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Perpignan en été

Envoyé par Jean-Marc du Masnau 
Utilisateur anonyme
16 août 2011, 18:26   Re : Perpignan en été
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Pour Cassandre.

Mon avis sur votre liste :


Ce sont, selon moi :
- Le respect des femmes,

Oui

et sinon le respect du moins la tolérance à l'homosexualité

Tolérance, oui, mais en revanche tolérance pour l'homosexualité discrète : les Français n'aiment ni Act up, ni les Soeurs de la Perpétuelle indulgence.


- L'absence de pudibonderie, les blagues un peu lestes.

Oui, assurément

- L'amour de la nature.

Oui, plus exactement l'amour de la nature maîtrisée (en quelque sorte par le paysan)

- La compassion et le dévouement pour les faibles perçus comme des qualités morales.

Oui, et son corolaire, l'amour de Poulidor et la méfiance à l'égard d'Anquetil

- L'amour des animaux en général et de ceux qu'on nomme "animaux de compagnie" , surtout le chien, aimés pour eux-mêmes.

Oui et non : je ne vois pas pourquoi le chien aurait une place supérieure à celle du chat

- La distraction si répandue qui consiste pour des femmes à danser dans les bras d'hommes qui ne sont pas leurs maris , avec eux, ou devant eux, sans passer pour des putains.

Oui

- La cour, le flirt, la drague.

Oui

- Le bricolage

Non. Beaucoup de Français ont le bricolage en haine.

- La pêche à la ligne

Majoritairement, oui, mais n'oublions pas la chasse

- La séparation du religieux et du politique

Oui

- Le goût pour le porc et l'alcool

C'est certain.

- La curiosité d'esprit.

Oui

- La conscience individuelle, le libre arbitre et la capacité à l'autocritique.

Oui, n'oublions pas l'esprit de contradiction


J'ajouterai quelques autres points, qui ne sont pas forcément des qualités.

Le respect à l'égard des intellectuels et le dénigrement de ceux qui produisent.

Le mépris des héritiers (ceux qui se sont contentés de naître) et la passion des héritages.

L'amour de l'extrémisme dans le discours politique et le centrisme dans le gouvernement.

Une façon de conduire délirante dans un pays développé où l'on conduit depuis si longtemps.

Une signalisation routière délirante et plus généralement l'art de penser des signalisations délirantes.

Le fait d'être mal embouché sans aucune raison, le sommet étant atteint par le chauffeur de taxi français de souche.

Le fait de revendiquer une origine paysanne/ou noble, quand bien même le paysan en cause aurait gagné la ville en l'an mil.










Etc. Etc.
16 août 2011, 18:39   Re : Perpignan en été
Rassurez-vous, je suis informé, cher Didier, et je suis en total désaccord avec cette propension à mettre au centre de tout et l'islam et l'immigration.

Je suis français, républicain et patriote, et j'ai à coeur de voir la situation du pays grandement sauvée (j'allais parler d'amélioration mais nous n'en sommes plus là, on est au bord du gouffre, ça explose de toute part, et c'est sur le point d'imploser), mais mettre en avant l'immigration ne conduit qu'à opposer des français à d'autres français.

Il serait temps d'envisager qu'il puisse y avoir d'autres causes que l'immigration, même si bien sûr le choc qui consiste à confronter deux peuples aux valeurs diamétralement opposées était une erreur quasi fatale (et je me demande bien à quoi ont pensé les hommes politiques quand ils ont organisé cette immigration de masse), d'autres causes donc qui ont été concomitantes à l'immigration.

Il y a un soupçon généralisé qui s'est installé en France depuis la fin des années 60 (et qui était là depuis quelques années en littérature), un soupçon dévastateur qui a consisté à annihiler des valeurs les unes après les autres : et si les maîtres avaient tort ? et si les parents n'étaient qu'une force coercitive qu'il faut renverser ? et si la force publique n'était qu'une résurgence des SS bien tristement connus ? et si l'interdit pouvait être interdit ? Ah oui, s'il était interdit d'interdire, alors il serait interdit de punir, et il ne faudrait pas juger, et ne pas hiérarchiser, et apprendre aux élèves que ce qu'il savent déjà etc...

Les causes sont multiples cher Didier Bourjon, bien que l'immigration y a une grande part dans cette transmutation des valeurs, d'un schéma, d'un modèle, et d'un cadre. Le cadre a éclaté, concomitamment des peuples venus d'ailleurs aux valeurs traditionnelles très fortes sont arrivés, et cette contemporanéité des phénomènes aura peut-être conduit à une forte violence dans la société française, une nocence généralisée.

Ce n'est qu'une hypothèse !
Soyons sérieux : si être français suffisait à garantir la bonne foi d'un homme d'état, il n'y aurait pas à soupçonner ses options religieuses privées !

Ce n'est pas inexact.
Utilisateur anonyme
16 août 2011, 18:45   Re : Perpignan en été
(Message supprimé à la demande de son auteur)
16 août 2011, 18:46   Re : Perpignan en été
Citation

Ces "valeurs" sont des vapeurs.

Qu'est-ce que ça veut dire ?
Utilisateur anonyme
16 août 2011, 18:48   Re : Perpignan en été
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Ce sont les vapeurs entourant la Pythie, dues à Mephitis, déesse des exhalaisons sulfureuses.
Utilisateur anonyme
16 août 2011, 18:53   Re : Perpignan en été
(Message supprimé à la demande de son auteur)
16 août 2011, 18:54   Re : Perpignan en été
Citation

Ce n'est qu'une hypothèse !"
Cette "hypothèse" vôtre, c'est, grosso modo, ce que nous nous tuons à dire...
Sauf que "c'est un peu plus compliqué que cela" si l'on veut aller au fond des choses.
Et que, cela dit, votre discours est étrangement incohérent : c'est et ce n'est pas l'immigration massive et de peuplement, mais il ne faut pas opposer les français entre eux bien que la société implose ou soit au bord de l'explosion, etc.
Il va pourtant bien falloir redresser la situation, et faire le tri départ entre tout cela.
Et ce ne sera pas une sinécure.

Il va falloir associer les français issus de l'immigration à cet effort !

Et mon discours n'est pas étrangement incohérent, il est juste hésitant, tremblant, il avance sur la pointe des pieds !
Justement parce qu'il n'y aurait rien de pire que d'opposer des français à d'autres français, et c'est bien parce que je me sens français que je ne voudrais pas que la situation dramatique dans laquelle nous sommes ne se transforme en situation de guerre civile !
16 août 2011, 19:03   Re : Perpignan en été
En tout cas je remarque que ma bonne foi est derechef remise en cause !
Mon discours serait étrangement incohérent !

Pourquoi, cher Didier, vous méfiez-vous de moi à ce point ?
Croyez-vous que je puisse tenir un double discours ?
Utilisateur anonyme
16 août 2011, 19:15   Re : Perpignan en été
(Message supprimé à la demande de son auteur)
16 août 2011, 19:34   Re : Perpignan en été
Si j'osais, cher Didier Bourjon, je vous dirais les yeux dans les yeux :
Ayez confiance !

Plus sérieusement, je veux bien admettre que mon entrée ne fut pas des plus délicates, que la vidéo du défunt roi ne fut pas des plus opportunes, et que mon impatience familière vous ait échaudé ; cependant, je n'ai pas une position d'emblée très facile sur ce forum. Je parle d'un lieu bien périlleux : fils d'immigrés arrivés en 1973, né en France, officiellement français depuis 1990, officieusement depuis des siècles, je porte le lourd handicap d'être issu d'un phénomène en partie en cause dans une certaine décrépitude française. Individuellement je n'y suis pour rien, et chaque jour je tente de ne nuire pas, ou le moins possible, mais souvent pas je crois ; collectivement, je n'appartiens à rien, ni ne veut appartenir à rien qui ait quelque visée nocente.

