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Forever Barthes.

Envoyé par Véra Giorda 
22 septembre 2011, 20:30   Forever Barthes.
Puisque nous vivons une époque pauvre, je vous propose de réécouter ou d'écouter quelques cours de Roland Barthes. J'y vois consolation et stimulation. Roland Barthes au Collège de France.


La préparation du roman. Cours donnés du 2 décembre 1978 au 10 mars 1979.
De la vie à l'oeuvre :

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L'oeuvre comme volonté :

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22 septembre 2011, 20:46   Re : Forever Barthes.
Merci chère Véra. "Puisque nous vivons une autre époque...". En effet.
22 septembre 2011, 23:00   Re : Forever Barthes.
Merci beaucoup pour ces liens, Véra, ainsi que pour votre conseil d'abonnement à la liste ANPR.
Mes longs trajets en voiture sont devenus bien plus instructifs et plaisants grâce à vous.
23 septembre 2011, 07:11   Re : Forever Barthes.
Je serais très curieux de savoir ce que Barthes aurait pensé de l'évolution politique de Renaud Camus (si évolution il y a eu), de la création du P.I., de la "grande déculturation" etc.
Nous vivons une autre époque, en effet.
23 septembre 2011, 09:03   Re : Forever Barthes.
Citation
Julien Fleury
Merci beaucoup pour ces liens, Véra, ainsi que pour votre conseil d'abonnement à la liste ANPR.
Mes longs trajets en voiture sont devenus bien plus instructifs et plaisants grâce à vous.

My pleasure!

Cher Kiran, au moins Barthes aurait-il pensé et ce que je déplore dans notre pauvre époque, c'est que justement, on n'y pense plus. On y clame son opinion en se gargarisant de démocratie participative.A quoi participe-t-on ? Je me le demande.
23 septembre 2011, 09:49   Re : Forever Barthes.
Oui, Véra. Mais Barthes a été quand même une sorte d'"homme de gauche" - fort éloigné donc de certaines idées des usagers de ce forum. Comment aurait-il évolué s'il avait vécu vingt ou trente ans de plus ? Je me pose aussi souvent la question pour Michel Foucault.
23 septembre 2011, 12:24   Re : Forever Barthes.
Les deux cas sont à mon avis très différents. S'il ne sert à rien de tenter une conjecture impossible, on trouve chez Barthes, à la fin de sa vie, des remarques qui indiquent une certaine prise de distance, un certain désenchantement. Rien de tel chez Foucault, à ma connaissance.

D'autre part, Renaud Camus lui-même était plutôt à gauche, à sa manière.
23 septembre 2011, 12:30   Re : Forever Barthes.
Je crois que Foucault aurait lui aussi beaucoup évolué. On se souvient que peu de temps avant sa mort, en pleine mitterrandie, son "silence", son fort discret soutien au gouvernement socialiste lui avaient été reprochés.
23 septembre 2011, 12:59   Re : Forever Barthes.
Citation
Kiran Wilson
Je crois que Foucault aurait lui aussi beaucoup évolué. On se souvient que peu de temps avant sa mort, en pleine mitterrandie, son "silence", son fort discret soutien au gouvernement socialiste lui avaient été reprochés.

