Humoristiquement incorrect

« Un canular censuré » (Le Figaro)

Selon ses proches, sollicités par lefigaro.fr, Nicolas Dupont-Aignan va « rectifier le tir » concernant le message diffusé par le canular. « Il a été l'objet d'un montage qui laisse entendre que M. Dupont-Aignan préfère François Hollande à Nicolas Sarkozy alors qu'il ne préfère aucun des deux ». Il ne devrait, par contre, pas s'exprimer sur le canular en lui-même.

De son côté, Gérald Dahan a justifié la diffusion du canular [réalisé initialement pour la radio Rires & Chansons] sur internet par le refus de la censure dont il s'estime victime. « On m'a dit que j'avais carte blanche et je me rends compte que ce n'est pas le cas. On m'a censuré ce canular et le directeur des programmes m'a annoncé qu'il ne serait pas diffusé sous prétexte que je mettais en péril la République », a-t-il expliqué. Dans un communiqué, la radio explique : « Ce contenu n'était pas conforme aux attentes de la station. Après écoute, il nous est apparu que ce canular, outre qu'il n'était pas drôle, ne respectait pas la ligne éditoriale de la station ».

[www.lefigaro.fr]

Incorrect certes, humoristiquement je ne sais pas. J'aurais dit tristement.

Cette forme méprisante d'humour est caractéristique de la violence de notre époque et j'en ai horreur. Qui peut rire de telles singeries ?

On peut difficilement tomber plus bas, en effet.

Cher Rogemi,

nous avons l'humour de notre temps,
"triste", "violent", "bas" et même vicieux.
--- La Fontaine et Molière avaient une autre tenue.

D'ailleurs, il y a au moins une bonne dizaine d'années que les humoristes ne me font plus rire (Desproges et Devos furent les derniers). Mais surtout, depuis Les Guignols (pour faire court), l'humour est utilisé culturellement pour pervertir et tourner en dérision certains propos un peu trop conservateurs (politiquement). Or justement, nous assistons-là à une nouvelle étape culturelle et politique : l'humour doit être bête (et pas plus) pour être acceptable.

Ainsi paradoxalement, l'humour bête devenant rapidement lassant, il n'y a rien à regretter dans cette censure salutaire.

Dans la même veine "humour de notre temps" et "humour soi-disant subversif", A. De Caunes à la soirée des Césars (peut être l'événement le plus représentatif d'une certaine population et mode de pensée parisien):

Citation

Le quinquennat qui va s'achever au mois de mai aura entretenu des rapports étranges, et disons-le originaux, avec le cinéma. A peine élu, le président est allé fêter ça aux Fouquet's, la brasserie populaire préférée de Christian Estrosi.

Oui, réfugions nous chez les Guignols, De Caunes et tout ce que Canal + a pu engranger depuis 30 ans pour fuir cet horrible quinquennat méchant, vulgaire et bling bling...

Et il termine par

Citation

N'oubliez pas d'aller voter

, en vrai De Gaulle nous parlant depuis Londres et nous rappelant qui est VRAIMENT la France.

Bonjour:

selon moi, ce que fait M. Dahan avec M. Dupont-Aignan constitue une violation du caractère privé des conversations téléphoniques (et peut-être usurpation de l'identité de Cantona mais bon...) et en cela, je ne vois aucun humour (d'ailleurs la station dit: ce n'est pas drôle) --- sinon une proximité de forme avec le canular téléphonique (lui-même est une façon un peu cruelle de faire de l'humour).

Relevant davantage de l'humour, enfin je crois, un stade a été franchi ce matin, suivant une interview de M. le Président Sarkozy sur RTL. Ce dernier en effet s'est retrouvé face à son «miroir», sa caricature, en la personne de Laurent Gerra, est resté pendant la totalité du sketch, et a commenté la performance.

Cela devient difficile de faire la différence entre l'original et son imitation. Le même exercice est prévu pour M. Hollande mercredi.

Ce "Bonjour" est inopportun sur la Toile, qui est mondiale, ainsi vous me souhaitez le bonjour en fin de soirée. A tout prendre, salut ! serait préférable, comme du temps des sans-culotte, dans un monde sans horaires.

Alain Finkielkraut a dit des choses très pertinentes sur l'humour de notre temps comme: "Le rire d'aujourd'hui c'est le rire des forts contre les faibles" ou "Le véritable humoriste détourne le rire contre les forts".

