Le site du parti de l'In-nocence

France Culture sous la houlette d'Olivier Poivre d'Arvor.

Envoyé par Véra Giorda 
Voici un an que la direction de France Culture a été confiée à Olivier Poivre d'Arvor. Un article de Jérôme Garcin dans "bibliobs" m'avait laissée songeuse quant aux qualités d'écriture du personnage.

[bibliobs.nouvelobs.com]

Les diverses interventions de ce-dernier sur "son" antenne m'ont ensuite appris qu'il affectionnait l'adjectif "formidable". Nous avons ensuite su qu'il déplorait un certain défaitisme culturel français, cf son livre "Bug made in France" et qu'il enfilait les lieux communs comme d'autres les perles.

C'est désormais la fin de l'été. Les adolescents disent adieu à leurs amourettes estivales mais OPA, lui, déclare sa flamme à Martine Aubry.

[tempsreel.nouvelobs.com]

C'est bien d'avoir de l'ambition. Je serais aussi tentée d'écrire que cela ne manque pas de grandeur d'avoir des convictions. Simplement est-ce bien de cela qu'il s'agit ? Un certain scepticisme m'inclinerait à soupçonner une sorte d'opportunisme de courtisan cultureux.
Reprenons les faits. Monsieur Poivre aime Mme Aubry. Il le lui fait savoir. Monsieur Poivre d'Arvor a une radio ce qui est mieux qu'un hochet. Alors il clame et déclame sa flamme haut et fort.
Ainsi, cet été l'antenne de France Culture a consacré un ensemble des "Grandes traversées" à une hagiographie de Jack Lang, confiée à Maryvonne de Saint-Pulgent qui fut membre du ministère Lang.

Vendredi 26 août, "Les matins d'été" se rendent à La Rochelle afin d'ouvrir le bal et leur antenne aux candidats des primaires socialistes.

Parallèlement à ces grossières manoeuvres politiques, M. Poivre d'Arvor a limogé un certain nombre de producteurs de France Culture, ne craignant pas d'expliquer à Francesca Isidori qu'il lui fallait se défaire des "producteurs faibles".

[www.satellifax.com]

Nous lui devons donc l'invention du darwinisme radiophonique. C'est bien le moins de fonder une école de pensée pour quelqu'un qui aime rappeler qu'il est philosophe de formation.

La grille de rentrée de France Culture nous dévoile que l'inventeur du darwinisme radiophonique, en guise de production et de modification des émissions, va nous servir la soupe claire du talk show culturel, essentiellement fondée sur le bavardage promotionnel de trucs et de machins culturels parce qu'il faut bien sortir et avoir quelque-chose à raconter dans les dîners en ville.

Tel est à ce jour, le premier bilan du règne d'Olivier Poivre d'Arvor 1er.

L'ensemble est alarmant, n'est-il pas ?

Certes, M. Poivre d'Arvor n'est pas directement tenu à un devoir de réserve comme le serait un fonctionnaire. Cependant est-il acceptable, est-il déontologique qu'en tant que directeur d'une radio de service public, il emploie de façon aussi caricaturale cette dernière à des fins, des calculs personnels ?

Comment se fait-il que le CSA ne le rappelle à l'ordre ? Ou faut-il accepter la loi du darwinisme radiophonique avec Barnum en guise de M. "Loyal" ?
Belle entrée en lice. Bienvenue, Madame.
M. Poivre a aussi supprimé la radiodiffusion des conférences de Carême à Notre-Dame, avant de la rétablir sous la pression de l'épiscopat... à minuit tapantes, adding insult to injury.
Citation
Chatterton
M. Poivre a aussi supprimé la radiodiffusion des conférences de Carême à Notre-Dame, avant de la rétablir sous la pression de l'épiscopat... à minuit tapantes, adding insult to injury.

Et qu'avait-il l'intention (ou qui avait-il l'intention) de mettre à la place ? Une discussion sur les pratiques religieuses où chacun y serait allé de son petit frisson oecuménico-new age ? Car la question demeure entière, qu'advient-il des contenus des émissions ? En-dehors, une fois encore, des émissions promotionnelles, politiques ou culturelles, le résultat demeure identique, à savoir un formatage des goûts et des opinions au détriment du sens critique.
Je crois que M. Poivre avait habilement mis d'excellentes « Une vie, une œuvre » en rediffusion à l'heure des conférences de Carême. Cette manœuvre n'ôte rien à la malignité du personnage.
Peut-être est-il opportun de rappeler à Mme Véra X. (qu'elle veuille bien m'excuser, je ne connais pas son nom) que le parti de l'In-nocence réclame depuis sa fondation la création d'une station de radio culturelle en France (et aussi d'une chaîne de télévision culturelle).
Citation
Chatterton
Je crois que M. Poivre avait habilement mis d'excellentes « Une vie, une œuvre » en rediffusion à l'heure des conférences de Carême. Cette manœuvre n'ôte rien à la malignité du personnage.

