Idée simpliste, je ne sais. On retrouve en tout cas dans les explications de l'expert cette même capacité à faire cohabiter des "observations" très peu compatibles, comme on le fait avec tant d'autres questions.
Alexandre Delaigue commence ainsi par estimer que "personne n'a jamais pu prouver la véracité de ce phénomène. Pour lui, les industriels n'en retireraient de toute façon aucun bénéfice."
Et voici l'étude récente qui prouve :
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Pour prendre un exemple caricatural, il vaut mieux, en terme de marge, vendre 50 euros une paire de chaussettes qui dure un an que 50 paires à deux euros qui vont se trouer au bout d'une semaine."
Ah bon ? C'est sans doute en vertu de cet exemple que la croissance chinoise est ce qu'elle est : c'est parce que la Chine exporte des chaussettes qui durent un an.
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Les machines à laver ont intégré des composants électroniques et des moteurs plus complexes pour économiser de l'électricité et de l'eau. Or l'électronique a une influence néfaste sur la fiabilité. Cette situation n'est pas le fait d'une préméditation sournoise mais de la recherche d'un compromis entre le prix, l'efficacité et la durabilité. L'obsolescence programmée est un mythe."
L'obsolescence programmée est un mythe mais "la durée de vie n'est qu'une qualité parmi d'autres" et " l'électronique a une influence néfaste sur la fiabilité." Autrement dit, l'obsolescence n'a pas besoin d'être programmée : elle est incluse naturellement, parmi d'autres "paramètres", dans la fabrication des objets. Ve n'est pas voulu, ça vient tout seul.
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On voit pourtant dans un documentaire diffusé sur Arte l'été dernier, Prêt à jeter , l'exemple d'un compteur d'imprimante qui bloque le fonctionnement de l'appareil au bout d'un certain nombre d'impressions...
Je pense que les ingénieurs avaient besoin d'un compteur pour une raison quelconque et que son blocage n'est qu'un vice de conception involontaire."
Tiens ! Et si on mettait un compteur pour une raison quelconque, ah ! Zut, il s'est bloqué involontairement ! Chapeau l'expert !
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Les produits à longue durée de vie existent d'ailleurs mais les consommateurs préfèrent souvent se tourner vers leurs équivalents bon marché quitte à en changer plus régulièrement."
Pourquoi "
quitte à en changer régulièrement", sinon parce que ces produits ne valent rapidement plus rien ? Et "l'étude récente" qui "a montré que la durée de vie des appareils électroménager n'avait en réalité quasiment pas évolué entre les années 80 et aujourd'hui" ?
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Comment pourrait-on contraindre les industriels à fabriquer des produits plus durables comme le souhaite Eva Joly?
Il faudrait passer par des garanties obligatoires. Ce n'est pas impossible mais cela aurait un prix. Tous les biens de consommation seraient infiniment plus chers."
C'est donc bien que les produits mis en circulation n'ont aucune garantie de durée, non ?
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Et imposer des produits que l'on peut réparer facilement ?
Sur le plan strictement économique, réparer n'est pas toujours la meilleure solution."
Voici soudain que "sur le plan strictement économique, réparer n'est pas toujours la meilleure solution." Autrement dit, "sur le plan strictement économique", jeter est plus rentable et cependant, à ce petit jeu du jetable, nous a appris un peu plus haut l'expert, "les industriels n'en retireraient de toute façon aucun bénéfice" et que la paire de chaussettes un an d'âge est préférable "en terme de marge", à celle qu'on doit changer tous les mois. La "marge" et "le plan strictement économique" n'ont donc aucun rapport ?
Pour une raison quelconque on avait besoin de M. Alexandre Delaigue pour rassurer le public et ses réponses ne sont qu'un vice de raisonnement involontaire. D'ailleurs, une étude récente a montré que les experts ne divaguent pas plus aujourd'hui que dans les années 80.