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Communiqué n° 1282 : Sur l'exécution de Troy Davis

Communiqué n° 1282, samedi 24 septembre 2011
Sur l'exécution de Troy Davis

Le parti de l'In-nocence remarque que l'exécution du condamné à mort Troy Davis, plus de vingt ans après son crime supposé et très mal établi, ainsi que les récentes révélations de certaines pratiques scandaleuses sous couvert d'exercice de la puissance au niveau international, ébranlent très sérieusement et très gravement l'image des États-Unis dans le monde, parés qu'ils étaient du prestige du débarquement et de la libération de l'Europe du joug nazi, ainsi que de leur participation décisive à la lutte contre l'expansion du totalitarisme communiste.

Le parti de l'In-nocence estime que les faits qui mettent gravement en cause le rôle des États-Unis comme figure de proue de la civilisation et de la conscience occidentale sont un élément de plus en faveur de l'urgence qu'il y a pour l'Europe à redevenir elle-même et tout elle-même, avec la culture dont elle est la source, la civilisation qu'elle a longuement incarnée par excellence, l'exigence morale et intellectuelle qui fut longtemps celle de ses penseurs et de ses grandes figures politiques. L'Europe ne doit être à la remorque de personne, et surtout pas de qui ne la vaut pas. Elle a certes péché, mais pas unanimement, loin de là — il n'est que de penser à l'admirable attitude britannique durant la Seconde Guerre mondiale — et son crime s'éloigne. Il est temps pour elle de se souvenir de ce qu'elle est, et d'abord, dans tous les domaines, une puissance.
Citation
Il est temps pour elle de se souvenir de ce qu'elle est, et d'abord, dans tous les domaines, une puissance.

Oui mille fois oui !

Dans la hiérarchie des peines je considère que la punition capitale est indispensable et son abolition fut une erreur grave décidée d'ailleurs contre la volonté explicite du peuple francais dans sa majorité.

Cependant l'application de cette peine de mort par les Etats américains pour des raisons avant tout démagogiques cad pour complaire à un électorat assoiffé de vengeance est révoltante et écoeurante.
Nous ne protestons pas contre l'existence de la peine de mort aux États-Unis. Nous protestons contre son application complètement erratique.
Citation
Renaud Camus
Nous ne protestons pas contre l'existence de la peine de mort aux États-Unis.

Eh bien moi, si ; qu'il s'agisse des États-Unis comme de n'importe quel autre pays appliquant cette peine (ou tout autre châtiment inhumain : amputation, loi du talion, torture et autre).

Je trouve bizarre l'idée selon laquelle on serait contre la peine de mort sous prétexte, uniquement, qu'elle peut produire des erreurs judiciaires, un peu comme si on était pacifiste non contre la guerre en elle-même, mais parce qu'elle risque de produire des dommages collatéraux.

Je trouve également inacceptable l'argument de Rogemi au sujet de la "hiérarchisation des peines". Pourquoi ne pas, sous ce prétexte, rétablir le bagne, les flagellations, la torture, histoire de "hiérarchiser" un peu plus ?
Etes-vous favorable à la perpétuité dite "réelle", Felix ?
Citation
je trouve également inacceptable l'argument de Rogemi au sujet de la "hiérarchisation des peines"

Arrêtez de tout confondre Felix et sachez que la peine de mort est à la fois le seul châtiment possible proportionné à l'abomination du crime mais aussi la seule voie possible de rédemption et de salut du criminel.

Je vous conseille de lire le livre du père Bruckberger "oui à la peine de mort" et vous aurez une vue certainement moins partiale du problème.
Un des arguments employés par les adversaires de la peine de mort est qu'en cas de découverte tardive de l'innocence du condamné (ce qui peut toujours arriver, le jugement humain n'étant pas infaillible), il n'est plus possible de revenir en arrière, ni de réparer le "crime" qui a été commis.
Elle n'en reste pas moins envisageable pour les cas dépourvus de toute espèce de doute.
Citation
Rogemi
Arrêtez de tout confondre Felix et sachez que la peine de mort est à la fois le seul châtiment possible proportionné à l'abomination du crime mais aussi la seule voie possible de rédemption et de salut du criminel.

Le problème du principe de la "proportionnalité" des peines est qu'il est absurde car humainement impossible. Car même si la peine de mort existe, que vous ayez tué une, deux ou cent personnes, c'est toujours la même peine de mort qui s'applique, donc vous n'avez pas de proportionnalité puisque c'est la même peine pour des actes de gravité différente. Cela rejoint l'absurde de la justice américaine qui, en cumulant toutes les peines, condamne jusqu'à plusieurs fois la même personne à la peine de mort, voire à des centaines d'années de prison ! Or, que vous soyez condamné à cent ou deux cents ans de prison ne change strictement rien, si ce n'est sur le papier.

Par ailleurs, vous parlez de crime, mais vous savez très bien que dans les pays où elle est employée, la peine de mort ne s'applique pas forcément aux seuls meurtriers, mais aussi parfois aux espions, aux vendeurs de drogues, aux apostats, aux auteurs d'attentats ratés, c'est-à-dire dans des cas où le condamné n'a tué personne.

