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Devenons indifférents aux différences

Envoyé par Éric Veron 
Permettez-moi, chers amis, de vous soumettre cet article Théorie du genre, homoparentalité : ces ultimes sursauts réactionnaires publié dans Le Monde de ce 24 août par Caroline De Haas, chargée des droits des femmes dans l'équipe de campagne de Martine Aubry.
Je ne vois pas trop ce qu'on peut reprocher à cet article plutôt sensé. A part son style, mais avec Le Monde...
Il ne manque plus que l'idée selon laquelle l'insémination et la grossesse sont des rôles distribués par la culture patriarcale, ancestrale, moisie et cryptofasciste.
Utilisateur anonyme
24 août 2011, 15:32   Re : Devenons indifférents aux différences
Pour ma part, je ne trouve pas cet article "plutôt sensé". Je trouve au contraire que les idées qui y sont développées sont aberrantes. L'auteur de cet article nie des évidences et méprise, en bonne progressiste, la sagesse accumulée par les générations passées.
Discours totalitaire, égalitariste obsessionnel. Crétin.
Surtout totalement inutile.
Pourquoi se fatiguer à écrire "citoyens et citoyennes", si la différence sexuelle n'est que métaphysique ?
Oui, discours totalitaire, puisque faire le constat qu'il y a bien deux sexes est explicitement assimilé à du racisme (« La question essentialiste se pose aujourd'hui pour le sexe mais elle n'est pas très éloignée de celle que l'on pouvait se poser il y a un siècle ou deux sur la couleur de peau. ») Cette dame et ses semblables préparent peut-être déjà un arsenal répressif.

D'autre part, c'est assez rare pour qu'on le relève, cette dame revendique explicitement l'indifférenciation obligatoire (« devenons indifférents aux différences »), prélude, selon Girard à la crise mimétique. Girard parle à un endroit de « l'assassin de la différence ». Cette dame mérite bien ce titre. L'étape suivant, comme on sait, est le déclenchement de la violence mimétique, autrement dit le massacre.
Il me semble que vous allez droit au cœur du sujet, de façon claire et pertinente, cher Chatterton. La suite, comme vous le laissez entendre, pourrait être terrifiante.
...et sur la vie dominicaine. On ne perd pas son temps, merci Florentin.
"Discours totalitaire, égalitariste obsessionnel. Crétin."
"Oui, discours totalitaire."

(Etc.)

Quelle rhétorique facile et creuse.

Il est amusant de voir combien, sur un certain nombre de thèmes liés aux "genres", à l'homosexualité, au féminisme etc., les prises de position de certains rejoignent celles de nos amis mahométans. C'est en fait assez logique.
Je dois m'être trompé de forum.
Certes vous ne vous êtes pas trompé de forum Kiran, et nous serions nombreux à être marris que vous pensiez ne pas être à votre place ici. Mais il n'empêche que le discours sur le genre est un discours totalitaire au sens le plus strict et objectif que l'on peut donner à ce terme: cette théorie serait valable pour tous, en tous lieux; elle fait de la bisexualité une condition obligatoire et universelle, comme l'école laïque. L'indifférenciation sexuelle qu'elle introduit est le pire cauchemar du désir. Personnellement, et cela n'engage que moi, je lis dans cette théorie une haine du désir. Que certains puissent désirer de manière sexuellement orientée et exclusive, voilà que d'autres ne le supportent pas, et pour cela, ils ont imaginé la déconstruction culpabilisante du désir orienté qui sélectionne ses objets et exclut de son champ l'indésirable.

