui est perturbateur dans un état relativement stable, autrement dit les espèces ne doivent être considérées comme invasives que le temps que l'écosystème qui en souffre retrouve son équilibre local. Encore autrement dit, dans la nature, rien n'est invasif bien longtemps: soit l'invasion est maintenue à une échelle locale où l'espèce devient endémique (par exemple, une plante dont les graines ont voyagé d'Australie dans de la laine à carder jusqu'à une filature du Tarn où elle envahit le lit d'UNE rivière, mais pas deux, et en devient endémique au seul bassin versant considéré), soit elle se répand et TUE ET REMPLACE les espèces clé de voûte de l'écosystème natif où son caractère invasif cessera de pouvoir être caractérisé comme tel lorsque le nouvel écosystème aura atteint un état stable -- c'est ainsi que le mimosa (qui n'est pas la plante évoquée supra mais qui me vient à l'esprit à l'instant), emblématique d'une certaine Côte d'Azur, stable dans ce paysage, harmonisé à lui, a réussi à faire oublier qu'il fut une espèce invasive rapportée d'Australie par des touristes.
Dans tous les cas -- frelons, termites apportés dans des articles exotiques d'importation, bois ou poterie -- c'est toujours l'homme qui par sa politique (libre-échange, contrôles phytosanitaires lâches, etc.) est responsable de l'invasion. L'espèce invasive, sauf cas exceptionnel, doit son occurrence au truchement (
agency) humain, soit à un
agent politique responsable.
Nous sommes, effectivement, en pleine métaphore.
S'agissant des "chenilles reprogrammées" d'Alain : elles sont victimes de parasites, et non d'espèces invasives. Le parasite use d'un hôte, et ce n'est souvent que plus tard qu'on lui découvre un rôle dans l'écosystème. Le parasite dans certaines parties de son cycle pouvant être vu comme un chaînon de l'écosystème, nourrissant des espèces apicales des chaînes alimentaires, etc.