Lorsque le monsieur s'en tient à l'architecture, c'est pertinent, car il connaît son sujet et propose d'intéressantes illustrations. Lorsqu'il propose des interprétations (les hommes comme des marchandises parce qu'ils vivraient dans d'anciens conteneurs) ou lorsqu'il développe son analogie entre le libéralisme et l'architecture contemporaine, il est consternant. Ce sont des parallélismes simplistes, des dénonciations bébètes.
Il ne pose jamais la question de la surpopulation, des concentrations de populations, l'oubli de la tradition, l'indifférence au milieu local (et les réponses traditionnelles à ses exigences), le culte du moderne, du neuf, du nouveau, du technologique... qui n'ont rien à voir avec l'ultralibéralisme (ce sont des maladies qui étaient là avant lui).
Avant, on écoutait les Anciens et on avait du goût - même le goût, lentement, changeait. Aujourd'hui, tout se valant, le goût n'existe plus, le mauvais goût règne donc.
Le texte de Freund pourrait s'appliquer à beaucoup de régions d'Afrique où on parvenait à construire de grandes maisons toujours fraîches par les matières utilisées (toujours locales) et par leur disposition ingénieuse (une disposition inventée au fil du temps) ; aujourd'hui on y construit avec du béton, du parpaing, du plâtre - qu'on ne trouve pas là-bas, qui coûte cher, et qui isole mal ou trop. Pour la disposition, on s'inspire des bâtiments européens : il faut donc ajouter des climatiseurs, qui coûtent cher et consomment une électricité localement rare et chère. Les habitations traditionnelles impliquaient la vie dehors, donc en commune : elles poussaient eu lien social. Les imitations des immeubles européens produisent les mêmes quartiers malfamés qu'en Europe, car le lien social n'y existe plus : chacun vit chez soi, on ne se parle plus autant, plus assez, on s'épie, on se jalouse et parfois on s'affronte.
Il y a une lien entre la qualité du lien sociale, la structure traditionnelle, les réalités géographiques et l'architecture. Vouloir l'uniformiser, c'est détruire le lien avec le passé, avec le pays et avec les voisins.