Vous dites également : "Cependant l'application de cette peine de mort par les Etats américains pour des raisons avant tout démagogiques cad pour complaire à un électorat assoiffé de vengeance est révoltante et écoeurante."
Mais ce que vous dénoncez là est justement la logique de la peine de mort, quelle que soit la raison pour laquelle elle est appliquée, y compris (et même surtout) quand la culpabilité de l'accusé est déterminée de façon indubitable ! Croyez-vous sincèrement que la foule criant à l'égard du meurtrier "à mort !" à la suite d'un crime sordide est mue avant tout par un désir de justice et pas par un bas désir de vengeance ? Je pense au contraire que si la peine de mort séduit certaines personnes, c'est qu'elle a un rôle inconscient : elle témoigne, en désignant de façon explicite le mal incarné en une personne et en souhaitant sa disparition, d'une volonté, chez le partisan de la peine de mort, de rejeter de façon radicale la notion de mal sur l'Autre afin, par contraste, de s'installer dans le Bien à bon compte. Comme si, en supprimant tel meurtrier, on supprimait du même coup le Mal, y compris celui qui est (potentiellement) en nous, position confortable qui évite toute remise en cause et écarte toute réflexion de philosophie morale un tant soit peu poussée.

C'est un peu comme le récit de la femme adultère dans l'Evangile (je ne suis absolument pas croyant mais je trouve que c'est un bon exemple d'un point de vue philosophique et moral) : "que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre". Cela ne signifie pas forcément que toute faute doit être excusée de façon naïve mais que ceux qui voulaient lapider la pécheresse, loin d'être nourris par un désir de justice, sont avant tout mus par des velléités de vengeance aveugle (tout comme le sont les partisans de la peine de mort), comme si le fait de condamner l'autre en le mettant à mort allait permettre à ses accusateurs d'être du bon côté et du coup, de s'exonérer à bon compte de leurs propres fautes. Or, dès que Jésus leur fait prendre conscience de leur état d'esprit en les poussant à l'introspection, ils finissent par renoncer à leur projet de châtiment mortel...


Quant au fait que la peine de mort serait "la seule voie possible de rédemption et de salut du criminel", désolé, mais je ne comprends pas très bien le principe...
Mais quelle est la pire peine ; la perpétuité réelle ou la mort ?
Si on vous donnait le choix, que choisiriez-vous ?
Citation
Quant au fait que la peine de mort serait "la seule voie possible de rédemption et de salut du criminel", désolé, mais je ne comprends pas très bien le principe...
Sur ce sujet procurez-vous le livre du père Bruckberger !

Que l’on soit pour ou contre l’abolition de la peine de mort il existe d’ailleurs beaucoup de choses à dire sur le sujet.

D’abord contrairement à ce que nous croyons tous la peine de mort n’a pas été supprimée mais déplacée. Quand la puissance publique désigne un policier pour traquer des malfaiteurs, un pompier pour éteindre un incendie, un soldat pour intervenir dans des zones dangeureuses, elle l’expose à périr. D’ailleurs il en disparaît plusieurs tous les ans, «victimes du devoir» selon la formule officielle.

Pour quelles raisons extravagantes les assassins échapperaient-ils seuls au risque si aisément admis pour d’honnêtes citoyens courageux? Avez-nous une réponse à cette simple question ?

Je le répéte un fois encore si d’une part la banalisation - la massification - de la peine de mort aux Etats-Unis soulève le cœur car profondément injuste et abjecte, il est évident d’autre part que le sens de la Justice c’est aussi celui de la Mesure, de l'équilibre entre le crime et le châtiment.

Mais peut-on encore parler de mesure quand un tueur en série reconnu coupable de plusieurs meurtres planifiés, avec viols et tortures n’écope que d’une peine de prison.

Dans de tels cas la peine de mort serait une limite absolue, un sacrifice qui sanctionne un crime hors du commun.

Il est intolérable et choquant que les tueurs de la bande à Baader qui ont assassiné sans scrupules des gardes du corps ou des policiers soient libérés après 20 ou 25 ans de prison.
Ce qui m'étonne toujours dans l'approche faite par les socialistes sur la question de la peine de mort, c'est qu'ils adoptent systématiquement les arguments du bourreau, le plaçant ainsi dans le camp des victimes. Ils nous racontent les éternels : "peut-être que le condamné à mort est innocent", "pourquoi a-t-il la même peine que celui qui a commis un méfait bien plus horrible que le sien", ... En réponse, les opposants par humanité défendent les vrais victimes : "peut-être que le tueur condamné est innocent, mais mieux vaut tuer dix tueurs dont un innocent, que de laisser neuf tueurs sortir la tête haute", "celui qui tue une fois, tue dix fois (puisque la vie n'a pas de prix), donc tout tueur doit être tué (il a tué, alors on le tue)",...

