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La Cuisinière et le mangeur d'hommes

Envoyé par Francis Marche 
Non seulement cette histoire de pilules à la chair humaine ne m’étonne pas, mais ce fait divers va tellement dans le sens de mes intuitions que je m’en effare. Je suis par exemple convaincu que le cannibalisme reste une tentation constante de nos sociétés — et qu’il n’y a pas trop du poids d’une civilisation millénaire pour inhiber cette tentation —, ou encore qu’il suffit de dix minutes à peu près pour convaincre un quidam d’intelligence et de moralité moyennes de tuer son prochain.
Booster l'endurance à coups de bébés décédés, voilà qui laisse rêveur.
Et encore, Francmoineau, si vous saviez ce qui est désigné ici par endurance...
Rafael Nadal anthropophage ? Non, je ne veux pas le croire.
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(voyez qu'il ne s'agit pas de tennis ou de l'ascension du Tourmalet , et dieu sait que je ne voulais pas en arriver là ! On est prié de rien ajouter qui nous refasse descendre vers l'almanach Vermot, le sujet est trop grave. La Chine maoïste a connu le cannibalisme pendant la Révolution culturelle, hélas, ça n'est ni de la propagande anti-communiste, ni une "légende urbaine de plus".)
Entendu, ce matin sur France-Info, des cas de cannibalisme en Corée du Nord. Inquiétant.
Le Figaro
Utilisateur anonyme
18 mai 2012, 16:17   Re : La Cuisinière et le mangeur d'hommes
S'ils ne mangent pas leurs compatriotes, les Nord-Coréens sont contraints de se contenter d'algues et des surplus US. Alors...
Voir également le scandale des thés Lipton d'origine chinoise: I C I.

C'est la vie humaine en général qui en Chine communiste n'a jamais eu le même poids qu'ailleurs, alors vous pensez bien, la santé des populations... Leur empoisonnement ne fera jamais reculer personne si l'affaire peut rapporter gros. C'est ainsi. Et ça n'est pas prêt de changer. Et puis comme Claudel le notait déjà au début du siècle dernier, il y a un vieux fond de cette race, qui n'a pas que des qualités, qui la porte immanquablement à emprunter le chemin le plus court vers le profit immédiat lorsque ce qui s'interpose entre le but projeté et le forfait à commettre n'a point face humaine ni langage humain (car alors, ce sera mille détours et contournements) -- il notait, en typifiant "le Chinois" d'une manière qui serait très hasardeuse aujourd'hui, que celui-ci n'hésitera pas une seconde à déboulonner des rails de chemin de fer pour en recycler les métaux à son profit sans une pensée pour le déraillement du train.

Les premiers révolutionnaires républicains chinois, qui n'étaient pas des communistes, n'ignoraient en rien ce trait national si particulier et étaient partis en guerre contre lui, les armes à la main. Le reproche fait à la race doit donc être atténué par la conscience qu'à la race de ses défauts, et du reste l'on peut penser que c'est cette conscience critique d'elle-même qui peut faire naître de la race une civilisation.

Les premiers révolutionnaires républicains chinois avaient ainsi inscrit dans leur devise (celle des "Trois principes du peuple") cette croisade contre ce trait du voleur et de l'assassin anonyme agissant sans victime désignée : le 民生主義 ["Min Sheng tchou yi" en transcription EFEO] soit l'un des trois piliers de la révolution chinoise de Sun Yat-sen, et qui signifie généralement "le bien-être pour les populations". Le bien-être des populations, leur bien-vivre, leur santé, voilà qui était révolutionnaire, qui était l'impensable et l'impensé il y a exactement un siècle en Chine.

Pour en savoir plus sur les "Trois principes du peuple" (三民主義) [San Min tchou yi] forgés par Sun Yat-sen, et qui président toujours aux destinées de la République de Chine à Taïwan, voir l'article Wikipédia en anglais [en.wikipedia.org] qui hélas n'a pas d'homologue digne de ce nom en français.
Citation
Chatterton
Non seulement cette histoire de pilules à la chair humaine ne m’étonne pas, mais ce fait divers va tellement dans le sens de mes intuitions que je m’en effare.