Je m'interroge juste, et toujours, sur ce qui en moi travaille contre nous...
16 août 2011, 19:52   Re : Perpignan en été
Cette discussion est un peu lassante, j'y interviens comme un cheveu sur la soupe, sans avoir lu tout ce qui précède, mais je me permettrai de faire remarquer succinctement deux ou trois (ou quatre) petites choses :

1 - Y dit : "qu'il n'y aurait rien de pire que d'opposer des français à d'autres français". Croyez-vous que ce ne soit pas le cas naturel, constant, inévitable ? Les Français n'ont jamais été unanimes. Les oppositions tranchées sont notre lot : droite/gauche, ancien régime/révolution, laïcs/croyants, résistants/collaborateurs, etc. Pourquoi faudrait-il que dans le cas de l'immigration récente, cette opposition structurante devienne non seulement caduque, mais criminelle ?

2 - Nous peinons à identifier notre francité. Sont-ce des valeurs ou des vapeurs ? Mais c'est que nous nous aveuglons sur des détails. Notre francité, nous y sommes plongés et ne la voyons plus. Les étrangers la distinguent et la définissent très bien, eux. Ce qui est sûr, c'est que la francité de la France existe ; n'est pas un fantasme. Mais ce n'est pas non plus un catalogue de données hétéroclites, même si je pense que Cassandre a surtout voulu nous faire sourire...

3 - Bien sûr que les israélites ont été constamment soupçonnés de former un Etat dans l'Etat et de servir davantage leur intérêt que ceux de la France. Thème constant de la propagande antisémitique en France aux 19 et 20 ème siècles. Même chose pour les communistes accusés de servir Moscou au détriment de leur propre patrie. Ce soupçon pèse peut-être sur l'Islam de nos jours. Il faudra des siècles pour prouver le contraire, donner et redonner les preuves d'attachement sans failles à la communauté nationale. C'est le tarif. Un peu de patience.

4 - Notre langue n'est ni une valeur, ni une vapeur : un peu des deux probablement. En tout cas, sans aucun doute, le ciment de notre unité et de notre identité nationales. Très peu de personnes ont pleurniché lors de l'éradication par l'Etat central des langues et patois régionaux. Eradication qui n'a été totalement achevée qu'il y a vingt ou trente ans. Il faudra aussi que les personnes issues de l'immigration, de confession islamique ou non, consentent ou soient contraintes à parler français en France. L'article 2 de la Constitution dispose que le français est la langue de la République. Pourquoi entend-on désormais si peu parler français dans certaines de nos rues, certaines de nos villes de plus en plus nombreuses ? C'est une offense permanente et pour moi la première, la plus intolérable des souffrances qu'on nous inflige, avant même l'insécurité.

5 - La question des prénoms. Pourquoi les immigrés récents ou moins récents ne consentent-ils pas à donner des prénoms anciennement attestés sur le territoire national à leurs enfants ? Comme l'a dit justement R. Millet, ce serait un beau signe de volonté d'intégration à la communauté nationale. Et ne les empêcherait nullement de pratiquer leur religion. Un Juif peut se prénommer Pierre, un bouddhiste Armand, un incroyant Paul. Nos prénoms sont d'origine chrétienne. Et après ? Acceptons cette donnée que les prénoms français sont ceux du calendrier.
Mais quel calendrier, puisque la République est laïque et que notre seul calendrier est religieux ?

Suggérez-vous que la France adopte une loi se référant au calendrier catholique ?
16 août 2011, 20:01   Re : Perpignan en été
Citation
La question des prénoms. Pourquoi les immigrés récents ou moins récents ne consentent-ils pas à donner des prénoms anciennement attestés sur le territoire national à leurs enfants ? Comme l'a dit justement R. Millet, ce serait un beau signe de volonté d'intégration à la communauté nationale. Et ne les empêcherait nullement de pratiquer leur religion. Un Juif peut se prénommer Pierre, un bouddhiste Armand, un incroyant Paul. Nos prénoms sont d'origine chrétienne. Et après ? Acceptons cette donnée que les prénoms français sont ceux du calendrier.

Et quid de la place des morts dans l'enceinte du prénom vivant ! Aucun de mes aïeux ne s'appelle Pierre ! Mais en revanche "Youssef" permet que survive en moi la mémoire d'un être cher à ma famille !

Cela dit, rien ne m’empêche en effet d'être appelé Joseph par qui veut !
Utilisateur anonyme
16 août 2011, 20:35   Re : Perpignan en été
Comme d'autres, je n'ai pas lu l'ensemble des échanges ; il est donc un peu curieux de vouloir intervenir dans une discussion si on n'en connaît pas tous les éléments.

Pourtant, on voit que notre ami Joseph campe sur sa position de manière assez assurée. La question reste cependant en suspens ; ceux qui veulent devenir français de France, s'appuyer sur son histoire, sur sa culture qu'elle ait été diversement composée, ceux-là, dis-je, doivent brûler leur vaisseaux. C'est à ce prix là qu'on adhère au pays qui vous accueille. Je crois que quelqu'un a parlé de Lully ; n'est-il pas plus français qu'Italien en apportant la musique d'Italie. Mais, il ne passait pas son temps, comme d'autres aujourd'hui, à se prétendre français quand cela est bon et porter le maillot des équipes des pays étrangers.

C'est un fait. La culture dominante doit dominer. Or, actuellement, nous voyons bien que les français qui ont mis tout leur coeur, leur sang, leur famille (ça c'est pour le fils généalogie !) sont soumis à un envahissement physique et culturel qu'ils ont bien le droit de refuser.

Diantre, tout le monde est d'accord pour reconnaître un peuple corse, ou même un peuple kosovar - jusqu'à conférer un état confortant la balkanisation si risquée - et en jamais vouloir reconnaître un peuple français qui, revenant sur la généalogie, se montre par les échanges nombreux sur un même territoire durement façonné par tant de pouvoirs divers.
Soyons donc clair. Il n'est guère possible d'être français si on ne l'est pas entièrement, ce qui certainement de refuser d'être autre chose.

Nos Lorrains et nos Alsaciens refusèrent d'être allemands (ce n'est pas qu'une lubie d'intérêt pour la période ni une passion régionaliste mais ces exemples me sont chers) ; il le refusaient parce qu'ils ne voulaient pas du régime obligatoire qu'on leur imposait. Ils optèrent. Les optants ont fait un choix. Ils n'ont jamais transigé. Ils furent et restèrent seulement français.

Est-il possible d'imaginer, comme autrefois dans les villes frontières, au Luxembourg etc... on pose sincèrement la question ; optez-vous ? Cela ne pouvait signifier autre chose qu'adhérer à cette France qui symbolisait cette résistance à l'empire allemand. Mais les optants n'ont pas dit ; puisque je suis de culture allemande ou alémanique (dans un sens général, je ne voudrais pas me fâcher avec les linguistes !!), je veux que la France me conserve le droit à parler alsacien dans un pays qui parle français.

Mon obsession n'est donc pas négative pour rassurer Renaud Camus ; elle est positive. Elle s'appuie sur ce qui existe et existait. Son opposition est défense seulement.

Il est tout à fait concevable qu'un "Indien" (dans le sens qu'on lui donnait au XVIIIème siècle) puisse trouver notre civilisation occidentale et française particulièrement repoussante ; c'est son droit. Il peut refuser que sa terre s'y soumette. C'est son droit. Il peut donc vouloir et continuer de vouloir vivre selon ses coutumes. C'est son droit.
Notre droit ? De vivre selon les nôtres. Et de faire de telle sorte que ces coutumes ne soient pas méprisées au nom d'une croyance qui n'a pas de vocation sur notre terre. Je crois que Rony Brauman de Médecins sans Frontières posait la question de manière assez proche ; si nous pouvons nous interroger sur notre droit à l'intervention, fut-ce pour une raison que nous appelons humanitaire, alors nous pouvons aussi nous interroger sur l'intervention sur notre terre.
Je suis de votre avis, Njörd, cela semble de bon sens : les gens devraient opter, et non nous bassiner de leur double nationalité.