Mais on peut aussi juger cela de l'extérieur, en admettant la pédagogie induite par une punition à mort : "tout individu sait qu'en tuant il risque d'être tué en retour, et pire, avec une forme de consentement général émis par la justice, qui normalement est impartiale, à la différence de l'auto-défense. Cela a tout au moins le mérite de nous dissuader d'être un peu trop entreprenant (puisque bien et mal sommeillent en nous)."

Sur le fond, ce qui choque, bien plus que la peine de mort elle-même, et pour reprendre l'esprit du communiqué, c'est précisément l'éventuelle partialité de la justice (ici U.S).
24 septembre 2011, 22:10   Sur l'exécution de Troy Davis
" [...] mais mieux vaut tuer dix tueurs dont un innocent, que de laisser neuf tueurs sortir la tête haute."

Je préviens que je fais partie des personnes qui sur ce point délicat ne demandent qu'à être instruites et n'ont pas d'avis tranché sur la question. J'ai pourtant la faiblesse de penser que si cet innocent s'avérait être un de vos proches, quelque chose vous empêcherait de raisonner de cette manière. Je veux dire qu'il est facile d'invoquer le sacrifice quand il s'agit de celui d'inconnus.
24 septembre 2011, 22:21   Re : Sur l'exécution de Troy Davis
Citation
Stéphane Bily
" [...] mais mieux vaut tuer dix tueurs dont un innocent, que de laisser neuf tueurs sortir la tête haute."

Je préviens que je fais partie des personnes qui sur ce point délicat ne demandent qu'à être instruites et n'ont pas d'avis tranché sur la question. J'ai pourtant la faiblesse de penser que si cet innocent s'avérait être un de vos proches, quelque chose vous empêcherait de raisonner de cette manière. Je veux dire qu'il est facile d'invoquer le sacrifice quand il s'agit de celui d'inconnus.

Je ne raisonne pas de cette manière. Je trouve justement que de la sorte on pose mal le débat. C'est pourquoi, vue de l'extérieur, je me dis qu'une justice impartiale a le don de nous dissuader de passer à l'acte (à travers l'arsenal des sanctions qu'elle nous réserve en retour de bâton...). Je veux croire que le mérite d'une sanction s'opère avant, au commencement de ce qui n'aurait pas raison d'être, car après le mal est fait, et il est alors trop tard !
Utilisateur anonyme
24 septembre 2011, 22:27   Re : Sur la question de la peine de mort.
Appliquer notre noble et majestueuse peine de mort à la racaille moderne serait jeter des perles aux porcs. Qu'elle moisisse plutôt dans neuf mètres carrés entre la télévision et le lavabo. Tout au plus faudrait-il la réserver à certains grands mystificateurs du peuple.
Il faut dire que la télévision est déjà un vrai supplice...
Je vois que personne ne souhaite tout de même proposer le châtiment suprême : l'écoute en continu de France culture.
Pour revenir à Mr. Troy Davis, il y a là un papier du Daily Telegraph qui dit comme cela que Mr Davis, plus connu à l'époque sous son nom de gangster, Rah (pour Rough as Hell), était en train de torturer un clochard quand un policier en civil essaya d'intervenir, qu'il tua alors froidement le policier qui l'embêtait, qu'il a été vu par une foule immense, qu'il a été condamné un jury majoritairement noir, que la majorité des témoins ne s'est jamais rétractée (et que les trois qui se sont rétractés manquent de toute crédibilité), enfin que la Cour suprême ayant pris la décision exceptionnelle de confier l'an dernier l'affaire à un nouveau juge, celui-ci pondit un rapport de 170 pages pour démontrer que les prétendus nouveaux éléments allégués par la défense n'étaient que du vent.

[blogs.telegraph.co.uk]-“i-am-troy-davis”-crowd/
Excellent article. Merci cher Chatterton !
Nous avions eu cette discussion sur l'ancien forum. Le prononcé de la peine de mort réintègre (au contraire de ce qu'en dit Félix) le condamné dans la communauté des hommes, tandis que la perpétuité réelle l'exonère de sa responsabilité d'homme, en le condamnant à la condition du rat. L'application de la perpétuité réelle exonère le condamné de ses crimes parce qu'elle lui ravit sa condition humaine: par cette condamnation, il lui est affirmé qu'il n'est pas un égal de son juge; il est excusé comme une bête.

Si j'étais un criminel de cet ordre, j'exigerait d'être exécuté, cette peine étant préférable à la perpétuité réelle, elle m'honorerait: en mourant plus tôt, je devancerais mes juges.

Reste l'hypothèse de la perpétuité feinte. La femme Dutroux vient de se voir refuser la libération conditionnelle, après une petite décennie d'incarcération. Tôt ou tard, elle l'obtiendra. Elle a été jugée coupable d'avoir laissé mourir d'inanition et de larmes deux fillettes dans une cave, entre autres.

