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Sans appel

Envoyé par Thomas Rhotomago 
07 août 2012, 22:49   Re : Sans appel
Dans la série des torts redressés à la barre à mine par le sieur Onfray voilà, après Kant idéologue du nazisme (!), Freud affabulateur antisémite (!!) et Sade, disons, trop sadien, Sartre entièrement recouvert de merde.
07 août 2012, 23:02   Re : Sans appel
Onfray monologuant devant des jeunes produit une impression fort désagréable. Les gauchistes, dans les années 70, organisaient ainsi des "universités" du samedi où "des cadres" assénaient aux plus jeunes "ce qu'il faut penser" avec force motifs discursifs en boucle de tel ou tel auteur, de telle ou telle école de pensée. Onfray est sur le bord de faire prendre Sartre en sympathie tant la charge populiste qu'il sonne contre lui est grossière. Ce qui est tout de même un comble lorsque l'on est déjà guère enclin à trouver à Sartre des circonstances atténuantes à ses choix poliitques. Et l'on se dit alors que pour réaliser cet exploit, il faut qu'Onfray soit pire encore dans ses partis pris exclusivistes et "de classe" que Sartre lui-même.

Onfray "sonne" comme Soral. Il s'échauffe pareil : sa pensée s'auto-alimente comme une colère.
07 août 2012, 23:04   Re : Sans appel
Ma foi, il y avait plus d'un antécédent et je ne vois pas ce qu'il y a de vraiment contestable dans la mise au point d'Onfray.

"J'aimai Saint-Malo, ses étroites rues provinciales où la rumeur de la mer avait fait lever, jadis, des corsaires. Des vagues café au lait battaient le grand Bé, c'était beau ; mais le tombeau de Chateaubriand nous sembla si ridiculement pompeux dans sa fausse simplicité que, pour marquer son mépris, Sartre pissa dessus."

Simone de Beauvoir – La force de l'âge
Utilisateur anonyme
07 août 2012, 23:08   Re : Sans appel
Bon, bah, pour marquer son mépris quant à Sartre, on pisse dessus ?
07 août 2012, 23:16   Re : Sans appel
Pierre Jean C a mis le débat sur le terrain de l'excrément mais je ne vois pas qu'Onfray, dans cette conférence, fasse autre chose que rétablir des circonstances que chacun peut vérifier et je le suis quand il cherche à démontrer comment Sartre, Beauvoir et leurs affidés ont tout fait pour discréditer Camus.
07 août 2012, 23:28   Re : Sans appel
Cher Orimont, ce qu'il pourrait à la limite y avoir de contestable, mais ce n'est pas le mot, c'est tout simplement qu'Onfray jugeant Sartre de toute sa hauteur de nain vivant dans une époque de nains, cela fait pitié, comme disent les jeunes, cela met un peu mal à l'aise (c'est du moins mon impression). Il a raison sur bien des points, mais quelque chose sonne faux (c'est sans doute purement subjectif). Il en fait un peu trop, son discours est construit sur des oppositions sommaires (bref, ce n'est pas Finkielkraut). Il ferait mieux, à la limite, et s'il y tient vraiment, au lieu de "régler ses comptes" avec un mort, de "régler" par exemple "son compte" à un Badiou, qui sévit encore.
08 août 2012, 00:04   Re : Sans appel
"Il ferait mieux, à la limite, et s'il y tient vraiment, au lieu de "régler ses comptes" avec un mort, de régler par "exemple son compte" à un Badiou, qui sévit encore."

Vous avez raison sur ce point, cher Stéphane.