Justement, quand on connaît la susceptibilité de Sarko premier, je trouve M. Gerra assez gonflé (même si je soupçonne qu'il ait un faible pour l'UMP).

Comme dirait M. Desang, je soupçonne qu'il est un faible, pour l’UMP.

En regardant le film Les Bronzés font du ski (TF1, dimanche 26), des téléspectateurs ont peut-être eu le sentiment que ce film, diffusé pour la première fois en 1978, il y a donc 34 ans, n'avait pas vieilli et que ce n'était pas la pochade que l'on pouvait penser qu'il était, mais un film qui montre l'essence même de notre époque - à savoir une bande de "potes" (comme il faut qu'on dise aujourd'hui), petits bourgeois bohèmes - des bobos ou, puisqu'on est en 1978, des embryons de bobos actuels - aisés, ayant beaucoup de fric, donc arrogants et sans gêne, et qui se moquent de tout ou tournent tout en dérision : les montagnards, les ploucs, les petits commerçants, les loisirs, eux-mêmes aussi, la météo, la mémoire, et cela dans une station de sports d'hiver hors de l'histoire ou n'ayant jamais connu l'histoire, sans passé, sans mémoire, sans tradition, avec du béton, de la neige, des hélicoptères, des remontées mécaniques, etc... Apparemment, c'est un film pour rire. En réalité, 34 ans plus tard, c'est notre époque qui est montrée ou ce qu'elle est devenue. C'était sous Giscard, la France était encore prospère, tout souriait aux jeunes gens, on pouvait détourner les codes et les conventions ou les subvertir, ça n'engageait à rien ou ça faisait gagner du fric, ce fric qui était en passe de devenir le seul horizon de la génération qui avait 30 ans en 1980 et qui exerce maintenant le pouvoir, partout, au Sénat, dans les médias, à l'école, à l'Assemblée nationale, dans toutes les institutions... et qui fait une France à son image, déculturée, bête, cynique, moche...

Citation
seul horizon de la génération qui avait 30 ans en 1980 et qui exerce maintenant le pouvoir, partout, au Sénat, dans les médias, à l'école, à l'Assemblée nationale, dans toutes les institutions... et qui fait une France à son image, déculturée, bête, cynique, moche...

"Dur, dur" le constat mais absolument exact car en 1980 j'avais 33 ans. On peut dire que les Bronzés sont la quintessence de cette France d'aujourd'hui cad gueularde, bouffonne, méprisante, arrogante, sans-gène, dure avec les faibles et obséquieuse avec les forts. On la voit tous les jours s'éclater sur Canal +.

Il y une homme politique qui l'incarne à la perfection: Jean-Luc Mélanchon.

Citation
JGL
En regardant le film Les Bronzés font du ski (TF1, dimanche 26), des téléspectateurs ont peut-être eu le sentiment que ce film, diffusé pour la première fois en 1978, il y a donc 34 ans, n'avait pas vieilli et que ce n'était pas la pochade que l'on pouvait penser qu'il était, mais un film qui montre l'essence même de notre époque - à savoir une bande de "potes" (comme il faut qu'on dise aujourd'hui), petits bourgeois bohèmes - des bobos ou, puisqu'on est en 1978, des embryons de bobos actuels - aisés, ayant beaucoup de fric, donc arrogants et sans gêne, et qui se moquent de tout ou tournent tout en dérision : les montagnards, les ploucs, les petits commerçants, les loisirs, eux-mêmes aussi, la météo, la mémoire, et cela dans une station de sports d'hiver hors de l'histoire ou n'ayant jamais connu l'histoire, sans passé, sans mémoire, sans tradition, avec du béton, de la neige, des hélicoptères, des remontées mécaniques, etc... Apparemment, c'est un film pour rire. En réalité, 34 ans plus tard, c'est notre époque qui est montrée ou ce qu'elle est devenue. C'était sous Giscard, la France était encore prospère, tout souriait aux jeunes gens, on pouvait détourner les codes et les conventions ou les subvertir, ça n'engageait à rien ou ça faisait gagner du fric, ce fric qui était en passe de devenir le seul horizon de la génération qui avait 30 ans en 1980 et qui exerce maintenant le pouvoir, partout, au Sénat, dans les médias, à l'école, à l'Assemblée nationale, dans toutes les institutions... et qui fait une France à son image, déculturée, bête, cynique, moche...

Implacable. Il ne manque que la cocaïne.