D'où l'on retire que dans certains cas extrêmes, il n'est pas d'alternative à la peine de mort.
Je me permets de rappeler toutefois que ce communiqué ne concerne pas la peine de mort mais une accumulation récente de traits extrêmement inquiétants concernant les rapports des États-Unis avec la morale et la civilisation. (La culpabilité de Troy Davis était bien loin d'être établie).
Et nous gardons à l'esprit que la finalité du communiqué est l'appel à l'Europe à redevenir elle-même !
Encore que je lirais pour ma part avec beaucoup d'intérêt une intervention de Renaud Camus sur la peine de mort elle-même...
Utilisateur anonyme
25 septembre 2011, 19:10   Re : Communiqué n° 1282 : Sur l'exécution de Troy Davis
Chaque année, une centaine de détenus se libèrent de leur condition en s'appliquant la peine de mort. L'un des derniers a même fait un clin d'oeil à ses geôliers en utilisant le pyjama de son kit anti-suicide pour se pendre.

Ne serait-pas plus moral que la société expédie ad patres les plus malfaisants d'entre-eux tout en assurant des conditions dignes aux autres ?
À propos de la culpabilité de Troy Davis, cet article.
Utilisateur anonyme
25 septembre 2011, 21:24   Re : Communiqué n° 1282 : Sur l'exécution de Troy Davis
Pour redevenir elle-même, il faudrait que l'Europe retrouve sa souveraineté financière et sa puissance économique. On en est loin et, s'agissant de la France, la victoire annoncée de la gauche au Sénat nous éloigne plus encore du retour à des comptes équilibrés. L'Europe est en train de sombrer. Demain, nous serons tous grecs et après-demain chinois. Débiteurs, donc prisonniers.
Utilisateur anonyme
25 septembre 2011, 21:31   Re : Communiqué n° 1282 : Sur l'exécution de Troy Davis
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je vous remercie pour cet article, Didier, qui remet les choses à leur place.

Je suggère que l'élimination de ce personnage soit appelée "Operation Good Riddance".
» Le prononcé de la peine de mort réintègre (au contraire de ce qu'en dit Félix) le condamné dans la communauté des hommes, tandis que la perpétuité réelle l'exonère de sa responsabilité d'homme, en le condamnant à la condition du rat

Ah, je ne sais pas, Francis, ce que peuvent bien valoir de tels principes face à la perpétuation du sentiment de la vie, chevillé au corps comme chaque inspiration d'air secrète l'espérance ; c'est bien Leopardi, lui entre tous, qui avait remanié l'inférence égoïste : Je suis, donc j'espère.
Il est certain type d'hommes, et j'incline à croire que les condamnés à mort en font le plus souvent partie, qui se fichent un peu des honneurs ou de l'honneur à titre posthume, si la contrepartie en est qu'ils ne pourront en jouir.
Ah je vous attendais là, cher Alain ! Celui qui tue sait ce qu'il fait (quand il n'est pas dément ou irresponsable). Il applique la peine suprême qu'il sait suprême. La mort est égalitaire. Le tueur est "frère" du tué, étant en la mort égal à lui. Le crime conscient est un acte d'une grande conscience égalitaire, tandis que, par exemple, le dépouillement du riche est relatif (le riche dont la richesse peut être insondable, peut ainsi, quand on lui fait les poches ou le compte en banque, n'être dépouillé que très relativement). Celui qui tue froidement, crapuleusement, viole ce que vous appelez le sentiment de la vie, et proclame que seules comptent la vie pure et la mort pure, dès lors, dès cet acte, il s'expose et se dénude face à la mort, laquelle répond "présent" à l'appel du geste qui l'a convoquée.

Celui qui tranche ainsi, de sa main, la question de la condition humaine (relative, inégalitaire) appelle sur lui l'honneur de se voir infligé le châtiment de l'égalité absolue et suprême: la mort convoquée.

Très sincèrement, quel que soit mon crime, l'être tout relatif que je suis réclamerais, dans l'alternative entre la mort relative et inhumaine du rat enfermé soixante années et "l'injection létale", ou la chaise ou le gibet, réclamerais dis-je, la dernière cigarette, le regard droit du bourreau, la solennité rédemptrice, ré-intégratrice de l'exécution commune parmi les hommes, mes frères.
Si je vous comprends bien, Francis, vous dites que donner la mort scelle la fraternité humaine, puisqu'en tuant est offerte la possibilité de réaliser cette dernière à son comble, c'est à dire à un degré de perfection égalitaire indépassable qui est celui de l'absolu de la mort, offre qu'on ne saurait dignement refuser, ne serait-ce que par l'appel d'air ainsi créé ?...



» Très sincèrement, quel que soit mon crime, l'être tout relatif que je suis réclamerais, dans l'alternative entre la mort relative et inhumaine du rat enfermé soixante années et "l'injection létale", ou la chaise ou le gibet, réclamerais dis-je, la dernière cigarette

Moi je n'en sais rien, parce que je crois sincèrement que seule l'alternative réelle à la quelle je serais concrètement confronté douerait chacune des possibilités offertes de leur poids véritable, en vertu de quoi je pourrais, en connaissance de cause peut-être, me prononcer...

