Le site du parti de l'In-nocence

Décivilisation & Collège des Bernardins (extrait du “journal”)

Envoyé par Renaud Camus 
Jeudi 3 novembre, onze heures moins le quart, le matin. La semaine dernière j'ai reçu par courrier électronique, en Italie, une invitation du collège des Bernardins, à Paris, à participer à une disputatio avec Thérèse Delpech, sur le thème : “C'était mieux avant ? La nostalgie, moteur de l'avenir”. On me demandait de bien vouloir donner une réponse rapide. J'ai trouvé le message un soir, j'y ai répondu le matin suivant, en signifiant mon acceptation. J'ai commandé des livres de Thérèse Delpech et augmenté d'une semaine, en l'avançant, ma réservation à l'hôtel Bourgogne & Montana. Cela n'a pas été chose facile parce que ma correspondante à l'hôtel, Mme dos Santos, qu'à présent je connais bien, avait aux dates que je voulais retenir un congrès sur les bras et qu'elle a dû, comme elle dit, “changer complètement son planning” afin de m'assurer, je suppose, non seulement une chambre mais la chambre que j'aime, la fameuse 67. Cependant elle l'a fait.

À peine rentré ici j'ai trouvé un nouveau message du responsable des débats des Bernardins, M. Bertrand Dumoulin, m'annonçant que finalement nous ne serions pas deux à nous entretenir en public, mais trois, et quatre lui compris, je suppose, car serait aussi présent Nathanaël Dupré La Tour. Cela change complètement la nature de l'invitation, à mon avis, la disputatio tourne à la “table ronde”, que je déteste, chacun devant se battre pour placer deux ou trois phrases et personne ne parvenant à exprimer une pensée un peu conséquente. Je n'aurais jamais accepté dans ces conditions l'offre qui m'était faite. Mais enfin passe encore, je suppose que l'interlocuteur originel de Mme Delpech s'était dérobé, que les organisateurs se sont rabattus en catastrophe sur plusieurs autres personnes, et qu'ils se retrouvent à présent avec plus d'interlocuteurs qu'il ne leur en faut.

M. Dumoulin m'annonçait aussi que son équipe allait me contacter très prochainement pour les “modalités pratiques” — aucune nouvelle jusqu'à présent. Mais le point le plus sensible est que sur le site Internet du Collège des Bernardins ce débat de mardi prochain est bien annoncé, avec pour seuls participants Thérèse Delpech et Nathanaël Dupré La Tour. Il me semble qu'on peut difficilement être plus mufle. Si le thème de l'échange prévu est la décivilisation, la voilà admirablement mise en acte. D'ailleurs les messages du Collège, comme jadis les lettres aux domestiques ou à son fermier, se terminent tous par cordialement, c'est un signe qui ne trompe pas.

J'aurais déjà décommandé ma participation n'était ma réservation d'hôtel, que je ne puis annuler étant donné le mal que s'est donné Mme dos Santos pour l'assurer. J'attends qu'il soit midi pour vérifier que la prise de contact annoncée comme “très prochaine” n'intervient pas, et surtout que je n'apparais toujours pas parmi les participants annoncés sur le site des Bernardins. J'annoncerai alors mon retrait, qui d'ailleurs arrangera beaucoup M. Dumoulin, sans doute. Accessoirement cette bagatelle va me coûter environ deux mille euros (une semaine d'hôtel, de parc de stationnement et de restaurants parisiens), sans doute davantage, strictement pour rien.
La faute à Dumoulin

Midi a passé, hélas,
Et sur le site n'apparaît pas Camus,
Midi a sonné, de guerre lasse,
Aux Bernardins nous n'irons plus.
Tous les ponts sont coupés,
Nous n'irons plus aux Bernardins,
Encore un débat avorté,
Deux mille euros pour rien,
Tout ça, tout ça, ma chère,
Rien que paroles en l'air,
Qui prouvent qu'il avait raison,
dans la Décivilisation.
Nous sommes les moines de Saint-Bernardin, (bis)
Nous nous couchons tard et nous levons matin, (bis)
Pour aller à matines vider quelques flacons,
Voilà qui est bon, est bon, est bon.