Ceci dit, si les gens en question optent pour nous et brûlent leurs vaisseaux, comme vous dites (l'expression me dérange un peu car quand Cortes brûle ses vaisseaux, c'est pour conquérir l'Amérique), alors il nous faut opter pour eux et les accueillir sans méfiance.
Utilisateur anonyme
16 août 2011, 20:45   Re : Perpignan en été
(Message supprimé à la demande de son auteur)
16 août 2011, 20:51   Re : Perpignan en été
Citation

les gens devraient opter, et non nous bassiner de leur double nationalité.

Oui mais...

Beaucoup de Français ne peuvent pas se défaire de leur nationalité marocaine. D'abord parce que dans les faits la procédure est très longue et qu'on exerce à votre endroit une sorte de chantage (vous ne serez plus accepté dans le pays si vous renoncez à votre nationalité marocaine). Ensuite parce qu'il est légalement très compliqué d'enterrer ses morts au Maroc lorsque l'on n'est pas soi-même Marocain !

Que vous importe d'être banni du Maroc ?
Enterrez vos morts en France et qu'on n'en parle plus !

Ah si les choses étaient aussi simples mesdames et messieurs !!!
Utilisateur anonyme
16 août 2011, 20:56   Re : Perpignan en été
Cher Ami,

M'aideriez-vous à retrouver mes morts sur les collines d'Alger ?

Ils sont dans la terre qu'ils ont aimée et cela est bien. Ils avaient aussi opté en un sens.

M'aideriez-vous à aller "processionner" en leur mémoire avec nos croix et nos thuriféraires ?

Oui, il faut tout abandonner ; d'autres l'ont fait. Ils ne s'en sont jamais plaints et la France - comme cela a été dit - ne s'est pas plainte de ceux-là.

Dieu et Mammon...
Youssef, je comprends ces difficultés.

Qui les surmonte a droit à notre accueil. Enterrez vos morts en France, faites ce que vous nous dites, et les Français iront expliquer à M. Millet ce qu'ils pensent de ses propos.
16 août 2011, 21:00   Re : Perpignan en été
Il est absolument scandaleux que vous ne puissiez ni rendre à vos morts les hommages qui leur sont dus ni faire les processions d'usage .

Et si je pouvais cher Njörd vous y aider je le ferais de bon coeur.

La situation algérienne a été et reste pour beaucoup très douloureuse. Je connais et respecte cette douleur !
16 août 2011, 21:03   Re : Perpignan en été
J'ai pour ma part averti mes proches que s'il arrivait que je meure avant eux je voudrais être enterré en France.
Que n'avais-je pas dit !

Traître !
Renégat !
Pourri !

Oui j'assume !
16 août 2011, 21:17   Re : Perpignan en été
Citation

Enterrez vos morts en France

Ce serait aller contre leurs volontés !
Et pour vous-même et vos enfants ?

Ces questions d'enterrements me surprennent...

J'ai du mal à concevoir que des familles originaires d'Afrique du Nord, dont les enfants sont nés en France, les fassent enterrer, en cas de malheur, "là bas".

En tant que citoyen, j'y trouve quelque chose d'inquiétant.
16 août 2011, 21:33   Re : Perpignan en été
Il y a relativement à l'intégration un tas de petits problèmes (très vite résolus je vous rassure) qui devraient être évoqués. Mais on ne peut les évoquer que si on envisage une assimilation.

Que trouvez-vous inquiétant en tant que citoyen ?

Moi il me semble très naturel que la thématique de la "terre des morts" soit si chère à des nationalistes, et il n'y a pas plus nationalistes que des Marocains !
Je trouve inquiétant qu'on considère qu'une terre est bonne pour y naître, mais indigne de vous accueillir quand vous êtes mort.

Cela veut dire qu'une personne qui fait ce choix (d'être enterrée ailleurs) considère ipso facto qu'elle n'est pas pleinement dans notre communauté nationale. Que vous respectiez la volonté de vos morts, c'est une chose, que vous fassiez ce choix vous-même, c'en est une autre.
16 août 2011, 21:50   Re : Perpignan en été
Je suis absolument d'accord avec vous, et cela a été mon principal argument : je suis français, je dois donc être enterré en France !

Certains considèrent que leur place est près de leur parents.

On parlait de la notion de trahison un peu plus haut, c'est plutôt un sentiment de trahison.
Je me souviens que dans mon enfance il ne fallait surtout pas dire aux autres que l'on avait une carte d'identité française.
Je me souviens qu'il ne fallait pas répondre en français quand une amie de la famille s'adressait à nous en arabe.
Je me souviens qu'il ne fallait pas avouer qu'on en avait assez de toujours devoir se "farcir" le Maroc pendant un mois en Août.

Bref c'est ce même sentiment de trahison qui pour certains sévit à l'idée que mort on sera trop éloigné de la terre des morts.
Utilisateur anonyme
16 août 2011, 22:11   Re : Perpignan en été
Mais alors vous abondez dans le sens du forum - en général - et des remarques - en particulier -.

Il y a bien une difficultés pour les migrants à quitter leur terre ; cela est bien compréhensible. Mais le double langage est mal vécu par ceux qui accueillent.

Parlant des optants, d'une part, et de l'Algérie, d'autre part, vous verrez que beaucoup s'étaient liés à la terre qu'ils avaient adoptés. C'est aujourd'hui en sens inverse.

De ceux qui ont débarqué à Saint Raphaël, libérés Aubagne et toute la France ensuite, il n'y avait pas de difficulté. La France était leur terre. Une France grande, élargie. Pas un bled rétréci auquel on apporte chaque année le résultat d'une année d'économie.

Mais opter, c'est oublier aussi beaucoup. J'ai connu un Juif, ayant fui la révolution de 1917, travaillé dans les mines de sel et fui encore, pour se trouver en France et s'engager pour la défendre. Il était d'abord français avant d'être juif, d'abord français avant d'être pied-noir, d'abord français pour tout ce que cela représentait.

Mais si ceux du pays dont vous parlez, pensent que leur sang, leur terre, leurs morts, leurs vies profondes sont ailleurs, alors pourquoi demander la nationalité française ; il faut qu'ils restent eux-mêmes. Des étrangers en terre étrangères et qu'ils fassent progresser leur pays plutôt que de le fuir...
16 août 2011, 22:18   Re : Perpignan en été
Citation

Mais alors vous abondez dans le sens du forum - en général - et des remarques - en particulier -.

Vous en doutiez ?
16 août 2011, 22:23   Re : Perpignan en été
Non. Bienvenue, Monsieur.
16 août 2011, 22:25   Re : Perpignan en été
Je crois qu'il y a un énorme malentendu au fondement de l'immigration !

Qui a parlé le premier d'intégration ? Les Arabes sont venus en France dans les années 60 et 70 pour travailler. C'étaient des hommes seuls au départ. Ils travaillaient et envoyaient une partie de leur salaire à la jeune famille restée au pays. Puis il y eut le regroupement familial. Ça allait durer quelques années, deux ou trois pas plus, puis quatre, puis cinq; et on mettrait les enfants à l'école car il le fallait bien. De fil en aiguille les enfants nés en France sont devenus de moins en moins arabes... Et un beau jour on leur dit : mais vous n'êtes pas intégrés ?

Il n'y a jamais eu de volonté politique d'intégration au départ. Il fallait de la main d'oeuvre, puis il fallait réunir la famille, puis il fallait bien qu'ils restent là... et il fallait, et il fallait bien, comme ça à coups d'impératifs absurdes. Jamais personne n'a voulu voir à long terme et prévoir. Et le résultat nous l'avons sous les yeux aujourd'hui.

