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Homo festivus se régale d'Islam.

Envoyé par Véra Giorda 
01 septembre 2011, 20:10   Homo festivus se régale d'Islam.
[www.institut-cultures-islam.org]

Depuis quelques jours, j'ai remarqué une réclame pour cette manifestation sur les panneaux d'affichage de la Ville de Paris.

Comme souvent à Paris, vous y remarquerez qu'on y chante les louanges de la convivialité, soit les "valeurs" molles de l'homo festivus.
Ne nous leurrons pas, l'enthousiasme de pacotille, parfaitement interchangeable qui est revendu, comme toute camelote, en contrebande avec ce type de manifestation, vise surtout à évacuer la réflexion politique, sociologique, historique sur la fonction de la religion, son devenir et sa place dans la cité et dans notre pays et son histoire.

Et à habituer les gens à ce que l'islam se taille sa place comme si de rien n'était, comme s'il s'agissait d'une simple farandole avec youyou et danse du ventre.

Du pain et des jeux ? Non ! Du couscous et de l'islam !

Français, encore un effort !
Véra,

Didier vous donnera une leçon de politique, il fait cela très bien. Je résume : attaquez-vous à l'islam, pas de problème. Laissez le couscous hors de ces histoires, car les Français (en général !) aiment le couscous, ne les perturbez pas.
George Sand faisait un très bon couscous, paraît-il.
Impossible de ne pas voir là-dedans un petit côté Chantons sous l'Occupation, si vous voyez ce que je veux dire...
Dans le numéro d'Août-Septembre de la revue ESPRIT, l'article d'Abdelwahab Meddeb, L'Islam dans Tristes tropiques : divagations et lucidité.
Les pieds-noirs font un excellent couscous, "Comme là-bas, dis !".

Je crois qu'on peut prendre dans la culture d'Afrique du nord ce qu'elle a de bien, et lui laisser le reste.

Prochain sujet : le méchoui, ses pompes et ses oeuvres.
Utilisateur anonyme
02 septembre 2011, 10:23   Re : L'homo festivus se régale d'Islam.
Citation
Jean-Marc
Les pieds-noirs font un excellent couscous, "Comme là-bas, dis !".

Je crois qu'on peut prendre dans la culture d'Afrique du nord ce qu'elle a de bien, et lui laisser le reste.

Prochain sujet : le méchoui, ses pompes et ses oeuvres.

Le couscous, avec viande, que nous connaissons est que plus français qu'algérien.
Oui, vous avez raison, c'est très pied-noir et colonial. Vous le trouverez à peu près partout où les fonctionnaires coloniaux et militaires de même genre sont passés. Mon grand-père aimait que ma grand'mère prépare le couscous, cela lui rappelait ses années dans les tirailleurs d'Algérie et les tabors marocains, alors qu'il était on ne peut plus Tarnais. En revanche (Orimont, ne lisez pas), il détestait les nouilles, les nouilles militaires l'ayant dégoûté à jamais de ce plat.
C'est curieux cette manie de vouloir voir du festif dans l'islam qui est tout le contraire. Rien de plus sinistre qu'une société islamique. La fête, cantonnée aux mariages et aux circoncisions, ne déborde jamais du strict territoire familial où les sexes sont rigoureusement séparés. Il est vrai que quand on ne peut plus résister à la musique et aux agaceries pressantes de la derbouka, les femmes se mettent à danser, mais seulement entre elles. Dans la pièce voisine les hommes qui n'ont pas le droit de les regarder savent bien à leurs rires et à leurs youyous de quoi il retourne : les diablesses se déchaînent. Alors n'y tenant plus, l'un d'eux se lève et se met à danser à son tour. mais sa danse n'est pas celle d'un homme. les yeux fermés il imite avec une application , une grâce, une perfection troublante, les mouvements des danseuses. Il imite les ondulations des bras, les contorsions des poignets et des mains, le roulis des hanches et de la croupe, le tressaillement du ventre et de la poitrine. Il recrée en lui pour lui seul, la femme niée, la femme interdite et si fort désirée. Et à tant s'oublier ainsi, à tant la recréer de tout son corps d'homme, il finit par ne plus faire qu'un avec Elle. Le temps d'une courte danse, c'est cette part toujours refoulée de lui-même qu'il accueille enfin, les yeux fermés, avec un sourire extasié d'amant. Alors on ne voit plus ce petit chauve rondouillard, ni ce grand costaud moustachu, ni ce noiraud maigrichon. A travers eux, étranges médiums qui dansent ainsi, ni parodiques, ni équivoques, ni ridicules, c'est, paradoxal sortilège de l'islam, la femme toute entière qui saute aux yeux comme jamais.
C'est cela, le plus souvent, le festif islamique et rien d'autre, la rue étant vouée à n'être qu'un désert d'hommes qui semblent y imposer un lugubre couvre-feu.
Utilisateur anonyme
02 septembre 2011, 11:54   Re : L'homo festivus se régale d'Islam.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Philippe Muray a insisté à de nombreuses reprises, à l'occasion de divers entretiens, pour que l'on veuille bien parler d'Homo festivus et non de l'homo festivus.

