Pourquoi disons-nous que l'apparente faillite économique de l'Etat français aux déficits insurmontables n'est que la transcription pécuniaire d'un défaut des institutions ?
Un exemple, l'AME: aux termes d'un décret de loi pris au début du mois, tout individu étanger dépourvu d'un titre de séjour en France et nécessitant des soins médicaux, ou souhaitant en bénéficier (chirurgie esthétique comprise), se voit désormais dispensé du paiement d'une franchise de 30 euros pour obtenir la gratuité des dits soins médicaux sur le territoire.
L'argument mis en avant par les décideurs, les promoteurs de cette mesure, se veut d'ordre technique et d'inspiration réaliste: si l'on exclut des soins ces personnes séjournant dans la précarité, pratiquant le vagabondage, vivant dans des conditions d'hygiène douteuse, etc. l'on court le risque de faire se propager dans la population de graves maladies, des épidémies (tuberculose, sida, etc.).
C'est cette sagesse apparente, où l'on sent la main des "assoces de terrain" qui masque la faillite générale de l'Etat, en l'occurrence de ses fonctions de police. En effet, en ayant renoncé à agir pour empêcher la présence illicite de ces personnes sur le territoire par les classiques moyens de police dont disposent les Etats pour faire respecter leurs lois et la sanctuarité du territoire national, l'Etat s'en remet à la "contribution solidaire" de ses citoyens, qui devront payer un surcoût de protection, non point policière mais sanitaire, pour palier les effets de son incurie. Les institutions s'effaçant, le coût de cet effacement est transféré en charge supplémentaire pour le citoyen. L'Etat se défausse ainsi: ne s'acquittant plus de ses fonctions régaliennes, il incombe au particulier de prendre en charge financièrement ce défaut par un simple "transfert de charge", présenté par les responsables comme incontournable, inévitable, fatal.
Le désastre financier national, et les exhortations à la rigueur émanant de cet Etat failli, résultent d'un abandon par les institutions de leur rôle régalien et servent en même temps, dans sa communication, de poudre aux yeux jetée sur sa faillite politique et sa trahison morale.