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La faillite économique de l'Etat recouvre une faillite politique

Envoyé par Francis Marche 
Pourquoi disons-nous que l'apparente faillite économique de l'Etat français aux déficits insurmontables n'est que la transcription pécuniaire d'un défaut des institutions ?

Un exemple, l'AME: aux termes d'un décret de loi pris au début du mois, tout individu étanger dépourvu d'un titre de séjour en France et nécessitant des soins médicaux, ou souhaitant en bénéficier (chirurgie esthétique comprise), se voit désormais dispensé du paiement d'une franchise de 30 euros pour obtenir la gratuité des dits soins médicaux sur le territoire.

L'argument mis en avant par les décideurs, les promoteurs de cette mesure, se veut d'ordre technique et d'inspiration réaliste: si l'on exclut des soins ces personnes séjournant dans la précarité, pratiquant le vagabondage, vivant dans des conditions d'hygiène douteuse, etc. l'on court le risque de faire se propager dans la population de graves maladies, des épidémies (tuberculose, sida, etc.).

C'est cette sagesse apparente, où l'on sent la main des "assoces de terrain" qui masque la faillite générale de l'Etat, en l'occurrence de ses fonctions de police. En effet, en ayant renoncé à agir pour empêcher la présence illicite de ces personnes sur le territoire par les classiques moyens de police dont disposent les Etats pour faire respecter leurs lois et la sanctuarité du territoire national, l'Etat s'en remet à la "contribution solidaire" de ses citoyens, qui devront payer un surcoût de protection, non point policière mais sanitaire, pour palier les effets de son incurie. Les institutions s'effaçant, le coût de cet effacement est transféré en charge supplémentaire pour le citoyen. L'Etat se défausse ainsi: ne s'acquittant plus de ses fonctions régaliennes, il incombe au particulier de prendre en charge financièrement ce défaut par un simple "transfert de charge", présenté par les responsables comme incontournable, inévitable, fatal.

Le désastre financier national, et les exhortations à la rigueur émanant de cet Etat failli, résultent d'un abandon par les institutions de leur rôle régalien et servent en même temps, dans sa communication, de poudre aux yeux jetée sur sa faillite politique et sa trahison morale.
Utilisateur anonyme
07 juillet 2012, 11:48   Re : La faillite économique de l'Etat recouvre une faillite politique
Il me semble que nous sommes entrés (depuis quand ?) dans l'ère de la gestion à peu près : il y a à peu près le bon nombre de lampadaires autour des routes, il y a à peu près le bon nombre d'instituteurs, de pompiers, de policiers, qui font à peu près ce qu'ils doivent faire à peu près au bon endroit. Mais si on entre dans le détail, on voit le chaos qui règne partout, on voit à quel point les hautes autorités n'ont pas d'autorité, et la façon dont elles utilisent mal le peu d'autorité qu'elles ont.
Exactement. La propension à la défausse, à la fuite devant les problèmes, aux solutions vite trouvées, aux emplâtres sur jambe de bois, aux remèdes pire ou équivalents au mal, à prendre des décisions en fonction de leur facilité d'application quitte à léser injustement une partie concernée momentanément impuissante ou moins puissante que le lobby intervenant; crée un Etat sans courage servi par des professionnels soucieux de leurs intérêts plus que par l'intérêt général. Cet Etat ne peut remplir ses fonctions régaliennes. Impossible.
Des institutions impuissantes coûtent triplement cher:

1 - par parasitage simple : payer des gens à ne rien faire, à se décharger sur la société civile, à confier les tâches statutaires à la "solidarité citoyenne", etc., à occuper leur temps de travail simulé à organiser leurs loisirs, leur gestion syndicale, leur CE, etc.;
2 - par transferts de charge invisibles à d'autres secteurs (p. ex. le secteur médical subventionné ou conventionné comme on vient de le voir avec l'AME);
3 - par subsidiarité systématique contre rémunération, soit les dizaines, ou centaines de milliards d'euros versés annuellement en subventions de l'Etat et des collectivités territoriales au secteur associatif dont le rôle, en sus de celui de sous-traitant des fonctions régaliennes évoqué en 1., est souvent de nature propagandiste double: propagande politique directe ET écran de fumée sur la cause-racine du désastre, soit la démission des institutions en amont.