J'ose espérer que des intellectuels de cette envergure ne se seraient jamais sottement laissés embarquer dans la sottise du politiquement correct, doublé par le bavardage inane de la "démocratie participative et d'opinion" qui n'est jamais que le café du commerce à l'échelle planétaire.
Foucault était trop énergique, trop acéré pour cela, même s'il a pu se tromper (comme quiconque cherche et expérimente des voies nouvelles), ce n'était pas un cuistre, façon BHL. Barthes a eu une période brechtienne mais cela lui a permis d'entretenir un rapport critique avec la société.
Prenons un autre figure, Gilles Deleuze, il entretenait un rapport très circomspect au cirque médiatique et à la gauche, ayant toujours refusé de se laisser "encarter". Je crois que ces hommes étaient certes de gauche mais n'avaient rien à voir avec ces pseudo-intellos cultureux qui ne sont que des mondains, ayant épousé une soi-disant cause car elle sert leurs intérêts égotiques et matériels. Lang a quand même créé un vrai clientélisme chez les cultureux.
D'ailleurs, ce qui primait chez ces hommes était d'exercer la pensée critique pas de sa faire mousser à tout propos.
23 septembre 2011, 13:13   Re : Forever Barthes.
Permettez-moi, Véra et les autres, d'être bien plus réservé que vous sur les possibilités d'évolution politique de Barthes, Foucault et Deleuze, s'ils avaient vécu. Le politiquement correct existait mutatis mutandis de leur temps aussi. Ils en étaient, chacun à sa façon, de dignes représentants. Barthes jusque vers 1972 exerçait une sorte de terrorisme intellectuel indéniable chez tous ceux qui étudiaient, pratiquaient ou enseignaient les lettres. Par la suite il s'est adouci. Mais le mal était fait. Ils appartenaient tous les trois à la pensée de gauche, avec mille variantes, et ne s'en seraient à mon avis jamais détachés. Lors de l'affaire Camus, en 2000, ils n'étaient plus de ce monde mais leurs quasi alter ego Derrida et Bourdieu n'ont pas longtemps hésité sur le parti à prendre. Barthes, Foucault et Deleuze auraient lâché Renaud Camus : avec onction et nuances chez Barthes, avec hauteur chez Foucault, avec mépris chez Deleuze.
23 septembre 2011, 13:18   Re : Forever Barthes.
Sur Foucault, son itinéraire avant et après 68, son rapport à la gauche et au libéralisme, je conseille le petit livre de José Luis Moreno Pestana, Foucault, la gauche et la politique, qui n'écarte pas l'hypothèse (si mes souvenirs de lecture sont bons) d'une évolution néo-libérale du philosophe.
23 septembre 2011, 13:35   Re : Forever Barthes.
Citation
Buena Vista
Permettez-moi, Véra et les autres, d'être bien plus réservé que vous sur les possibilités d'évolution politique de Barthes, Foucault et Deleuze, s'ils avaient vécu. Le politiquement correct existait mutatis mutandis de leur temps aussi. Ils en étaient, chacun à sa façon, de dignes représentants. Barthes jusque vers 1972 exerçait une sorte de terrorisme intellectuel indéniable chez tous ceux qui étudiaient, pratiquaient ou enseignaient les lettres. Par la suite il s'est adouci. Mais le mal était fait. Ils appartenaient tous les trois à la pensée de gauche, avec mille variantes, et ne s'en seraient à mon avis jamais détachés. Lors de l'affaire Camus, en 2000, ils n'étaient plus de ce monde mais leurs quasi alter ego Derrida et Bourdieu n'ont pas longtemps hésité sur le parti à prendre. Barthes, Foucault et Deleuze auraient lâché Renaud Camus : avec onction et nuances chez Barthes, avec hauteur chez Foucault, avec mépris chez Deleuze.

Il se peut que je me berce d'illusions. Votre dernière phrase me semble résumer à merveille quelque-chose du tempérament de ce triumvirat. Accordons-leur le bénéfice du doute à titre posthume, à savoir qu'ils ne se seraient pas joints à l'hallali des décébrés qui, en matière d'analyse politique, ne savent que crier au fâchisme et tenter de débusquer le point godwin plus vite que leur voisin, espérant se tailler un peu de visibilité médiatique sur le marché de la bonne conscience.

A titre d'information, que firent Derrida et Bourdieu lors de l'affaire Camus ?
23 septembre 2011, 14:46   Re : Forever Barthes.
Véra, ces "affaires" sont déplaisantes et heureusement lointaines (il est heureux, parfois, que le temps passe). Pour Derrida, voici, c'est sans appel :

Déclaration des hôtes-trop-nombreux-
de-la-France-de-souche
Par Gérard Bobilier, Hubert Damisch, Michel Deguy, Jacques Derrida, Marc-Olivier Dupin, Murielle Gagnebin, Marie-Christine Hamon, Michel Henochsberg, Brigitte Jaques, Pascal Kane, Serge Klarsfeld, Claude Lanzmann, Martine Laroche, Claude Léger, Raymond Lepoutre, Jacqueline Lichtenstein, Jacques-Alain Miller, Judith Miller, Jean-Claude Milner, Sylvie de Nussac, François Régnault, Denise Schoendorff, Philippe Sollers, Jean-Pierre Vernant, Gérard Wajcman, Teri Wehn-Damisch


Par une pétition publiée dans la presse, certains voudraient faire, à présent, de « l'affaire Renaud Camus » celle d'un écrivain victime d'une censure insupportable, d' « un lynchage médiatique » dans « un climat de violence inquiétant ». Se portant au secours d'un citoyen français dont on aurait bafoué les droits élémentaires, les signataires brandissent le drapeau de la liberté d'expression, « sans préjuger, tiennent-ils à préciser, des réserves que nous pouvons faire sur les passages qui lui sont reprochés ».

