Le site du parti de l'In-nocence

Entretien non publié

13 septembre 2011, 22:07   Entretien non publié
Voici le texte d'un entretien accordé par Renaud Camus au Nouvel Observateur en ligne, qui ne l'a finalement pas publié (sans la moindre explication).

***

— Comment est né ce nouveau parti ? Pourquoi l’avoir créé ? Pourquoi l’écrire « In-nocence » ?

— Ce parti est né en 2002, de désespoir de ne pouvoir, au second tour, voter pour personne : ni pour Jean-Marie Le Pen parce qu'il était Jean-Marie Le Pen, ni pour Jacques Chirac parce qu'il n'attachait aucune importance à ce qui arrivait de plus essentiel à notre pays, à savoir le changement de peuple. Le parti a été créé pour tâcher d'éviter qu'une telle situation se reproduise. Le tiret de son nom est capital : l'in-nocence n'est pas l'innocence, c'est la non-nocence, la non nuisance — c'est un idéal, une aspiration à quelque chose qui est devant nous, et non pas le regret de ce qui serait perdu, ou qu'il s'agirait toujours de ne pas perdre.

— Quelle est la philosophie du parti ?

— Elle tient dans ce nom et dans cet idéal : ne pas nuire — ni à la terre, ni au territoire, ni aux biens, ni aux personnes, aux concitoyens, aux voisins, aux compagnons de planète, de chemin de fer, d'immeuble, de quartier, de campagne, d'hôtel, de terrasse de café. Le concept d'in-nocence a le grand avantage de faire naturellement la très nécessaire liaison entre le politique proprement dit, l'écologie et le comportement quotidien, immédiat, personnel. Il s'agit de n'imposer à personne son bruit, sa violence, son agressivité, sa nocence, sa pollution, sa fraude, sa sonorisation, sa bêtise ou même son intelligence. Il s'agit de consentir à ce moins pour le plus qui est au principe de tout contrat social, de toute convention de citoyenneté, de tout pacte d'in-nocence : être un peu moins soi-même pour que chacun, y compris soi, ait toute liberté de devenir ce qu'il peut être de meilleur.

— Quelles sont les grandes lignes du programme ?

— Sauver, de la France, de la civilisation et de la culture françaises, ce qui peut l'être encore. Permettre à tous ceux qui le désirent de recevoir une éducation véritable et de devenir tout ce qu'il en en eux de devenir positivement. Rendre un sens aux diplômes et faire en sorte, par exemple, que le pourcentage des bacheliers diminue d'au moins cinq pour cent par an jusqu'à se rapprocher des cinquante pour cent. Organiser, puisque la situation de l'École semble vraiment désespérée et toute réforme sérieuse impossible, une sécession en son sein, au moins provisoire, en faveur d'un enseignement véritable, et cela sur le fondement d'un triple volontariat, des professeurs, des parents et des élèves eux-mêmes. Créer une station de radio culturelle et une chaîne de télévision itou. Limiter au tiers des revenus les prélèvements fiscaux. Soumettre à l'impôt sur le revenu, fût-ce à un taux très faible, les neuf dixièmes au moins des ménages et non pas la moitié comme aujourd'hui. Mettre fin à toute politique d'incitation à la natalité. Mettre fin à toute immigration, sauf rarissimes exceptions au cas par cas. Mettre fin à la banlocalisation du territoire en étendant considérablement les zones protégées, soustraites à la construction et au redoutable “aménagement”. Interdire la publicité le long des routes et probablement, à terme, dans tout l'espace public (les dits “moyens modernes de communication” lui laissent un espace bien suffisant). “Désignaliser” progressivement le territoire, s'en remettre de plus en plus aux sources d'information personnelles modernes. …Mais je ne voudrais pas, moi-même, occuper trop d'espace ?

— Pouvez-vous développer le concept de Grand Remplacement ?

— Oh, c'est très simple : vous avez un peuple et presque d'un seul coup, en une génération, vous avez à sa place un ou plusieurs autres peuples. C'est la mise en application dans la réalité de ce qui chez Brecht paraissait une boutade, changer de peuple. Le Grand Remplacement, le changement de peuple, que rend seul possible la Grande Déculturation, est le phénomène le plus considérable de l’histoire de France depuis des siècles, et probablement depuis toujours.

— Où vous situez-vous sur l’échiquier politique ? Quelles sont vos inspirations ?

— Eh bien par exemple à l'opposé exact de Mme Martine Aubry quand elle préface avec enthousiasme un livre-programme intitulé Pour changer de civilisation. Je suis le candidat de ceux qui trouvent que la civilisation française est une des plus hautes et des plus précieuses qu'ait connues l'humanité et qui ne voient aucune raison d'en changer, surtout pour d'autres qui, à en juger par leurs premières manifestations, ne seraient ni plus douces, ni plus éclairées, ni plus élevées spirituellement. Ma devise de campagne pourrait être, au rebours de Mme Aubry : Pour ne pas changer de civilisation (mais au contraire pour restaurer la nôtre).