Il n'y a pas de déficit des comptes sociaux, et partant de crise économique, envisageable en dehors de cette cause première: l'incurie politique, la démission des institutions qui se sont départies de leur rôle statutaire, de leur économie institutionnelle.
Utilisateur anonyme
07 juillet 2012, 12:41   Re : La faillite économique de l'Etat recouvre une faillite politique
L'Etat est en effet de moins en moins présent et efficace. Il collecte néanmoins de plus en plus d'impôts. Son rôle consiste à taper ceux qui jouent (encore) le jeu, bien qu'ils n'en puissent mais, afin de maintenir un vernis de normalité dans une société de plus en plus ensauvagée.
Il faut ainsi accueillir toute la misère du monde, qui s'avère aussi être, hélas, toute la racaille du monde. Si par malheur le robinet associativo-allocatif venait à se tarir, le pays (des droits de l'Homme, qui sont le droit à tout et n'importe quoi, et surtout à n'importe quoi...) serait à feu et à sang, comme il l'a d'ailleurs déjà été... sauf que nous n'avons encore rien vu.
L'exemple de Francis Marche confirme que l'affaiblissement de l'Etat accompagne son extension. Marcel Gauchet, encore lui, a fort bien expliqué cela, il y a trente ans déjà. Un certain libéralisme (celui qui réclame des frontières ouvertes) réclame la prise en charge collective de ses acquis.

Par contre, l'autre libéralisme exige un Etat fort et donc recentré. Paul-Marie Coûteaux se réjouissait, une fois, de voir des libéraux rejoindre le SIEL pour ce motif.

Ajoutons que la "contribution solidaire" est vraiment sans frontière. Tout contribuable peut compter à charge (effective et principale !) ses enfants résidants à l'étranger et ajouter à son quotient la part de son conjoint resté au pays pourvu qu'il soit marié sous le régime de la communauté.
La prise en charge systématique par l'Etat ("votre partenaire quotidien") du lien de société et des intérêts particuliers contre les lois générales et les corps intermédiaires indépendants, à la norme commune desquelles il substitue son activité inlassable et sa jurisprudence, explique son gonflement, sa complexité stupéfiante et son coût exorbitant.

Prenant acte du lien entre le libéralisme, la société des individus, d'une part, et la présence pratique de l'Etat, d'autre part, il faudrait non pas renoncer aux transferts sociaux massifs mais donner à ces transferts un caractère général et universel, substituer à l'ensemble des prestations un revenu unique et identique pour chacun.

D'ailleurs, la simplification (la mise en place de bases de données nationales dans l'administration, par exemple) est la seule prescription du libéralisme qui fasse consensus. C'est aussi, malheureusement, la seule qui soit négligée, la cause libérale revenant toujours à ses marottes, la hausse du temps de travail, la baisse des impôts, la chasse aux gaspillages et la guerre du privé contre le public, comme si les deux sphères n'étaient pas totalement imbriquées, avec, pour conséquence, sa disparition du débat public.
Une administration simple des besoins généraux permettrait un Etat sans dette.

L'administration proliférante du détail implique un Etat endetté.

La dette s'explique donc, sous couvert de fatalité profane ("il n'y a pas de miracle"), par le choix politique de l'administration sans limite du détail en raison de l'effroi et du mépris politiques qu'inspirent les vues rationnelles et générales, désormais associées à l'opium totalitaire, à "la sublimité des doctrines" qui annonçaient la fin du moloch étatique au terme d'un cortège d'horreurs.

.....

Plus un Etat est endetté, plus il est fort : plus il a de créanciers et plus ses créanciers ont à perdre à sa faillite et à gagner à son endettement. Le gonflement de la dette publique est une manifestation de puissance. Etrange puissance, sorte de transposition dans l'ordre financier, de l'équilibre de la terreur, une puissance déduite de l'extrême dépendance des parties entre elles.
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