Refrain :
Et voilà la vie, la vie, la vie, la vie chérie. Ah ! Ah !
Et voilà la vie que tous les moines font.
Et voilà la vie, la vie, la vie, la vie chérie. Ah ! Ah !
Et voilà la vie que tous les moines font.
Ah parce que ça vous fait rire, en plus ?
Ah ! mais pas du tout, c'était une sorte d'indignation ironique.
Quelle simplicité et quelle élégance dans cet extrait ! Je suis sous le charme, merci.
Oui, cher Éric Veron, j'eus - et je dois l'avouer maintenant - exactement votre réfléxion après avoir lu "Parti pris - Journal 2010".

Post scriptum : Prions pour que la mémoire revienne aux Bernardins...
03 novembre 2011, 17:29   Le cul aux bernardins
Oui, la décivilisation fait rage sur le site des bernardins.
Dans la rubrique, "rencontres et débats", regardez le titre de la conférence, prévue le 01/02/12, de ce pauvre Taguieff :
[www.collegedesbernardins.fr]
Renaud Camus peut s'estimer heureux.
Utilisateur anonyme
03 novembre 2011, 17:37   Re : Le cul aux bernardins
Vous avez raison, c'est le pied !
03 novembre 2011, 22:25   Re : Le cul aux bernardins
Ah, très drôle, ce petit titre involontairement (?) coupé !
Sinon, dans un autre registre, vous avez ça, aussi, mais là j'ai l'impression que ça n'est pas une erreur.
[www.collegedesbernardins.fr]


(By the way, lire un extrait du journal le jour même de sa production est un délicieux et déroutant privilège)
(ah bon ben alors en voilà un autre, té...)

« N'est-ce pas un signe extraordinaire, aussi, que Jean Birnbaum, le petit journaliste qui m'avait attiré dans un piège, l'année dernière, et m'appelait “candidat de l'Occident”, avec tout ce que ça implique, pour la seule raison qu'il avait écrit un livre sur Les Maoccidents (quel titre idiot, entre nous…), que ce garçon de trente-cinq ans, sans œuvre, sans prestige journalistique, dirige les pages littéraires du Monde ? Faut-il qu'il n'y ait vraiment personne d'autre ! Faut-il que plus personne, ni même Le Monde, n'attache à ces pages la moindre importance ! Faut-il que la littérature ait peu de place parmi les livres pour que la place échoie à un petit commissaire idéologique, comme au Kremlin on offre tout naturellement la direction des affaires politiques et de l'État à ceux qui ont fait leurs classes au sein du KGB ! Et certes on n'arrive pas à si enviable poste sans multiplier les preuves et les marques enthousiastes d'allégeance, celles qui font les carrières, à la dictature antiraciste. Aujourd'hui il s'agit par exemple de laver de tout soupçon de complaisance nationale ou de non-haine de la France le prix Goncourt proclamé à midi, Alexis Jenni, auteur de L'Art français de la guerre — le jeune Birnbaum s'emploie énergiquement à la tâche :

« “A tous les petits-enfants, aux femmes et aux hommes qui sont nés un peu tard, le livre d'Alexis Jenni permet donc de nommer ce trouble commun : la présence insistante, revenante, de la “pourriture coloniale”. Sans prendre de gants, il nous y plonge jusqu'au cou. On dira sans doute que ce texte nous coûte à lire. C'est le signe qu'il mérite son prix.”

« En effet : s'il dénonce la pourriture coloniale de la France, on pouvait difficilement lui refuser le Goncourt : il n'y a pas de tâche plus urgente, ni plus courageuse, ni plus neuve...

