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Surpopulation et pessimisme

Envoyé par Thierry Noroit 
15 novembre 2011, 11:33   Surpopulation et pessimisme
Qui voudrait s'amuser à deviner le nom de l'auteur des lignes ci-dessous ?

Il fait froid ce matin et le ciel joue à la devinette : pluie ou soleil ? À ce propos, c'est moins le réchauffement de la planète qui m'inquiète pour nos descendants que le surpeuplement. L'imaginaire est à cet égard, en particulier dans les productions dites “grand public”, révélateur d'une inquiétude indéfinie. Et ces turlupinades qui me viennent ? Serait-ce le pathos d'un vieux pessimiste qui, à l'instar de tant d'autres, est enclin à penser que le monde s'en va parce que lui-même s'en va ? À qui le veut, je le laisse à penser. Le pessimisme me fut toujours source de joyeuses revanches et me rappelle le mot de Cioran qui aurait dit que l'optimiste est un pessimiste qui s'ignore. Pour ma part, je tiens que tout vrai plaisir est aussi une revanche contre les vacheries de l'existence
15 novembre 2011, 12:48   Re : Surpopulation et pessimisme
De Hubert Nyssen - fondateur des éditions Actes Sud - qui nous a quitté dans la nuit du 11 au 12 novembre dernier.
Bravo, Pyrrhon.
15 novembre 2011, 23:17   Re : Surpopulation et pessimisme
Pschuuuiii, suffit de googler... on trouve tout, vous dis-je, je suis même sûr qu'on pourra télécharger le Concerto pour aucune main du Jarulevsky, là...
16 novembre 2011, 14:54   Re : Surpopulation et pessimisme
Google serait-il un sortilège ?...

Voici un nouvel extrait, dont on s'amuse toujours à deviner le nom de l'auteur :

Je ne sais qu'une chose, c'est que le monde ne subsistera tel quel, nos moyens nous imposent une révision auprès de quoi les subversions au passé ne forment qu'un prélude et plus nous tardons à vouloir l'inévitable, plus le prix à payer nous ruinera sans conteste, le refus de souscrire au changement et le recul sur les valeurs que l'on devine mortes et que l'on professera néanmoins, nous déshonore aux yeux de l'avenir. Pendant que nous délibérons et marchandons, le nombre des humains augmente et les arrangements naguère recevables se feront illusoires, à chaques tour de roue la masse des problèmes s'enfle, la part de la fatalité grandit et le désordre acquiert une dimension nouvelle, on remet les solutions de huitaine en huitaine, le provisoire et l'évidence se confondent, la guerre est au bout du chemin, elle s'inscrit dans toutes nos démarches et tous nos actes la respirent, nos maîtres savent qu'ils ne l'éluderont pas, elle les épouvante moins que la révision de ces valeurs auxquelles ils sont les premiers à ne plus croire, ils cherchent à l'humaniser, la guerre, ils rêvent en un mot de la sauver. Notre morale est une machine à peupler le monde, nos moeurs appellent le pullulement illimité, sans guerre et sans épidémie, il ne nous resterait plus que la faim et si, par miracle, elle était vaincue, un monde empli de cent milliards d'hommes éprouverait le besoin d'en tuer une dizaine à chaque génération pour n'étouffer vivant en ce chaos de membres.
Utilisateur anonyme
16 novembre 2011, 15:01   Re : Surpopulation et pessimisme
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Zut ! Moi qui comptais faire fortune dans le quizz !
J'ignore si l'extrait que vous nous livrez là est exactement ce qu'a écrit ledit Caraco, cher Pyrrhon, mais si c'est le cas, je trouve sa prose bien vilaine.
Utilisateur anonyme
16 novembre 2011, 17:33   Re : Surpopulation et pessimisme
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Mais c'est cette rugosité même, Francmoineau, qui fait son charme et retient le lecteur. J'ai parcouru à pied aujourd'hui une petite ville merveilleuse d'Amérique centrale qui l'est aussi, merveilleuse, parce que ses chaussés sont toutes, absolument toutes, comment dire, non pavées, d'une caillasse granitique, ancestrale et polie, qui oblige à la lenteur, à l'attention et finalement au respect des lieux. Impossible d'y trotter, d'y faire filer les pneumatiques des autos, d'ignorer où l'on se trouve et d'y rester soi-même. Ce léger inconfort, ce côté vilain et modérément accueillant, filtre l'attention pour la chose singulière. Il en va de la prose comme de certaines chaussées (c'est Michaux, il me semble, qui aimait comparer les paragraphes d'un texte à des îlots d'habitations de toute ville qui serait un livre).