Cela rappelle tout à fait le film de science fiction Soleil vert. La réalité dépasse la fiction...
Utilisateur anonyme
19 mai 2012, 09:46   Re : La Cuisinière et le mangeur d'hommes
Cher Francis Marche, pour un observateur lointain, ce que vous écrivez semble rectifier un tant soit peu le point de vue que l'on s'était fait sur les vertus du peuple chinois à la lecture de Simon Leys. L'impression générale qui se dégage de ses livres est que les Chinois sont de braves gens profondément civilisés mais séculairement victimes des moins scrupuleux d'entre eux (les "Robert Macaire" que Stendhal objectait à l'utopie de Fourier, selon Michéa). L'oeuvre de Leys me semble essentielle pour comprendre comment un groupe de dimensions limitées peut prendre contrôle absolu d'un nombre immense de bonnes gens (Modèle des "Naufragés du Batavia"). Quoi qu'il en soit de la pente générale des sociétés, il me semble que nous ne tirons pas assez pour nous-mêmes les fameuses "leçons de l'histoire", nazisme ou communisme. La propagation idéologique à laquelle nous avons assisté depuis trente ou quarante ans est partie, elle aussi, d'un noyau sociologique (révolutionnaires dégrisés, cathos de gauche) qui a trouvé les moyens et les conditions favorables pour s'imposer à l'ensemble de la société. Or une telle expansion ne peut se produire sans prendre appui, dans toutes les couches de la société, sur des émetteurs-relais qui peuvent être aussi bien des fanatiques de l'idéologie en expansion que des cyniques du type de ces démonteurs de rails dont il est question. Il me semble que la plus grande partie des gens, chez nous, et peut-être en Chine si l'on en croit Leys, n'ont d'autre aspiration que de vivre tranquillement, dans le cadre de la common decency — mais que la question essentielle, qui ne peut être évaluée par aucune statistique, est celle du nombre des canailles en son sein, ceux qui sacrifieraient l'ensemble du genre humain pour un quart d'heure de vie supplémentaire, selon la formule de Sade.
Hélas je doute fort que la canaille soit une question de nombre ou de proportion d'individus "canailleux" chez le peuple majoritairement résolu à la common decency. La canaille, comme la nocence, est un état d'esprit. Miniscule anecdote qui fait écho à celle des dévisseurs de rails: je me souviens de travaux de réfections dans le voisinage, quand j'habitais Hong Kong. On repeignait des garde-corps en métal sur les quais. Les ouvriers devaient décaper ces tubes de métal, sur lesquels tout choc était très sonore, avant d'y appliquer les couches de primaire, puis de peinture. Ils avaient trouvé une méthode simple, économique (pour leurs employeurs, je suppose): taper de dessus à grands coups de marteau pour faire s'écailler la vieille peinture et en débarrasser les tubes, sans aucune considération ni égard pour personne; le fracas en était assourdissant et continuel, mais cela leur était pratique, expédient, efficace, allait droit au but, faisait gagner du temps, de l'argent, etc. Impossible de s'opposer à cela par un règlement qui n'eût été bien évidemment jamais respecté; il ne peut être interdit de décaper des tubes en tapant dessus; ce n'est ni un crime ni un délit, seulement une nocence. Eh bien je dis qu'il n'y a entre cette méthode de travail et le dévissage des rails qu'une différence d'ampleur, un saut quantitatif et non qualitatif. La common decency, si elle eût existé chez ces gens, comme elle existe au Japon, eût intimé, par un geste du chef du chantier, de changer de méthode, d'humaniser les procédures, d'avoir une pensée pour autrui.