On sait que certains homosexuels grincent des dents à la vue de couples hétéros (y compris en photos, dans un bureau, ainsi que cela a été dit ici un jour); faut-il pour atténuer leur douleur à la vue d'un spectacle aussi pénible à leurs yeux que les couples hétéros en cause s'excusent, se "déconstruisent" en demandant pardon d'être si retardataires dans leur éveil au "genre" ? Il est des orphelins devenus adultes qui serrent encore les poings dans leurs poches en entendant certains de leurs congénères faire l'éloge de leur pôpa et de leur môman, faut-ils que ces derniers se taisent, la bouclent en leur présence ? Il est possible que l'aveugle qui entend l'expression "mon oeil!" soit pris de l'envie de vous l'arracher avec les ongles, faut-il en sa présence, "surveiller son langage" ? Et le blanc qui dit "c'est noir" en présence d'un noir doit-il se mordre la langue ?

La tolérance, qui serait l'inverse de l'esprit totalitaire, devrait laisser à ces bas-bleus le choix de leur courroux, de leur prosélytisme, et permettre que l'on passe son chemin en aimant de son mieux ceux et celles qui le croisent en éveillant notre désir, orienté, capricieux, exclusif et aussi passager qu'il lui plaira, sans se soucier d'une règle universelle nouvelle qui ferait fondre les "différences douloureuses" pour épargner certaines "sensibilités frigides", si vous me permettez ce terme, ou insensibilité construite, ou sensibilité déconstruite, quel que soit le cas malheureux dans lequel l'on doit ranger la personnalité de cet auteur "pro-genre".

Les différences sexuelles n'ont jamais été un facteur d'oppression "des femmes" (lesquelles, à propos, et comme pour le fameux métissage qui dissipe l'existence de l'Autre objet de toute vénération, disparaîtrait par l'effet d'une indifférenciation sexuelle), car les femmes, dans les sociétés que cet auteur voue aux gémonies, ont toujours tiré leur épingle du jeu de cette différence.

S'agissant du mariage homosexuel: il n'est pas nécessaire de passer par les fourches caudines de la "théorie du genre" pour y être radicalement favorable. C'est mon cas: les homosexuels étant des humains sexués, le mariage doit leur être aussi naturel qu'aux autres.
Mon cher Francis, j'ai quand même l'impression que les hétéros qui "grincent des dents" à la vue des couples homos, qui demandent à ceux-ci de "s'excuser" d'exister, pour qui ces couples ou l'expression photographique de leur bonheur constituent un "spectacle pénible" restent, sur toute la surface de la planète et même en Europe, bien plus nombreux et bien plus nocents que les homos qui auraient les mêmes réactions inversées.
A ma connaissance, nul hétérosexuel n'a jamais été tabassé, arrêté, menacé ou pire par un ou plusieurs homosexuels en raison de ses préférences.
Mais comme ce forum n'est consacré ni aux gender studies ni aux questions sexuelles, je m'arrête là.
Mais non, Kiran, ne vous arrêtez pas, développez vos arguments, au contraire. Je suis très curieux, sans aucune intention polémique, de savoir en quoi un discours tel que celui de cette dame, prônant l'indifférenciation obligatoire, n'est pas un discours totalitaire. Pourquoi échapperait-on, dans ce cas précis, à la crise mimétique.

Je précise que, pour ma part, je ne ressens aucune crispation sur des questions comme le gender, l'homosexualité, le féminisme. Ce sont des questions qui me sont souverainement indifférentes. Je m'étonne qu'on y consacre tant de débats, et si polarisés.
Il me semble que ce "totalitarisme"-là, comparé à d'autres récents ou actuels, est fort bénin. Il ne menace, ne lèse personne. Il est (presque) in-nocent.
Par ailleurs, définir ce discours comme "totalitaire", donc comme une terrible menace, et préciser aussitôt après y être "souverainement indifférent" me paraît un peu contradictoire.
L'intervention de Francis élargit le sujet du débat de façon très éclairante pour moi, merci à lui.
Par ailleurs, définir ce discours comme "totalitaire", donc comme une terrible menace, et préciser aussitôt après y être "souverainement indifférent" me paraît un peu contradictoire.

Kiran, cette manœuvre est indigne de vous. Je suis indifférent aux questions soulevées (genres, orientation sexuelles, etc.). Je ne suis pas indifférent au discours de cette dame à propos de ces problématiques, parce que ce discours est extrêmement dangereux pour les raisons que j'ai dites, même si pour le moment, sur le plan purement polémique, cette dame s'exprime comme Peppone (les sursauts de la réaction).