Pour le couscous, je conserve un souvenir ému de celui dont on fourre le ventre du mouton apprêté pour le méchoui. Évidemment, cuisson terminée, il ressort de là un peu gras…
Chère Cassandre, ce petit texte très subtil est magnifique.
Et Didier Goux, bien sûr, a raison, sur Homo festivus.
Didier (G),

Pour tout ce qui concerne le mouton et l'agneau, il faut penser à le manger bien chaud. La graisse des ovins fige rapidement et devient écoeurante.
Très beau texte, chère Cassandre.
Le texte de Cassandre est beau parce qu'il transcrit ce qui est, et cette transcription est possible par la longue observation. Il n'y a aucune imagination ni créativité poétique ou littéraire dans ce texte: le Réel s'y trouve présenté et offert comme il ne l'est pas ailleurs, c'est tout. La vérité, liqueur lentement distillée par le regard, la rigoureuse solitude de l'observation, est toute belle, mais tel n'était ni son objet ni sa raison d'avenir.
Oui, et cette solide expérience, quand elle est transcrite d'une telle manière (le "littéraire" semble y affleurer de manière involontaire), est ici immensément appréciable, pour un jeune Français ; ce dernier d'ailleurs goûte avec le même plaisir un texte sur un pays musulman et un texte sur son propre pays, sur la "France d'avant", tant il est vrai que par moments et de plus en plus les deux (l'étranger et le natal) tendent à se confondre dans sa vie quotidienne.

(D'où la nécessité de témoignages de cette force qui rendent les choses si palpables, si présentes. Tout à l’heure, en regardant, accoudé au balcon, une jeune femme d’origine française avec son enfant dans une poussette croiser une femme africaine en boubou accompagnée, elle, de trois enfants, je me suis dit qu'il pourrait bientôt devenir inconcevable, pour une certaine génération, la mienne, en somme, qu’on ait pu vivre dans une France française, de la même manière qu’on trouve encore une Écosse très écossaise. Cette France qui a existé perd peu à peu de sa substance et de sa matérialité dans nos esprits à mesure que ne se présentent plus sous nos yeux des exemples vivants (villes, quartiers, et leurs manières de vivre, etc.) qui nous eussent donné une figure concrète et autre que celle que nous trouvons dans les livres ou la peinture que nous aimons. Elle n’est pas loin, aux yeux de beaucoup, de devenir un mythe, une sorte de légende fabriquée. Même la frange consciente de cette génération court le risque de n’adorer plus que des images d’Épinal. Notre drame est celui d’une nostalgie dont l’objet s’efface et perd peu à peu ses véritables teintes. Nous avons besoin du témoignage des "anciens", et de textes comme celui de Cassandre, comme de petites injections de réel pur ne pas sombrer.)
Allez à l'église, vous y verrez des familles "d'origine française" avec de nombreux enfants.