« Si malgré cela Jenni risquait de paraître un peu suspect, c'est, ainsi que l'explique Raphaëlle Leyris dans Le Monde tout court, qu'il aurait pu être “contaminé par son éditeur chez Gallimard, Richard Millet, peu connu pour son ouverture à la différence culturelle et religieuse, et duquel il se distancie respectueusement.” Ouffa, quoique respectueusement soit sans doute de trop, une imprudence. Le roman de Millet, La Fiancée libanaise, que je suis en train de lire, fait l'objet, lui, quelques pages plus loin, et de nouveau dans les pages littéraires, d'une très brève recension critique, un entrefilet au ton poli, mais qui, in coda venenum, se termine ainsi :

« “Référence étrange à un livre biblique célébrant l'amour accompli, chair et âme mêlées, cette évocation donne le ton d'un roman où Richard Millet se donne et se reprend sans cesse. Il se conduit avec son lecteur comme son narrateur avec la jeune femme, créant une intimité parfois bouleversante, puis le repoussant, lui préférant son splendide isolement, la contemplation narcissique du désastre de sa vie.”

« Désastre de sa vie, on peut relire, c'est bien de Millet qu'il s'agit. Et pourquoi la vie de Richard Millet est-elle un désastre ? Parce qu'il n'adhère pas à la dictature idéologique et culturelle, parce qu'il refuse de voir blanc quand on lui montre noir, parce qu'il a le front de faire sécession du fauxel, le règne du faux. Position douloureuse en soi, d'autant que c'est la douleur qui la suscite : mais si elle ne l'était pas on se chargerait en haut lieu, et dans les officines du Monde, d'assurer qu'elle le devienne, la menace est clairement impliquée. Moi-même je ne me sens pas très bien, ce soir.

« À midi j'ai fait savoir aux Bernardins, qui n'avaient toujours pas annoncé ma participation à leur débat, que dans ces conditions je préférais m'en retirer. Ils m'ont deux fois relancé depuis, assez mollement, avec des explications en argument du chaudron qui aggravent plutôt leur cas. Ainsi ils n'avaient pas eu le temps, malgré mon acceptation rapide de leur proposition, d'inscrire mon nom sur leur programme. Mais je ne devais pas croire au moindre piège, ni qu'ils aient voulu me cacher quoi que ce soit : Nathaniel Dupré La Tour (qui, lui, figure sur le programme) n'avait été invité qu'après moi…

« Ah oui : et si l'on n'avait pas pu m'inscrire c'est qu'on ne savait pas en quelle qualité le faire — est-ce qu'écrivain ça allait ? (Déjà il y a un an ou deux Daniel Picouly trouvait qu'écrivain c'était parfait pour Azouz Beggag, il n'y avait pas de doute là-dessus, mais moi, comment souhaitais-je être présenté ?) »
Merci, cher Maître, pour ces extraits.

Et certes on n'arrive pas à si enviable poste sans multiplier les preuves et les marques enthousiastes d'allégeance, celles qui font les carrières, à la dictature antiraciste.

Justement ce matin j'entendais Jean-Marie Gustave Le Clézio présenter sur France Inter son exposition sur les "cultures du monde" au Louvre : c'était un vrai petit perroquet, récitant calmement la bonne doctrine du métissage des cultures, de l'horreur qu'il y aurait à en placer une au-dessus des autres, etc. Je ne doute pas de sa sincérité, mais je n'ai pu l'imaginer en train de faire des exercices devant la glace le matin à la recherche d'un ton et d'une figure crédibles. Et s'il avait toujours dit l'inverse, lui aussi, serait-il là où il est ?
Citation
Et s'il avait toujours dit l'inverse, lui aussi, serait-il là où il est ?

Bien sûr que non car poser la question c'est y répondre cher Stéphane. On est étonné que même des hommes qui n'ont en fait plus rien à perdre comme Michel Serres s'applatissent devant la doxa dominante. Le besoin de reconnaissance sociale est insatiable.
Utilisateur anonyme
04 novembre 2011, 09:38   Re : Décivilisation & Collège des Bernardins (extrait du “journal”)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Ah cher président, on ne n'en lasse pas ! encore, encore !

Bien sûr comme sans doute la plupart des In-nocents, j'ai tout de suite subodoré que cet auteur fonçait tête baissé dans le politiquement correct et et qu'il lui devait sans doute son prix. On me répondra qu'importe si le livre est bon et, comme on nous l'assure, le style superbe. Certes, certes. mais avec les même qualités eût-il obtenu le Goncourt s'il avait fait, ne fût-ce qu'en partie, l'éloge de la colonisation ?

