La situation de la France est particulièrement intéressante. En dépit de la conjoncture, elle emprunte, tout comme l'Allemagne ou les Etats-Unis, aux taux les plus bas de son histoire, voire à des taux négatifs à court terme. Et tant que les investisseurs continuent à percevoir la France comme un pays "sûr", tout du moins relativement à ses voisins méridionaux, cette situation peut parfaitement perdurer. Or pour un pays dont la dette dépasse désormais 90% du PIB, cette situation n'est rien de moins qu'une bénédiction et un sursis inespéré. Encore faut-il comprendre ce que signifie un sursis. Car la dangerosité de cette situation est qu'elle est susceptible de laisser croire à un gouvernement déjà largement dans le déni qu'au fond rien ne presse et surtout pas les coupes budgétaires.
Or quand le basculement s'opère, c'est-à-dire que la France rejoint aux yeux d'une majorité d'investisseurs la liste des pays dont on doute qu'ils seront jamais capables de rembourser leurs dettes, il est déjà trop tard. Une hausse même modérée des taux d'emprunts allourdit tellement le service de la dette que la plus rigoureuse des politiques de rigueur s'avère en comparaison quantité négligeable. Les exemples de la Grèce, de l'Espagne ou de l'Italie sont là pour en témoigner.
Heureusement que le changement c'est maintenant.