— Comment espérez-vous diffuser vos idées ? Pouvez-vous compter sur votre notoriété ?

— J'espère toujours que notre peuple va se réveiller de l'hébétude où l'ont plongé l'effondrement du système éducatif, la Grande Déculturation, le bourrage de crâne permanent par les soins du complexe médiatico-politique, multiculturaliste et diversitaire, c'est-à-dire déculturant et promoteur du même, du pareil au même, du village universel c'est-à-dire de la banlieue généralisée. Je ne peux compter que sur un réveil, sur une acceptation, de la part du peuple, de voir et de nommer ce qui se passe vraiment au lieu de s'en remettre, intimidé, hébété, aux prétendus experts, aux sociologues, aux intellectuels organiques, qui lui expliquent indéfiniment que ce qu'il croit constater n'est qu'une illusion et que ce qu'il lui faut, pour sortir de cette illusion, c'est plus encore de la même chose, à plus fortes doses.

— Croyez-vous vraiment à votre candidature ? Qu’en espérez-vous ?

— Je crois à ma volonté et à celle du parti que je préside. J'en espère le réveil que je viens d'évoquer, la révolte contre ceux qui ont dit pendant trente ans qu'il n'arrivait rien et qui disent maintenant que c'est arrivé, qu'il n'y a plus rien à y faire sinon s'en accommoder et si possible s'en réjouir.

— En cas d’échec, pour qui appellerez-vous à voter ?

— Vous savez bien qu'aucun candidat ne peut répondre à cette question. S'il le faisait il ôterait tout sens à sa candidature. Nous serons toujours les alliés de ceux qui voudront lutter contre la Grande Déculturation et pour l'École, contre le Grand Remplacement et pour la culture, contre le devenir-banlieue universel et pour la défense du territoire dans sa diversité véritable.
14 septembre 2011, 18:13   Re : Entretien non publié
Remarquable entretien. Espérons que cette parole porte, dans les mois à venir.
15 septembre 2011, 04:35   Re : Entretien non publié
Oui, très remarquable.
Utilisateur anonyme
15 septembre 2011, 05:37   Re : Entretien non publié
Non publié car à trop forte teneur en intelligence et vérité !
15 septembre 2011, 09:15   Re : Entretien non publié
Citation
contre le devenir-banlieue universel

Belle définition et tellement vraie !

On en peut qu'apprécier le panache et la dignité du propros. Il n'est pas étonnant que cet entretien n'ait pas été publié.
Utilisateur anonyme
15 septembre 2011, 11:11   Re : Entretien non publié
(Message supprimé à la demande de son auteur)
15 septembre 2011, 11:15   Re : Entretien non publié
Le Nouvel Observateur procède d'une façon bien cavalière...

Avait-il indiqué une date possible de parution ?

Ou alors avait-il été envisagé que l'article paraisse dans un "sujet global" ?

Enfin, y avait-il des exigences réciproques impossibles à satisfaire (exemple : côté Nouvel Obs' "Nous nous réservons le droit de faire des coupes et des commentaires" ; côté auteur "Le texte ne peut être résumé ou coupé") ?
Utilisateur anonyme
15 septembre 2011, 12:41   Re : Entretien non publié
Citation
Didier Bourjon
Il a pourtant été réalisé à la demande du Nouvel Obs' !

Les Anglais ont un dicton qui illustrerait à merveille l'histoire de cet article et sa réception par l'Obs' : Be careful what you wish for. On remarque qu'il s'applique à bien des oeuvres (Intrigue du mariage du duc de Berry par Saint-Simon,Tannhäuser) et des situations (celle-ci notamment).
15 septembre 2011, 13:52   Re : Entretien non publié
Citation
Il a pourtant été réalisé à la demande du Nouvel Obs' !

Le nombre d'interviews et d'articles commandés et non-parus dans la presse francaise est énorme.

Je pense que la rédaction en chef après lecture a préféré ne pas le publier car leur intention était de discréditer RC et non pas de lui faire la moindre promotion.

L'élégance et la pertinence de ses réponse ont par conséquent profondément déplu à ces Amis du désastre et ils ont préféré continuer à ignorer sa candidature.

Ce n'est bien sûr qu'une hypothése mais elle me semble assez crédible ...
Utilisateur anonyme
15 septembre 2011, 14:04   Re : Entretien non publié
(Message supprimé à la demande de son auteur)
15 septembre 2011, 14:22   Re : Entretien non publié
"(...) la banlieue généralisée", rien de plus juste. A Vienne comme à Paris ou à Amsterdam, on retrouve la même bêtise uniformisante du "tag", ces grosses taches bariolées, étendards de la culture de masse, soit de la standardisation bas de gamme.
15 septembre 2011, 14:31   Re : Entretien non publié
Message retiré pour cause de plus ample informé.
15 septembre 2011, 18:00   Re : Entretien non publié
Tout d'abord, il serait bon de savoir quand cet entretien a été réalisé, car selon qu'il date de trois semaines ou de trois mois les hypothèses concernant la non-parution ne seront pas forcément les mêmes.