(C'est Caraco qui écrivait : le prix du confort intellectuel est le plus élevé qui soit).
Francis,

Je vous conseille, plus au sud il est vrai Ouro Preto, où il est impossible de courir.
Oh, mais ça n'est pas tant le côté "inhospitalier" de cette écriture qui me gêne, cher Francis, que la pauvreté dans l'utilisation exclusivement parataxique de la virgule dont ces lignes font preuve, par exemple. Et puis, la caillasse anguleuse a son charme, bien sûr, mais encore faut-il qu'elle soit disposée avec goût — et pourtant finit-on toujours par s'y tordre une cheville. Cela dit, je ne préjuge pas du reste de ce qu'a pu écrire ce monsieur, même si je n'ai certes pas envie d'y aller voir plus avant (merci, Didier, pour le lien, mais je n'ai pas eu le nerf d'aller très loin).
J'y cours.
16 novembre 2011, 22:30   Re : Surpopulation et pessimisme
A peine le temps de faire un petit détour par quelque chemin non pavé, et je ne sais plus à qui répondre...
16 novembre 2011, 22:30   Re : Surpopulation et pessimisme
Cher Didier Bourjon, vous vous êtes peut-être trop avancé car votre réponse comporte une petite erreur : votre lien renvoie vers la page 292 - curieusement isolée - d'un livre qui en comporte seulement 157 ! Savez-vous pourquoi ?
16 novembre 2011, 22:31   Re : Surpopulation et pessimisme
Cher Francis Marche, je ne saurais mieux décrire les sensations que vous évoquez. Elles sont, en me permettant de me les approprier, celles que je ressens à la lecture de cet auteur. Je vous remercie pour cette douce métaphore.
16 novembre 2011, 22:31   Re : Surpopulation et pessimisme
Cher Francmoineau, votre remarque étant récurrente dans mon entourage, elle ne me surprend pas. Toutefois, je ne peux pas résister à l'envie de vous livrer encore un extrait de Caraco, dont on s'amuse maintenant à deviner le titre :

Nous sommes déjà trop nombreux pour vivre, pour vivre non pas en insectes, mais en hommes ; nous multiplions les déserts à force d'épuiser le sol, nos fleuves ne sont plus que des sentines et l'océan entre à son tour en agonie, mais la foi, la morale, l'ordre et l'intérêt matériel s'unissent pour nous condamner à la peuplade : il faut aux religions des fidèles, aux nations des défenseurs, aux industriels des consommateurs, c'est dire qu'il faut des enfants à tout le monde, n'importe ce qu'ils deviendront, adultes.

(Réponse : [books.google.ru])
17 novembre 2011, 09:18   Re : Surpopulation et pessimisme
Citation
Pyrrhon
Cher Didier Bourjon, vous vous êtes peut-être trop avancé car votre réponse comporte une petite erreur : votre lien renvoie vers la page 292 - curieusement isolée - d'un livre qui en comporte seulement 157 ! Savez-vous pourquoi ?

Pour ne pas vous faire perdre votre temps, je vous donne la réponse :

Ce passage n'a pas été écrit dans Le Semainier de l'an 1969 - comportant bien 157 pages -, mais dans Le Semainier de l'agonie (précisément du lundi 2 au dimanche 8 septembre 1963), preuve que Google et Books ne sont pas infaillibles (rien ne remplace un livre...). Reste à savoir pourquoi cette page 292 se retrouve là curieusement isolée ?

(Je n'ai pas la réponse à cette dernière question.)
Sans googleuse recherche préalable, on verra bien.

De qui sont ces vers :

"Vivre ! Nous voulons vivre ! O passion vivace !
O visages d'espoir des précaires Demains !
De nos grands désirs fous, dévorateurs d'espace,
Eperdûment, vers l'avenir, vibre l'essaim."
21 novembre 2011, 22:12   Re : Surpopulation et pessimisme
Mallarmé ?...

Je n'ai pas googlé et ne me souviens pas précisément de ces vers-là...

Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
Ce n'est pas Mallarmé, c'est compréhensible...

Je pencherais pour Ségolène Royal, femme poète picto-charentaise, à cause de "dévorateurs" et de l'emploi des mots "avenir" et désir.
21 novembre 2011, 22:36   Re : Surpopulation et pessimisme
C'est le mot essaim qui m'intrigue, musicalement parlant.
"Vibre l'essaim"

Pierre Louÿs ?
21 novembre 2011, 23:53   Re : Surpopulation et pessimisme
"Essaim" et "vivace" — "coule l'éternel essaim", "le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui" — sont également ce qui m'a tout de suite fait penser à Mallarmé... qui a écrit, jean-Marc, des choses fort "compréhensibles"...
22 novembre 2011, 12:12   Mission accomplie
Google muet ?

Indice, les dates : 1877-1959 (l'ambition de vivre a été assez bien tenue.)
22 novembre 2011, 12:28   Re : Mission accomplie
Jean Royère ? Vincent Muselli ?
22 novembre 2011, 13:09   Re : Mission accomplie
Cécile Périn ?
22 novembre 2011, 13:17   Re : Mission accomplie
Le pompon Périn à Pyrrhon !

Titre du recueil : Vivre ! (fin ou début de siècle)

(Reste à savoir : avec ou sans Google ?)
22 novembre 2011, 13:19   Re : Mission accomplie
(Avec ces dates, google ne donne qu'un poète, Périn. Et un compositeur belge, Armand Marsick.)
22 novembre 2011, 13:32   Re : Mission accomplie
(Je viens de me rendre compte que google.ru - dont je me sers - ne donne pas les réponses de google.fr ! Ceci dit...)
22 novembre 2011, 13:39   Re : Mission accomplie
(...Ceci dit vous méritez bien le pompon !)
22 novembre 2011, 14:19   Re : Mission accomplie
(...et Google la pomponette.)
22 novembre 2011, 14:24   Re : Mission accomplie
Grrrrr.... encore raté !
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