Nous pensons que c'est l'entreprise qui voudrait faire passer l'auteur de La Campagne de France pour une victime qui est inquiétante. Il est urgent de dire clairement que les propos de Renaud Camus sont des opinions criminelles qui n'ont, comme telles, pas droit à l'expression
.

J'abrège le texte de la "déclaration". On voudrait oublier.
Utilisateur anonyme
23 septembre 2011, 16:45   Re : Forever Barthes.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
23 septembre 2011, 18:52   Re : Forever Barthes.
S'agit-il de cette conférence où Barthes (d'après Finkielkraut qui souvent reprend ce thème, ce qui me l'a fait connaître) cite Flaubert qui dit écrire pour les générations futures "tant que la langue vivra" ?
23 septembre 2011, 20:26   Re : Forever Barthes.
Ne pas oublier le rôle essentiel du réflexe, même pour des esprits supérieurs qui ont fait profession d'examiner tout critiquement, sauf, parfois, eux-mêmes et leur propre pensée. Je me souviens d'un grand universitaire, un maître et un créateur en sa matière, qui pendant les guerres yougoslaves ânonnait Libération avec feu et sans examen préalable.
23 septembre 2011, 22:14   Re : Forever Barthes.
Cher Stéphane Billy:
"Tant que la langue vivra", Oeuvres complètes, éd. Eric Marty, Seuil, 2002, tome V, pp.643-644.

Je trouve la référence chez Antoine Compagnon "Les Antimodernes de Joseph de Maistre à Roland Barthes" (Gallimard, Bibliothèque des idées, 2005).
Outre le cours "La Préparation du roman", Compagnon s'appuie sur ce texte pour tirer non seulement le dernier Barthes mais également le Barthes marxiste des années cinquante polémiquant avec Paulhan et le Barthes structuraliste des années soixante proche de Tel quel du côté des antimodernes. Mort de la mère, doutes, agacement face au vedettariat médiatique révèlent, "un Barthes inconnu, attaché aux traditions, récriminant contre la désacralisation du livre", écrit Compagnon (p. 410) qui ajoute "En vérité, le tempérament de Barthes l'a toujours porté plus vers les oeuvres classiques ou romantiques que modernes? Ses rapports avec les avant-gardes ont toujours été ambigus. Aussi son antimodernisme ultime paraît-il moins le produit d'une conversion tardive et d'une rupture tragique qu'un retour aux sources et la reconnaissance d'une ancienne fidélité, désignant après-coup la période structuraliste et post-structuraliste, le cheminement avec Tel quel et l'apologie de la textualité, comme un quiproquo prolongé" (p. 415).

Je ne connais pas assez Barthes pour décider si Compagnon a raison ou s'il ne construit pas un peu son Barthes idéal; je manque également de sérénité en la matière, ne parvenant pas à dissocier la figure de Barthes du mal qu'a fait son oeuvre, fût-ce indirectement et à son corps défendant.
Il y a un côté "enfant gâté" dans la génération d'intellectuels de gauche à laquelle Barthes appartient. Ces gens ont reçu en héritage un admirable patrimoine, et d'abord des méthodes de travail rigoureuses. Ils en ont bénéficié, ils en ont joui sans humilité parce qu'ils ont dû les croire innées et indestructibles. Telle est l'excuse que je leur trouve, et c'est bien le propre des fils à papa. Ils n'ont donc pas considéré qu'il était de leur devoir de les transmettre, ils n'ont trouvé rien de mieux que de les faire servir à la valorisation de leur petite personne : paradoxes, déconstruction, etc.
23 septembre 2011, 23:36   Re : Forever Barthes.
"Mort de la mère, doutes, agacement face au vedettariat médiatique révèlent, "un Barthes inconnu, attaché aux traditions, récriminant contre la désacralisation du livre", écrit Compagnon (p. 410) qui ajoute "En vérité, le tempérament de Barthes l'a toujours porté plus vers les oeuvres classiques ou romantiques que modernes? Ses rapports avec les avant-gardes ont toujours été ambigus. Aussi son antimodernisme ultime paraît-il moins le produit d'une conversion tardive et d'une rupture tragique qu'un retour aux sources et la reconnaissance d'une ancienne fidélité, désignant après-coup la période structuraliste et post-structuraliste, le cheminement avec Tel quel et l'apologie de la textualité, comme un quiproquo prolongé" (p. 415)."

