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Alain de Benoist et l'Europe

Envoyé par Marcel Meyer 
Causeur publie un entretien avec Alain de Benoist qui se termine par une très lucide analyse des causes de l'échec européen.
Vous nous mettez en appétit, cher Marcel, mais la lecture de cet entretien est réservée aux abonnés, n'est-ce pas ?
Ah pardon. Voici l'extrait :

Et l’Europe, la tête de pont de la « puissance continentale » ? Dans quel état se trouve-t-elle aujourd’hui ?

Dans le pire état qui soit. Au célèbre Congrès de La Haye de 1948, deux conceptions différentes de la construction européenne s’étaient affrontées : celle des fédéralistes comme Denis de Rougemont, Alexandre Marc et Robert Aron – auxquels on peut ajouter Otto de Habsbourg –, et celle du couple Monnet-Schuman, d’inspiration purement économique. C’est malheureusement la seconde qui l’a emporté. Pour Jean Monnet et ses amis, il s’agissait de parvenir à une mutuelle indication des économies nationales d’un niveau tel que l’union politique deviendrait nécessaire, car elle s’avérerait moins coûteuse que la désunion. L’intégration économique, autrement dit, devait être le levier de l’union politique, ce qui ne s’est évidemment pas produit. La « déconstruction » de l’Europe a commencé au début des années 1990, avec les débats autour de la ratification du traité de Maastricht. Elle n’a cessé de s’accélérer depuis. Mais c’est dès le départ que la construction de l’Europe s’est faite en dépit du bon sens. Quatre erreurs principales ont été commises. La première a été de partir de l’économie et du commerce au lieu de partir de la politique et de la culture. Loin de préparer l’avènement d’une Europe politique, l’hypertrophie de l’économie a rapidement entraîné la dépolitisation, la consécration du pouvoir des experts, ainsi que la mise en œuvre de stratégies technocratiques obéissant à des impératifs de rationalité fonctionnelle. La seconde erreur est d’avoir voulu créer l’Europe à partir du haut, c’est-à-dire des institutions bruxelloises, au lieu de partir du bas, en allant de la région à la nation, puis de la nation à l’Europe, en appliquant à tous les niveaux un strict principe de subsidiarité. La dénonciation rituelle par les souverainistes de l’Europe de Bruxelles comme une « Europe fédérale » ne doit donc pas faire illusion : par sa tendance à s’attribuer autoritairement toutes les compétences, elle se construit au contraire sur un modèle très largement jacobin. Loin d’être « fédérale », c’est-à-dire de reposer sur le principe de compétence suffisance, elle est même jacobine à l’extrême, puisqu’elle conjugue autoritarisme punitif, centralisme et opacité. La troisième erreur est d’avoir préféré, après la chute du système soviétique, un élargissement hâtif à des pays mal préparés pour entrer dans l’Europe (et qui ne voulaient y entrer que pour se placer sous la protection de l’OTAN) à un approfondissement des structures politiques existantes. La quatrième erreur est de n’avoir jamais voulu statuer clairement sur les frontières géographiques de l’Europe – ainsi que l’a montré le débat à propos de la Turquie – ni sur les finalités de la construction européenne. Enfin, l’Europe n’a cessé de se construire en dehors des peuples, et parfois même contre eux. On est même allé jusqu’à formuler un projet de Constitution sans que jamais ne soit posé le problème du pouvoir constituant. Quoi d’étonnant que, lorsqu’on parle aujourd’hui de l’Europe, les termes qui reviennent le plus souvent sont ceux d’impuissance, de paralysie, de déficit démocratique, d’opacité, d’architecture institutionnelle incompréhensible ? Pendant des décennies, la construction européenne avait été présentée comme une solution ; elle est devenue un problème de plus, que personne ne sait plus résoudre.

