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Fabriquer fragile pour vendre plus ?

Envoyé par Marc Briand 
Eva Joly dénonce cette pratique et veux l'interdire mais la dégradation programmée est-elle une réalité ?

Le Figaro
Encore une de ces idées simplistes qui plaisent au citoyen lambda.
Utilisateur anonyme
27 janvier 2012, 13:02   Re : Fabriquer fragile pour vendre plus ?
L'obsolescence programmée cela existe, voir le reportage Arte Prêt à jeter.
Idée simpliste, je ne sais. On retrouve en tout cas dans les explications de l'expert cette même capacité à faire cohabiter des "observations" très peu compatibles, comme on le fait avec tant d'autres questions.

Alexandre Delaigue commence ainsi par estimer que "personne n'a jamais pu prouver la véracité de ce phénomène. Pour lui, les industriels n'en retireraient de toute façon aucun bénéfice."

Et voici l'étude récente qui prouve :

"Pour prendre un exemple caricatural, il vaut mieux, en terme de marge, vendre 50 euros une paire de chaussettes qui dure un an que 50 paires à deux euros qui vont se trouer au bout d'une semaine."

Ah bon ? C'est sans doute en vertu de cet exemple que la croissance chinoise est ce qu'elle est : c'est parce que la Chine exporte des chaussettes qui durent un an.

"Les machines à laver ont intégré des composants électroniques et des moteurs plus complexes pour économiser de l'électricité et de l'eau. Or l'électronique a une influence néfaste sur la fiabilité. Cette situation n'est pas le fait d'une préméditation sournoise mais de la recherche d'un compromis entre le prix, l'efficacité et la durabilité. L'obsolescence programmée est un mythe."

L'obsolescence programmée est un mythe mais "la durée de vie n'est qu'une qualité parmi d'autres" et " l'électronique a une influence néfaste sur la fiabilité." Autrement dit, l'obsolescence n'a pas besoin d'être programmée : elle est incluse naturellement, parmi d'autres "paramètres", dans la fabrication des objets. Ve n'est pas voulu, ça vient tout seul.

"On voit pourtant dans un documentaire diffusé sur Arte l'été dernier, Prêt à jeter , l'exemple d'un compteur d'imprimante qui bloque le fonctionnement de l'appareil au bout d'un certain nombre d'impressions...

Je pense que les ingénieurs avaient besoin d'un compteur pour une raison quelconque et que son blocage n'est qu'un vice de conception involontaire
."

Tiens ! Et si on mettait un compteur pour une raison quelconque, ah ! Zut, il s'est bloqué involontairement ! Chapeau l'expert !


"Les produits à longue durée de vie existent d'ailleurs mais les consommateurs préfèrent souvent se tourner vers leurs équivalents bon marché quitte à en changer plus régulièrement."

Pourquoi "quitte à en changer régulièrement", sinon parce que ces produits ne valent rapidement plus rien ? Et "l'étude récente" qui "a montré que la durée de vie des appareils électroménager n'avait en réalité quasiment pas évolué entre les années 80 et aujourd'hui" ?

"Comment pourrait-on contraindre les industriels à fabriquer des produits plus durables comme le souhaite Eva Joly?

Il faudrait passer par des garanties obligatoires. Ce n'est pas impossible mais cela aurait un prix. Tous les biens de consommation seraient infiniment plus chers
."

C'est donc bien que les produits mis en circulation n'ont aucune garantie de durée, non ?

"Et imposer des produits que l'on peut réparer facilement ?
Sur le plan strictement économique, réparer n'est pas toujours la meilleure solution
."

Voici soudain que "sur le plan strictement économique, réparer n'est pas toujours la meilleure solution." Autrement dit, "sur le plan strictement économique", jeter est plus rentable et cependant, à ce petit jeu du jetable, nous a appris un peu plus haut l'expert, "les industriels n'en retireraient de toute façon aucun bénéfice" et que la paire de chaussettes un an d'âge est préférable "en terme de marge", à celle qu'on doit changer tous les mois. La "marge" et "le plan strictement économique" n'ont donc aucun rapport ?