Vous pouvez même regarder KTO et les émissions qui y sont diffusées vous montreront que les familles catholiques ont des enfants, en nombre même.
"Vous pouvez même regarder KTO"...

Je ne doute pas, cher Jean-Marc, que vous n'ayez raison pour quelques cas. Je constate simplement que par chez moi les familles nombreuses sont majoritairement d'origine extra-européenne (j'ai oublié les guillemets).
La remarque que vous faites, concernant les familles africaines, est sans doute fondée, c'est aussi mon impression visuelle, si je puis dire. Il me semble, néanmoins, qu'il en va autrement pour les familles maghrébines.

J'ai, entretemps, recherché des études à propos du "nombre idéal" d'enfants tel que perçu par les ménages. Il est de 2,6.

[www.caf.fr]
03 septembre 2011, 12:43   Re : L'homo festivus se régale d'Islam.
Petit détail lexicographique : Philippe Muray, comme il l'a dit dans certains de ses livres, tenait à ce qu'on dise "Homo festivus" sans l'article indéfini, et non "l'Homo festivus"...



Vieille France
Vu par hasard il y a quelque temps, à la télévision, le film des années 70 Police Python, avec Yves Montand (au scénario remarquable). Le récit est centré sur Orléans. On se croirait dans un roman de Kessel (Belle de Jour) ou de Simenon: l'homogénéité de la population représentée -- et sans qu'il y ait dans cette représentation la moindre volonté de démonstration à cet égard -- surprend le regard. Chaque passant, alors, pouvait être conjecturé, dans ses goûts, ses activités, son devenir personnel, son déplacement dans l'espace public; il était intéressant, le sens le traversait, les récits, les drames, les intrigues dans lesquels il pouvait être impliqué, étaient conjecturables, socialement et psychologiquement déductibles, ces personnages ainsi ne différaient guère des types de la Comédie humaine: ils existaient encore en-dehors des paramètres identifiants devenus aujourd'hui rigides fondamentaux, écourteurs, abrégeurs de récits (l'appartenance ethnique, tribale, raciale, l'origine, le "je fais ce que je fais parce que je suis ce que je suis", etc..) autostéréotypants...

La téléréalité a remplacé ce type de cinéma pour ces raisons: le personnage de téléréalité est auto-stéréotypé et la production de ce type de show a pour fonction de renforcer cette donne: le gagnant, le perdant du jeu gagne ou perd parce qu'il est ce qu'il est et non à cause d'un rebond dans le scénario comme autrefois dans les "thrillers" à la française (Police Python) ou dans les films dramatiques. La téléréalité s'impose parce que nous vivons désormais dans un monde vide de scénario, de récit qui se tisserait en-dehors de la brutalité ontologique partout affirmée, partout couronnée en modèle.
Mais je pense que l'on pourrait, en effet, se faire une idée de la France d'Avant par de nombreux films du temps où les cinéastes s'intéressaient de près au peuple français. Les suppôts de la France d'après les feront-ils disparaître ?
Utilisateur anonyme
03 septembre 2011, 23:10   Re : L'homo festivus se régale d'Islam.
On ne connaît pas le nom de cette femme. Un film documentaire a été fait, en 1996, dans lequel apparaît l'étudiant (il s'appelle Poulou) devenu retraité dans l'Île d'Oléron. Mais de cette femme, rien. "On est dégueulasses, on est toutes noires...", ces paroles sonneraient curieusement dans un journal télévisé de nos jours.

[itineraires-militants-68.fr]
Je me souviens très bien de ce film, Francis (je veux dire que je l'avais totalement oublié mais que je le revois tout à coup).

Je ne sais pas, cependant, s'il est très représentatif des années 70... je suis beaucoup allé dans ces années-là au cinéma, à Paris, vous savez, tous ces cinémas du quartier latin...

J'avais finalement plutôt en mémoire un cinéma didactique (à l'exception des films italiens), militant, et à vrai dire chiant.