Et qu'est-ce que c'est qu'un totalitarisme bénin ou in-nocent ? Sans doute pourrait-on qualifier de bénin ou d'in-nocent ce qui se joue dans nos rues les jours d'émeute (les experts ne manquent d'ailleurs jamais de relever que ces émeutes font, en somme, très peu de morts), ou ce qui se joue dans nos classes, où après tout les victimes émissaires (les bons élèves, cibles de la masse des illettrés) sont rarement mises à mort.
Si ma remarque vous a heurté, veuillez m'en excuser.

J'employais le mot "totalitarisme" par ironie. Il n'y a pour moi dans le discours de cette dame aucun totalitarisme. De la sottise, des simplifications, des naïvetés sans doute (peu de risques que je vote pour sa championne !), mais rien de plus. Je crois que nous nous agitons pour assez peu de choses. Le mariage gay, la reconnaissance de l'homoparentalité etc. sont des questions plutôt secondaires par rapport aux enjeux qui nous préoccupent. Ils ne menacent en rien, à mon avis, l'identité européenne. Ce qui n'est pas le cas de l'immigration africaine depuis quarante ans.
Cher Kiran,
Je ne crois pas qu'il faille tenir pour secondaires la question de la différence sexuelle et celle de l'institution de la famille (donc du mariage). L'immigration africaine menace une partie de l'identité européenne, soit. Mais cette identité a commencé d'être attaquée et bouleversée par les Européens eux-mêmes : lorsque les Révolutionnaires décident que l'Eglise ne doit plus exister (et être remplacée à terme par le culte de l'Être suprême), que toutes les institutions anciennes (qu'on appelait les privilèges) doivent être abolies, que le calendrier doit être changé, que les biens de l'Eglise doivent être nationalisés et vendus (fermant donc Hôtels-Dieu et hospices pour nécessiteux, abandonnant malades et indigents à leur sort), ces quelques individus jettent les fondements de la modification permanente de notre identité, selon le bon vouloir de telle ou telle minorité soi-disant éclairée, animée par un soi-disant sens de l'Histoire.
L'immigration africaine arrive dans un espace où rien ne tient que de manière temporaire et fragile, où rien n'est plus fondé, où l'ancienneté d'un nom, d'une institution, d'une habitude n'est pas un gage de son importance (contrairement aux cultures non-occidentales). L'identité européenne est devenue l'esprit de révolution et de remis en question : les Africains qui contestent la légitimité de telle ou telle habitude ou institution agissent en Européens et non en Africains.
Ce type de texte, qui vient contester jusqu'à la différence sexuelle fondée en nature et non seulement l'organisation des sexes ou genres dans la société, participe de l'entreprise de sape de notre civilisation à laquelle participent les minorités éclairées de gauche (selon une inspiration marxiste), les minorités éclairées libérales (tout doit être négocié et discuté), les minorités allogènes (selon leurs valeurs d'origine).
Toutes ces attaques sont également mortifères, elles se renforcent l'une l'autre, se légitiment l'une l'autre et aboutissent toutes à ce résultat : considérer notre espace et notre communauté comme une page blanche où tout est à discuter et rien n'est fondé. Evidemment, les objets de discussion ne sont jamais soumis au vote du peuple concerné. En bons bochéviks (d'inspiration), toutes les minorités éclairées pratiquent l'hypostase révolutionnaire bien décrite par François Furet : nous sommes dix, mais nous avons raison, le peuple ne peut pas vouloir avoir tort, donc nous sommes le peuple en lui montrant où est la raison. Plus besoin dès lors de le consulter.
"Ce type de texte, qui vient contester jusqu'à la différence sexuelle fondée en nature et non seulement l'organisation des sexes ou genres dans la société, participe de l'entreprise de sape de notre civilisation à laquelle participent les minorités éclairées de gauche (selon une inspiration marxiste), les minorités éclairées libérales (tout doit être négocié et discuté), les minorités allogènes (selon leurs valeurs d'origine).
Toutes ces attaques sont également mortifères, elles se renforcent l'une l'autre, se légitiment l'une l'autre et aboutissent toutes à ce résultat : considérer notre espace et notre communauté comme une page blanche où tout est à discuter et rien n'est fondé.
"

