Je ne sais si Brassens a lu Wittgenstein, après tout pourquoi pas ? mais l'un des thèmes les plus fascinants chez ce dernier est qu'il ne peut y avoir de règles, donc de possibilité de distinguer l'usage correct de l'incorrect, donc de langage, donc de vérité, donc de sens,
que collectifs ; cela va jusqu'à dire qu'il serait impossible de connaître ses propres sensations, de les manifester de quelque façon consciente en une expression qui les identifie et les rend connaissables à nous-mêmes, sans le truchement d'un mode de désignation agréé publiquement, au sein d'une communauté de locuteurs.
Autrement dit, c'est l'apprentissage de la norme, qui est toujours un apprentissage des règles en usage dans une communauté, qui m'éclaire sur ce que je puis ressentir, en le pouvant désigner de façon adéquate : c'est toute notre vie supposément intérieure qui est redevable au
le dit.
De cela il ressort que le peu de sens dont nous sommes capables, qui est un entre-deux, a son origine et sa garantie
à l'extérieur ; plus on s'approche de soi, plus on côtoie le mythe (de l'intériorité), le leurre (il ne s'agit toutefois pas d'une allégorie de la caverne revisitée), enfin le gouffre du parfait inintelligible, du non sens, de la nuit.