Vous souvenez-vous de la sortie de "Prova d'Orchestra", et de la gauche horrifiée que Fellini, le grand, l'immense Fellini, puisse porter un message pareil, à savoir qu'il faut parfois un chef ?
Utilisateur anonyme
03 septembre 2011, 23:29   Re : L'homo festivus se régale d'Islam.
Pour moi, la France d'Avant, celle que j'aime, la voilà :





Je n'étais pas né mais cela ne fait rien.
Francis a raison. Les films de la France d'Avant montrait des galeries de personnages différents les uns des autres, des individualités singulières et non des stéréotypes raciaux. Il y avait d'ailleurs énormément de seconds rôles marquants.
Savez-vous, Francis, quel est mon "Montand" préféré ?

"Vivre pour vivre"...

Ce film est injustement peu connu, il est à mon avis supérieur à "Un Homme, une femme...".

Je pense que c'est dû au fait que Montand y joue le rôle d'un homme qui lui ressemble, l'écart avec la réalité tenant au fait qu'Annie Girardot était moins moche que Simone Signoret, et Candice Bergen plus belle que Marilyn.

C'est un film, je trouve, très français, bien que se passant largement à l'étranger, je ne sais comment dire...





Cassandre, c'est cela, les seconds rôle, leur importance.

C'est la qualité française, c'est Aurenche et c'est Bost.

Quand je pense que la clique Rohmer-Rivette-Godard a voulu détruire cela, et que j'ai passé tant d'heures à voir leurs navets devant lesquels on s'extasiait (et moi le premier, alors que je me disais : "mais ce n'est pas intéressant"), pour découvrir ensuite que mes amis de l'époque trouvaient aussi ce trio Rohmer-Rivette-Godard barbant, mais n'osaient pas non plus le dire.

Très couru à l'époque, dans le style "On ne comprend rien mais ce n'est pas grave", le cinéma suédois.

Film de une heure trente. Dialogues :

- rien ;

- 45ème minute : grompf zorg prfsen ;

- 60ème minute : ha ha ha ha ho ha ha ho ho ha ha ha hi hih hi hoooooooo (grande scène d'amour)

- 75ème minute (sans sous-titre et d'une traite) :

Detta sedan en Apple-anställd glömt prototypen på en tequilabar i juli, rapporterar lokala medier. Polis uppges ha hjälpt Apple att söka efter telefonen, bland annat i bostaden hos en 22-årig man, men den är fortfarande på villovägar.

Historien har gått het i diverse teknikbloggar och etablerade medier den senaste veckan och har präglats av motstridiga uppgifter. San Francisco-polisen nekade först till att de skulle ha deltagit i insatsten hos den 22-årige mannen, men medgav sen i fredags att de hade bistått Apples medarbetare med ”tre eller fyra” poliser.

Även i fjol glömdes en prototyp på en krog, då till Iphone 4, vilket väcker misstankar om att det hela är ett marknadsföringsknep.
Je serais plutôt amateur de L'aveu ou de I comme Icare.
Effectivement, ce sont de bons films, mais politiques, donc un peu "lourds" (une sorte de Brecht cinématographique). A ce compte, il y Z.

Et puis, ils ne sont pas français par leur ambiance.
N'oubliez pas Sacha Guitry et son égérie Pauline Carton.
Et la France coloniale avec Pauline Carton :



Il y avait les deux: le cinéma didactique européen (les premiers Bertolucci -- Prima de la Revolucione, La Stratégie de l'araignée -- les Wim Wenders, les Herzog dont ce chef-d'oeuvre, vu à 15 ans et qui m'a marqué je crois pour la vie: Les Nains aussi ont commencé petits ou encore La Montagne magique de Jorodowski, sans parler des Pasolini dont mon préféré: Ostia) d'une part, et d'autre part le thriller à la française dont Police Python constitue sans doute un sommet, la Nouvelle Vague s'étiolant, me semble-t-il dans les années 70. Les amateurs du premier considérant d'un peu haut le cinéma "de divertissement", bien à tort, ainsi qu'il apparaît aujourd'hui.

