Entretien avec un garçon plein d'avenir, publié dans
Respect Mag (sic)
Comment est née votre envie de faire de la politique ?
J’avais l’impression qu’autour de moi, les gens n’étaient pas écoutés, pas à leur juste valeur en tout cas. Le jour de mes 18 ans, j’ai présenté ma candidature aux municipales de ma ville, à Bron (69). Il me semblait nécessaire de porter l’idée d’une cité qui respecte son identité populaire, ses jeunes, ses quartiers.
Les candidats à la présidentielle ne vous satisfont pas ?
Aucun ne m’enthousiasme. Ils n’ont pas compris qu’on a touché le fond : soit on investit sur la jeunesse, soit on est foutu. On se bat pour essayer d’avoir un boulot, d’être respecté et d’avoir un poids dans la société. Mais cette société nous intègre de plus en plus tard puisque le premier emploi durable est à 27, 28 ans.
Les jeunes au pouvoir alors ?
Certaines personnes de 50 ans ont les yeux fermés, ils ne voient plus les injustices. Ils sont moins utiles à la vie politique et à la société qu’un gamin de 14 ans, engagé sans relâche. C’est un truc de jeune la politique. Il faut avoir une vision qui va au-delà d’un mandat.
Pourquoi un candidat des jeunes ?
Je ne suis pas porte-parole mais un porte-voix puisque personne n’est là pour le faire. Il nous faut une politique publique de la jeunesse. Et ce que je propose, c’est un contrat social entre les jeunes et la République. Mon programme s’articule autour de cinq axes : favoriser l’accès à l’autonomie et à l’indépendance, renforcer le droit à l’orientation et à la formation, restaurer la solidarité générationnelle, soutenir l’accès au premier emploi durable et développer les possibilités d’innovation. C’est pas de la politique de bac à sable que je fais.
C’est quoi un « jeune » ?
Il y a deux jeunesses. La première est presque conservatrice. Elle veut avoir un logement, un emploi, un enfant, etc. Elle se conforme absolument à tout. La seconde est dans une volonté d’émancipation, de transformation de la société, d’engagement dans les associations. Il y a aussi un nouveau phénomène lié à la paupérisation. 25% des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté, c’est énorme dans un pays qui se dit riche. Une jeunesse longue durée s’installe. À côté de ça, on oublie trop souvent l’esprit de jeunesse. C’est pour ça que je dis « jeunes de tous les âges ». Comprendre qu’il y a davantage devant nous que derrière nous.
Peut-on s’adresser à tous les jeunes de la même manière ?
On ne peut s’adresser à la jeunesse qu’en s’adressant à la société puisque mes propositions concernent l’avenir de ce pays. Quelque soient nos conditions de vie, on est dans le même bateau. Il y a un manque de solidarité entre nous mais cela changera en portant un projet commun, collectif. Des jeunes de différentes classes sociales, territoires ou tendances politiques se reconnaissent dans mon discours. Je souhaite les réveiller avant tout.
Pourquoi cette rupture entre jeunes et politique ?
On est dans une société où, même avec un bac +5, on entre en CDD dans une entreprise. Nos aînés reconnaissaient la légitimité de l’Etat et des institutions, c’était une société très verticale. Nous, on n’en a rien à faire. Aucun jeune ne reconnaît le bien fondé des actions de l’Etat en leur faveur.
Cela explique le succès du Front National auprès des jeunes ?
Ils souffrent de ne pas être entendus et de ne pas avoir leur place dans la société. Ils votent extrême droite pour protester et montrer qu’il n’y a pas d’alternative. Celle à qui je prendrai le plus de voix, c’est Marine le Pen et je l’appelle à débattre, je veux la manger.
Vos propositions ne vont-elles pas faire du jeune un enfant roi ?
Je n’appelle pas à la dictature des jeunes, ça n’aurait aucun sens. Mais en nous faisant galérer à cet âge-là, on se prive de l’énergie motrice de la jeunesse pour notre pays. Le meilleur plan de relance, c’est la jeunesse. La voir non plus comme une menace mais comme une ressource.
Vous avez fait voter l’éligibilité à 18 ans aux élections législatives, présidentielles et européennes. Pensez-vous vraiment que des candidats de cet âge se présenteront ?
En ayant un candidat de 21 ans à la présidentielle, les aînés verront qu’on s’engage. Là, je paye les pots cassés. Il faut un peu de temps pour voir un jeune se faire élire. On ne sait pas de quoi ils sont capables donc les gens ont besoin de les voir à l’œuvre.
Votre proposition la plus importante ?
Celle du permis de conduire. Il faut passer le code au lycée à 16 ans, faire un service public national du permis de conduire où ce sera le même prix et la même qualité partout. Le financement proviendra des pétroliers, des sociétés de péage et d’autoroute, des assureurs et constructeurs automobiles à hauteur de leur part de marché.