Pour une raison quelconque on avait besoin de M. Alexandre Delaigue pour rassurer le public et ses réponses ne sont qu'un vice de raisonnement involontaire. D'ailleurs, une étude récente a montré que les experts ne divaguent pas plus aujourd'hui que dans les années 80.
Je rejoins votre très pertinente analyse, cher Orimont mais peut-on légiférer dans ce domaine comme le suggère Eva Joly ?
Légiférer sur la durée de vie d'un appareil quelconque paraît bien aventureux ! L'invasion par la camelote est pourtant l'une des plus graves "nocences" mais on touche là, à mon avis, aux fondements mêmes de nos sociétés. Fabriquer des objets avec pour ambition qu'ils durent le plus longtemps possible (et, en effet, j'imagine qu'un moteur de voiture, par exemple, pourrait bien être conçu pour durer presque indéfiniment), ce serait accomplir une telle révolution dans les esprits qui ne dépend d'aucune disposition législative. Et, bien sûr, s'imposerait alors, et plus encore qu'aujourd'hui, une nouvelle définition du travail.
Citation
Rogemi
Encore une de ces idées simplistes qui plaisent au citoyen lambda.

Attention : terrain glissant!
On touche au problème de l'immortalité...
Tous ceux qui ont réfléchi à cette question concluent que nous en serions bien encombrés.
Si Eva Joly est immortelle, il va falloir la supporter pour l'éternité ce qui risque de paraître très long.
On prétend que Henry Ford, après avoir fait consciencieusement examiner par des experts les Ford T qui se trouvaient à l'état d'épaves dans les casses automobiles, avait constaté qu'il existait une pièce, une seule, dans le moteur, qui ne cassait jamais. Il aurait alors donné des instructions à ses ingénieurs pour que cette pièce soit désormais plus fragile…
Vous m'étonnez beaucoup. La Ford T, crois-je savoir, est considérée comme l'une des automobiles les plus robustes jamais commercialisées.

Cela dit, je possède depuis onze ans une voiture qui, après avoir connu quelques difficultés et fantaisies électroniques dans sa prime jeunesse, n'est jamais tombée en panne. Lors de la révision de cent mille kilomètres, l'année dernière, on m'a, en grande pompe, changé les plaquettes de freins.

Nous vivons l'ère de la camelote, c'est entendu, mais tout n'est pas comme ça, il s'en faut. Un amplificateur Yamaha, un moulin à poivre Peugeot, un robot de cuisine Magimix, une chemise Barbour, le Landcruiser de Toyota, des chaussures Paraboots "classiques", par exemple, sont de beaux et bons produits, faits pour durer très longtemps.
Dans un premier temps, les premiers temps d'une entreprise, d'une économie nouvelle, il est indispensable que la durée de vie de l'objet soit aussi brève que son prix de vente doit être bas. Si un dumping doit avoir lieu pour s'installer sur un marché en sapant la concurrence, comment s'étonner ou feindre de s'étonner qu'il doive aussi avoir lieu sur la qualité. On se souvient des parapluies fabriqués à Taïwan dans les années charnières des décennies 70-80: au premier coup de vent, ils se pliaient comme de la guimauve, et des bicyclettes fabriquées en Corée à la même époque dont la pédale cassait net sous la poussée, parce que fabriquées en un acier de mauvaise qualité: le parapluie taïwanais, le vélo coréen coûtant cinq à dix fois moins que ses concurrents américains ou européen, leurs ventes explosèrent, stimulées par la nécessité de remplacer l'objet irréparablement endommagé, et celles de leurs concurrents européens languirent, puis moururent pour de bon. Les fabricants de Taïwan et de Corée purent alors commencer à fabriquer de la qualité en remontant leurs prix.

Connaissez-vous l'histoire du "conseiller marketing" d'une firme fabricante de boîtes d'allumettes qui se fit fort de proposer un système qui décuplerait les ventes de ces boîtes en six mois ? Simple comme bonjour: l'homme proposa à ses patrons d'assembler les boîtes d'allumettes à l'envers: lorsque l'on ouvrait la boîte toutes les allumettes glissaient de la boîte, chutaient et se perdaient, l'utilisateur l'ayant ouverte "sur le dos". Pari tenu. Ventes décuplées.
Eva Joly critique très justement la désuétude planifiée mais ne cesse de défendre la croissance économique. C'est à n'y rien comprendre !
Aucun candidat n'a encore proposé d'interdire toute production industrielle. Ce serait sans doute plus judicieux.
Si l'obsolescence programmée (à supposer qu'elle existe) est peut-être bénéfique à une entreprise ou à une branche d'activité, elle n'est, en revanche, pas bénéfique à l'économie en général. Car l'argent dépensé pour remplacé l'objet en panne, c'est de l'argent qui aurait, sinon, été investi dans autre chose. C'est la même chose que l'histoire de la vitre cassée de Frédéric Bastiat.