Je voulais dire, en écho à Cassandre, de manière condensée, tant pis, ou tant mieux, comme l'imposent à toute évocation d'une idée le support webmatique et les limites de l'écran et de l'attention des internautes: le multiculturalisme, lui-même adossé au multi-ethnisme, n'a pas seulement pour effet de rendre l'humour difficile et bientôt impossible: il ampute les récits, les mobiles à l'action en les réduisant à la monomanie de l'affirmation de soi; le monochromatisme favorise l'apparition de la texture neutre des récits, neutre à l'être qui se trouve pris en eux. Une société multiculturelle ne peut penser le destin, non pas seulement "les destins individuels s'opposant à l'emprise communautaire" mais le destin tout court, celui qui travaillait Shakespeare et qu'exprime ou transcrit un récit, un drame. Une Angleterre multiculturelle ne peut produire de Shakespeare. Le cinéma (au sens de "faire son cinéma") que produit la société multiculturelle c'est la téléréalité et c'est Plus Belle la Vie, soit au fond, rien d'autre que de la téléréalité simulée en fiction.
Vous voulez m'empêcher de dormir...

Vous ressuscitez Aguirre et Théorème...

Je suis d'accord avec vous. Pasolini, cependant, ne tomba jamais dans le défaut de critiquer le cinéma de divertissement, ni le peuple, ni le goût du peuple (voir ses dernières interviews et notamment celle qu'il faudra que je retrouve sur les démêlés des jeunes intellectuels avec les policiers issus du peuple).
Au fond, nous avons l'embarras du choix. Pour ma part, je trouve l'œuvre de Robert Bresson très représentative de notre art français.
» Quand je pense que la clique Rohmer-Rivette-Godard a voulu détruire cela

Auprès de quelques amis israéliens le cinéma de Rohmer est considéré comme français paer excellannnce, comme ils disent gentiment, et je renchéris plutôt, car je trouve aussi.
Allons quoi, c'est faussement léger, aérien, acidulé, marivaudant jusqu'à l'obsession quasi exclusive, bavard et intellectualisant (mais jamais sottement), souvent drôle et même finement, et les jeunes filles, avec leurs manières chichiteuses et leur air de ne pas y toucher (tu parles !) sont foutrement bandantes.

Puis il y a des moments troublants dans certains de ses films, quand il réussit à insérer quelque chose qui est de l'ordre de l'abîme dans une trame si futile qu'on la croirait immarcescible : ainsi cette Heure bleue, vacante et suspensive entre deux ordres des choses, la fin de la nuit et le début du jour, césure dont rien ne dit que l'immobilité ne l'emporte définitivement sur la reprise.
Rien que pour ça on ne devrait pas le traiter si négligemment...
Cher Francis, vous parlez des Nains de Herzog comme d'un chef-d'oeuvre, ce qui m'a sur le coup assez étonné ; en effet je me rappelle avoir été immensément déçu par ce film atypique (comme dirait Télérama), par l'espèce de rien et de vide qui l'habite. Et voilà que votre remarque me fait réfléchir : sans doute suis-je passé à côté de quelque chose. (Et vous touchez très juste sur les causes de la disparition de l'humour dans le cinéma.)

Pour moi, l'art cinématographique français, c'est les Clouzot, les films avec Fresnais, un acteur que j'admire, et par-dessus tout... La Règle du jeu. (Très original, non ?)
Citation
Jean-Marc
Véra,

Didier vous donnera une leçon de politique, il fait cela très bien. Je résume : attaquez-vous à l'islam, pas de problème. Laissez le couscous hors de ces histoires, car les Français (en général !) aiment le couscous, ne les perturbez pas.