Très juste, cher Virgil.
Vous écartez trop vite la question me semble-t-il. Le Grand Remplacement est évidemment le danger mortel, auprès duquel ces questions paraissent très secondaires — au premier abord. Mais nous savons aussi qu'aucun peuple sain d'esprit ne se laisserait ainsi conduire vers les poubelles de l'histoire sans réagir. Or la racine du mal qui ronge notre force vitale a sans doute quelque chose à voir avec le discours de cette dame, et cela de plusieurs façons.

D'abord, la volonté d'effacement des différences entre les sexes, l'affirmation farouche du caractère trivial, secondaire, anecdotique, dénué de conséquences, de la nature des organes génitaux et de la reproduction sexuée dont ils sont l'instrument rejoint absolument l'obsession première de l'époque, l'antiracisme dogmatique et l'égalitarisme hyperdémocratique : les différences entre les sexes doivent s'effacer comme les différences entre les peuples, les ethnies, les races, les cultures, comme les différences entre les milieux culturels et sociaux au sein d'une société donnée.

Ensuite, et plus profondément, il y a derrière cette obsession niveleuse la rage de destruction de tout ce qui peut, de près ou de loin, rappeler le rôle du père et l'ensemble de ce qu'il était chargé de transmettre, destruction qui est la racine même de l'abandon suicidaire à la faveur duquel s'opère le Grand Remplacement.

Il me semble que la cause homosexuelle gagnerait beaucoup à rester raisonnable : la liberté, la reconnaissance, le respect, les droits, oui, certes (sachant que l'"homoparentalité" est une question complexe et une revendication discutable), mais quel besoin de nier les différences et d'ériger en règle générale la zone parfois floue et poreuse où les genres se côtoient ?
Je suis tout à fait d'accord avec Virgil, qui dit les choses avec beaucoup d'éloquence.
Ça se croise sec !
Ça se croise sec, en effet, Marcel. Vous parlez d'or, vous aussi. Que dit Kiran?
On ne peut guère qu'appuyer et vouloir développer cette mise au point de Virgil.

A l'heure où un jeune Tunisien sans papier viole une jeune femme enceinte de cinq mois dans le RER parisien sous la menace d'un couteau comment peut-on avoir le toupet de présenter comme "thème d'actualité" ces ringarderies sur "le genre" et "l'oppression des femmes dans la société occidentale patriarcale qui ne prévoit pas qu'elles puissent draguer, elles aussi" ? et autre "ultimes sursauts réactionnaires contre l'homoparentalité dans le clergé catholique" ? (cf. les dernières offensives idéologiques coordonnées par Le Monde autour de cet axe).

Le problème il est pas là, comme on dirait à France Inter.
J'ai qualifié de totalitaire un discours qui révèle une volonté de penser voire de sentir à la place des autres.
(Je souscris également pleinement aux propos de Marcel.)
Pour ma part, je continue à ne rien voir de "totalitaire" dans ce discours. Je n'ai pas dit que j'y adhérais. Je n'ai pas dit que toutes les revendications dont il est porteur étaient les miennes. Je maintiens qu'elles sont, selon moi,marginales et assez peu nocentes.

