Fabrice Luchini lit Philippe Muray au théâtre Antoine

Chers in-nocents,

Jean-Philippe Boursier et moi-même nous proposons d'organiser une petite sortie in-nocente un soir d'octobre de cette année, au théâtre Antoine, où Fabrice Luchini lira des textes de Philippe Muray (qu'on ne déteste pas à l'entour, ce me semble...) lors de “vingt représentations exceptionnelles”. Le caractère “exceptionnel” desdites et leur petit nombre m'incite à créer dès maintenant un “fil” visant à présenter l'information et à organiser l'événement, si toutefois l'idée reçoit un écho au sein de l'assemblée ici virtuellement réunie. Tout un chacun est invité, bien sûr, selon ses disponibilités “géographiques” dirais-je...

La présence du Maître serait évidemment un honneur (mais je crains que nos modestes finances ne nous empêchent de lui faire cadeau des nuits dans la chambre 67 de l'hôtel de Bourgogne).

Des échanges complémentaires peuvent se faire par “messages privés”.

Si nous étions assez nombreux, nous pourrions partager les frais de la chambre d'hôtel. Nous pourrions également en profiter pour offrir la place pour le spectacle.

Si Lucchini est réellement fin, il lira un jour Camus sur scène.

Cela pourrait être intéressant, en effet (la proposition de Leroy et, d'ailleurs, ce que dit Boursier juste avant).

Alors ? Personne à part Stéphane Bily ?

D'un effet Luchini.

Cela dit, l'idée d'une sortie groupée d'In-nocents en goguette n'est pas sans attrait.

Oui, tout bien réfléchi Luchini n'est peut-être pas l'acteur indiqué pour lire du Camus...

L'idée fait très "copains d'abord".... Je doute qu'elle trouve l'agrément du Maître. Pour ma part, l'éloignement géographique, plutôt qu'aucune prévention contre cette initiative, m'interdit d'en être. Cela étant, j'ai déjà assisté au Philippe Muray de Lucchini il y a deux ans.

Il y a quelque chose que je ne comprends pas chez Luchini.Comment parvient-il à lire Muray et, en même temps, être acteur dans des films de série B ?

Il cachetonne au cinéma, où il est payé en millions, et réserve le meilleur de son talent à la récitation et au théâtre. Enfin, le meilleur de son talent...C'est dans toutes les situations où on le trouve un histrion difficile à supporter plus de dix minutes.

Très bonne idée. N'est-il pas trop tard pour réserver ?

Rien que pour la tête que fait Lucchini face à l'hystérie indifférentialiste, on lui pardonne ses excès :

Sublime Lucchini. Sublissime Murray.

Très bonne émission traitant de l'oeuvre de Philippe Muray sur Radio-Courtoisie.

S’il se fût trouvé que cette petite sortie eût lieu entre le 9 et le 19 novembre, j’aurais eu grand plaisir à m’y joindre (et à acheter mon billet, n’exagérons pas...). Mais en octobre...

Les lectures de Muray n'ont lieu que jusqu'au 29 de ce mois. Il faudrait trouver autre chose...

De toute façon nous nous verrons au grand bal post-panier à salade du 10.

C'est juste. On va rire.

Les amateurs de Fabrice Luchini pourront tout de même voir, après le 29 octobre, le film de François Ozon, Dans la maison, où il tient le rôle principal, celui d'un professeur de français dépressif mais pas caricatural, et qui est curieusement excellent (je parle du film), y compris selon certains critères in-nocents. D'ailleurs Dans la maison est un titre superbe qui ne saurait annoncer un ouvrage médiocre.

On m'a dit le plus grand bien de ce film (que je n'ai pas vu), cher Thierry Noirot.

Serais très intéressé par votre avis sur le film si vous le voyez, cher Jean-Michel Leroy. Il pourrait même faire débat sur ce forum. François Ozon doit penser tout ce qu'il faut penser dans son milieu. Pourtant, quand on l'écoute parler, on constate qu'il a très peu des tics de langage du cinéaste français de quarante ans. Et avec Dans la maison il a réalisé sans le savoir (je suppose) un film étrangement proche de l'in-nocence (sous certains aspects) et peut-être encore plus proprement camusien qu'in-nocent. La vie dans son film - pour résumer énergiquement - est bien sous l'instance de la lettre. Non pas au sens banal où la vie est un roman... Mais plutôt au sens où le roman est une vie, la vie. Très mal dit de ma part, mais devrait suffire à allécher quelques lecteurs de Renaud Camus - et amateurs de Fabrice Luchini : les deux catégories additionnées, ça fait du monde... même si certains, comme c'est mon cas, figurent à la fois dans l'une et dans l'autre.

Las... Ce n'est pas si simple, je le crains, et cette arithmétique ne suffit pas, en serais-je le seul contre-exemple : j'ai trouvé ce film désespérément plat et fabriqué.

Film fabriqué, artificiel, sans doute, cela se défend très bien. Plat ? Vraiment, je ne vois pas comment on peut le qualifier de plat.

Je viens de voir Dans la maison, cher Thierry Noirot. Je suis assez d'accord avec M. Dangle : on sent qu'on a affaire à un artifice, mais je crois que c'est parfaitement voulu. Beaucoup de choses, dans le film, semblent artificielles, à commencer par le lycée Gustave Flaubert où se déroule une grande part de l'action. La maison et le parc à l'entour sont également très artificielles. Le personnage de Germain Germain est peut-être le seul qui soit pleinement réel. J'ai trouvé Kristin Scott Thomas très bien.

Je ne crois pas non plus que ce film soit plat. Il y a tout de même de nombreux rebondissements et... du relief ! La première rédaction de Claude est vraiment très drôle, très inattendue. Le début avec les professeurs et le proviseur est très drôle également (leurs réactions lorsque Balmer annonce que les élèves porteront désormais un uniforme...). Peut-être le film se noie-t-il un peu, à certains moments...

Merci, chers amis, pour ces précisions concernant un film que je voulais aller voir et dont m'avait séduit la bande-annonce.

Ce titre, Dans la maison, fait un peu penser à l'excellent Entre les murs ; effet de miroir inversé ?
Je garde un assez bon souvenir des premiers courts métrages d'Ozon, notamment Regarde la mer, qui offrait parfois une vue inaccoutumée et comme bassement domestique des choses ; après, cela semble s'être en effet officialisé et aplati...

C'est très bien vu, cher Alain Eytan. La place accordée à l'école en tant que telle n'est pas de même importance dans Dans la maison et dans Entre les murs (où c'est le seul sujet) mais il y a de ça. Il y, vers la fin du film, une scène très drôle et très juste où Germain Germain démonte toutes les sottises pédagogistes face au proviseur : apprenant pour élève, corriger en vert parce que le rouge est traumatisant etc...

Résumons. Le film d'Ozon n'est pas sans défauts, il manque de naturel et tourne à vide dans certaines séquences répétitives, voire ennuyeuses. Cependant il présente l'avantage insigne de pouvoir intéresser sinon séduire :

- les in-nocents, pour sa description à la fois réaliste et satirique du monde de l'éducation

- les camusiens, pour son originalité profonde qui est de présenter sinon une forme d'"épanchement du songe dans la vie réelle" (comme dirait Nerval) du moins (mais ce n'est pas du tout un "moins") une forme d'effusion de l'écriture dans la vie quotidienne des personnages.