Ah, ah, ah ! Imaginez-vous que le couscous n'est pas oriental à l'origine mais gaulois. Ce sont les légionnaires romains qui l'ont découvert lors de leurs conquêtes, l'ont adopté et implanté en Orient.
Pour corroborer ce que dit Alain je signale que le Perceval le Gallois de Rohmer est considéré par les médiévistes, avec le Lancelot du Lac de Bresson, comme ce qui se fait de mieux en matière d'adaptation.
Le monochromatisme social (l'absence de Colour War dans la société) permet l'émergence des drames et de destins, ou plus simplement d'une histoire, il favorise la neutralité ontologique (non assujettie aux êtres) des récits; remarquez comme il en est de même du monochromatisme iconographique ou pictural: une photographie en noir et blanc est portée à raconter une histoire, portée par une histoire davantage que la photo couleur qui ne fait que crier le je suis là et un peu là ! de l'être affiché.
On pourrait presque dire qu'il y a le noir et blanc, la couleur et la nuit américaine.
Et Duvivier ? Et René Clair ?
Oui, Cassandre, je partage votre avis.

Le reproche fait à Rohmer ne tient pas tant à ses films eux-mêmes qu'à son rôle comme rédacteur en chef des "Cahiers du cinéma". Il passa son temps à critiquer et à détruire cette "Qualité française" qui correspond assez bien aux auteurs cités par Cassandre.

Pour moi, Duvivier, René Clair, même Tavernier ont une façon plus française, sans doute au sens populaire, de tourner que Rohmer.

Je suis cependant prêt à reconnaître que si quelqu'un doit surnager dans le naufrage de la Nouvelle vague et ses séquelles, c'est Rohmer, et sûrement pas Godard, à propos duquel nous serons sans doute d'accord pour dire que nous nous sommes fait avoir.
Pour ce qui est de la France telle qu'elle fut, je rajouterais volontiers Claude Sautet, dont des films tels que Vincent, François, Paul et les autres ne cessent de se bonifier, dégageant une nostalgie d'autant plus agissante qu'elle n'a évidemment pas été recherchée.
Et Pagnol ?
Cher Jean-Marc, je me refuse absolument à associer Duvivier, merveilleux cinéaste, à un Tavernier, qui ne me semble être rien d'autre qu'un genre de Delannoy àla sauce progressiste, c'est-à-dire un étroit bigot pour modernœuds.
Je voulais dire que Tavernier avait au moins redressé la barre, en faisant travailler des gens compétents, des gens de qualité. Que pensez-vous de "Que la Fête commence", de "Coup de torchon" (film politiquement très incorrect, parce que s'il y a des méchants blancs, ce qui est normal, il y a aussi des méchants noirs, et des gentils blancs).
Il me semble qu'on peut trouver dans des films d'auteurs français de second ordre une fidèle image du petit peuple, montré sans démagogie mais avec bienveillance, un peu comme dans les films italiens de, entres autres, de Sica, Rossellini, Fellini . Ce dernier, par exemple, que ce soit dans les Vitelloni ou dans son fabuleux Roma, fait toujours preuve à l'égard du petit peuple qu'il montre dans ses films d'une tendresse qui n'exclut pas l'ironie, une ironie parfois même cruelle.

Je me suis souvent demandé en regardant ces films italiens : qui pourrait aujourd'hui filmer le" peuple" de nos banlieues avec la même ironie si tendre soit-elle ?
04 septembre 2011, 12:15   Michelangelo Antonioni
Hummmm.... les grands Italiens ! J'aime aussi beaucoup Michelangelo Antonioni, qui déclarait à propos de son film La Nuit (dont les dialogues furent en partie écrit par Roger Nimier) : « Avec La Nuit, j'arriverai à un résultat de compromis. Le compromis que l'on retrouve, aujourd'hui, dans la morale et même dans la politique. Les personnages, cette fois-ci, se sont trouvés, mais ils ont du mal à communiquer, parce qu'ils ont découvert que la vérité est difficile, elle demande beaucoup de courage et des résolutions irréalisables dans leur milieu. »
Il y a aussi des auteurs de premier ordre. Didier, quelle opinion avez-vous des films de Clouzot, dont les Diaboliques, et de l'Ascenseur pour l'échafaud de Louis Malle ? où mettez-vous Demy ?