J'ai habité 12 ans à Hong Kong, dont de longues périodes dans la ville même qui n'était qu'un immense chantier de construction. L'administration britannique d'alors avait édicté des normes anti-bruit, concernant notamment les marteaux-pilons dont le travail consiste à enfoncer des poutres d'acier de vingt-cinq mètres de long dans les fondations des immeubles, pour assurer l'enrochement des structures, en tapant sur leur bout comme un plante un clou. Trois jours de martèlement étaient nécessaires pour enfoncer une poutre. Ces marteaux, que l'on appelait "jack-hammers" étaient le cauchemar des sept millions d'habitants que comptait la Colonie. Rien ni personne, aucune amende, n'a jamais pu en freiner la furie cataclysmique. Des inspecteurs (parfois britanniques) se rendaient sur les lieux avec leurs instruments de mesure dont l'aiguille de lecture des décibels quittait aussitôt le cadran, des sommations devaient être émises, l'engin s'interrompait quelques heures, puis repartait de plus belle pour faire des heures supplémentaires, le soir très tard, afin de rattraper le temps gaspillé par ces formalités. Ces marteaux étaient interdits dans d'autres pays, au Japon notamment, mais pas à Hong Kong, où l'on se contentait d'en modérer administrativement les abus, et pour la pure forme. Et bien évidemment, la plupart de ces engins ont dû ensuite continuer leur carrière en Chine continentale.

Ce que je vous dis sur la Chine et qu'omet Leys fait le fond d'un débat chez les penseurs depuis trois bons millénaires. Tout ce qui a des lettres et des humanités en Chine déplore cet esprit, le condamne, préconise des solutions, parfois les met en oeuvre mais la poussée des hommes qui veulent vivre, s'enrichir, parader, réussir, s'imposer, marquer leur époque, aller au but, est trop forte, aussi forte que la poussée démographique, et si le bon peuple conserve un attachement révérencieux pour ses maîtres en civilisation, il n'en demeure pas moins acteur premier de cet enfer.
Utilisateur anonyme
19 mai 2012, 12:01   Re : La Cuisinière et le mangeur d'hommes
C'est le caractère mortifère de la vie.
Lorsque je lis vos remarques sur la Chine, Francis, ce qui m'effraie le plus, c'est de savoir que ce pays est le premier concurrent de l'Europe dans la guerre économique. Or, lorsque je considère l'évolution des mentalités dans notre pays, gavé de bisounours à la guimauve, je me dis que nous nous préparons bien mal à lutter contre cette puissance et que la chute risque d'être infiniment douloureuse.
Je crois, en outre, que les médias chinois vont montre d'un absolu mépris à l'égard de notre pays ? En savez-vous quelque chose ?
Non, je ne "fréquente" plus la Chine depuis des années et je n'en sais pas plus que vous Véra. Il y a eu des hauts et des bas: les plus bas, ces vingt-cinq dernières années furent lorsque la France exfiltra les étudiants protestataires de Tien An Men après le massacre du 4 juin 1989, et lors de l'incident de la flamme olympique plus récemment. Mais vous savez, la Chine, comme l'autre grande puissance du moment, est accoutumée à un certain nationalisme virulent qui fait jeter des pierres sur les ambassades étrangères à Pékin, tantôt la française, tantôt la japonaise, et cette semaine, cela risque d'être l'ambassade des Etats-Unis.

Oui, il y aurait beaucoup à dire sur l'âpreté de ce peuple, âpre à tout gagner, apte à ne concevoir d'échange qu'inégal, avec un gagnant qui dans le jeu de l'échange doit défaire son partenaire en faisant de lui un perdant. C'est le reproche que les Américains leur adressent souvent, non sans raison. Et il y a aussi, en arrière-plan à cela, un très faible respect pour le vivant sans utilité manifeste; l'être vivant, s'il n'a point visage humain, point de langage interprétable, est un inerte, une chose. C'est très frappant. Les anecdotes se bousculent dans ma mémoire en écrivant cela mais il m'en vient une à l'instant : mon colocataire à Hong Kong, c'était en 1981, un jeune ingénieur, très yuppy, coureur de jupons, célibataire de choix pour gente féminine locale, diplômé d'une université britannique, homme qui ne m'était nullement antipathique, avait acheté un oiseau comme cela se faisait encore, dans une cage; il l'avait payé un prix extravagant, qui serait l'équivalent actuel de 1000 euros, disons. Ce jeune chinois, 27 ans, "grande gueule", bon vivant me présente l'oiseau et me jette par dessus son épaule: "Je l'ai payé ce prix parce qu'il chante ! S'il chante pas, je le balance aux chiottes".