Ah ! Zut ! Johannus Marcus ! Vous me racontez la fin, j'en suis encore à Julien Benda, dans ce livre !
24 septembre 2011, 08:40   Re : Forever Barthes.
Thanks !
Utilisateur anonyme
24 septembre 2011, 08:47   Re : Forever Barthes.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
26 septembre 2011, 10:20   Re : Forever Barthes.
Mon cher Didier, je ne vous suivrai pas sur ce point. On peut avoir un droit d'inventaire (comme dirait l'autre) face à cette modernité, et refuser de courir après elle servilement comme de la refuser en bloc. Je continue à trouver le dernier Foucault passionnant (celui de son Histoire de la sexualité) et d'éprouver beaucoup de sympathie pour le dernier Barthes. Vous me faites un peu penser à ceux qui, sous prétexte qu'une fourchette et un couteau peuvent blesser, voudraient qu'on recommence à manger avec les doigts.
Utilisateur anonyme
26 septembre 2011, 11:12   Re : Forever Barthes.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
26 septembre 2011, 11:18   Re : Forever Barthes.
Les Mots et les choses n'a jamais cessé d'être un livre passionnant.
26 septembre 2011, 11:29   Re : Forever Barthes.
Citation
Kiran Wilson
Mon cher Didier, je ne vous suivrai pas sur ce point. On peut avoir un droit d'inventaire (comme dirait l'autre) face à cette modernité, et refuser de courir après elle servilement comme de la refuser en bloc. Je continue à trouver le dernier Foucault passionnant (celui de son Histoire de la sexualité) et d'éprouver beaucoup de sympathie pour le dernier Barthes. Vous me faites un peu penser à ceux qui, sous prétexte qu'une fourchette et un couteau peuvent blesser, voudraient qu'on recommence à manger avec les doigts.

Face à la "modernité modernante", se rappeler que Barthes fut très mal à l'aise face à 68. D'ailleurs, il quitta la France. La remarque de Kiran me semble de bon sens. Nul ne nous force plus à coller aux aspects les plus outrancièrement idéologiques de la pensée de Barthes. Elle doit nous aider à penser, à nous de faire mieux que des perroquets serviles et à garder une certaine distance critique.
"Il n'y a que les moules et les imbéciles pour adhérer". Paul Valéry.
26 septembre 2011, 11:32   Re : Forever Barthes.
Bien d'accord avec vous, Francis. Et Foucault, tout en étant une sorte de "militant gay" à la fin de sa vie, restait très distant, très sceptique vis-à-vis de la "libération sexuelle" (relire ce qu'il a écrit sur "l'hypothèse répressive"). Peut-être aurait-il défilé en tête des "Marches des fiertés" s'il avait vécu plus longtemps ; peut-être comme Genet n'auraient-elles déclenché en lui qu'un rire immense.
Utilisateur anonyme
26 septembre 2011, 11:56   Re : For never Barthes.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
26 septembre 2011, 12:00   Re : Forever Barthes.
Dans un ouvrage universitaire américain, paru en 2006, sur les émotions comme passions sociales (idée renouvelée d'Aristote), l'auteur cède momentanément à l'agacement, d'où un passage sur  : « les fantassins des Foucault..., Freud et Lacan, Lévi-Strauss, Derrida, et les [universitaires] féministes qui pensent qu'on fait de la théorie quand on répète sur tous les tons "ce n'est pas naturel, [c'est une construction sociale]". » (j'adapte un peu).

Je trouve que c'est une critique qui porte, et pas seulement dans le monde anglophone.
26 septembre 2011, 12:10   Re : Forever Barthes.
Mon cher Didier, je vous promets que quand je publierai mon autobiographie, je l'intitulerai Un jésuite engagé, et vous la dédierai.
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