Je pense aussi que la nuit va revenir (pas demain, bien sûr : probablement serai-je mort avant) : l'obsession hygiénique, l'effacement de l'espace privé consécutif au développement des nouvelles technologies et le machisme afro-musulman vont finir par se rencontrer et la deuxième partie de ce siècle sera sans doute très sombre. Pour les achriens mais pas seulement.
l'obsession hygiénique, l'effacement de l'espace privé consécutif au développement des nouvelles technologies et le machisme afro-musulman

Périls encore bien lointains, à mon humble avis, sauf le dernier cité, si vous visez la montée des actes homophobes du fait de la réislamisation. Mais dans ce cas la solution ne passe pas par des revendications inspirées du courant gender. Elle passe par une réponse pénale ferme. La motivation islamique devrait en toute logique constituer une circonstance aggravante. Si les petits coqs nord-africains découvrent qu'une insulte homophobe se paie par quelques mois de cabane suivis d'une expulsion brutale pour défaut d'assimilation (oui, je sais, je rêve), je vous assure qu'ils vont revenir à de meilleurs sentiments.
Sur l'obsession hygiénique, ces quelques lignes qui montrent l'affrontement de deux cultures (ou plutôt de trois) : l'américaine, l'européenne et l'asiatique. Cela se passe en 1953, à Saïgon.

I watched them idly as they went out side by side into the sun-splintered street. It was impossible to conceive either of them a prey to untidy passion: they did not belong to rumpled sheets and the sweat of sex. Did they take deodorants to bed with them? I found myself for a moment envying them their sterilized world, so different from this world that I inhabited - which suddenly inexplicably broke in pieces
25 août 2011, 17:47   The Dirty American
A propos de rumpled sheets et de sweat of sex, pourrait être opposé à ce paragraphe à peu près n'importe lequel de Last Exit To Brooklyn...

(Quand on pense que la même année, 1964, les Européens aux aisselles sentant le fauve produisaient The Sounds of Music, Les Parapluies de Cherbourg, etc..)
Ha ! le fameux gousset d'Henri IV !

Il y aurait, je pense, toute une étude à mener à ce propos...

Cela me remet en mémoire une mini-émeute que j'avais provoquée quand, à la question sournoise :

- Why don't French Men wash ?

J'avais répondu :

- Because American Women love it so much.
La islamisation ?
La réislamisation des populations musulmanes européennes de deuxième et troisième générations. Je n'ai peut-être pas été très clair.
Je trouve tout cela un peu confus.

On nomme homophobes maintenant ceux qu'autrefois on appelait des "casseurs de pédés", c'est ça ?

Ils n'ont jamais eu besoin d'être des petits coqs de Dieu sait où, ni d'être islamisés.

Il y avait aussi tout un monde de petites frappes, vivant de chantages et d'extorsion, passant parfois au meurtre, ces petites frappes-là ne sachant pas très bien où elles en étaient, elles-mêmes. On les appelait, il y a cent ans, des Jésus. Je connaissais un monsieur, à Perpignan, un journaliste, qui paya de sa vie ces dangereuses fréquentations-là. Son meurtrier ne fit rien pour se cacher.

Je pense que les formes minoritaires de la sexualité peuvent effectivement choquer des tiers, j'ai toujours essayé de ne choquer personne, et je ne vois pas bien l'intérêt de provoquer le sens commun.
Euh... Jean-Marc... vous voulez bien googler « gays persecution muslims » ou « homosexuals threatened muslims » et lire un peu...

Pour ce qui est de choquer, je me souviens d'un couple d'amis gays à qui je faisais visiter ma ville et qui tenaient absolument à se rouler des pelles (c'est comme cela qu'on dit, je crois) devant la cathédrale, pour montrer qu'ils étaient très épris l'un de l'autre. Bon, ça peut se discuter.

D'un autre côté, j'ai cru comprendre qu'aux Pays-Bas, par exemple, il suffisait que deux personnes du même sexe marchent en se tenant la main pour avoir affaire à de sympathiques jeunes Néerlando-Marocains.
Chatterton,

Que les homosexuels soient persécutés dans les pays musulmans, je ne le conteste absolument pas, mais supposez qu'il n'y ait pas de musulmans en France, il y a aurait quand même des casseurs de pédés.