A propos de Delannoy, que pensez-vous des Amitiés particulières ? c'était un sujet sacrément difficile...
Et Agnès Varda ? puisqu'il est question de Demy. Quelqu'un se souvient-il du film Lion's Love qui se clôt sur un respir de l'héroïne, le regard plongé dans l'objectif. Le film est fini et personne ne le sait. Un peu comme la "sortie de champ" de la camera qui montre l'équipe de tournage dans le plan-séquence final de la Montagne magique. Cette époque produisait le chant du cygne du cinéma et personne ne le savait encore.
Francis,

J'ai aimé, à l'époque, le cinéma de Varda.

Elle est une des rares à avoir su revenir sur certaines erreurs passées, notamment par ses documentaires, et son film sur Demy, justement.
Effectivement. Quant à Antonioni, j'ai préféré m'arrêter à celui de Blow up et même Zabriesky Point, qui faisait partie des délices offerts à l'imagination dans les salles d'Art et Essai de l'époque. Ce cinéma possédait une veine prodigieuse (Arrabal, par exemple avec Viva la Muerte). Impossible, encore aujourd'hui, de trouver cela médiocre. Et Médée, sorti aussi dans ces années-là. L'ère psychédélique au cinéma réinventa la baroque, pendant une petite décennie, avant de sombrer dans la soupe.
Je repense à Varda, et spécialement à "Cleo de 5 à 7". Varda nous y montrait, comme dit Cassandre, le peuple.

Souvenez-vous de cette scène où, juste avant d'apprendre sa maladie, Cleo passe près de vieilles dames (est-ce à la Pitié-salpétrière où elles sont à l'hospice ?) qui se plaignent de n'avoir pas de visites ?
Utilisateur anonyme
04 septembre 2011, 15:19   Petites vieilles...




Honteuses d'exister, ombres ratatinées,
Peureuses, le dos bas, vous côtoyez les murs ;
Et nul ne vous salue, étranges destinées !
Débris d'humanité pour l'éternité mûrs !

04 septembre 2011, 15:46   Re : Michelangelo Antonioni



Description :

"Ce film peut notamment être remarqué pour les scènes tournées dans une Bourse où l'on voit l'énergie folle dépensée par les agents qui crient pour vendre ou acheter, pour un bien maigre résultat : la Bourse monte le premier jour puis chute fortement le deuxième. Et Piero ne peut qu'avouer ce constat à Vittoria : il n'y a rien à faire, et personne ne sait où va l'argent perdu.

L'Éclipse est également remarquable pour la façon dont Antonioni filme Vittoria marchant, seule, dans les grandes rues de cette ville italienne, proposant une approche photographique de l'architecture moderne : angles, agencements complexes, lignes épurées et vides encadrés se succèdent à travers son regard.

Ce film, comme d'autres œuvres d'Antonioni (Le Désert rouge par exemple), traite notamment de l'incommunicabilité des personnes dans le monde contemporain. Le film commence en effet par la rupture de Vittoria avec son fiancé, sans qu'elle puisse lui expliquer pourquoi ni depuis quand elle ne l'aime plus. Elle ne parvient pas à l'avouer à sa mère, qui ne l'écoute pas. Plus tard, au cours de sa liaison avec Piero, elle dit à celui-ci qu'elle aimerait pouvoir ne pas l'aimer, ou pouvoir l'aimer mieux. Lui ne comprend pas, il ne voit pas les problèmes que se pose Vittoria.

L'Éclipse est à la fois un film à l'esthétique très recherchée, notamment du point de vue des vues urbaines et de la figure de Vittoria, et un film à la visée philosophique importante, avec ce questionnement sur la réalité et la nécessité de l'amour, sur la complexité des relations humaines."
Je vous remercie, Agrippa, c'est exactement cette scène que j'avais à l'esprit.
04 septembre 2011, 16:03   Re : Michelangelo Antonioni
Entretien avec Antonioni à propos du Désert Rouge :



Cher Florentin,

oh, merci pour cette délicieuse séquence !!
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