Sur l'étymologie de "banlocalisation"

En forgeant "banlocalisation", Renaud Camus confond-il "lieue" et "lieu" ou crée-t-il volontairement un mot-valise en accolant au terme francique de féodalité ban le récent dérivé "localisation" (XIX° siècle)?

"Lieue" ( d'où "banlieue") vient du latin leuca ou leuga, indiqué comme gaulois par des auteurs anciens; il est rattaché à l'ancien provençal lega et à l'espagnol legua (Bloch et Wartburg), il a un correspondant dans l'arménien leo (Robert historique de la langue française) tandis que "lieu" est évidemment issu du latin locus.
Alors : "banlocalisation" ou "banleucalisation"?

Le Robert historique nous dit que "localisation" (1803, "action d'adapter à un lieu") a pris son sens moderne d'après le verbe "localiser" (créé sous la Révolution au sens de "mettre en ordre, ranger") et est spécialement pris (1936) au sens d'"action de limiter un phénomène dans l'espace".
"Banlocalisation" désignerait donc, ironiquement (et amèrement), un phénomène voué à se limiter à l'espace du monde entier.

Banleucalisation est devenu banlocalisation par apophonie. Il me semblait que c’était évident.

Je préfère quand même "le devenir banlieue".

Vous datez tous (comme moi, d'ailleurs).

On dit Banlokalizassion.

Des hybrides étymologiques courent la rue. Monolingue, homosexuel, en veux-tu en voilà. Même chose concernant l'application inégale de règles étymologiques: rythme à la place de rhythme, rime à la place de rhyme. Il est certes intéressant, mais nullement fatal pour l'avenir de ce mot, qu'une erreur, même non voulue, ait présidé à son invention. Il a pour lui l'immense avantage d'impressionner les esprits par sa bâtardise sonore : ban, avec sa voyelle nasale et son histoire, est très vieux-français et se fait phagocyter précisément par le monstrueux néologisme localisation, comme le paysage rural et la force d'attraction centripète des villes se font gâcher par le pullulement incessant de banlieues.

Éloquent plaidoyer.

Très intéressante distinction, cher Johannus Marcus.