Il faudrait peut-être ajouter que l'équation vivant-inanimé existe elle aussi au Japon mais là, l'inanimé se trouve promu. Il gagne en grade et acquiert une âme à l'instar de son homologue le vivant ! Je me dis parfois que les Japonais sont d'anciens Chinois critiques qui "en eurent marre" de la Chine et profitèrent de la présence de ces îles au larges pour y fonder une anti-Chine, ordonnée, spontanément respectueuse des vivants, accueillante au bouddhisme, à la sérénité, au silence, à la nuit, etc...
Utilisateur anonyme
20 mai 2012, 15:59   Re : La Cuisinière et le mangeur d'hommes
Les remarques de Francis Marche sont précieuses pour ce qu'elles nous apprennent ce que l'on aurait du mal à lire ou entendre ailleurs. C'est un peu comme le récit d'un voyageur lointain aux temps où ils étaient rares, et où l'on s'arrachait leurs récits. Je me doutais que le regard de Simon Leys, pour qui j'ai une grande admiration, était un peu faussé par l'empathie à l'égard des Chinois, mais comment vérifier ce doute ? Lors d'un voyage professionnel en Chine, j'avais été en contact assez régulier avec un jeune ingénieur (la trentaine) frais émoulu d'écoles de BTP, dont le principal souci avait été de me convaincre de la réalité des fantômes. Je ne sache pas que les jeunes ingénieurs en France sont aussi concernés par le surnaturel.
J'ai aussi lu avec intérêt les remarques de Francis. Ce n'est donc pas demain que la Chine se réveillera ! J'avais espéré en voyant certains films chinois comme "L'orphelin d'Anyang" ou "Blind Shaft" que certains Chinois portaient un regard critique sur leur pays et sa situation. Ceci dit "L'orphelin d'Anyang" fut tourné de façon illégale, sans autorisation et j'ignore combien de Chinois de Chine l'auront vu et ce qu'il est advenu de son réalisateur.
La dernière fois qu'on l'a vu, il entrait dans une usine à fabriquer des nems.
Utilisateur anonyme
22 mai 2012, 21:04   Re : La Cuisinière et le mangeur d'hommes
On ne mange pas de nems en Chine, cher Marc ! C'est du prêt-à-bouffer pour occidentaux.
Bon, disons des boulettes...
Le riz chinois pollué.

[www.rfi.fr]


Où je me demande si les autorités chinoises sont prêtes à tout pour nourrir leur population ou s'il s'agit du plus total mépris à l'égard de celle-ci et de la nature.
Je ne sais pas, je lis des messages sur "la Chine" mais il semble y avoir de notables différences selon les régions. Voilà ce que me racontent des personnes de Hong Kong : à les écouter, les gens de Pékin sont réputés intellectuels, portés sur le politique par les gens de Hong Kong qui seraient plus commerciaux. A Hong Kong, il y a une forte population "chrétienne" - qui ne semble pas au fait des différences entre catholiques et protestants. Quant aux personnes originaires de Wenzhou, elles semblent encore avoir une autre mentalité, vue toujours par des Hong Kongais comme ouvrière et âpre ; c'est souvent de cette région que viennent les Chinois de Belleville.
Et ce qui change aussi les mentalités, c'est la politique de l'enfant unique, pour lequel beaucoup de Chinois dépensent des sommes importantes (écoles payantes chères, du moins à Hong Kong), et l'informatique (les jeunes nés dans les années 80 semblent souvent des Geeks, qui ont du mal à communiquer...).
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