Pourtant, la construction politique de l’Europe reste à mes yeux une nécessité absolue. […] On ne peut d’abord oublier qu’au-delà de ce qui les distingue, et qui doit évidemment être préservé, tous les peuples européens sont issus d’une même matrice culturelle et historique. Il est évident, d’autre part, à une époque où les logiques stato-nationales deviennent de plus en plus inopérantes, que c’est seulement à l’échelle continentale que l’on peut faire face aux défis qui se posent à nous actuellement. […] À mes yeux, la vocation naturelle de l’Europe est de constituer un creuset original de culture et de civilisation en même temps qu’un pôle indépendant capable de jouer, dans un monde multipolaire, un rôle de régulation vis-à-vis de la globalisation. […] Le projet européen manifeste une incertitude existentielle aussi bien stratégique qu’identitaire, que les souverainistes et les eurosceptiques ont beau jeu d’exploiter. Nietzsche disait : « L’Europe ne se fera qu’au bord du tombeau. »
Vraiment excellent texte.
Citation
Enfin, l’Europe n’a cessé de se construire en dehors des peuples, et parfois même contre eux.

Hélas trop vrai.

Hier soir la célébre émission "Das Philosophische Quartett" dirigée par Peter Sloterdijk et Rüdiger Safranski s'est penchée sur l'éventualité d'une Europe sans euro.

L'invité de marque fut Joschka Fischer l'ex-ministre des affaires étrangères vert sous la chancelerie de Schröder et dont les qualités de debatteur sont redoutées. Il s'est retrouvé face à deux philosophes fermement décidés à lui clouer le bec et à ma grande surprise ils réussirent à le contenir et même sur la fin à lui faire avouer que l'Europe avait été construite dans le dos des peuples européens "hinter dem Rücken der Völker" et que cela était à la longue intenable et voué à l'echec.

Ceux qui maitrisent l'allemand peuvent aller voir cette émission en cliquant ci-après video: [www.zdf.de]
Exposé bref, clair, simple et juste. Merci, Cher Marcel.
Il faudrait tout de même garder à l'esprit qu'Alain de Benoist s'inscrit dans un courant de pensée d'extrême droite altermondialiste, anti-universaliste, antiaméricaine et antisioniste. Cela transparaît subtilement dans le texte : dénonciation du jacobinisme et de "l’hypertrophie de l’économie", exaltation, dans le dernier paragraphe, de la "matrice culturelle et historique" de l'Europe qui doit devenir "un pôle indépendant" à "l’échelle continentale", ce qui sous-entend qu'il faut désolidariser l'Europe des Etats-Unis, et que ces derniers n'ont aucun lien avec nous. N'oublions pas non plus qu'Alain de Benoist soutient le paganisme, ce qui est sans doute une façon d'ancrer l'identité européenne dans un passé mythifié purement territorial en évacuant complètement les apports judéo-chrétiens, qui ont produit en particulier le libéralisme et l'universalisme.
Pour les gens comme Alain de Benoist, le problème de l'Europe n'est pas l'immigration ou l'islam, mais l'américanisation et le monde de la finance. Des points de vue qui les font s'aligner sur des positions islamophiles et se rallier aux "anti-impérialistes" (à savoir les dictateurs antisionistes et antiaméricains comme Chavez ou Ahmadinejad). Alain de Benoist était d'ailleurs présent, en 2010, à une rencontre entre l'ambassadeur d'Iran et plusieurs personnalités de l'extrême droite française (voir ici). Bref, les idées d'Alain de Benoist ne sont, sur le fond, sans doute pas très différentes de celles d'Alain Soral, sauf que ce dernier a un côté agressif et délirant tandis que Benoist semble maquiller tout cela derrière un vernis moins sulfureux. Je me demande tout de même ce qui a pris Elizabeth Levy d'inviter ce genre de personnage dans Causeur...
Je suis d'accord avec Félix.
Utilisateur anonyme
10 mai 2012, 01:13   Re : Alain de Benoist et l'Europe
Alain de Benoist donne depuis quelques temps dans la décroissance qui n'est chez lui qu'un avatar de son anti libéralisme.
Citation
Brunetto
Alain de Benoist donne depuis quelques temps dans la décroissance qui n'est chez lui qu'un avatar de son anti libéralisme.

