Citation
Cassandre
"on" attendrait du "style" pour apprécier un écrivain, soit des effets de style se pointant comme tels, eux-mêmes. Une sorte de grosse Bertha stylistique, tout en métaphores, rythmes tertaires, oymores, que sais-je ? "
Bien entendu, quand l'effort se fait sentir, que les effets sont appuyés, les métaphore plaquées et que l'auteur donne l'impression qu'il s'écoute écrire comme d'autres s'écoutent parler, je suis d'accord avec vous, mais quand le style vient des profondeurs de l'homme, de son rythme, de son souffle intérieurs, que les métaphores coulent de source, semblent naître d'elles-mêmes, il me semble que rien n'est plus beau . Au reste l'écriture plate ne peut être appréciée comme effet de style que si l'on connaît le "grand" , celui dit "littéraire", de même que la transgression ne peut être appréciée comme telle que si l'on connaît la norme. De plus, le danger est la tentation, la facilité de glisser du style plat à la platitude sans style et d'en faire proliférer les "émules" . D'autre part, il me semble que lorsque cette platitude n'est pas au service d'une histoire suffisamment intéressante, elle décourage le lecteur "lambda"qui dès lors va chercher son plaisir dans des auteurs de troisième rayon dont l'écriture ne sera plus , précisément, qu'indigente . Je peux me tromper, mais il m'a semblé, que la baisse d'intérêt du public, en France, pour la lecture a coïncidé avec l'apparition du "nouveau roman" et de l'engouement qu'il a suscité dans ce qu'on appelait ,à l'époque, l' intelligentsia, et que ce public qui s'est détourné de ce genre littéraire, le roman, n'en a plus repris le chemin, sauf pour des écrivains, précisément, à la Gavalda. Il a été dit plus tard quand la mode du "nouveau roman" est un peu retombée que c'était un genre littéraire qui ne semblait écrit que pour intéresser les professeurs. N'y aurait-il pas un peu de vrai ?
Ne serait-ce pas juste pour beaucoup de choses ? N'est-ce pas vrai du vin ? Que se passe-t-il lorsque quelqu'un boit un excellent Bordeaux lorsque, toute sa vie, il n'a bu que du gros rouge qui tache ? Ou un enfant qui goût un chocolat riche en cacao qui n'a rien à voir des goûts régressifs auxquels il a été habitué ? Fera-t-il d'emblée une distinction en faveur de ce que d'aucuns considèrent comme ce qui est bon, voire meilleur ?
De même, une fois établie cette question des goûts, encore faut-il entretenir à ces denriers un rapport suffisamment critique et vigilant pour ne pas, soi-même, demeurer prisonnier de ses habitudes.
Je suis comme tout le monde, j'ai des goûts et des dégoûts. Cependant, je ne sais s'il est intéressant, sauf à être un esthète poussant à bout sa subjectivité toujours plus avant, de considérer des oeuvres à partir d'un jugement de goût ou d'humeur - même si tout le monde le fait et peut le faire.
En ce qui concerne la question de la réception du "Nouveau roman" par le grand public, je n'en sais rien. Il faudrait voir les chiffres de vente de ces romans, les articles qui leur furent consacrés dans la presse grand public,etc. De plus, acheter un livre ne veut pas dire le lire.
J'imagine, qu'en outre, toutes sortes de romans avec intrigue que vous jugeriez "intéressantes" étaient contemporains des robbe-grillades.
En outre, si le public voulait lire autre chose que des livres de Gavalda, tout en évitant les livres expérimentaux, il pourrait lire Balzac, Stendhal, Dickens, Defoe,etc. Comme dirait Jean-Marc, on comprend tout (ou on a le sentiment ) du premier coup, il y plein de personnages et une intrigue.
Pour ma part, je dois confesser que j'en suis à la 57e lecture de "Oui Oui à la montagne" et que je n'en ai toujours pas épuisé le sens !