Le pire c'est qu'il y en a encore qui ne veulent non seulement pas prévoir, mais ne veulent pas voir non plus... Et alors on continue à faire venir en masse, de plus en plus nombreux et on entasse, on en met là et puis là, tenez il reste encore un deux pièces par là-bas mettez-en quelques uns... A coups de mépris et de court-termisme. Mais un beau jour si on ne fait rien...
16 août 2011, 22:41   Re : Perpignan en été
J'oubliais aussi le goût du changement, pour le meilleur et pour le pire. On pourrait dire, paradoxalement, que le changement fait partie des traditions du monde occidental.
Cher Jean-Marc, je parlais du chien car d'une façon générale, c'est un animal détesté dans l'islam.
Cassandre,

Je n'avais pas fait le rapprochement. Que pensez-vous du goût des Français pour Poulidor, et leur distance d'avec Anquetil ?
16 août 2011, 23:18   Re : Perpignan en été
Par sympathie pour le malchanceux méritant, cher Jean- Marc.

Pour ce qui est de l'identité proprement française, je dirais que selon moi, elle a été marquée par les femmes plus que toute autre. Elles ont été - et sont toujours-  tellement présentes dans la société française, elles ont joué un rôle si important, si constructif,dans notre histoire et dans notre culture où tant d’oeuvres d’art leur rendent hommage, les hommes ont entretenu avec elles et elles avec les hommes des rapports si aimables, comparé à la plupart des autres pays du monde, que cela a imprimé à notre identité, à notre art de vivre, ce je ne sais quoi qui les distingue de tous les autres.
 
Notre "esprit" me semble devoir beaucoup à la place importante que les femmes ont toujours eue dans notre culture, à leur présence constante, en toutes circonstances, auprès des hommes, à la considération que ceux-ci ont toujours eu  pour elles, rivalisant de mérites personnels pour les séduire et faisant ainsi progresser la civilité et la civilisation. Un certain type de galanterie ludique, de marivaudage, typiquement français, donnait - donne encore ?- ce sel inimitable aux rapports entre hommes et femmes que les anglo-saxons nous jalousent et que le féminisme ( qui vient d'eux ) voudrait interdire au prétexte ridicule de misogynie !
Connaissez -vous beaucoup de pays où la vox populi moque le mari cocu bien davantage qu’elle ne condamne l’infidèlité de la femme ? Connaissez-vous beaucoup de pays où le mari dit "ma moitié" en parlant de son épouse ? Connaissez-vous beaucoup de pays où même les marches militaires, parlaient tendrement d’amour, de filles du roi à leur fenêtre et de jolies bergères en sabots rencontrées sur le chemin ?
Si la France était un tableau ce serait , pour moi, « le moulin de la galette « de Renoir. Rien ne montre mieux que ce chef d’œuvre le plaisir que, dans notre pays, les hommes et les femmes  ont à être ensemble, dans leurs beaux atours , pour boire du vin, plaisanter, écouter de la musique, danser ou tout simplement pour profiter d’une belle journée ensoleillée. Rien ne montre mieux le naturel, la décontraction avec lequel ils se regardent, se parlent, se sourient, se touchent. Et il se dégage de cette mixité une joie de vivre bon enfant, un air de fête léger et radieux. Il me semble que ce tableau illustre mieux qu’un discours l’âme de la France et de son peuple.

Texte un peu modifié. 
 
16 août 2011, 23:44   Re : Perpignan en été
Ce tableau de Renoir, emblème du bonheur français, c'est tout à fait ça, chère Cassandre, et ceux qui ne l'ont pas vécu ne peuvent pas comprendre. Renoir dont la tradition remonte aux enluminures des livres d'heures par d'infinis détours.
17 août 2011, 04:05   Malaparte
"La vie physique qui continue de travailler...", ce sont les gènes ; ce qui déterminera la matière du vivant, la forme visible, l'apparence physique, l'ethnie, la race.
Qui est de quelque part présente aussi de certaines caractéristiques physiques, lesquelles font partie, qu'on le veuille ou non, du complexe "identitaire" de chacun.

Je me souviens d'une émission sur l'islam en France à laquelle participaient Catherine Tasin, Paul-Marie Couteaux, Emmanuel todd, entre autres, quand se posa la question de savoir ce qui, de la couleur de la peau ou de la culture, constituait le problème dans cette affaire ; la réaction de la rangée "de droite" fut alors, comme un seul homme, de secouer vigoureusement et cocassement la tête, comme voulant se persuader en leur for intérieur que non, "c'etait pas la peau...".
Ah ! où vont se nicher les meilleurs sentiments...

C'est toujours aussi, quelque part, la peau, par quoi l'on tient en premier à soi. C'est aussi une peau de banane, cette histoire...
17 août 2011, 05:25   Re : Malaparte
"la vie physique continue de travailler". Enfin, Richard Millet n'est pas Dieu et cette "vie physique qui continue de travailler" est vraisemblablement une très belle connerie d'écrivain. Pourquoi se priver de le dire ? Tous les bons écrivains ne sont pas des prophètes. Et pour commencer, dans tout bon écrivain, bon auteur littéraire, il y a un pitre irresponsable qui oeuvre, il y a un aspirant au show-biz qui retient son souffle et bride sa connerie talentueuse. Nous n'avons aucune raison de faire de Richard Millet notre Emmanuelle Béart de l'essentialisme.
17 août 2011, 08:01   Re : Malaparte
Les gènes sont la mémoire physique de la personne : en eux se trouvent le patrimoine génétique, mélange d’ontogenèse et de phylogenèse. Ne dit-on pas que le rêve est un processus mémoriel qui réactive chaque nuit le souvenir ancien de l'espèce? Ne dit-on pas que le rêve s'est installé en l'homme quand il a pu dormir loin de la peur d'être dévoré par les loups ? Alors en lui travaille une sorte de réappropriation de son histoire collective et individuelle, car le rêve est aussi une sorte de récapitulation de la journée du rêve, récapitulation qui mêle les détails concrets de la veille et les symboles universels de la vie de l'espèce. On ne peut pas échapper à cette vie nocturne, laquelle est le produit d'une vie physique en nous. En effet ce sont ces gènes qui nous commandent de nous rappeler ce que nous fumes et ce que nous sommes.

Alors, en effet, cette mémoire physique, à laquelle on n'échappe pas et qui travaille en nous, fait de nous un vénérable dépositaire, mémoire vieille de sa propre vieillesse, aussi vieille que l'homme est vieux. Nous recevons en héritage et nos gènes et nos rêves, tant dans la forme que dans le contenu puisqu'ils sont tout un. Et si ce rêve, qui est comme une répétition du rêve, une accumulation, s'il n'était jamais que le destin, l'ananké, le fatum, la fortune , le mektoub, une sorte de destinée des origines, celles-là mêmes auxquelles tente d'échapper Oedipe, celui qui porte physiquement la trace de sa tentative de fuite, et auxquelles il n'échappe pas, auxquelles il a cru, sous le pouvoir de l'hubris, échapper en maîtrisant ce qui en lui travaillait contre lui. Il y a quelque chose de l'ordre d'une fatalité dans ce qui s'accomplit malgré nos efforts pour y échapper.