Tout à fait.
Bien sûr, bien sûr. Il n'empêche : j'avais rarement lu une analyse aussi claire, incisive et lucide sur la construction européenne. Cela se suffit et ne dit rien, ni dans un sens ni dans l'autre, sur les positions en général d'Alain de Benoist.
Je suis d'accord avec Marcel Meyer : si on laisse tomber les arrière-pensées de l'auteur, son analyse telle qu'elle est exposée est magistrale de clarté et de pertinence.
Ce que dit de façon très pertinente A. de Benoist, c'est l'absence de "fédéralisme" dans cette Europe dite fédérale, et qui est sans doute très "jacobine" dans son fonctionnement, c'est-à-dire "impériale", et le fait que ses promoteurs qui ne juraient il y a vingt ans que par la subsidiarité (pour arracher l'adhésion des tièdes) aient fait le contraire exact de ce que, dans leurs discours, ils s'engageaient à faire. Boukovsky reconnaît dans ce processus-là ce qu'il a connu en URSS - fédération de républiques qui étaient placées sous une même et unique férule. Certes, cette analyse est peut-être forcée, mais au moins elle a le mérite de dire de façon éloquente que s'exercent dans les constructions politiques d'envergure des forces aveugles (la "force des choses") et des principes qui balaient très rapidement les bonnes intentions que quelques politiciens (Delors, Schuman, Monnet, etc.) ont affichées bruyamment dans leurs discours, persuadés que leurs bonnes intentions (subsidiarité, larges libertés accordées aux membres de l'Union, libéralisme, tolérance...) triompheraient des forces présidant à la construction d'un nouvel empire englobant 27 nations et 450 millions d'individus.
Citation
Bien sûr, bien sûr. Il n'empêche : j'avais rarement lu une analyse aussi claire, incisive et lucide sur la construction européenne. Cela se suffit et ne dit rien, ni dans un sens ni dans l'autre, sur les positions en général d'Alain de Benoist

Même si je suis d'accord sur le fond avec Felix la remarque de Marcel est très juste.

J'ai été longtemps abonné à la revue Element et il y était très étrange de trouver dans les analyses d'Alain de Benoist ou d'autres des avancées d'une acuité étonnante et souvent même très profondes pour ensuite faire à un moment du discours une espèce de volte-face et donner dans l'absurde et l'illogisme. Cet homme est habité par des démons qu'il ne maitrise pas mais il faut concéder qu'il est d'une intelligence rare.
Article du plus haut intérêt paru en 2005.

'EurUrss': Un air de famille effrayant, D. Pryce-Jones

Bukovsky voit se développer sous ses yeux une 'EurURSS'

11 avril 2005

Les dernières pierres de l'Union Européenne se mettent en place, et c'est aussi un processus étrange et insondable. Sur les 25 pays concernés, une dizaine vont organiser des référendums pour ratifier la constitution d'ampleur continentale, déjà approuvée par leurs dirigeants ; les autres font passer en force la question par voie exécutive ou législative. En d'autres termes, la majorité des gouvernements européens, y compris le 'très important' gouvernement allemand, ont trouvé un moyen d'éviter l'épreuve de l'opinion publique, dans le but de finaliser l'empire fédéral désormais clairement visible. L'opinion publique a néanmoins contraint le Président Jacques Chirac à accepter qu'un référendum ait lieu, le 29 mai. Les sondages attestent que le rejet de la constitution par les Français est possible, voire probable, précipitant Dieu sait quel genre de crise.

Que se passe-t-il ? Pourquoi agir à la dérobée ? La réponse la plus convaincante est fournie par l'ouvrage de Christopher Booker et Richard North, The Great Deception [La grande tromperie], une histoire récente et magistrale de l'Union Européenne. Les auteurs montrent comment, décennie après décennie, une petite clique auto-promue de politiciens a oeuvré naïvement à la création d'une Europe supranationale. Ces politiciens se considèrent comme des visionnaires, mais ils ont toujours su qu'ils ne parviendraient jamais à entraîner l'adhésion des électeurs, c'est pourquoi il leur a fallu cacher leur but : selon Booker et North, la tromperie était implicite, et même inhérente au projet. L'intention était de mettre les gens devant un fait accompli auquel ils seraient incapables de s'opposer, et c'est ce que la Constitution d'aujourd'hui a pour but de rendre irrévocable.

Les années de la Guerre Froide ont divisé l'Europe en deux parties, l'une sous la domination soviétique, et l'autre sous la protection des Etats-Unis. L'ambition logique des Soviétiques, et des nombreux partis communistes qui leur sont asservis, ainsi que celle des "compagnons de route" socialistes, était de réduire la présence américaine et, si possible, de l'évincer totalement du continent. D'une manière ou d'une autre, l'Union Européenne a repris les choses là où les Soviétiques les avaient laissées, et il s'avère qu'elle a mieux réussi. A preuve, l'avenir incertain de l'OTAN, la croissance de l'armée européenne, la relocalisation des troupes américaines et de ses bases hors d'Allemagne, les efforts franco-allemands pour paralyser les Etats-Unis à propos de l'Irak, la levée de l'embargo sur les ventes d'armes à la Chine, le soutien sans discernement de l'OLP, et beaucoup d'autres choses encore.