Cher Chatterton, "Une vie, une oeuvre" qui, en effet, est une excellente émission a, hélas, perdu en qualité et gagné en superficialité en perdant trente minutes. Au moins, reste-t-elle présente dans la grille de rentrée. C'est ce que l'on nomme un moindre mal.
Citation
Renaud Camus
Peut-être est-il opportun de rappeler à Mme Véra X. (qu'elle veuille bien m'excuser, je ne connais pas son nom) que le parti de l'In-nocence réclame depuis sa fondation la création d'une station de radio culturelle en France (et aussi d'une chaîne de télévision culturelle).

Cher Renaud Camus, c'est parce que je sais l'attachement du parti de l'In-nocence à la culture que j'ai écrit ce "post" sur votre site. Je souhaiterais aussi que d'autres médias culturels puissent voir le jour en France. Hélas, je ne vous apprends pas que les régulations sont telles en France que toute initiative privée se trouve, de facto, bloquée.

Pour ce qui est du service public, la "politique" de M. Poivre d'Arvor nous met face à l'évidence d'une dérive de la mission de cette radio ( telle qu'elle est défini au sein du groupe Radio France ) tellement caricaturale que je ne sais plus s'il faut en rire ou en pleurer.
M'effraie particulièrement dans la grille de rentrée l'introduction massive de ce que je nomme le "talk show" culturel, soit ces émissions de bavardage autour de celles et ceux qui ont été sélectionnés pour "faire l'actualité" et dont on sait qu'ils ont surtout été choisis pour former les goûts. Dont on peut aussi soupçonner qu'ils ne sont que l'écume de l'agitation mondaine qu'on nomme "culturelle". Il suffit de se pencher sur n'importe quelle gazette un peu ancienne pour savoir que de l'idole du moment, il ne reste rien.

Autre chose me peine et m'inquiète dans cette orientation de France Culture. C'est que ce choix du "talk show", à mon avis, ne relève nullement de ce qu'on nomme culture. A savoir qu'à mon sens, celle-ci nous permet de nous décentrer, d'ouvrir des perspectives critiques, de pousser plus loin notre subjectivité, de la bousculer pour (et c'est là le paradoxe de la culture) à la fois nous en détacher, tout en la peaufinant, la travaillant.
Or, le "talk show" culturel a pour mission évidente de fourguer des "produits culturels" mais il a aussi pour rôle d'enfermer l'intelligence, de l'abrutir dans une sorte de voyeurisme du soi-disant artiste et renvoie aux mêmes réflexes régressifs que la presse people à l'égard des célébrités.
Bref, au lieu de voir la différence, de se laisser interroger, surprendre par celle-ci, on retombe dans l'identification à ce qu'on nous présente comme le même. On nous enferme dans la paresse. Et on flatte le narcissisme de tout un chacun, les réflexes de midinette et on appelle cela "promouvoir la culture".
Somme toute, c'est comique !
On s'habitue très vite aux changements. J'ai écouté France Culture à peu près sans discontinuer depuis mon adolescence, à la fin des années 1970, jusqu'aux années 2000. Depuis quatre ou cinq ans, j'écoutais moins, parce qu'il était fatigant de faire le tri, d'éteindre quand c'était idiot pour rallumer une demi-heure après dans l'espoir que cela s'améliorât. J'oubliais de rallumer. Depuis deux ou trois ans, je ne pense à allumer que pour le journal, et ce n'est pas pour entendre les nouvelles (j'ai lu le Figaro en ligne avant), c'est pour savoir de quelle façon on va nous mentir, comment on va accommoder cela à la sauce multiculturaliste, selon un cahier des charges très précis (islam = incarnation du bien, catholiques = salopards, Israël = nazis, etc.).

On pourra dire que cette antenne s'est enfoncée dans l'inculture en même temps qu'elle s'enfonçait dans l'idéologie et que, au fond, c'est la même chose, que ce sont les deux aspects d'un même phénomène.
Vous avez raison, Chatterton, d'écrire que l'on s'habitue très vite aux changements. On oublie vite aussi. Je comprends que vous vous amusiez à décrypter le tour idéologique que France Culture donne à ses contenus. Pour ce qui des informations, vous noterez qu'il y a davantage de commentaires que de faits qui sont exposés. Ceci dit, c'est un travers des médias français qui est un peu plus dénoncé ces derniers temps, en opposition notamment aux médias anglo-saxons.

Pour ce qui est des contenus à proprement parler culturels, la question de l'oubli me semble primordiale. Comment des personnes qui n'ont jamais écouté des émissions de France Culture telles qu'elles pouvaient être faites encore dans les années 80 peuvent-ils imaginer ce que proposait une radio culturelle ? Sans oublier la part de représentations fausses selon lesquelles France Culture était une radio pédante, ennuyeuse, etc.

Désormais, surtout en cette rentrée, on a une prolifération de magazines culturels qui sont autant d'officines de ventes. L'ensemble est uniforme puisqu'on y retrouve une poignée de journalistes déjà présents dans d'autres médias. Bref, tout cela donne le sentiment que l'on travaille à une uniformisation des goûts.
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