Et voici la suite (après le dîner) :
- Tiens, tu écouteras ceci [ici, j’envoyai un lien] avec attention avant de revenir à la charge avec les « logiques de haine », les « dynamiques de rejet de l'autre » et toutes les catégories à la con.
- Je me suis déjà fait mon opinion sur tes auteurs fétiches, j'entends bien ce qu'ils disent ou écrivent, je sais aussi lire entre les lignes et j'ai décidé de rejeter toute banalisation ou normalisation de tels discours. Surtout vu le contexte. Tu tournes en rond avec tes maîtres à penser allumés et conspirationnistes paranoïaques.
- Tu n'as pas écouté avec assez d'attention, visiblement.
- Je n'ai pas écouté. Écoute JM, peut-être te sens tu attaqué à l'instant, moi c'est quand je les lis ou les écoute que je me sens assailli. Décadence de la civilisation, système au mains d'élites médiatiques, complot généralisé, menace intérieure, le non-national comme ennemi numéro 1, l'islam menaçant nos « racines. »
- Wow...
- Je reconnais à Renaud Camus l'absence de théorie antisémite pour ce que j'en ai lu.
- Ouf !
- Mais à part ça, je leur reconnais en commun cette angoisse, cette peur maladive de « l'autre », de ce qui « n'est pas d'ici » et qui menace nos racines de l'intérieur.
- Donc, pour toi, il n'y a ni décadence, ni système d'élites, ni menace intérieure, ni islam ? [Notez la pirouette que j’effectue en passant de
islam menaçant à
islam tout court.] Et l'amour maladif de l'autre, l'as-tu envisagé ?
- La décadence qu'on peut voir n'est en aucun cas le fait d'une dissolution de notre culture dans une islamisation latente.
- À la limite un simple abrutissement télévisuel.
- « Simple... »
- Système d'élite il peut y avoir mais il n'a pas de bases ethniques ni de but unique et suprême.
- L'auto-satisfaction ? La reproduction ? (Nous avons tous les deux lu Bourdieu…)
- La vraie menace à mon avis c'est le monde de la finance (et ce n'est pas les juifs).
- Et sur quoi s'appuie la finance ?
- Islam il y a, il ne rime pas avec intégrisme systématique. Et la finance s'appuie sur un système économique à réformer.
- La finance s'appuie sur la bêtise de l'individu déculturé et des peuples ramenés au plus petit dénominateur commun de leur identité, massacrée par le Marché. (En sus de ce que tu as dit.)
- Je ne prône pas l'amour inconditionnel mais je combats la peur systématique de l'autre et de la différence. Là-dessus on peut se retrouver, sur ce constat en effet je pense qu'il y a des dynamiques concomitantes.
- Mais c'est quoi, l'Autre ? Où le vois-tu ? Comment le définis-tu ?
- C'est ceux que tes amis pointent du doigt comme issus d'ethnies différentes. De cultures « inférieures. »
- D'où sors-tu cet adjectif ?
- Ceux qui sont supposés à terme nous « remplacer. »
- Où l'as-tu vu ?
- Des cultures qui participeraient à la décadence de la nôtre soi-disant (si tu lis entre les lignes = cultures inférieures, on connait la chanson).
- Si une culture altère la nôtre, qu'elle soit brillante ou inférieure, la nôtre est altérée. Constater l'altération n'amène pas à conclure sur la valeur desdites cultures.
- Ne fais pas l'idiot.
- Heu...
- Tu sais très bien ce qu'il faut comprendre ici, tu joues avec la sémantique.
- Quelles sont ces « autres cultures » ; que t’ont-elles apporté ? Peux-tu les définir, les nommer, en parler ?
- Honnêtement, je n'ai pas envie de tourner en rond, tu sais très bien ce qu'il faut comprendre des phrases lissées et pesées de ton
mentor, tu joues avec les mots, la syntaxe et quelques pirouettes littéraires et syntaxiques. Tu veux donner un vernis de respectabilité à des théories ineptes et intellectualiser des constats dignes du premier beauf venu.
- Non, XXXX. Tu te trompes.
- L'art africain a influencé le cubisme qui lui-même marque un tournant dans l'art contemporain européen moderne, par exemple. Ou bien, la cuisine orientale fait désormais partie des mets le plus appréciés des Français, ça peut paraitre idiot, c'est aussi ça une culture.
- Ah oui, parlons-en ! Le kebab comme apport à la gastronomie française...
- Parlons du tajine, je te prie. Parlons du méchoui. Parlons du couscous. Et j'en passe…
- Le plat préféré des salauds de Français racistes !
- Si tu veux…
- Honnêtement ça me fait plus mal qu'autre chose de te voir obsédé par ces trucs, à 18 ans à peine, aigri, replié sur des fantasmes, crispé sur des angoisses nationalistes et réactionnaires... Si je parle de ça avec toi ce n'est pas par curiosité pour ces thèses, je pense en avoir fait le tour, j'ai aussi lu du Barrès, du Maurras, du Chamberlain, je connais.
- Aigri et replié, moi ?
- Oui je le pense. Enfin c'est l'impression que ça donne. Et le parti pour lequel tu milites est à mon avis significatif.
- Mouais... Admettons.
- Tu fais ce que tu veux, je te dis juste que je ne trouve pas ça très sain... C'est tout à fait louable de ne pas vouloir subir un système et de se vouloir citoyen alerté et actif.
- Sain, pur...Vocabulaire dangereux, ça...
- Sain et pur, ça n'a rien à voir. Arrête de contourner sémantiquement les questions de fond.
- Donc, sain, on peut et pur, on ne peut pas ? Que veux-tu, je suis un vilain sophiste...
- J'aimerais y voir du second degré. Mais ça vire à l’obsession je trouve.
- Mais enfin, regarde les dernières publications sur mon Mur [le
Mur de Facebook]... Il n'y a rien de ce que tu me dis. Deux petits communiqués du P.I.
- Mais quels communiqués ! Oui, il y aussi de la (bonne) musique etc. De la culture, des œuvres etc. Mais dès que ça touche au politique, à l'idéologie ...
- Après je ne te dis pas qu'il faut penser d'une seule façon, qu'il n'y a qu'une vérité.
- Mais il y a des vérités qui sont plus vraies que d'autres...
- Non, mais il est des "vérités" qui mènent sur des chemins glissants.
- Mon cher, m'en allant dormir, je te souhaite la bonne nuit.
- Fort bien, je te souhaite une bonne nuit alors.