Certes vous ne vous êtes pas trompé de forum Kiran, et nous serions nombreux à être marris que vous pensiez ne pas être à votre place ici. Mais il n'empêche que le discours sur le genre est un discours totalitaire au sens le plus strict et objectif que l'on peut donner à ce terme: cette théorie serait valable pour tous, en tous lieux; elle fait de la bisexualité une condition obligatoire et universelle, comme l'école laïque. L'indifférenciation sexuelle qu'elle introduit est le pire cauchemar du désir. Personnellement, et cela n'engage que moi, je lis dans cette théorie une haine du désir. Que certains puissent désirer de manière sexuellement orientée et exclusive, voilà que d'autres ne le supportent pas, et pour cela, ils ont imaginé la déconstruction culpabilisante du désir orienté qui sélectionne ses objets et exclut de son champ l'indésirable.
On sait que certains homosexuels grincent des dents à la vue de couples hétéros (y compris en photos, dans un bureau, ainsi que cela a été dit ici un jour); faut-il pour atténuer leur douleur à la vue d'un spectacle aussi pénible à leurs yeux que les couples hétéros en cause s'excusent, se "déconstruisent" en demandant pardon d'être si retardataires dans leur éveil au "genre" ? Il est des orphelins devenus adultes qui serrent encore les poings dans leurs poches en entendant certains de leurs congénères faire l'éloge de leur pôpa et de leur môman, faut-ils que ces derniers se taisent, la bouclent en leur présence ? Il est possible que l'aveugle qui entend l'expression "mon oeil!" soit pris de l'envie de vous l'arracher avec les ongles, faut-il en sa présence, "surveiller son langage" ? Et le blanc qui dit "c'est noir" en présence d'un noir doit-il se mordre la langue ?
La tolérance, qui serait l'inverse de l'esprit totalitaire, devrait laisser à ces bas-bleus le choix de leur courroux, de leur prosélytisme, et permettre que l'on passe son chemin en aimant de son mieux ceux et celles qui le croisent en éveillant notre désir, orienté, capricieux, exclusif et aussi passager qu'il lui plaira, sans se soucier d'une règle universelle nouvelle qui ferait fondre les "différences douloureuses" pour épargner certaines "sensibilités frigides", si vous me permettez ce terme, ou insensibilité construite, ou sensibilité déconstruite, quel que soit le cas malheureux dans lequel l'on doit ranger la personnalité de cet auteur "pro-genre".
Les différences sexuelles n'ont jamais été un facteur d'oppression "des femmes" (lesquelles, à propos, et comme pour le fameux métissage qui dissipe l'existence de l'Autre objet de toute vénération, disparaîtrait par l'effet d'une indifférenciation sexuelle), car les femmes, dans les sociétés que cet auteur voue aux gémonies, ont toujours tiré leur épingle du jeu de cette différence.
S'agissant du mariage homosexuel: il n'est pas nécessaire de passer par les fourches caudines de la "théorie du genre" pour y être radicalement favorable. C'est mon cas: les homosexuels étant des humains sexués, le mariage doit leur être aussi naturel qu'aux autres.