Ce récit de voyage en France de Benoît Rayski a été publié il y a deux ou trois semaines ("mai 2012") par David Reinharc, l'éditeur des Cahiers de l'In-nocence et d'une anthologie de l'In-nocence.
Dans ce "j'ai pour la France une étrange passion", beaucoup d'habitués du Forum et d'in-nocents pourraient reconnaître une de leurs pensées ou une de leurs passions ou approuver en totalité ou en partie les choix de Benoît Rayski, son évolution, du moins celle qui a été la sienne récemment (abandon de la préférence "idéologique" et retour aux choses et aux êtres tels qu'ils ou elles sont), la découverte qu'il fait de l'antisémitisme rabique des milieux dits progressistes (PC, gauchistes, franges révolutionnaires du PS, "amis" arabes, etc.).
La "quête" de cette Atlantide qu'est la France réelle, la France profonde, la France historique, celle des "sous-chiens", comme il faut dire désormais, submergée par les "banlieues", les "quartiers" (dits "populaires"), les "cités" - comme si la toponymie de la France se limitait à Bobigny, Stains, La Courneuve, Clichy, La Villeneuve, etc. où officient les divers et autres issus de la diversité métissée et métissante, cette quête, telle qu'elle est exprimée page 7 (laquelle semble avoir été écrite une fois que le récit a été achevé), et qui aurait valu à Benoît Rayski d'être soumis à la question de la part des commissaires à l'Inquisition, s'il n'avait pas porté pas le nom d'un des héros de l'Affiche rouge, tient d'un manifeste qui pourrait être celui de l'In-nocence.
Ce récit souvent émouvant est, hélas, inégal. On peut regretter la propension de Benoît Rayski à réduire "la France" (du titre) aux seules luttes sociales ou utopiques du siècle "ouvrier" (1840-1970) ou du communisme international (il y a eu et il y a encore une France communiste hors de la banlieue rouge où Rayski a grandi et a appris la morale de la "solidarité"), même s'il s'est efforcé de sortir de ce milieu "banlieue rouge", qu'il semble avoir abandonné ou qui l'a renié. Pourtant, les réserves qu'inspire ce récit (qu'il faut lire) tiennent essentiellement au style journalistique qui est celui de Benoît Rayski et dont il peine à se libérer, même s'il choisit dans le journalisme le genre le plus élevé, celui du reportage de fond ou sur le terrain et à ambitions littéraires. Les décennies de formatage journalistique ont laissé des traces proéminentes. On ne voit plus qu'elles.