Toujours est-il que je suis en train de relire L'Institut Benjamenta de Walser ; dans la belle préface de Marthe Robert figurent plusieurs extraits de la correspondance de l'écrivain, champion de l'a minima : « Je me fous du monde d'en haut, car là, en bas, j'ai tout ce dont on a besoin, les beaux vices et les belles vertus, le sel et le pain. »
Cela conforte un perspectivisme radical qui estime qu'il est tout simplement impossible de porter un jugement sur la qualité de ce sentiment de l'existence dont je parlai, impression éminemment subjective, de l'extérieur, comme s'il y avait des critères objectifs suffisants pour établir ce qui serait une vie de rat, et une autre supposément plus digne.
À vrai dire les capacités psychologiques adaptatives de l'homme sont telles — souvenez-vous que même dans les conditions extrêmes des camps de concentration Primo Levi avait noté qu'il y a des gens heureux à Auschwitz (parmi les prisonniers) —, qu'il n'est pas du tout exclu qu'un reclus à perpétuité puisse tirer son épingle du jeu, y trouver son sel et son pain, et éprouver le minimum vital de plaisir quotidien à la fin de sa journée, qui lui permettrait de boucler son compte de bonheur personnel au vert.
[...] qu'il n'est pas du tout exclu qu'un reclus à perpétuité puisse tirer son épingle du jeu, y trouver son sel et son pain, et éprouver le minimum vital de plaisir quotidien à la fin de sa journée, qui lui permettrait de boucler son compte de bonheur personnel au vert.

Je m'engouffre derrière ceci, cher Alain, pour écrire ce que j'avais hésité à répondre à Francis, craignant de paraître ridicule : qu'il existe des bibliothèques dans les prisons.
Utilisateur anonyme
26 septembre 2011, 22:09   Re : Communiqué n° 1282 : Sur l'exécution de Troy Davis
Citation

Très sincèrement, quel que soit mon crime, l'être tout relatif que je suis réclamerais, dans l'alternative entre la mort relative et inhumaine du rat enfermé soixante années et "l'injection létale", ou la chaise ou le gibet, réclamerais dis-je, la dernière cigarette, le regard droit du bourreau, la solennité rédemptrice, ré-intégratrice de l'exécution commune parmi les hommes, mes frères.

Connaissant votre opposition à l'assistance au suicide, je trouve votre position plaisante, Francis. Alors quoi ? La mort légale plutôt que l'enfermement, mais l'emprisonnement dans un corps détruit et souffrant plutôt que la délivrance par vos frères humains ? Je ne doute pas que vous saurez m'expliquer qu'il est fallacieux d'y voir comme l'ombre d'une contradiction...
Utilisateur anonyme
26 septembre 2011, 22:15   Re : Communiqué n° 1282 : Sur l'exécution de Troy Davis
Citation

"Pour redevenir elle-même, il faudrait que l'Europe retrouve sa souveraineté financière et sa puissance économique."
C'est bien ce que nous disons, et argumentons.

Pourtant, le programme du PI, dont j'avais dis, naguère, tout le bien que j'en pensais, ne comporte toujours pas le volet économique que j'appelais de mes voeux (mais je comprends que vous avez beaucoup à faire...).
Côme,

Didier le complète peu à peu, cela commence à prendre forme.
26 septembre 2011, 22:28   Lien vers "Dos au mur".
Citation
Jean-Marc
Côme,

Didier le complète peu à peu, cela commence à prendre forme.

Lire ici : [www.in-nocence.org]
Je n'ai pas d'idée arrêtée sur la question, mais Albert Camus, il me semble, a écrit de belles pages contre la peine capitale...En général je crois que le plus important n'est pas la dureté de la peine mais la certitude de la peine. Il faut lutter contre l'état d'impunité et le sentiment de toute puissance qu'il engendre chez le fauteur de troubles et le criminel. Ensuite établir une hiérarchie pour que la peine soit proportionnelle au crime.
Au pied levé je vous répondrais qu'il en va de la responsabilité de donner la mort et de celle de l'affronter seul, qui sont égales et se prolongent sur un même plan. Donner la mort est donner la mort commune -- cependant qu'aucune blessure infligée n'est commune. Je me souviens d'un petit film drôle, anonyme, vu je ne sais plus où : un homme de sa fenêtre, apercevant un cambrioleur de son automobile garée non loin de là tire à l'arbalète sur le rôdeur, qui reçoit la flèche dans la gorge, sans en mourir. La victime du tir sera handicapée à vie (aphone), mais cette blessure, il en fait un atout "artistique": il devient chanteur de variétés, devient vedette, se produit dans des shows à l'aide d'un micro modifié qui lui permet de chanter "par le nez", devient star adulée, chanteur de rap à paillettes, etc. : l'autre, depuis sa prison, regarde ces spectacles sur l'écran télé du mess, il suit la carrière de sa victime, enrage, se morfond -- il s'est fait piéger: la blessure qu'il a infligée, il n'en connaissait pas les aboutissants.