J'ai lu un entretien de cet écrivain où il confie naïvement ne s'être pas cassé la tête pour s'informer sur une époque qu'il n'avait pas du tout connue. Il s'est contenté des informations les plus facilement accessibles. On imagine la couleur et le contenu de ces informations-là. Qu'un auteur ait l'ambition d'écrire un livre sur cette période et se contente d'informations rebattues sans aller, précisément, chercher plus loin, est déjà assez bizarre ; qu'il puisse y avoir d'autres sons de cloche et que c'est cela qui, justement, serait intéressant et, sans doute, romanesquement payant, ne semble pas, de surcroît, l'effleurer. Même Albert Camus dont il parle dans cet interview, ne l'ébranle pas. Il semble l'avoir bien mal lu ou bien mal compris puisqu'il dit trouver étrange son silence sur ces évènements !!! Là encore il se contente de se référer à un des clichés les plus rebattus et totalement faux sur l'auteur de l'Etranger. Comment peut-on écrire un livre crédible sur l'Algérie française sans lire et méditer quelqu'un d'aussi emblèmatique qu'Albert Camus !

Texte corrigé pour faute de syntaxe.
Chère Cassandre,

En fait de style, on peut y lire des formules comme ce problème ressort de la microéconomie.
Ressortir de... vieille connaissance.
04 novembre 2011, 10:29   L'art français du pensum
Permettez-moi de vous mettre en garde et de vous conseiller de ne pas lire ce roman pieds nus. Quand il tombe des mains, il peut faire mal.
04 novembre 2011, 10:34   Re : L'art français du pensum
Cher Orimont, vous l'avez déjà lu ?
Révélateur : le comportement béat et autosatisfait de Jenni en apprenant qu'il était lauréat du Goncourt. Il eût gagné au loto que ses déclarations n'auraient pas été très différentes. Niaiseux.
Lu, c'est beaucoup dire puisqu'il m'est, précisément, tombé des mains, environ la page 50 et que je ne saurais en faire une analyse argumentée (je me doute d'ailleurs que ce livre, comme naguère Les bienveillantes ou certains romans d'umberto Eco appartient à la catégorie des best-sellers d'apparat que peu de gens lisent jusqu'au bout mais tiennent à laisser traîner un certain temps dans le décor.) Une circonstance particulière fait que j'ai l'occasion de pouvoir consulter tout à loisir, c'est-à-dire à domicile, une bonne partie des nouvelles publications, expérience assez renversante d'ailleurs pour quelqu'un dont les habitudes de lecture l'amènent à considérer les auteurs des années cinquante comme récents. C'est une chose d'avoir une conscience somme toute abstraite de la pléthore des publications en circulant dans les allées des librairies et une autre de manipuler concrètement les volumes, d'admirer les couvertures, de lire les "quatrièmes" puis quelques pages d'ouvrages qu'autrement on n'aurait pas seulement ouvert. On ne peut s'empêcher de songer au titre d'un essai de Millet : L'enfer du roman, puisque c'est ce genre qui est le plus représenté. Quant au lauréat de ce prix Goncourt, il me semble peu probable qu'il écrive autre chose que ce roman.
D'accord, d'accord, chère Ostinato, mais il faudrait faire preuve d'une grande force d'âme, et, pour le coup, d'un soupçon de sainteté, pour bouder une telle reconnaissance et l'accueillir froidement, surtout quand elle a ce caractère aussi inespéré. Même le plus grand écrivain, croûlant sous les honneurs, a cet air un peu bête.
Je suis, de loin, les circonvolutions du petit journaliste depuis quelques années. Je dois dire que Renaud Camus a raison de parler d'allégeance quand il s'agit d'expliquer l'irrésistible ascension de ce Rastignac des rédactions parsiennes.
Il y a encore deux ou trois ans, il défendait tout de même, dans ses articles, une ligne relativement critique (quoique restant dans des clous très très raisonnables) à l'égard des postcoloniaux de toutes sortes communiant dans le culte de la religion-d'amour et des hordes banlieusardes. Mais les temps ont visiblement changé. Depuis qu'il a pris le pouvoir, Le Monde des livres s'est transformé en une sorte de torchon postcolonial centré sur la célébration permanente des héros de la décolonisation (dernier en date Fanon) et la dénonciation obsessionnelle de l'islamophobie.
En matière de torchon postcolonial, je ne résiste pas à l'envie de vous communiquer la présentation du dernier numéro de Mouvements (revue créée par le regretté Jean Maitron (célébré dans ce forum par JGL)) consacré à la France postcoloniale et dirigée par l'atroce Benbassa. Voici ce qu'on y lit :
"Ce numéro initialement prévu en mai 2011 par la revue Hommes & Migrations paraît dans son intégralité dans ce numéro hors série de la revue Mouvements, suite à la censure du directeur de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, demandant la suppression d’un article revenant sur dix ans de politiques migratoires et de discours publics, depuis l’accession de Nicolas Sarkozy au poste de ministre de l’intérieur en 2002 jusqu’au récent discours de Grenoble en juillet 2010.
Le postcolonial en France ramène d’emblée au politique plus qu’à l’histoire dans la mesure où il interroge avec force l’identité nationale et le nationalisme. La France n’a jamais cessé d’être nationaliste, d’un nationalisme lié directement à l’essence même du jacobinisme qui, s’il se présente sous le label d’un universalisme, entend d’abord assurer la domination d’une couleur, d’une religion et d’un genre. Un « universalisme » donc blanc, masculin et catholique. Comment définir le postcolonial sans tomber dans une pensée binaire distinguant trop schématiquement d’un côté la colonisation et de l’autre l’après-colonisation ?
Ce dossier essaye de mettre en récit, à partir des traces coloniales qui habitent la nation, une histoire pas seulement de guerres ou de ruptures, mais aussi de rencontres, une histoire de la pluralité, et non une histoire qui cherche dans les identités nationales exclusivistes sa matière, une histoire de mémoires enchevêtrées, de conflits relus au-delà de ces nationalismes soucieux surtout de s’approprier quelques belles pages de gloire."