Et parfois le pouvoir des gènes n'est pas si fort, et se modifie, comme si la couleur de la peau n'était pas gravée dans le marbre. Il y a une méfiance des gènes, par ce qu'ils contiennent d'ancestral, et par ce qu'il y a en eux de mutation spontané. Cette phrase de Millet, ce pourrait être une "belle connerie" d'abord, mais à y regarder de plus près pas tant que ça et à y regarder encore, et encore, ce pourrait être tout simplement que la mémoire des origines peut travailler contre nous, mais peut seulement, et ce petit mot change tout dans la phrase de Richard Millet !
Utilisateur anonyme
17 août 2011, 08:02   Précision
(Message supprimé à la demande de son auteur)
17 août 2011, 08:44   Re : Précision
Je viens de feuilleter le livre plus qu'attentivement et il faut bien reconnaître que je n'y ai pas trouvé le passage en question. Il est à remarquer également que Millet, je crois, n'emploie jamais le mot "naturalisé"...
Utilisateur anonyme
17 août 2011, 09:09   Re : Précision
(Message supprimé à la demande de son auteur)
17 août 2011, 09:25   Re : Perpignan en été
Dans ce cas c'est Hosteen Nakaï qui nous a enduit d'erreur à la louche, Didier, et qui nous doit des excuses à tous.
Utilisateur anonyme
17 août 2011, 09:31   Re : Perpignan en été
(Message supprimé à la demande de son auteur)
17 août 2011, 09:32   Re : Perpignan en été
Jean-Marc et vous c'est une véritable histoire d'amour, on dirait...
17 août 2011, 09:36   Perfidie en été
Oui en effet. C'est à se demander si "la vie physique" à l'intérieur de l'intéressé n'y est pas pour quelque chose...
17 août 2011, 09:40   Re : Perfidie en été
On va encore me reprocher d'avoir des intentions peu nettes...
Je suis tout à fait prêt à m'excuser d'avoir prêté à M. Millet des propos qu'il n'a pas tenus, et je m'étais appuyé sur le texte que vous mettez en lien :

Deux citations :
" La naturalisation est une fiction légale qui fait participer aux avantages d'une nation, mais ne peut en donner les caractères. "
" Tel naturalisé peut être un excellent français de volonté, de réflexion, de consentement, ainsi que disent les casuistes, mais tout ne finit pas à lui et il importe encore de se méfier de ses fils, de ses petits-fils. Une vie physique est en eux qui peut travailler contre nous. "
Ceci pour illustrer les propos de l'excellent Richard Millet, qui dans une émission d'Alain Finkielkraut, s'étonnait que des immigrés sarrasins de la troisième génération s'appellent encore Mohammed.


Il est donc inutile que je cherche une quelconque justification à ce qui est une erreur évidente.
17 août 2011, 09:57   Re : Perpignan en été
Nous aurions pu nous aussi opérer un retour vers le texte au lieu de suivre docilement le fil des discussions sans examen critique... D'autant, je le répète, que la naturalisation n'a pas l'air d'être une préoccupation de Richard Millet, il est davantage préoccupé par les immigrés ou les néo-français...
Il y a encore du chemin à faire pour certains, serait-ce seulement pour rejoindre les néo-français (ici).
17 août 2011, 12:28   Re : Perpignan en été
" Malgré les éléments de preuve, la famille est dans un déni total et ne comprend pas ce qu’on lui reproche », indique-t-on encore au parquet stéphanois."

En effet...

Lui interdire de fréquenter et d'aimer qui elle veut ; l'enlever ; la frapper et la séquestrer ; projeter sans doute de l'envoyer en Algérie pour la marier de force, la cloîtrer, la faire revenir en France voilée et soumise... Je comprends "qu'ils ne comprennent pas ce qu'on leur reproche." !
17 août 2011, 12:51   Re : Perpignan en été
Cher Didier Bourjon,

Vous écrivez ci-dessus, précisément le 16 août à 20h45 :

Je trouve choquant qu'on vienne dire ici qu'on lit en diagonale ou à peine une discussion, et qu'on se permette par là-dessus d'y mettre son grain de sel, qui pis est en le prenant de haut. Dans ce cas, il faut passer son chemin.

Cette remarque ne peut s'adresser qu'à M. Njörd ou à moi-même, qui sommes les deux seuls à avoir mis en tête de nos messages respectifs, par précaution, une formule dans ce sens.

Ce qui est sans doute un scrupule excessif de notre part.

Car avouez que si nous n'avions pas dit que nous n'avions pas tout lu, vous n'y auriez vu que du feu.

Nos messages n'étaient pas déplacés pour autant. Ni incohérents dans le fil de la discussion.

On a beau avoir raté quelques épisodes, le noeud de l'action ne nous avait pas échappé, ni la position des principaux protagonistes.

Il ne faudrait pas, cher Didier Bourjon, que ce forum ne s'adresse qu'aux professionnels de la profession, pour parler comme Jean-Luc Godard ; que seuls des spécialistes patentés puissent s'y exprimer. Ou des désoeuvrés. Ou des insomniaques. Les seuls à disposer de tout le temps nécessaire pour tout lire à la loupe.

Je sais bien que ce forum n'est pas un forum sur le forum.

C'est pourquoi je n'en dis pas plus. Tout en regrettant que vous ayez été choqué pour si peu de choses. Et mettiez si peu de bonhomie (tiens, encore une qualité "bien de chez nous") dans certaines de vos interventions, par ailleurs souvent nécessaires et judicieuses, pour ce que j'en sais.
Utilisateur anonyme
17 août 2011, 13:04   Re : Saint-Etienne en été
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Ceux qui se sont rendus coupables de ce crime ne sont et ne seront jamais français, d'abord parce qu'il n'ont pas "intégré" en eux, et ne "l'intégreront" probablement jamais, une des valeurs cardinales de l'esprit français : la liberté.

Et tout d'abord la liberté de résister à la force de l'ennemi liberticide.
C'est à cette française victime de la barbarie musulmane qu'il faut d'abord penser !
Sous prétexte de la sauver et de la protéger, c'est souvent l'argument pervers qu'ils utilisent...
Utilisateur anonyme
17 août 2011, 13:58   Re : Perpignan en été
C'est à cette française victime de la barbarie musulmane... ( youssef K )

Eh ben.. Si les Arabes commencent à parler en ces termes de leur religion, il ne nous restera plus qu' à nous convertir à l' Islam ...
Comme disait Sabino Arana Goïri , père du nationalisme basque ( je cite de mémoire ) : le jour où les Espagnols se mettront à parler en basque, les Basques devront apprendre le norvégien !
17 août 2011, 14:07   Re : Perpignan en été
Faites mon ami, faites... (Joseph K.)
Utilisateur anonyme
17 août 2011, 14:24   Re : Perpignan en été
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
17 août 2011, 15:45   Re : Perpignan en été
Je ne prendrai pas mal ce qui est dit ; s'il est vrai que, parfois, je survole les interventins, j'en suis le seul responsable. À moins que certaines d'entre elles soient, pour un forum, assez longues et quelques fois assez loin du sujet de départ. Mais, étant récent sur ce forum, je peux comprendre qu'il existe un rite initiatique et qu'il faille se plier aux règles d'un groupe. N'est-ce pas ce que nous disons par ailleurs.

Pour ma part, je veux bien apprendre.

Mais un forum doit reste un dialogue qui n'est pas un exposé complexe de chacun des intervenants ; il s'agirait alors de monologues juxtaposés.

Je ferai de mon mieux pour être bref, pertinent, toujours dans le sujet, non obsessionnel etc... Promis.
Didier,

Pour apporter un éclairage complémentaire à ce que dit Renaud Camus, propos avec lesquels je suis globalement d'accord, je pense que quelques points doivent être soulignés.

1792, pour prendre cette date, mais il s'agit plutôt de la période révolutionnaire, voit des changements majeurs, qui n'affectent pas que la forme politique mais qui vont avoir un grand effet sur la vie concrète des masses rurales.

Je parle du passage de systèmes qui faisaient à l'évidence cohabiter plusieurs France à une France pratiquement unifiée.

Qu'est la France de 1788 ?

Un pays très vaste à l'échelle européenne, où les provinces du sud parlent une autre langue que celles du nord.

Bien plus, un pays où les régimes juridiques (et notamment les règles d'héritages) sont très différentes. Voici la carte de séparation du droit coutumier et du droit écrit, qui correspond assez bien à la ligne de partage linguistique :



Il me semble que c'est à l'occasion de la Révolution et de l'Empire qu'on commence à se sentir Français, et non plus seulement sujet du Roi de France, élément fédérateur.