La blessure, le préjudice physique ou moral que l'on inflige restent toujours des inconnus : tel que l'on mutile, "rebondira" et fera de sa mutilation un atout. Seule la mort est connue: celui qui inflige la mort sait très exactement l'effet absolu du préjudice infligé pour être très exactement égal à celui qu'il subirait à la place de sa victime. La responsabilité du tueur sachant qu'il tue est ainsi totale devant les effets de son acte: il a la certitude de faire subir très exactement le préjudice que lui subirait par le même acte. Je n'ai guère le temps de creuser cela davantage mais cette commonalité même des effets connus entraîne que la mort ne peut et ne doit s'affronter que seul.
Celui qui donne la mort en connaissance de cause sait ce qu’il fait, cependant que nul ne connaît l’ampleur ou les bornes de la souffrance du corps vivant d’autrui , pas davantage que ses ressources ou ses ressorts de réparation ou compensation des blessures infligées (cf. la parabole du petit film drôle).
Il a échange de signaux entre le meurtrier et sa victime à qui il donne la mort, et cet échange se retrouve dans l’exécution de la peine de mort. Le juge et son exécutant font à l’exécuté la monstration qu’eux aussi savent et que tous se sont compris comme des égaux ; la conduite au trépas s’en trouve alors justifiée ou à tout le moins neutralisée dans son horreur par cet échange rituel de signaux de reconnaissance et de sens; cependant que dans l’euthanasie, ou « mort accompagnée », soit dans les faits la conduite au trépas, celui qui donne la mort pour « apaiser les souffrances », souffrances qu’il ne connaît pas car personne ne connaît avec certitude la souffrance d’autrui, commet un acte profondément asymétrique et faux dans lequel s’échange du connu contre de l’inconnu : dans ce troc biaisé entre souffrance et mort, il y a mécompte, vol, vol de vie.
27 septembre 2011, 11:42   Surprise
Un rangement de livres m'a fait rouvrir certaines oeuvres de Nietzsche, lues il y a bien longtemps, si longtemps, d'ailleurs, que j'ai été plus que surpris de découvrir une grande quantité de phrases soulignées par moi et, même, des remarques manuscrites dans les marges. J'avais tout à fait oublié avoir lu d’aussi près.

Dans La généalogie de la morale, (traduction d'Angèle Kremer-Marietti) j'avais souligné ceci : “Il n'est pas impensable qu'une société ait une telle conscience de sa puissance qu'elle puisse s'offrir le luxe le plus noble qui soit pour elle, - laisser impuni le délinquant.” - et ajouté dans la marge le mot “IMPOSSIBLE”, lui-même souligné.
28 septembre 2011, 00:21   Re : Surprise
» Seule la mort est connue

"Impossible" est bien le mot qui convient.
28 septembre 2011, 05:47   Re : Surprise
Qui convient à quoi ? Quant à ses effets sur la vie, c'est bien le cas, non ? Contestez-vous que la mort d'autrui soit connue dans ses effets davantage que sa souffrance ?
Utilisateur anonyme
28 septembre 2011, 07:48   Re : Surprise
(Message supprimé à la demande de son auteur)
28 septembre 2011, 08:14   Re : Surprise
La souffrance réclame, pour être reconnue, d'être argumentée, sur-jouée, mise en scène ou démontrée (voyez le cas de Tristane Banon), cependant que la mort est immédiatement reconnaissable pour être dans ses effets strictement identique à celle de tous. Le juge qui applique la peine de mort connaît bien cette peine, qui sera la sienne un jour, cependant qu'une peine de prison est, en toute rigueur, injuste, puisque lui ne la connaîtra jamais, elle ne fait pas partie de son lot.

La perpétuité réelle est la plus irréelle des peines, car même la lecture ou la vie de l'esprit, qui pourraient y remédier, selon certains, peuvent s'avérer la plus insupportable des tortures si elles ne s'accompagnent pas d'une évasion définitive de l'esprit; l'esprit qui ne s'en évade qu'en partie, ne peut que retomber entre les murs tous les jours que plus douloureusement, avec le sentiment de "lire pour rien", de "penser pour rien" puisque sans effet visible.
28 septembre 2011, 20:24   Re : Surprise
Citation
Francis Marche
Qui convient à quoi ? Quant à ses effets sur la vie, c'est bien le cas, non ? Contestez-vous que la mort d'autrui soit connue dans ses effets davantage que sa souffrance ?

Je le conteste absolument, cher Francis ; "la mort d'autrui" ne veut rien dire pour moi, il ne peut y avoir d'"effets" connus de ce qui demeure inconcevable en soi : on ne peut se penser soi-même ne se pensant plus, à fortiori les autres, pas plus qu'il n'est possible de se représenter la possibilité d'une impossibilité.
Nous sommes emmurés vifs dans le vivant, et toute évocation de ce qui excède cet enfermement comme de son terme ne constitue aucune connaissance de la chose même.
Vous jouez ici du langage, à mon sens : savoir que la vie a un terme n'équivaut en rien à une connaissance de la mort.