On peut penser ce que l'on veut du jacobinisme. Mais faire des jacobins les précurseurs de Maurras et de l'Action française, cela, de mémoire d'historiens, ne s'était encore jamais vu.
Je sentais bien que ce Goncourt serait une fête pour l'esprit...
Le Monde des Livres veut faire l’opinion. « Jamais, nous ne mettons en opposition deux opinions sur un livre, nous tranchons et nous ne nous retranchons pas. », nous expliquait-il [Jean Birnbaum] encore en 2010, au lendemain de quelques polémiques épicées.

[www.lesinfluences.fr]
Depuis la disparition d'Hercule Poirot-Delpech je ne lis plus le Monde des livres.
Jean Birnbaum a une oeuvre, cher maître, voyons ! Il a écrit des articles, en grand nombre, dans le Monde des livres. Cela vaut mieux que tout roman ou tout essai. C'est un critique, voyons. C'est même un grand critique puisqu'on lui confie la direction du supplément littéraire. Le supplément a donc été confié à un grand critique, donc à un grand homme. Je me demande ce qu'il vous faut. Le nouveau Monde est modeste dans ses prétentions : un grand critique lui suffit.
Oui, et puis Jean Birnbaum il marche dans la nuit en écoutant Booba, tu 'ois...

[www.lemonde.fr]



(Comment ? Il y en a qui ne savent pas qui est Booba ? Bon, une petite aide)



» Le besoin de reconnaissance sociale est insatiable.

» Et le besoin de soumission.