Cependant, bien que mort depuis une trentaine d'années, la tournure d'esprit de Sartre est encore bien vivante et l'heure ne me semble pas encore venue de lui souhaiter "d'aller en paix". En songeant à tels ou tels intellectuels des années cinquante, morts à la même époque que l'auteur de cet excellent livre Les mots,on peut se demander quelle serait leur position aujourd'hui, quant à la situation en France ou dans le monde, mais, pour ce qu'il en est de Sartre le doute n'est absolument pas permis : il ferait un Hessel au cube, un pasticheur habile n'aurait aucun mal à se glisser dans sa manière pour imaginer un opuscule sartrien de justification des actes de Mohamed Mehra, par exemple. C'est comme si je l'avais lu.
08 août 2012, 00:19   Re : Sans appel
Cher Orimont,
Je persiste à admirer Sartre, dont, par ailleurs, les positions politiques, notamment sur le Proche-Orient, furent plus nuancées qu'on ne l'imagine. Je recommande vivement le très bon livre (pas encore traduit il me semble) de Jonathan Judaken, sur Sartre et la question juive.
08 août 2012, 05:04   Re : Sans appel
Le continuateur politique auto-proclamé (certes, mais tout de même) de Sartre est Bernard Henri-Bévu, qui est ce qu'il est mais sans doute pas un suppôt idéologique des Mehra et co. Sartre sur la fin de sa vie changeait, c'est indiscutable. Il était ouvert aux influences de personnages comme Lévi ou Glucksmann et avait démarché auprès des pouvoirs publics en faveur des boat-people vietnamiens.

Un point positif de Sartre rarement mis en avant: il n'était pas cupide et savait se montrer généreux de son temps et de son argent. Il n'était pas pleutre non plus face à un pouvoir aux réactions qui pouvaient encore être violentes ou excessives au lendemain de mai 68.

Il n'y a aucun péché à se savoir intelligent (dixit Onfray) ou à vouloir marquer les lettres de son époque. Le reproche de "l'héritage" retenu contre Sartre par Onfray a quelque chose de "maoïste", justement, et pour le dire vite.
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 08:22   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
08 août 2012, 08:36   Re : Sans appel
Pour ma part c'est ma première admiration littéraire (il y a longtemps), La Nausée m'avait rendu fou. Ensuite ce fut Camus (l'écrivain, hein).
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 09:56   Re : Sans appel
Bernard-Henri Lévy se prend pour Sartre qui se prenait pour Zola qui se prenait pour Voltaire.
(Je crois que j'avais déjà écrit ça ici et d'ailleurs, ce n'est pas de moi (mais je ne sais plus de qui).)
08 août 2012, 09:59   Re : Sans appel
un pasticheur habile n'aurait aucun mal à se glisser dans sa manière pour imaginer un opuscule sartrien de justification des actes de Mohamed Mehra, par exemple. C'est comme si je l'avais lu.

Il se peut que l'ombre de Jean Genet se superpose dans votre esprit à la figure de Sartre. Jusqu'à sa mort Genet fut un palestiniste hystérique et raciste anti-blanc (de son propre aveu et selon ses propres termes). A la veille de sa mort Sartre paraissait très loin de ce type de position.
08 août 2012, 11:24   Re : Sans appel
Dans cette leçon-conférence, il ne me semble pas y avoir grand-chose à redire sur le discours lui-même mais je partage un certain malaise face au personnage d'Onfray tel qu'il transparaît ici : lui-même pétri de haine de classe. Je préfère, de loin, la critique de Sartre faite par Raymond Aron, dans ses mémoires notamment : implacable sur le fond, notamment dans le domaine politique et éthique, très admiratif et plein de tendresse pour l'homme et ses incontestables grandeurs.

J'ai tout de même été ébahi par l'information selon laquelle "Socialisme et liberté" n'aurait jamais existé et par les mensonges purs et simples qu'Onfray rapporte.
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 11:36   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
08 août 2012, 11:48   Re : Sans appel
Dans cette leçon-conférence, il ne me semble pas y avoir grand-chose à redire sur le discours lui-même mais je partage un certain malaise face au personnage d'Onfray tel qu'il transparaît ici : lui-même pétri de haine de classe. Je préfère, de loin, la critique de Sartre faite par Raymond Aron, dans ses mémoires notamment : implacable sur le fond, notamment dans le domaine politique et éthique, très admiratif et plein de tendresse pour l'homme et ses incontestables grandeurs.

Voilà ce que je voulais dire. Merci.
08 août 2012, 11:55   Re : Sans appel
"Il se peut que l'ombre de Jean Genet se superpose dans votre esprit à la figure de Sartre."