J'ajouterai qu'il ne peut y avoir pour ma part de "mort commune", pas plus qu'il n'y a d'ailleurs de "vie commune" ; « il y a, chaque fois, une expérience intransférable de l'exister et du mourir. » (F. Dastur, La Mort)
Utilisateur anonyme
28 septembre 2011, 20:51   Re : Surprise
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Moi itou. J'ajoute que poser que « la mort est immédiatement reconnaissable pour être dans ses effets strictement identique à celle de tous » me semble incompatible avec la tradition occidentale. Dante n'a écrit son poème, très compliqué, où interviennent des foules de gens complètement différents, et que nous ne connaissons plus aujourd'hui que grâce à des notes infrapaginales qui sont bien plus longues que le poème lui-même, que pour montrer que les morts des uns et des autres sont totalement différentes. Quoi de commun entre Ugolino, rongeant le crâne de Ruggieri, le corps pris dans la glace, et la béatifique Béatrice ?
28 septembre 2011, 22:34   Re : Surprise
La souffrance n'est pas un lot commun; elle est véritablement inconnaissable chez autrui, seuls en émanent des signes qu'il convient d'interpréter pour soi à l'aune de sa propre souffrance ou du fond commun des représentations que l'humanité en a livré dans des témoignages divers, le plus souvent littéraires, artistiques, médiatisés (la tragédie, la Divine comédie, etc.). Elle donne à discourir, à supputer, à douter, son expression, sa signification seraient inconcevables et inopérantes sans le ferment du doute qui la mine ou conduit à l'exalter (vous doutez, alors je monte sur les planches, semble proclamer Tristane sous les feux de la rampe).

La peine de mort est une peine ordinaire, inférieure à la peine d'emprisonnement à perpétuité, non parce que celle-là ne serait pas terrible mais parce que celle-ci la contient: la peine d'emprisonnement à perpétuité réelle est inhumaine car elle se surajoute à la peine de mort.

Les effets du trépas, qui font basculer les empereurs comme les plus humbles dans la fatale inertie des pierres sont indiscutablement communs. Ce qui ne l'est pas est la littérature et l'exaltation ou de la diffamation des vies passées, inaccomplies ou accomplies, des hommes morts. Ce que dit Chatterton à propos de Dante est amusant: il ne voit pas que ces différentes morts ne diffèrent que par l'apologétique qu'elles suscitent, bref, le discours de la civilisation, soit de la réabsoption des vies passées dans les vies présentes et à venir, qui constitue certes un noble entreprise mais qui échoue à gommer l'essentielle commonalité des cimetières et des tombeaux, fût-il le Taj Mahal.

La tentation du meurtre, y compris du meurtre de masse, doit trouver ses racines dans le désir de ne plus méconnaître la souffrance d'autrui (cf. le meurtre charitable dans certaines familles). La conscience morale rassérénée du tueur n'est possiblement qu'une variante du contentement de l'homme qui sait.
28 septembre 2011, 23:15   Re : Surprise
le meurtre charitable dans certaines familles

J'ai connu une famille où lorsque le petit enfant pleurait pour rien, parce qu'il était las, parce que la journée avait été longue, etc. le père le frappait très fort, à toute force, puis s'exclaimait aussitôt à la cantonnade, triomphal, comme en prenant toute la famille à témoin : maintenant il sait pourquoi il pleure!

Il ne restait plus à l'enfant qu'à mourir étouffé dans ses larmes et ses spasmes. Toute la famille alors, communiait dans la connaissance des causes pleines et des effets pleins.
29 septembre 2011, 06:21   ... et sans surprise.
Citation
Francis Marche
La peine de mort est une peine ordinaire, inférieure à la peine d'emprisonnement à perpétuité, non parce que celle-là ne serait pas terrible mais parce que celle-ci la contient: la peine d'emprisonnement à perpétuité réelle est inhumaine car elle se surajoute à la peine de mort.

Le film "Dans ses yeux" (de Juan Jose Campanella) raconte admirablement cela. On ressort de cette histoire en souhaitant la "peine d'emprisonnement à perpétuité réelle" (ici dans l'oubli et sans aucune communication avec autrui) aux pires criminelles. Mais l'ennui avec cette peine, c'est qu'elle a une action préventive moindre que la "peine de mort" - cette dernière, en marquant les esprits de façon exemplaire, dissuade un peu plus les passages à l'acte. Tout dépend finalement où l'on se place : du côté d'une victime, qui veut la justice, la première est préférée; du côté de la loi, qui veut le respect, la deuxième semble y satisfaire.
Ce que dit Chatterton à propos de Dante est amusant: il ne voit pas que ces différentes morts ne diffèrent que par l'apologétique qu'elles suscitent, bref, le discours de la civilisation, soit de la réabsoption des vies passées dans les vies présentes et à venir, qui constitue certes un noble entreprise mais qui échoue à gommer l'essentielle commonalité des cimetières et des tombeaux, fût-il le Taj Mahal.

Quelle apologétique ? Il s'agit d'épisodes, de conversations, criantes de vérité, d'une humanité qui défile post mortem !

Quelle « commonalité des cimetières » ? Quelle « fatale inertie des pierres » ? Cimetière, autrement dit dortoir, car ceux qui dorment là se réveilleront un jour. Si vous ne comprenez pas cela, vous ne comprenez rien à la civilisation occidentale.
Citation

Cimetière, autrement dit dortoir, car ceux qui dorment là se réveilleront un jour. Si vous ne comprenez pas cela, vous ne comprenez rien à la civilisation occidentale.