Vladimir Bukovsky entre maintenant en force dans le débat [1]. Aujourd'hui âgé de 62 ans, il a été l'un des dissidents publics soviétiques les plus courageux, ce qui lui a valu de passer douze ans au Goulag et d'être traité pour folie dans une des unités psychiatriques spécialisées dans l'art de briser des gens comme lui. Échangé contre un communiste chilien, en 1976, il s'est installé à Cambridge, en Angleterre, où il est biologiste et écrivain politique. To Build a Castle [Construire un château], le récit autobiographique de son épreuve au Goulag, est un classique. (Une remarque personnelle : quand j'ai rencontré Bukovsky, en 1981, il avait prévu que, dans dix ans, l'Union soviétique s'effondrerait. Ce qui s'est avéré exact.) Il aurait pu être un Premier ministre démocratique de Russie.

Durant le bref laps de temps où c'était encore possible, Bukovsky a fait des recherches dans les archives soviétiques [2], publié des livres comme Reckoning with Moscow [Avoir affaire à Moscou], qui traite des vraies réalités internes du système soviétique. Maintenant, en collaboration avec Pavel Stroilov, un auteur russe, il vient d'écrire un opuscule intitulé "EUSSR: The Soviet Roots of European Integration" ["EurURSS: Les racines soviétiques de l'intégration européenne"] [3], une paraphrase fascinante de la thèse de Booker et North sur la tromperie inhérente au projet de l'Union Européenne [4].

Mikhail Gorbachev a créé une fondation à Moscou pour abriter les documents afférents à l'époque où il était au pouvoir lorsque le Parti Communiste, l'Union Soviétique, ainsi que la Guerre Froide ont pris fin dans un gémissement et non dans le fracas que l'on prévoyait généralement. Étudiant ces documents personnels, Bukovsky et Stroilov ne s'étonnent pas de ce que l'Union Européenne ait repris les choses là où les Soviétiques les avaient laissées. Au contraire, ils estiment que c'est le résultat normal de décennies de socialisme et de compagnonnage de route en Europe.

Comme il seyait au despote du Kremlin, Gorbachev avait l'habitude de recevoir des visiteurs d'Europe de l'Ouest, qui étaient ministres et présidents dans leur pays mais faisaient tous preuve d'une attitude humble comme il convenait à quiconque était autorisé à s'approcher aussi intimement d'un pouvoir absolu. Tous autant qu'ils étaient, ces visiteurs flattaient Gorbachev. La Gauche, ils en convenaient, était partout en crise, parce que l'expérience visant à établir le socialisme avait évidemment échoué et avait besoin d'être réanimée.


«Les solutions progressistes dans le domaine social doivent correspondre au cadre européen», déclarait Alessandro Natta, l'insaisissable secrétaire général du parti communiste italien, en 1986. Gorbachev partageait ses idées sur la manière de procéder. L'un de ses slogans préférés énonçait : "Une Maison Européenne Commune", et son grand but était d'évincer les Etats-Unis de l'Europe et de les remplacer par l'Union Soviétique. La tâche, comme Gorbachev l'expliqua à Natta, consistait à «enrichir le mouvement de gauche, pour gagner de nouveaux alliés». «L'érosion des frontières nationales — géographiques, fiscales, économiques», répondit Natta, a donné à la gauche «une chance de succès».

Peut-être était-ce là le langage convenu d'un communiste. Mais qu'en est-il, alors, de Francisco Fernández Ordóñez, à l'époque ministre des affaires étrangères espagnol, et Socialiste, qui disait à Gorbachev, en 1989 : «Le succès des idées du socialisme dans la communauté mondiale d'aujourd'hui dépend du succès de la perestroïka [les efforts de réforme de Gorbachev]» ? Les Allemands n'étaient pas mieux lotis. Cette même année, l'ancien chancelier, Willy Brandt, assurait à Gorbachev qu'ils étaient témoins d'«une nouvelle qualité de socialisme dans une très grande partie du monde». Pour faire bonne mesure, il offrit de faire ce qu'il pourrait pour étouffer la démocratie qui montait, alors, dans les républiques baltes.