Je ne vois pas bien comment on pourrait mesurer l'obsolescence programmée sur un appareil donné. Supposons, par exemple, qu'un appareil ait la possibilité de durer en moyenne dix ans, et que le constructeur ait décidé d'en modifier des pièces pour qu'il ne dure qu'en moyenne cinq ans. Comment prouver la mauvaise fois du constructeur ? D'une façon empirique, il faudrait attendre de longues années, faire des statistiques sur les appareils tombés en panne… Et quand bien même on aurait réussi à montrer que l'appareil a bien eu une longévité moyenne de cinq ans, comment prouver qu'il en aurait eu une plus longue dans un autre cas, et qu'une la modification a été faite de maçon malintentionnée ? Cela semble en pratique impossible à vérifier, à moins de prouver que cela a été fait intentionnellement à la conception (une sorte de vice caché), mais on ne peut pas forcer les industriels à révéler tous leurs secrets de fabrication, pour des raisons évidentes...

Une idée pour forcer par la loi les fabricants à ce que leurs produits durent plus longtemps serait de les forcer à augmenter les garanties contractuelles des produits, qui sont souvent très courtes (un an en général). Les allonger supposerait que le fabricant répercute sur le prix de vente tous les frais engagés pour réparer les modèles tombés en panne durant la période de garantie plus longue (car plus la durée de vie de l'appareil augmente, plus les risques qu'il tombe en panne sont grands), ce qui augmenterait considérablement les prix. (Certains magasins proposent déjà, d'ailleurs, des extensions de garantie en option.) Mais dans ce cas, certains consommateurs (notamment ceux qui changent souvent leurs appareils) pourraient fort bien trouver cela injuste et décider qu'ils préfèrent avoir le droit de payer moins cher avec une garantie d'une durée plus basse, et que cette extension de garantie obligatoire constitue une sorte de vente forcée ! On reviendrait donc au point de départ...
Il y a quarante ans ou plus, il se racontait dans les milieux militants "anticapitalistes" (communistes et gauchistes) cette même thèse de l'obsolescence programmée et dans le seul but de prouver la noirceur du "capitalisme" ou que ce capitalisme était par essence maléfique. Elle était illustrée d'un exemple sans cesse répété et qui était celui-ci : les ouvriers et les ingénieurs de chez Michelin avaient (ou auraient) inventé le pneu inusable, mais les patrons auraient refusé de le vendre, parce que, leur faisait-on dire, ce pneu "éternel" les aurait ruinés. Bien entendu, le pneu inusable était une blague : il n'est pas nécessaire d'être spécialiste de physique pour savoir que les frottements sont sources d'usure.
Rappelons tous de même que la plus grosse blague de "l'inusabilité" a été claironnée à grand renfort de "clips" publicitaires, sans le secours d'ouvriers ou d'ingénieurs communistes et gauchistes. Certains se souviennent peut-être de ces images, au moment de la mise en vente des CD, d'un éléphant qui marchait sur un CD, lequel CD, après ce traitement, était benoîtement enfilé dans un appareil sans le moindre dommage. Fini le disque rayé ! Les heureux propriétaires de ces CD (qui, d'ailleurs, parait-il, sont devenus eux-mêmes, depuis, obsolètes), n'ont pas eu besoin de l'intrusion d'un éléphant chez eux pour s'apercevoir de la fragilité de ces rondelles à musique, quand un 78 tours de Tino Rossi peut encore faire entendre ses roucoulades.
» Les heureux propriétaires de ces CD (qui, d'ailleurs, parait-il, sont devenus eux-mêmes, depuis, obsolètes)

En fait, la si moderne "dématérialisation" de la musique (que contiennent les CD) est un recyclage de l'immémoriale croyance en une immortalité de l’âme.
Utilisateur anonyme
29 janvier 2012, 16:24   Re : Marinella j'ai pris tes jambes pour tes bras
Et le téléchargement, un recyclage de la métempsychose.
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