Le XIXème voit ensuite cette notion "France" gagner du terrain, et je dirai que l'unité nationale est déjà acquise vers 1850, dans un sens assez proche de celui que vous développez. Il faudra attendre, de mon point de vue, la guerre de 14 pour une fusion complète (une des raisons est que les régiments cessent rapidement d'être composés d'hommes de la même province pour "amalgamer" des hommes de tout le pays).

Pour ce qui est de la littérature, je complèterais en disant qu'elle est marquée par un très fort régionalisme (évidemment Mistral, Giono, Pagnol mais aussi Chardonne et de façon moins évidente Maupassant).

Il me semble donc qu'autrefois on était Français ET d'une province donnée.
17 août 2011, 16:28   Re : Perpignan en été
Jean-Marc,

Quel serait le principal élément fédérateur aujourd'hui : plus le Roi, évidemment, plus la conscription, plus la menace de guerre extérieure. Alors ? La religion ? N'en parlons pas. Resterait la langue, et elle seulement.

Pour ce qui est de la littérature, votre amalgame est sidérant. Pourquoi pas Mauriac (Bordeaux) ou Pourrat (Auvergne) ?
Tous les auteurs cités sont évidemment des auteurs français, mais des auteurs français qui ont des racines en Provence, en Normandie, en Charente, selon le cas. Seul Frédéric Mistral a écrit dans une autre langue que le français - et c'est encore une fois le seul critère déterminant. - Jacques Chardonne, auteur "régionaliste" et qui serait témoin ou signe d'une incomplète unité nationale : c'est à pouffer de rire !
17 août 2011, 16:31   Re : Perpignan en été
Barbey d'Aurevilly
Pour ce qui est de la littérature, votre amalgame est sidérant. Pourquoi pas Mauriac (Bordeaux) ou Pourrat (Auvergne) ?
Tous les auteurs cités sont évidemment des auteurs français, mais des auteurs français qui ont des racines en Provence, en Normandie, en Charente, selon le cas. Seul Frédéric Mistral a écrit dans une autre langue que le français - et c'est encore une fois le seul critère déterminant. - Jacques Chardonne, auteur "régionaliste" et qui serait témoin ou signe d'une incomplète unité nationale : c'est à pouffer de rire !


Que voulez-vous dire par là ? ces auteurs sont les témoins d'une unité nationale, ce qui n'est en rien contradictoire avec le régionalisme. Je voulais simplement indiquer, d'où mon ET en capitale et en gras qu'au très fort attachement national correspondait un fort attachement local, un attachement aux racines si vous voulez.

Prenez Barrés : le voyez-vous être autre que Lorrain ?

La France de 1900 a des régionalismes forts, et une idée de la Nation encore plus forte.

Ajout : Chardonne, à propos de Barbezieux.

« Cette cité éphémère sur la place du Château, ses rumeurs, ses senteurs, ont contenu pour moi l’exotisme du monde. Plus tard, dans mes voyages, mes amours, je n’ai rien connu de plus brûlant ; et je sens toujours ce qui m’aurait manqué, quand le goût me vient d’écrire, si je n’avais pas été enfant dans une petite ville. »
Merci, Florentin, de voler à mon secours. Barbey D'Aurevilly est un très grand auteur, très français, mais sans la Normandie, Barbey ne serait rien.

On connait sa phrase : Le premier Milieu dans lequel ont trempé les poètes, voilà l'éducation ineffaçable, la véritable origine de leur genre de talent, ce qui damasquine et fourbit leur acier, ce qui en décide le fil et les reflets, on sait moins qu'il la complète en parlant du Cayla et des Guérin.

[books.google.fr]
17 août 2011, 16:59   Re : Perpignan en été
Jean-Marc,

J'avais réagi à la partie litttéraire de votre message avant que vous ne rédigiez la dernière phrase, que vous avez dû ajouter un peu après le reste.

Comme d'habitude, votre information se veut beaucoup trop vaste, universelle, pour être précise et probante. Comment pouvez-vous rapprocher Mistral, apôtre du félibrige, partisan de la décentralisation et des libertés locales, royaliste à l'ancienne, et qui n'écrivait pas en français, des autres auteurs mentionnés ?

Débattre à ce propos ou même attacher la moindre importance à votre apostille littéraire serait commettre la même erreur que précédemment : empiler quelque 140 messages autour d'une citation de Richard Millet... inexistante et controuvée.
Je rapproche Mistral des autres auteurs mentionnés, et je vous en précise les raisons par ces citations extraites de wikipédia, de telle sorte qu'elles ne seront ni inexistantes, ni controuvées.

" relever, de raviver en Provence le sentiment de race (…) ; d'émouvoir cette renaissance par la restauration de la langue naturelle et historique du pays (…) ; de rendre la vogue au provençal par le souffle et la flamme de la divine poésie ». Pour Mistral, le mot « race » désigne un « peuple lié par la langue, enraciné dans un pays et dans une histoire ».
17 août 2011, 17:40   Innocente objection
"(...) je suis prêt à parier que dans quatre-vingt-dix-huit pour cent des ouvrages littéraires publiés depuis la Révolution française un Français est français parce que ses parents et toute son ascendance sont français, parce qu'il appartient au peuple français au sens génétique du terme, et même à la race française."
[...]
"Mais l'essentiel, l'essence, le ce-qui-va-sans-dire de la nationalité et de l'appartenance, c'était l'hérédité, le sang, les ancêtres, l'appartenance biologique et culturelle à notre peuple."

A cette aune, aucun des rois qui régnèrent en France ne peut être qualifié de français, pour la plupart issus qu'ils furent d'alliances avec des princesses tour à tour espagnoles, florentines, autrichiennes. Où étaient les ancêtres des fils et filles de Catherine de Médicis, pour ne citer qu'elle, en vertu de sa si régnante progéniture ? A Florence ou à Saint-Denis ? Si c'est à Saint-Denis, comme je crois, n'était-ce pas au nom d'une idée et sans le moindre souci "d'hérédité" ?
17 août 2011, 17:49   Re : Perpignan en été
Ne soyons pas trop dogmatiques. On a parlé de Lully qui a su s'adapter au goût français, contrairement au Bernin. Citons aussi Mazarin qui sut former un grand roi imité par toute l'Europe.
Utilisateur anonyme
17 août 2011, 18:12   Re : Perpignan en été
(Message supprimé à la demande de son auteur)
17 août 2011, 18:42   Re : Perpignan en été
Non, cher Buena Vista ma liste n'était pas qu'une sorte de boutade, loin de là, même si elle prêtait un peu à sourire. Bien entendu, la grande littérature, la grande musique, les grands artistes en général, les grands penseurs et les grands hommes qui marquent l'imaginaire des peuples contribuent énormément à donner son style à l'identité occidentale, y compris française, mais force est de reconnaître que cela ne touche qu'une petite élite. Or, je pense que même si on élimine toute cette partie "noble" , cette identité ne s'évapore pas pour autant. Elle tient à une infinité de détails apparemment sans importance mais qui pris ensemble forment bien le tableau assez cohérent d'une identité particulière. J'ai donc cherché les comportements et les mentalités qui étaient le lot de la plupart des occidentaux de l'élite au populo et que, à l'inverse on ne trouve pas dans la civilisation musulmane. Vois le dites vous-même " Notre francité, nous y sommes plongés et ne la voyons plus. Les étrangers la distinguent et la définissent très bien, eux." . C'est justement pourquoi la comparaison avec les identités civilisationnelles étrangères est indispensable pour prendre conscience de la nôtre propre.
17 août 2011, 18:56   Re : Perpignan en été
Les alliances matrimoniales entre les maisons régnantes européennes sont à la nation ce que le mariage est à la famille. L'exogamie est la règle mais l'épousée intègre la maison de son époux, adopte ses ancêtres, élève ses enfants comme des membres à part entière de sa famille. Il y a des couacs mais le principe est clair et fonctionne assez bien dans l'ensemble.
Utilisateur anonyme
17 août 2011, 21:54   Re : Perpignan en été
(Message supprimé à la demande de son auteur)
17 août 2011, 23:17   Re : Perpignan en été
"Il me semble qu'on parle de peuple, et de pays ; que les rois qui ont fait la France aient eu une politique matrimoniale faite d'alliances (ou dépendante des circonstances) est une autre chose qui n'a finalement pas fait dévier leur puissante trajectoire, au contraire (...)" écrit Didier.