Mais aucun d'eux ne donne autant la chair de poule que les visiteurs français. En novembre 1988, le Président Mitterrand assura à Gorbachev que «l'édification d'une Maison Européenne Commune était une grande idée», et que sa réalisation serait sa principale priorité. Bukovsky et Stroilov citent des petits fragments similaires de conciliation et d'accompagnement amical, dus à Valéry Giscard d'Estaing, autre président français, devenu, depuis, l'auteur de la constitution de l'Union Européenne : «De nos jours, l'Europe de l'Ouest fait l'expérience d'une perestroïka, et change sa structure […] l'URSS devrait être préparée à communiquer avec un grand Etat unique d'Europe de l'Ouest.» Des politiciens et des officiels français de premier plan, tels Chirac et Jacques Delors, confirmaient une telle conception. Le premier ministre socialiste, Pierre Mauroy, se fit servile : «Je suis convaincu que votre société démocratique entrera dans le cadre du mouvement socialiste qui se développe en Europe.»

En écoutant cette clique étonnante, on n'est pas surpris que Gorbachev ait été victime d'une illusion. Il doit en être venu à croire que sa Maison Européenne Commune avait les mêmes valeurs et le même fonctionnement politique que ceux de l'Union Européenne, et que les ressemblances entre l'URSS et l'UE étaient davantage que de simples coïncidences. Booker et North ont raison de penser que les antécédents de l'Union Européenne remontent à bien avant Gorbatchev, mais Bukovsky et Stroilov ont également raison d'estimer que l'Union Européenne est une construction socialiste, une collectivité étatique comparable à l'ancienne URSS, complétée par une nomenklatura et une idéologie ayant des visées hostiles aux Etats-Unis, et qu'il faut absolument 'protéger' l'ensemble de la population d'exprimer sa véritable opinion sur tout cela.

Avec clairvoyance, Bukovsky a jadis prévu la mort de l'Union Soviétique. Mais sept des 24 commissaires européens d'aujourd'hui sont d'anciens apparatchiks communistes, et, selon l'avertissement de Bukovsky, «il reste à voir quel genre de Goulag créera l'Union Européenne». Mais le destin de tous les utopies est le même, conclut-il, et «l'Union Européenne s'effondrera, exactement comme son prototype», même si, «ce faisant, elle nous ensevelit tous sous les décombres». Néanmoins, il espère, bien sûr, alerter l'opinion publique afin d'empêcher le pire.

La folie se répète, mais elle ne peut écraser la dissidence de l'esprit.

David Pryce Jones

© National Review, pour l'original anglais, et upjf.org pour la version française.

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Notes du Traducteur

[1] Bukovsky est un écrivain assez prolifique. Pour consulter la liste de ses livres et de ses articles, cliquer sur Bibliographie de V. Bukovsky [www.thegratitudefund.org]. De très nombreux articles lui ont été consacrés. Voir, entre autres : "A Conversation With Vladimir Bukovsky" [www.frontpagemag.com] , by Jamie Glazov, FrontPageMagazine.com, May 30, 2003.
[2] Sur la manière dont Bukovsky parvint à rassembler les preuves documentaires de ce qu'il avance, voir mon Annexe, ci-après, en fin de document.
[3] Vladimir Bukovsky and Pavel Stroilov, EUSSR, The Soviet roots of European integration, Sovereignty Publications, December 2004. 44 pages. ISBN 0-9540231-1-0.
[4] The Great Deception: A Secret History of the European Union, diffusé, entre autres, sur Amazon [www.amazon.com].