Peut-être. N'est-ce pas Sartre, cependant, qui, dans l'un de ses textes, absolvait - et cette absolution valait encouragement - le meurtre de tout Blanc ou colon ? (il se peut que je confonde, je n'ai pas le texte sous la main.)
08 août 2012, 11:56   Re : Sans appel
Je vous en prie Didier, rouvrez son Baudelaire, rouvrez son Imaginaire, ses Séquestrés d'Altona et admettez qu'il a cohérence, autre nom de la grandeur.
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 11:59   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
08 août 2012, 12:01   Re : Sans appel
Non, vous ne confondez pas cher Orimont, c'était dans sa préface à un texte fameux de Franz Fanon. Dans mon message précédent je tenais à souligner le chemin parcouru par Sartre entre cela et son compagnonnage avec les hommes jeunes (Lévi, Glucksmann et d'autres) qui l'éveillaient et s'éveillaient avec lui à une autre approche de la politique. Cette phase, la dernière, n'a pas duré très longtemps, trois ou quatre ans à peine avant le couperet de la mort, c'est pourtant à partir de là, de ce renouveau, qu'il faut imaginer un Sartre aujourd'hui face à un Merah.
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 12:15   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
08 août 2012, 12:29   Re : Sans appel
Ah ! Cher Francis, vous ne voulez pas la mort du pécheur, c'est tout à votre honneur. Gageons que nombreux seront sans doute les plus fameux "amis du désastre", très actifs dans leur force de l'âge, très influents, qui, à l'article de la mort, confesseront s'être légèrement trompés. Il ne reste plus qu'à attendre qu'un Philippe Meirieu, exemple entre mille, avoue du bout de ses lèvres que d'autres méthodes que les siennes auraient pu être adoptées et que, décidément, il est envisageable que le niveau n'ait pas tout à fait monté, du temps de son action, il ne faut pas désespérer les intelligents.
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 12:47   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
08 août 2012, 13:04   Re : Sans appel
Sartre fut un grand passeur de la littérature, un découvreur de textes et d'auteurs, et un lecteur inégalé. On ne juge pas un maître à ses épigones.
08 août 2012, 13:06   Re : Sans appel
Guignol peut-être, mais L'Être et le Néant, ce n'est pas rien, tout de même (vous me direz : je n'y connais rien) ; certains passages sont de pure philosophie.
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 13:08   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
08 août 2012, 13:08   Re : Sans appel
Cher Stéphane,
Les oeuvres philosophiques de Sartre ne sont, à mes yeux, pas à la hauteur de sa critique littéraire, et des "Situations". Il n'est pas sûr, loin de là, qu'il ait tout compris à Heidegger, par exemple. Il me semble même qu'Edward Said, quelque part, témoigne de sa surprise devant un Sartre ne comprenant pas l'allemand...
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 13:09   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
08 août 2012, 13:10   Re : Sans appel
On peut détester Sartre (ce n'est pas mon cas), mais de là à le juger faux et superficiel... Vous y allez un peu fort, cher Bourjon !
08 août 2012, 13:11   Re : Sans appel
C'est bizarre, car Beauvoir (il y a tellement longtemps que je l'ai lue, en même temps), parle (je crois) d'un douanier (?) allemand étonné d'entendre Sartre parler allemand sans accent. D'où me vient ce souvenir ?
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 13:14   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 13:14   Re : Sans appel
08 août 2012, 13:16   Re : Sans appel
Cher Stéphane,
Merci pour cette précision : elle confirme ce que je pressentais, à savoir la mauvaise foi du témoignage de Said (qui avait fini par détester Sartre à cause des ses positions sur le conflit arabo-israélien).
08 août 2012, 13:18   Re : Sans appel
Oh, confirmer est peut-être trop dire, cher Chaouat.
08 août 2012, 13:21   Re : Sans appel
Onfray, nom absent des rayons "Philosophie" des bibliothèques des universités un tant soit peu sérieuses du monde entier, a été rendu littéralement fou par son succès public, qui est aussi celui d'une méthode inquisitoire. Ses procès staliniens, qui excitent les audiences avides de jeux de massacre, peuvent potentiellement s'appliquer à toutes les idoles, personne n'étant par définition irréprochable.

Les idoles qu'Onfray choisit n'en sont d'ailleurs plus depuis longtemps, des idoles. Les œuvres de Kant, Freud et Sartre ont été critiquées de manière pertinente et productive du vivant même de ces auteurs et jamais, comme le fait spectaculairement Onfray, pour en faire des repoussoirs d'écrits prétendument supérieurs. Car c'est ce qui est fascinant dans le cas de son Sartre vs Camus: le forcing presque absurde qu'il engage pour, au fur et à mesure qu'il enfonce le premier, rehausser dans des proportions délirantes l'aura du second.