Je croyais que ce fil nous parlait des articles surprenants, je vois qu'on en arrive assez vite aux musulmans.
» elles se renforcent l'une l'autre, se légitiment l'une l'autre et aboutissent toutes à ce résultat : considérer notre espace et notre communauté comme une page blanche où tout est à discuter et rien n'est fondé

Mais la "table rase" de Descartes... On se demande s'il ne faudrait également remonter jusqu'à Pic de la Mirandole, par exemple, et son Oratio...

Mais toi, que ne limite aucune borne, par ton propre arbitre, entre les mains duquel je t'ai placé, tu te définis toi-même.
Ces deux tables rases n'ont rien à voir l'une avec l'autre, cher Alain ; il est surprenant que vous songiez à les rapprocher.
Citation
Kiran Wilson
A ma connaissance, nul hétérosexuel n'a jamais été tabassé, arrêté, menacé ou pire par un ou plusieurs homosexuels en raison de ses préférences.

Que voulez-vous donc dire par là ? Que les homosexuels sont ontologiquement bons ? Ou bien que c'est simplement le fait d'être minoritaire qui empêche d'être mauvais ? J'ai toujours trouvé ce type de phrases (dans lequel on pourrait remplacer le couple hétérosexuel/homosexuel par tout autre appariement d'une majorité et d'une minorité quelconques) assez déconcertant : en tant qu'argument, leur valeur est nulle ; en tant qu'illustration, on doit pouvoir trouver des exemples un peu moins facilement racoleurs.
Non, cher ami. Je constate simplement qu'il y a chez les (de nombreux, la plupart des) achriens une tolérance aux goûts et moeurs d'autrui importante et que la réciproque, l'Histoire nous l'enseigne, est bien moins vraie. Pourquoi ? Cela mériterait une longue réponse.

Loin de moi, ceci dit, d'inverser le discours de M. Vanneste et de prétendre l'homosexualité "supérieure" à l'hétérosexualité.
Je croyais que ce fil nous parlait des articles surprenants, je vois qu'on en arrive assez vite aux musulmans.

Ce fil parle des sursauts de la réaction, relisez l'article de Mme De Haas. La nouvelle homophobie d'inspiration islamique en fait partie, même si Mme De Haas feint de l'ignorer, par stupidité ou par tactique électorale, pour concentrer le tir sur les horribles catholiques et les affreux UMP. La solution n'est pas la dissolution des identités mais la rectification des contrevenants (rinçage de la bouche avec du savon, obligation d'aller peindre des arcs-en-ciel dans des locaux associatifs vêtus de combinaisons oranges, avec de gros boulets au pied, sous la surveillance d'un gardien armé d'un fusil, etc.).
Citation
Francmoineau
Ces deux tables rases n'ont rien à voir l'une avec l'autre, cher Alain ; il est surprenant que vous songiez à les rapprocher.

Si vous entendez par là, cher Francmoineau, que n'est pas Descartes qui veut, cela me paraît en effet peu contestable. Mais dans le principe, il me semble tout aussi peu contestable que la "modernité politique" est parfaitement calquée sur la structure ternaire du cartésianisme : au doute hyperbolique faisant table rase du passé correspond l'"état de nature", dont la postulation interrompt la transmission du pouvoir et des traditions ; à l'invention du "sujet" dépassant le doute par la certitude de se saisir lui-même par sa propre pensée correspond le "sujet politique", le peuple capable de s'autodéterminer librement ; à la reconstruction de l'édifice du système de la connaissance sur et par le sujet correspond la reconstruction de l'édifice social à parti de ces atomes que constituent les individus libres composant le peuple.