J'ai cru entendre, cher Chatterton, que vous croyez que ceux qui dorment là se réveilleront un jour. Je suis convaincu que vous auriez pu trouver une façon de le dire qui aurait laissé, avec élégance, la porte ouverte à ceux qui ne le comprennent pas aussi bien que vous.
Je ne parle pas de mes croyances personnelles — quel contresens ! — je parle de notre fonds culturel occidental.

Ah, je crois que j'ai compris la source de la confusion. Je faisais l'exégèse du mot cimetière. Cimetière, étymologiquement, cela veut dire dortoir.
29 septembre 2011, 20:18   Jouvenet, Louvre
En parlant de porte ouverte...


Francis, là où je ne vous suis plus dans votre raisonnement, c'est lorsque vous opposez, les mettant sur le même plan, l'inconnaissabilité supposée de la souffrance d'autrui qui est, et la connaissabilité de l'état d'autrui qui n'est plus (qui fait qu'il n'y a en fait rien à connaître, car il n'y a plus rien qui corresponde à "autrui", sinon par négation).
Vous comparez l'incomparable : une qualité d'être positive, pouvant se manifester dans la multiplicité de formes caractéristique de la profusion du vivant, et l'unicité de l'opération de négation portant sur le cadre général (la vie) dans lequel sont chacune des qualités que constituent le premier élément de votre comparaison.
Mais qu'à cela ne tienne, vous continuez allègrement de jongler avec un contenu particulier et l’impraticable seule négation du contenant du premier comme s'il s'agissait des mêmes balles...
Effectivement il y a dû avoir confusion de ma part. Que la nuit vous soit douce, cher Chatterton, et demain aussi beau qu'aujourd'hui.
Alain, d'abord, en Occident, la négation est une forme acceptable de la connaissance, comme vous le savez, ensuite, non, je ne joue pas: le cadre vivant de la pensée (celui dans lequel, comme vous dites, la pensée est enfermée) est si admirablement étanche à toute mort que la pensée subordonne, grâce à lui, ce cadre, les limites du vivant. La force ou la puissance, ou les ressources complexes du vivant donnent toute leur mesure lorsqu'elles osent et prouvent qu'elle peuvent envisager la fin, l'ultime borne, l'infrangible limite du cadre d'où elles se penchent sur la ténèbre qui ne leur doit rien.

La connaissance qu'ont les vivants de la fin de la vie est universellement partagée; cette fin ou limite est connue et le consensus qui règne entre eux sur le seuil au-delà duquel la souffrance cesse d'être subodorable ou objet de doute ne saurait faire le thème d'aucune discussion ni d'aucun doute; celui qui n'est plus, dans ce passage, a cédé la clé de la connaissance et de la mesure de sa souffrance: la souffrance dans ses bords ultimes a versé dans la négation de toute souffrance en invitant le trépas. La mort, état dans lequel la souffrance n'est plus, a éteint ou circonscrit le doute dont cette souffrance était l'objet. La mort, ainsi, instaure une certitude qui nie la souffrance et éteint tout doute vivant à l'endroit d'une souffrance, de ses modalités ou de son terme.

La vie contient la mort et la jonglerie que vous me reprochez est légitime: la peine de vie incarcérée, prononcée à perpétuité, contient la peine de mort et s'y surajoute. Cette mort si particulièrement programmée, celle de l'incarcéré à vie, se trouve ainsi être un contenu livré dans la peine de vie ordonnée par des hommes. Si les hommes peuvent cela -- infliger une peine qui inverse les termes de la proposition des hommes libres, soit une peine de vie qui contienne la mort au lieu de la vie commune qui contient sa peine de mort ordinaire et bénigne, alors la connaissance dans et par la mort, l'arrêté de connaissance, cesse d'être un vain concept. L'arrêt de mort est un arrêté de connaissance. Celui qui tue n'a rien, ou tout, à regretter. Sa connaissance des états de fait est supérieure. Le meurtrier arrête le jugement des vivants sur ses victimes, voilà ce qui rend sa position si enviable, si tentatrice. Il mime le divin. Et sans cette tentation, celle d'un verdict définitif sur la souffrance, il n'y aurait pas de meurtrier.
Je me souviens de cette phrase dans L’Arrêt de mort, livre qui d'ailleurs résista jadis inexpugnablement à mes tentatives d'élucidation : « Si vous ne me tuez pas, vous me tuez ! »
Débat pour ou contre la peine de mort :


Excellent débat et le partisan de l'abolition quoique sympathique reste trop superficiel dans ses arguments. Le partisan de la peine de mort a lui longuement réflechi sur le sujet et son argumentation est bien charpentée.

Résumé: la peine de mort contre la perpétuité !
Bien dommage qu'il n'y ait pas d'autres véritables débats à ce sujet, c'est-à-dire ne rassemblant pas uniquement des abolitionnistes forcenés... Les "30 ans" en eussent été l'occasion !
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