Sa mécanique acharnée veut, en même temps qu'elle révèle la veulerie de Sartre, hisser Camus sur un piédestal, celui du "philosophe impeccable" (peut-être une allusion à Baudelaire dédiant à T. Gautier ses Fleurs du mal...). L'opposition, la rivalité qu'il reconstruit entre les deux penseurs aurait abouti à la gloire imméritée de Sartre, mauvais philosophe, individu lâche et collabo, et à la sous-estimation conséquente de Camus, plus grand auteur qu'on le dit, honnête homme clairvoyant qui jamais ne se trompa face à l'histoire. Cette démonstration caricaturale est à côté de la plaque: l'un comme l'autre ont été des méga stars. Camus n'aura manqué de rien ni de personne pour bâtir une œuvre récompensée, excusez du peu, par un prix Nobel! Pas mal pour un maudit, un ostracisé, un moqué, un persécuté par Sartre tout-puissant et sa clique...

Onfray est un malade mental qui rêve de prendre la place des idoles qu'il s'emploie vainement, mais avec un talent polémique qui lui ouvre toutes les portes, à déboulonner.

Et le titre de ce "fil" aurait dû être "Sans nuance".
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 13:28   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 13:31   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
08 août 2012, 13:34   Re : Sans appel
Oui, la nostalgie me voile sans doute le regard, cher Bourjon, c'est fort possible ; mais de là à répudier l'oeuvre dans sa totalité ! Je m'y refuse ; de la même manière, j'eusse très bien pû revendre les livres de tel ou tel qui ne semblait plus au diapason de mes convictions personnelles, mais quelque chose m'a toujours retenu ; je ne lis plus Sartre, mais je trouve que par exemple ses Carnets de la drôle de guerre méritent encore d'être lus. Sartre, c'était pour moi (sans doute un peu naïvement) la philosophie appliquée à la vie concrète, à l'expérience, et l'on trouve encore de quoi nourrir cet appétit dans certaines pages de L'Être et le Néant et dans les Carnets que j'ai dits.
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 13:58   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
08 août 2012, 14:12   Re : Sans appel
Il est vrai qu'il avait grand besoin de rédemption... Et qu'il était grand temps, tout de même, d'ouvrir un peu des yeux si obstinément dépendants d'œillères si flatteuses.

C'est le propre des athées : dans d'autres époques, cela eût été désigné comme leur singularité (Bernanos) quand l'honnêteté intellectuelle ne leur est pas un vain mot: ne connaissant pas le jugement dernier, ils oeuvrent à leur rédemption de leur vivant, et se font ainsi pardonner une part de leur faillite morale bien malgré eux ! L'athéisme apporte ainsi l'enfer (le communisme de sang, au Cambodge) et une toute petite partie de la rédemption, sur terre. C'est sa marque propre, son idiotès, qui ne comporte ni mérite ni vertu. L'athéisme militant est une spiritualité de la survie, celle du couteau suisse, si l'on veut : dans une même idée, ils font loger toutes les lames, celles du crime et du châtiment et tentent de faire entrer le tout dans une vie comme dans une petite poche. Le paradoxe, chez Sartre, est que cette petite poche, cette petite chose (lui-même, dans un de ses derniers entretiens avec Michel Cointat, se considérait comme un homme qui ayant accompli tout ce qu'il avait de tout temps désiré accomplir, se rendait à l'évidence, à la fin de sa vie, que cela faisait bien peu!) n'est pas sans sa grandeur.
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 14:14   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
08 août 2012, 14:15   Re : Sans appel
Il me semble même qu'Edward Said, quelque part, témoigne de sa surprise devant un Sartre ne comprenant pas l'allemand...

Cher Stéphane,
Merci pour cette précision : elle confirme ce que je pressentais, à savoir la mauvaise foi du témoignage de Said (qui avait fini par détester Sartre à cause des ses positions sur le conflit arabo-israélien).