Vous leur prêtez ainsi également une faculté de dissimulation et, par voie de conséquence, une distance critique possible vis-à-vis de ce qu'ils chaperonnent qui est tout même une sorte d'honneur qui leur est fait, après l'indignité ; il m'a toujours semblé qu'en plus de les partager, c'étaient également leurs opinions propres...
Ce serait plutôt une sorte de gangue idéologique paradigmatique à laquelle les tenants principaux n'échappent pas eux-mêmes, qu'une allégeance motivée par quelque intérêt où je ne sais quoi, décidée à partir d'une position initiale de réel libre choix, non ?
04 novembre 2011, 22:31   Réminiscences
« Je fuck la vie, je vis la nuit » (Booba, paraît-il)

Eh bien ça ! Quelque In-nocent se souvient-il de ce qu'avait dit Van Damme, expliquant sa conception de l'art ? Qu'"il faut fucker avec la matière".
« Justement ce matin j'entendais Jean-Marie Gustave Le Clézio présenter sur France Inter son exposition sur les "cultures du monde" au Louvre : c'était un vrai petit perroquet, récitant calmement la bonne doctrine du métissage des cultures, de l'horreur qu'il y aurait à en placer une au-dessus des autres, etc. », Stéphane Bily.

Un journal de référence pourrait un jour s'apercevoir que le musée du Louvre administre, en plein Paris, à des millions de visiteurs, la preuve de l'inégalité des cultures. Par conviction, peut-être, et par calcul, afin de prévenir les suspicions de complicité qui ne manqueraient pas d'être dirigées contre le musée à la suite de cette possible découverte, dans sa grande prévoyance, la direction du Louvre a donc dépêché le fonctionnaire Le Clézio pour apaiser la conscience des honnêtes gens que la vue de tant de chefs-d'œuvres aurait pu troubler. Un portrait gigantesque de l'éminent prix Nobel domine désormais le hall principal.

Sa présence en ce lieu rassurante, n'est pas sans rappeler, les traces (il dirait les « clins d'oeil ») qu'homo festivus, à l'aide des services techniques de la mairie, disperse un peu partout dans la Ville, là où elle se fait monumentale, sous les espèces d'oignons et autres bêtises enveloppés de papiers bonbons rutilants.
07 novembre 2011, 13:22   Misère humaine
Pierre Henri, pour vous, ce grand moment de solitude :


... et toujours, jamais, aucun représentant de l'élément exogène du métissage, pourtant établi à demeure dans le pays qui lui promet, par la voie de ses chantres dont Le Clézio, une population indigène prête à fondre d'amour pour lui dans l'entreprise mettissante, pour montrer ne serait-ce que le bout de son nez au Louvre afin de prendre connaissance (ne disons surtout pas "admirer") des oeuvres d'art de cette population si passionnément invitante, si démesurément acquise à ses vertus exotiques...
Merci Stéphane Bily.

Notez, chez « l'artiste contemporain », le mélange de suffisance éhontée et de timidité gauche. Un barbare sans complexe aurait arraché une toile pour mettre à la place son barbouillage. Modeste mais collant, l'artiste content pour rien cherche entre les chefs-d'œuvre la petite place où loger sa croûte et son post-it.

L'art contemporain est vraiment un art de l'éphémère. A peine fixé, la gravité a raison du « clin d'oeil ». Seuls restent la vidéo de la performance et le post-it. De leur côté, les agents municipaux débarrasseront, bientôt, les trottoirs et les monuments des machins rutilants qu'ils venaient d'installer.
Utilisateur anonyme
08 novembre 2011, 19:52   Re : Décivilisation & Collège des Bernardins (extrait du “journal”)
« L'an dernier, à la fin d'une lumineuse journée de mai, comme je me promenais avec Auguste Rodin sous les arbres qui ombragent sa charmante colline, je lui confiais mon désir d'écrire sous sa dictée ses propos sur l'Art. Il sourit.

— Quel original vous faites ! me dit-il. Vous vous intéressez donc encore à l'art. C'est une préoccupation qui n'est guère de notre temps. [...] Notre époque est celle des ingénieurs et des usiniers, mais non point celle des artistes. [...] Mais l'esprit, mais la pensée, mais le rêve, il n'en est plus question. L'art est mort. »

Rodin, L'Art, Entretiens réunis par Paul Gsell, 1911

(C'est moi qui souligne.)
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