L'iconoclasme révolutionnaire pourfendu par Virgil n'est pas qu'un incident de parcours marginal redevable à une poignée de zozos hystériques. Il s'inscrit également, pour une part non négligeable, au cœur même de la démarche intellectuelle et politique occidentale moderne...
Utilisateur anonyme
26 août 2011, 22:55   Re : Devenons indifférents aux différences
Cher Alain, votre réflexion, quoique assez astucieuse, ne saisit pas, il me semble, la nature de cet "iconoclasme révolutionnaire". En effet, l'autodétermination, en dehors du domaine politique, moral ou philosophique, dissimule une sourde et terrible réalité, que les vocables de réaction ou de vengeance, voire de ressentiment, saisiraient avec plus d'acuité. Lorsque ladite "autodétermination" s'attaque à la nature, à la phusis, à l'immémoriale pulsio créatrice au sein de laquelle la différence sexuelle manifeste deux pôles dont la tension fonde la vie, on sort insidieusement du domaine de la liberté pour patauger dans les bas-fonds de la haine humaine.

Tertullien a écrit : « Les âmes qui n'ont pas connu la volupté sexuelle sont remplies du dépit de la vie manquée. Leur fécondité en reste les rend mauvaises. »

Le plaisir sexuel frustré peut donner lieu à des réactions d'une féroce nocivité, au point de s'attaquer à l'un des moteurs de la phusis, la différence sexuelle, lorsqu'il se mue en désir de vengeance. Il ne faudrait pas négliger l'aspect psychologique, voire psychophysiologique de ces revendications.
La violente diatribe de Mme De Haas contre l'essentialisme biologique m'a remis en mémoire cette courageuse initiative de la ville de New York, en 2006, permettant aux New Yorkais une définition discrétionnaire de leur genre. Dans le plan des autorités, l'indication du sexe sur le certificat de naissance était modifiable par simple déclaration.

[www.nytimes.com]

Si je me souviens bien de ce que j'ai lu dans le New Yorker à l'époque, cette innovation, éclairée par les lumières des gender studies, dissipant les ténèbres nauséabondes de l'essentialisme, se heurta à la brutale réalité essentialiste quand on se rendit compte que les convicts qui purgeaient leurs peines dans les pénitentiers de l'endroit pouvaient se faire transférer dans des prisons pour femmes — ce qui leur procurait un pool de malheureuses à violer — simplement en déclarant qu'ils se sentaient désormais « femmes », et en exigeant qu'on rectifie leur état-civil.
Il aurait fallu à ces condamnés deux attestations médicales et "deux ans de vie dans leur genre adopté" pour postuler.
On notera à ce propos que les Etats-Unis d'Amérique restent, parallèlement à cela, un de ces pays, peu nombreux en-dehors de certaines tyrannies obscurantistes du Tiers-Monde, à demander avec brutalité sur nombre de ses formulaires officiels que lui soit indiquée, de manière infrangible, la race du signataire, ou son appartenance ethnique catégorique. Si le sexe est flottant et de-essentialisable, la race, elle, ne se gomme pas d'un trait de gomme, autant dire qu'elle vous colle à la peau, bien plus sûrement que le sexe au slip. Personne n'a le droit de "se sentir" Noir, Caucasien, Jaune ou "native American": tu l'es ou tu l'es pas mon bonhomme, tu as le droit d'être subjectivement une femme mais tu restes objectivement un "African American" ou un "Caucasian" que cela te plaise ou non. Si le choix de son sexe peut être discrétionnaire, inessentiel et flottant, la race, elle, doit rester solidement arrimée dans le regard d'autrui, ou des pouvoirs publics, à qui il appartient d'en trancher le statut. Pas nauséabond ça ? le tri comptable des personnes suivant leur couleur de peau ou leur profil physionomique ? Etrange société qui voit en l'assignation sexuelle un élément restrictif de la liberté individuelle cependant que l'appartenance raciale serait à tous égards bénigne quand on sait le rôle qu'elle a tenu dans l'histoire sociale violente de ce pays.
Utilisateur anonyme
27 août 2011, 12:24   Re : Comment peut-on être Américain ?
Question que je me pose : quand les homosexuels obtiendront mariage gay et reconnaissance de l'homoparentalité, que demanderont-ils d'autre ? Et que promettra le P.S. ( en ces temps où diminue la marge de manoeuvre sur le plan économique et social ) ?
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