Annexe *

"…Le premier ministre Yeltsin proscrivit le parti communiste en 1991, mais quand il dut s'expliquer devant les tribunaux, il lui fallut des preuves de son passé criminel. Il s'adressa à Vladimir Bukovsky pour qu'il l'aide à trouver des preuves dans les archives secrètes du Politburo. En 1992, Bukovsky se vit accorder l'accès aux archives durant six mois, et copia autant de documents qu'il le put à l'aide d'un scanner portable et d'un ordinateur. Si limitée que fût la quantité des documents reproduits, ils se révélèrent embarrassants, tant pour les dirigeants occidentaux que pour ceux de l'Union Soviétique. En conséquence, ces archives - y compris les documents que M. Bukovsky a toujours sur son ordinateur - furent à nouveau classés secrets ! Les 44 pages de sa brochure intitulée E.U.S.S.R [EurURSS], publiée en décembre 2004, révèlent quelques faits vraiment étonnants à propos de l'effondrement de l'Union Soviétique (28)

En 1987, Gorbachev avait décidé que la perestroïka incluait la convergence de l'URSS et de l'Europe dans une "Maison Européenne Commune". Cette idée était soutenue par les socio-démocrates de l'Europe dont les dirigeants politiques s'étaient rendus en secret à Moscou, avant la dissolution de l'Union Soviétique, pour confirmer que la Communauté Européenne inclurait la plupart des Etats soviétiques. Mais, derrière ces derniers ces dirigeants politiques, il y avait l'élite financière, en particulier les membres de la Commission Tripartite. Un des documents du Politburo rend compte d'une réunion qui eut lieu le 18 janvier 1989 entre Gorbachev et les principaux membres de La Commission Tripartite - Rockefeller, Kissinger, Nakasone et Giscard d'Estaing. Ils encouragèrent les Soviétiques à s'intégrer dans les institutions économiques et financières (GATT, FMI) et également dans la Communauté Européenne. Giscard annonça qu'il y aurait un Etat européen d'ici à vingt ans et demanda à Gorbachev quels pays de l'Europe de l'Est seraient autorisés à en faire partie. Kissinger demanda alors ce que les Soviétiques pensaient de l'idée d'une «Europe de l'Océan atlantique à l'Oural».

Le 19 juillet 1990, Jacques Delors, président de la Commission Européenne Moscou fit une visite à Moscou et confirma sous le sceau du secret qu'il voulait que l'Union soviétique fasse partie du futur Etat européen. Cependant, trois mois auparavant, Georges Berthoin, son ami intime et co-Président européen de la Commission Tripartite, avait rencontré le conseiller de Gorbachev pour les affaires européennes, Vadim Zagladin. Berthoin fut l'ambassadeur qui exposa par avance les vues de Delors. Une des possibilités que Delors lui demanda de discuter était de savoir si les Etats-Unis et le Japon devraient également être intégrés avec l'Europe et l'Union soviétique. Cette idée reflétait l'adhésion intercontinentale de la Commission Tripartite.

Alors que nous nous approchons de notre destination finale d'un gouvernement mondial et du Nouvel Ordre Mondial, il est très important de réaliser qui a projeté ce 'voyage'. Pourquoi les hommes les plus riches et les plus puissants du monde ont-ils fait tout leur possible pour cacher ce qu'ils ont fait? Si nous sommes en route pour l'utopie, pourquoi le secret est-il nécessaire ?"
Cet homme est habité par des démons qu'il ne maitrise pas mais il faut concéder qu'il est d'une intelligence rare.

Oui, d'une très grande intelligence ; à cet égard son livre de critique sur les droits de l'homme (2004) est très bien. Son "paganisme" apparaît notamment dans le livre co-écrit avec Thomas Molnar, L'Eclipse du sacré.
C'est une analyse convaincante, séduisante, juste, à ceci près que pour ma part ce serait plutôt les défenseurs du paganisme les jacobins (coupeurs de tête à l'ancienne).
Citation
Cassandre
si on laisse tomber les arrière-pensées de l'auteur, son analyse telle qu'elle est exposée est magistrale de clarté et de pertinence.
Souhaitons tout de même que les arrières pensées de l'auteur ne soient de tuer ceux que j'aime ou de m'obliger à défendre ceux qui veulent me tuer, auquel cas vous voudrez bien me pardonnez Cassandre, je ne suivrais pas ses désirs en aveugle.
Utilisateur anonyme
14 mai 2012, 15:57   Re : Alain de Benoist et l'Europe
Alain de Benoist sur France Culture

Un entretien avec Taddeï. Une analyse intéressante sur le clivage droite-gauche et sa transposition dans le champ intellectuel.
"En France, on n'existe que si l'on a des grands médias pour s'exprimer".
Et il cite même Finkielkraut, c'est dire...
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