C'est-à-dire que l'idée puissamment affirmée par Renaud Camus selon laquelle : "« La culture est le legs des morts, elle est étroitement et inévitablement liée à la transmission, à l'héritage, aux aïeux, aux ascendants, je dirais volontiers à la race » ne s'appliquait pas aux rois de France. En effet, si un roi de France (lui-même la plupart du temps issu en partie d'autres aïeux que Français) formait à son tour une alliance avec une princesse espagnole, florentine ou autrichienne, la descendance qui en naissait devait comme amputer son arbre généalogique de toute une partie de ses ancêtres c'est-à-dire abolir le legs d'une partie de ses morts, de son héritage, de ses aïeux (ce qui fut bien le cas : oncques ne se vist Roi de France "déchiré" entre deux "cultures", celle de son père et celle de sa mère (ou bien le "déchirement" fut-il efficacement "refoulé"), à quoi Marcel répond aussitôt : "L'exogamie est la règle mais l'épousée intègre la maison de son époux, adopte ses ancêtres, élève ses enfants comme des membres à part entière de sa famille.", ce qui, en bonne logique signifie donc que le "legs génétique", si j'ose dire (et Renaud Camus lui-même emploie ce terme de "génétique" dans l'extrait cité par Didier), n'a de valeur que par transmission patrilinéaire (au fond, cela s'accorde parfaitement avec la tradition de la loi salique.) et l'on trouve un écho de cela dans cette auto-citation de Didier :"La "société" influe d'autant moins que le modèle parental, et particulièrement paternel dans ce cas, dispose d'une autorité propre, comme indiqué plus haut, dont vous mésestimez la force et la puissance initiale (i.e. originaire — avant même le "départ" — autant qu'initiatique en quelque sorte), à plus forte raison dans le cadre d'un bon accord du couple parental et d'une juste "répartition des rôles", selon ce qui est possible, au cas par cas."

Je voudrais simplement qu'on éclaircisse ce point de la transmission de la "race" par le père dans l'histoire de France. Je suis bien sûr tout à fait prêt à envisager la chose mais encore faudrait-il qu'elle soit clairement affirmée car je ne me satisfais pas de cette sorte de "deux poids deux mesures", tel qu'il m’apparaît dans la réponse de Didier, quand il écrit : "(...) qu'on parle de peuple, et de pays (...)", comme si le-dit peuple était soumis à la plus stricte "génétique" tandis que ses guides et ses témoins les plus sacrés (les rois) pouvaient "mélanger" leur sang (ce qu'ils firent sans cesse) et créer de puissantes lignées au gré des circonstances diplomatico-guerrières, sans y perdre leur âme ni leur "culture". Ils l'ont fait et ils ont bien fait mais il me semble qu'en le faisant ils ont délibérément choisi leurs morts, leurs aïeux, leurs ancêtres et au nom de quoi se seraient-ils ainsi affranchi de ces fameux "liens charnels" affirmés par Renaud Camus, sinon en vertu d'une "idée" de la France - qui n'est pas le Japon ?

Interrogation qui, est-il besoin de le dire, ne me rend pas plus sympathique cet horrible mot (et ce qu'il prétend dire) de "conglomérat" de peuples qui prétend désigner ce qu'est la France et son histoire. Besson et consort ne s'expriment plus que la panique en tête et, à trop écouter leurs divagations approximatives, il arrive que l'exaspération dicte d'autres visions approximatives auxquelles on est enclin à vouloir se réchauffer.
Utilisateur anonyme
18 août 2011, 08:42   Re : Perpignan en été
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je crois qu'un autre point est à considérer : les gens admettaient des rois ce qu'ils n'auraient pas envisagé pour eux-mêmes.

Il me semble que dans la France que j'ai connue par l'intermédiaire des personnes âgées du temps de mon enfance, la question du lieu, bien davantage que celle de la langue ou du sang, par exemple, se posait.

Voici un exemple concret.

Mon grand-père était originaire de Mazamet, et ma grand'mère de la montagne du Tarn. Ils étaient donc séparés par environ vingt kilomètres. Mon grand-père avait de nombreux cousins dans le village, dont plusieurs germains. Il n'en restait pas moins un peu étranger. Il y avait une sorte de patriotisme de clocher.

Par ailleurs, pour répondre à Buena Vista, sur le "principal élément fédérateur".

Avant de regarder quel il peut être actuellement, regardons quel il était dans le passé.

Prenons la période vers 1650, années où la puissance militaire française est forte, et où notre littérature est magnifique.

La population est largement rurale.

Prenons un paysan des Alpilles, un du Comminges, un du Blésois, un de Basse-Bretagne, un de Champagne.

On peut déjà noter que ni la langue, ni le système juridique applicable, ni les coutumes en matière d'héritage, ni l'architecture civile, ni les modes d'exploitation agricole, ni les pratiques alimentaires ne sont communes à ces personnes.

Deux points leurs sont en revanche communs :

- une certaine idée de la religion, un catholicisme différent de celui des Espagnols, par exemple ;

- l'attachement à la personne du roi.

Je vais dire cela autrement. Godolin est le grand poète de Toulouse. Nul ne s'est offusqué qu'à l'époque il ait choisi d'écrire en langue d'oc, langue qui était celle des Toulousains. Nul n'a contesté qu'il soit Français. Bien plus, quand Montaigne (que Godolin admirait) écrit les Essais, il hésite quant à la langue à employer. Il a longtemps hésité à propos du latin, jugeant le français peu stable et peut être incompréhensible dans cinquante ans.
18 août 2011, 10:43   Re : Perpignan en été
Je ne puis pratiquement pas participer au forum en ce moment, je profite donc d'un rare instant de connexion pour remercier chaleureusement Cassandre à propos de sa très belle dernière intervention sur ce fil. Aux noms des femmes et de la France : merci !
18 août 2011, 13:49   Re : Perpignan en été
Jean-Marc,

Ma question était bien entendu : quel serait le principal élément fédérateur aujourd'hui ?

Les contemporains de Montaigne avaient leurs calamités (guerres de religions, parmi d'autres), nous avons les nôtres : ce sont ces dernières qu'il faut analyser et atténuer, si possible !

J'insisterai, comme à mon habitude, sur la langue nationale, qui me paraît le principal élément fédérateur de la nation aujourd'hui.

Le deuxième - et il convient d'en revenir comme toujours à Renan - serait la volonté : volonté de vivre ensemble, d'avoir des projets et un destin communs. Cette volonté existait de manière implicite mais indiscutable jusqu'à 1975-1980 environ. Les vagues d'immigrations massives, la construction de l'Europe, l'insuffisance qualitative du personnel politique l'ont largement entamée voire détruite.
Utilisateur anonyme
18 août 2011, 18:11   Re : Perpignan en été
Il est, comme cela se perçoit tout au long du fil de la discussion, très difficile de trouver aujourd'hui quelque invariant de francité hormis la langue. Cassandre a tenté de dresser une liste d'habitudes occidentales, somme toute assez contestable, comme il a été noté. Cela trahit une vérité contre laquelle il serait vain de s'insurger, tant ce dont elle est vérité est insurmontable : l'occidentalisation technico-festive des comportements par uniformisation américano-nihiliste, sous l'égide d'un Droit et d'un Marché mondialisés ou en voie de l'être.

