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Requête

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
20 novembre 2011, 15:02   Requête
Je sollicite les lumières des intervenants de ce forum car j’ai un doute à la lecture de la phrase suivante :


"En pleurant, nous n’avons pas commis de faute grave".

Syntaxiquement, la phrase parait correcte .
Pourtant, elle semble bancale, ou incomplète peut-être.
Pouvez-vous m’éclairer ?

Il s’agit du début d’un extrait de Saint Ambroise de Milan qui pleure la mort de son frère.
20 novembre 2011, 15:41   Re : Requête
C'est correct si l'on considère que le frère ne doit pas être pleuré pour quelque raison non évoquée dans cet extrait. Je ne vois pas de problème de syntaxe.
20 novembre 2011, 17:30   Re : Requête
Le problème me semble venir de la virgule qui obscurcit le sens de la phrase.
20 novembre 2011, 17:41   Re : Requête
Je trouve que la phrase est très claire et que la virgule, au contraire, lève une possible ambiguïté.
20 novembre 2011, 17:56   Re : Requête
Je ne vois, moi non plus, pas le moindre problème syntaxique dans cette phrase, ni ne lui trouve de bancalité.
20 novembre 2011, 20:51   Re : Requête
Bucéphale, l'inconfort que vous éprouvez tient peut-être à ce que la simultanéité des deux actions "pleurer" et "commettre une faute", ou même la légère antériorité de "pleurer", n'est pas assez soulignée. Le sens est vraisemblablement "pour avoir pleuré" ou "en ayant pleuré" et la syntaxe peut sembler vouloir dire : "En pleurant (maintenant), nous n'avons pas commis (auparavant) de faute grave".
Si le gérondif était transformé en subordonnée, il faudrait écrire : "Parce que / lorsque nous avons pleuré ..." et non "parce que / lorsque nous pleurons...".
Autre hypothèse, la phrase vous semble-t-elle moins bancale ou incomplète ainsi : "Nous n'avons pas commis de faute grave en pleurant"?
20 novembre 2011, 22:24   Re : Requête
Peut-être est-ce la valeur de complément circonstanciel généralement dévolue au gérondif qui n'est pas ici évidente, et qu'il ne s'agit que d'énoncer une action simultanée, commandant un simple participe présent...
20 novembre 2011, 22:35   Re : Requête
Bucéphale,

Pouvez-vous nous indiquer la phrase originale ?
21 novembre 2011, 00:05   Re : Requête
Oui, ce serait intéressant. On rencontre ce genre de tournure, de raccourci, chez Pascal. J'y vois un souci de simplification, d'un esprit de synthèse.
21 novembre 2011, 02:50   Re : Requête
Il y a tout de même l'ombre d'un zeugme qui plane (Elle est arrivée en larmes et en chaise à porteurs).
21 novembre 2011, 06:58   Re : Requête
Notez que le frère d'Ambroise se nommait Satyre.
21 novembre 2011, 10:18   Re : Requête
Ambiguïté il y a bien, cher Bucéphale, et votre gêne se comprend — En pleurant, nous n’avons pas commis de faute grave : Est-ce parce que nous avons pleuré que nous n'avons pas commis de faute grave ? Ou bien est-ce tout en pleurant que nous n'avons pas commis de faute grave (improbable, le sens ne tient guère) ? Ou bien encore est-ce que le fait de pleurer n'est pas considéré par nous comme une faute grave ? Ou même : nous faisons en pleurant le constat que nous n'avons pas commis une faute grave... Bref, la virgule joue évidemment ici un rôle essentiel, nécessaire à l'élucidation partielle d'un sens que la phrase, assez maladroite selon moi, rechigne à livrer.
Je vous renvoie au Traité de la ponctuation française de Drillon qui traite, aux paragraphes 64, 97 et 112 (entre autres) du chapitre "La virgule", du rôle et de l'emploi de celle-ci dans les subordonnées participiales. Vous n'y trouverez peut-être pas de réponse définitive à votre question, mais vous aurez le plaisir d'en voir jaillir cent autres.
21 novembre 2011, 11:22   Re : Requête
La virgule, sa vie, son oeuvre, son opportunité, sa pertinence sont de trop somptueux sujets pour être laissés aux seuls Agrégés de Lettres.

Longue vie aux polémiques sur l'emploi de la virgule!
21 novembre 2011, 12:40   Re : Requête
Le fait qu'"en pleurant" soit suivi d'une virgule indique la différence de position entre le sujet qui pleure et le sujet qui juge des pleurs qui ont été pleurés. La différence de temps entre le moment des pleurs et le moment du jugement reconstitue la situation d'alors, dont nous ignorons tout dans l'extrait cité.
21 novembre 2011, 14:05   Re : Requête
Pour la virgule, voir Jacques Drillon, Traité de la ponctuation française.
21 novembre 2011, 14:36   Re : Requête
Quoiqu'il en soit, l'auteur de la phrase n'avait sans doute pas prévu qu'on essaierait de la comprendre en dehors de tout contexte. Lorsqu'on sait de quoi il est question, toute ambiguïté disparaît aussitôt.
21 novembre 2011, 15:50   Re : Requête
Evidemment.
Utilisateur anonyme
21 novembre 2011, 19:49   Re : Requête
Je vous remercie pour ces remarques.

L'extrait dont je dispose, par ailleurs à mon sens un peu lourd, est le suivant:

"En pleurant, nous n’avons pas commis de faute grave. Tous les pleurs ne sont pas signe de manque de foi ou de faiblesse. La douleur naturelle est une chose, la tristesse de l’incroyance en est une autre, tout comme il est différent de regretter ce qu’on a pu perdre. La douleur n’est pas seule à avoir des larmes ; la joie aussi a ses larmes ; l’affection elle aussi fait venir des pleurs, et la parole arrose de larmes le sol, et la prière, selon les mots du prophète, baigne de larmes notre lit (Cf. Ps 6, 7). Quand on a enseveli les patriarches, leur peuple aussi a beaucoup pleuré sur lui-même. Les larmes sont donc des signes d’affection et non des incitations à la douleur.
J’ai donc pleuré, je l’avoue, moi aussi, mais le Seigneur aussi a pleuré ; lui a pleuré un étranger (Cf. Jn, 11, 35), moi un frère. Lui, en un seul homme, a pleuré tous les hommes ; moi je te pleurerai, mon frère, en tous les hommes".
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