Il me semble aller de soi que, dans l'optique du Nouvel Observateur, publier un entretien avec Renaud Camus ne saurait avoir aucun caractère d'urgence (ni a fortiori d'obligation, bien entendu) ; il doit représenter pour la direction de l'hebdomadaire, ou simplement le rédacteur en chef des pages concernées, ce qu'est un “petit tortillard d'intérêt local”, pour parler comme Proust, aux yeux d'un responsable du trafic ferroviaire : dès que s'annonce un train rapide, il est aiguillé vers une voie de garage où il attend patiemment qu'on veuille bien l'autoriser à repartir.

En un mot, il se pourrait que cette non-parution ne soit dictée par aucun motif idéologique, mais simplement par le fait que, jusqu'à présent, ces messieurs du Vieil Observateur – comme l'appelait Jean-Marie Domenach dès les années 1978-1979 – aient toujours eu des articles plus “intéressants” à publier dans le nombre de pages qui leur est imparti. Et que, par conséquent, l'entretien en question surgisse entre ces pages, un jeudi, alors que plus personne ne l'attendait.

(Il va de soi que je ne cherche nullement à justifier ces pratiques ; je signale juste qu'elles sont, dans tous les journaux, extrêmement agissantes.)
15 septembre 2011, 18:47   Re : Entretien non publié
Délice de celui qui détient la force : solliciter l'expression d'une vérité pour pouvoir la piétiner impunément.
16 septembre 2011, 06:40   Re : Entretien non publié
Je suis assez d'accord avec Didier Goux sur les probables motifs de cette non-parution.
16 septembre 2011, 09:31   Tortillard
Moi aussi. Disons que je n'exclus pas son hypothèse moucheuse...
Utilisateur anonyme
16 septembre 2011, 11:45   Re : Entretien non publié
Puis-je me permettre de demander si la collecte des signatures est en bonne voie? Si je me suis inscrit sur les listes électorales, c'est surtout dans l'espoir de pouvoir voter pour Renaud Camus.
16 septembre 2011, 11:52   Re : Entretien non publié
Hum, un ange passe...
Utilisateur anonyme
16 septembre 2011, 12:07   Re : Entretien non publié
(Message supprimé à la demande de son auteur)
16 septembre 2011, 14:08   Re : Entretien non publié
"Un ange passa, les ailes chargées de parapheurs"

In "SAS dans la poudingue" Gérard de Villiers, 1981.
Utilisateur anonyme
16 septembre 2011, 16:47   Re : Entretien non publié
Cet entretien a été publié il y a une semaine ici : [leplus.nouvelobs.com].
Utilisateur anonyme
16 septembre 2011, 17:00   Re : Entretien non publié
Cher Didier Bourjon,

je vous remercie de ces précisions.
16 septembre 2011, 17:12   Re : Entretien non publié
Eh bien, c'était discret ! Merci, Pascale Gilbert. Et veuillez pardonner mon erreur...
Utilisateur anonyme
16 septembre 2011, 20:26   Re : Entretien non publié
Beaucoup trop discret en effet ! Cet entretien m'a pourtant été signalé la semaine dernière par quelqu'un qui n'est assurément pas un lecteur du "Nouvel observateur", je suppose donc qu'il en a été fait un peu de publicité ailleurs.
17 septembre 2011, 16:31   Re : Entretien non publié
"Le Grand Remplacement consiste en un peuple et presque d'un seul coup, en une génération, vous avez à sa place un ou plusieurs autres peuples."

Misère !
17 septembre 2011, 16:42   Re : Entretien non publié
Que voulez-vous dire ?

Je trouve au contraire la formule "vous avez un peuple" très à mon goux.
17 septembre 2011, 16:44   Re : Entretien non publié
Soyez plus attentif, Jean-Marc, que diable....
17 septembre 2011, 17:12   Re : Entretien non publié
Mais je ne fais que cela. Vous avez là un fort bel article, et une fort mauvaise transcription.
17 septembre 2011, 22:08   L'ombre gagne
Citation
Francmoineau
"Le Grand Remplacement consiste en un peuple et presque d'un seul coup, en une génération, vous avez à sa place un ou plusieurs autres peuples."

Misère !

Je n'en reviens pas !!
(Mais quel œil, quand même, ça m'avait échappé !...)
17 septembre 2011, 22:18   Re : Entretien non publié
Francmoineau se nomme en fait Eagle Eye.
17 septembre 2011, 22:23   Re : Entretien non publié
Lorsqu'il m'arrive de suivre les chemins de Grande Randonnée, mon temps de parcours est d'ordinaire inférieur à celui qui est indiqué. D'où ma déception de constater que cette fois-ci, j'ai dépassé les quatre minutes imparties pour faire le Camus. D'accord, c'est bien balisé mais il y a des altitudes qu'il faut atteindre...
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