La conscience de race, toute littéraire et supra-biologique qu'elle soit, est aujourd'hui éteinte par le brassage dû à l'agrandissement inouï de l'espace visitable et habitable — le tourisme de masse, l'immigration, la rencontre sur internet et la mixité grandissante des couples en sont des conséquences quasi mécaniques. La notion même de territoire à défendre est court-circuitée par l'augmentation des possibilités de déplacement : on ne défend vigoureusement que ce qu'il est difficile de quitter, or, par l'uniformisation et la standardisation des moeurs, le territoire habitable s'est formidablement étendu (fuite et nomadisme des cerveaux, souplesse professionnelle, éclatement des structures familiales compatible avec un relatif nomadisme, etc.).

Ce qui devrait nous conduire à redéfinir la notion de culture afin que sa possibilité réémerge des conditions actuelles de vie — notion sinon découplée, du moins en voie d'affranchissement, de la conscience de race, de la fixité territoriale ou de la généalogie nationale. La francité classique étant morte, sinon moribonde, la littérature française deviendrait alors, non plus le ressassement nostalgique, secret, circonstancié et sublime du rapport de l'homme à l'ancien monde, mais le difficile exercice d'assumer la réduction de la francité au pouvoir d'élargissement du regard, au gain d'envergure, que permet la langue française dans toute sa complexité, sa souplesse et dans toute l'épaisseur sémantique — car historique — de ses mots.

En somme, la francité s'étant éteinte dans l'élan tempétueux de l'accomplissement du nouvel homme, elle devrait se réfugier et se retrouver dans un noyau préservé : la langue française. N'être plus français par le sang, les moeurs ou l'ancestralité, mais par la particularité du regard qu'offre une langue dont on a pris soin de déployer l'ensemble des possibilités. Français par le pinceau et la palette que sont la syntaxe et le vocabulaire de la langue française.

Puisque ni la francité juridique, ni la francité de sang, ni la francité de moeurs ne font véritablement sens aujourd'hui, il serait légitime de reconsidérer l'essence de la francité dans ce qui résistera aux assauts et métamorphoses du nouveau monde, la riche possession d'une langue qui forme et réforme le corps et l'esprit : la langue française. Aussi, en ce sens et en ce nouveau monde, les Français seront-ils choses rares, mais précieuses, conditions peut-être nécessaires de toute véritable culture.
Henri,

C'est tentant, mais que faites-vous alors de la Suisse romande, de la Belgique pour la Wallonie, et du Québec ?
Utilisateur anonyme
18 août 2011, 18:29   Re : Perpignan en été
Jean-Marc, ma redéfinition de la francité est invariante par translation géographique : elle ne concerne que le regard que façonne la langue. On est français par le regard, où que l'on vive et que l'on soit. C'est une francité élitiste qui prend acte de la mort de la francité classique.
invariante par translation géographique


Ce n'est pas si simple...
Utilisateur anonyme
18 août 2011, 18:43   Re : Perpignan en été
C'est le nouveau monde qui l'exige... La francité juridique, nationale ou ancestrale n'est aujourd'hui plus apte à susciter et garantir une culture — une redéfintion de la francité par la langue s'accorderait à la mondialisation (car elle serait invariante par translation géographique) et rendrait possible la réémergence d'une culture, excluant de ladite culture tous ceux qui ne maîtriseraient pas ou pas assez la langue, et a fortiori qui seraient étrangers au regard qu'elle détermine. Il y aurait ainsi des degrés de francité et l'on pourrait être plus français qu'un autre en n'habitant pas dans le territoire géographique qu'on persiste à appeler France.
Utilisateur anonyme
18 août 2011, 18:46   Re : Perpignan en été
Songez à la métamorphose de la chenille en papillon : la francité connaîtrait la même évolution...
Utilisateur anonyme
18 août 2011, 18:47   Re : Perpignan en été
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je crois mieux comprendre...

MM. Bouteflika, Senghor, Mme Assia Djebar maîtrisent ou ont très bien maîtrisé la langue française, en tout cas mieux que bien des Français. Seraient-ils donc français par l'effet de, comment dire, votre beaming ?
Utilisateur anonyme
18 août 2011, 18:58   Re : Perpignan en été
Au sens ancien, non, mais au sens élitiste que je donne, oui ; sachant que, de ce fait, des degrés de francité existeraient et que l'on pourrait partager plusieurs regards selon le nombre de langues que l'on maîtrise — un peu comme si l'on habitait la langue, comme disait Cioran. L'assimilation, de surcroît, redeviendrait possible, car ne dépendant plus de moeurs stables et nationales (inexistantes voire moribondes de nos jours), mais d'un regard déterminé par la langue.
18 août 2011, 19:25   Re : Perpignan en été
Le texte d'Henri Lesquis ci-dessus mérite qu'on s'y arrête un peu Didier. Il est écrit contre la modernité par un auteur qui vient de grandir en elle. Nous savons que la superficie des choses n'a fait qu'entamer -- gravement certes, mais qu'entamer -- ce qu'il nomme "la francité", laquelle, dans toute son histoire a survécu à plusieurs morts. Pourtant, la fraîcheur de cette jeune expérience donne du détail du drame une image qui devrait retenir notre attention. La jeunesse possède l'acuité, elle a les deux mains et les deux pieds dans le détail aveuglant que les barbons considèrent d'un oeil généraliste. Contre cette fraîcheur et ce regard trempé dans le vécu, orienté par une réflexion vierge de toute lassitude et nous répercutant l'impact que produit sur une jeune vie le réel pris à grandes goulées, nos reproches de naïveté, de nouveauté ou d'incomplétude ne pèsent pas si lourd. Lesquis se veut réaliste et déclare qu'il est temps de tourner la page. Il faut considérer qu'il écrit peut-être ce que nous n'osons pas penser.
18 août 2011, 19:26   Re : Perpignan en été
C'est à mes yeux une singulière énigme que d'envisager une langue, quelle qu'elle soit, ne "dépendant plus de moeurs stables". Je ne comprends pas en quoi consisterait ce "regard déterminé par la langue". Cela me parait une très étrange abstraction.
Utilisateur anonyme
18 août 2011, 19:31   Re : Perpignan en été
Orimont, la langue ne dépend que de son histoire, laquelle est immortalisée dans les livres. En outre, c'est de l'assimilation que je dis qu'elle ne dépendrait plus de moeurs stables.
18 août 2011, 19:33   Re : Perpignan en été
Et Tarik Ramadan ? ...

"Il est très difficile de trouver aujourd'hui quelque invariant de francité hormis la langue. Cassandre a tenté de dresser une liste d'habitudes occidentales, somme toute assez contestable, comme il a été noté. "
Premièrement je ne vois pas qu'elle ait été trouvée contestable, pas même par Buena Vista. J'ai comparé deux civilisations que je crois bien connaître : l'occidentale et l'islamique et j'aimerais savoir en quoi ce que j'ai dit de certaines caractéristiques de la première se retrouveraient dans la seconde au point qu'on ne puisse pas faire de différence entre l'occidentalité et l'islamité.
De même que nous ne voyons pas notre regard, qui pourtant donne son expression à notre visage, et qu'il nous est même difficile de savoir comment les autres nous voient , nous ne pouvons qu'avoir beaucoup de mal à définir notre identité nationale. C'est une gageure que d'ailleurs aucun peuple autre que le nôtre, mis bien malgré lui dans situation de le faire, ne tente. Tout le monde, hormis en Europe et surtout en France, fait comme si l'identité de sa patrie allait de soi. En tous cas pour les étrangers autres que venant d'Afrique, qui s'installent à demeure dans notre pays, son identité propre ne fait aucun doute..
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