En effet, celle-là était un peu forte tout de même. Said, ce truqueur intégral, ce faux savant (comme il est, à mon humble avis, un faux chrétien) qui s'aviserait de donner des leçons ! Qui se permettrait de juger des gens qui, quel que soit l'appréciation qu’on porte sur eux, ont été de véritables intellectuels !

Le fait que Said (qui était égyptien, comme beaucoup de « palestiniens ») ait tout jugé à l’aune de son combat politique pour l’annihilation de l’État hébreu est, à mon humble avis, le moindre de ses défauts. Je tiens Orientalism pour une imposture intellectuelle — pas moins nuisible et pas moins imposture que Les Protocoles des sages de Sion ou que les autres impostures que lisent ces gens-là.
08 août 2012, 14:56   Re : Sans appel
Le document de l'I.N.A proposé par Leroy, commence par une conférence de Sartre, introduite par une glose sur les intellectuels qui, appartenant comme lui à la bourgeoisie (il n'a pas la stupidité de le nier), sont récupérés par elle (coup de griffe au prix Nobel, raillerie sur les "prébendes"...) ou n'en souhaitent pas moins sa disparition etc. C'est plutôt agréable à écouter, c'est très bien tourné, le paradoxe, sa résolution et tout et tout. L'art de retomber sur ses pattes y atteint un sommet. Mais, en définitive, n'est-ce pas le simple constat du fait que la contradiction habite en chacun de nous, pour peu que l'on ait réfléchi cinq minutes ? A ce compte-là, j'aime mieux ouvrir n'importe lequel des moralistes français du XVIIIè siècle et lire une de leurs maximes. C'est encore mieux tourné.

En outre, à titre personnel, il se trouve que cette fichue "problématique", bourgeois, pas bourgeois, prolétaire, pas prolétaire, intello, pas intello, m'a toujours souverainement barbé, ne m'a jamais transporté, ni ne m'a offert le moindre allègement de mon existence.

Quant à La nausée, le hasard de mes lectures vagabondes a fait que j'ai d'abord lu Huysmans. Moyennant quoi...
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 15:18   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
08 août 2012, 15:58   Re : Sans appel
« et je le suis quand il cherche à démontrer comment Sartre, Beauvoir et leurs affidés ont tout fait pour discréditer Camus. »

Et moi donc !

« (Lévi, Glucksmann et d'autres) qui l'éveillaient et s'éveillaient avec lui à une autre approche de la politique. Cette phase, la dernière, n'a pas duré très longtemps, trois ou quatre ans à peine avant le couperet de la mort, c'est pourtant à partir de là, de ce renouveau, qu'il faut imaginer un Sartre aujourd'hui face à un Merah. »

Hélas, cher Francis, je n'en suis pas si sûre.

D'autre part sa fille adoptive et Simone de Beauvoir aussi, je crois, en auraient vivement voulu aux deux intellectuels que vous nommez, surtout au premier, d'avoir profité d'un Sartre diminué par l'âge et la maladie pour le pousser à se renier quelque peu, reniement qui, dès lors, ne serait pas à mettre au crédit du philosophe.
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 16:07   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 21:53   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
08 août 2012, 22:28   Re : Sans appel
Les juges sont achetés, c'est clair. C'est à vous écoeurer de la boxe amateur.
08 août 2012, 22:31   Re : Sans appel
Il me semble que Mlle de Beauvoir était bien plus fine que son compagnon.

En tout cas, de mon point de vue, elle écrivait beaucoup mieux, et de façon fort intéressante. Son ouvrage "Une Mort très douce" est remarquable.
09 août 2012, 19:59   Re : Sans appel
Citation
Francis Marche
Les juges sont achetés, c'est clair. C'est à vous écoeurer de la boxe amateur.

Ne vous écœurez pas si vite, Francis, les jeux ne sont jamais définitivement faits. Il y a incontestablement matière à penser, chez Sartre, qui était un homme intelligent, souvent brillant, capable de profondeur, nourri de littérature et de philosophie et graphomane ; c'est le contraire qui eût été vraiment étonnant.
Le reste, les modes, les inévitables mesquineries, les circonstances sociales, les entours, les tonneaux, on s'en fiche un peu, après tout.
Je crois que David Farreny avait justement résumé la chose...
Utilisateur anonyme
09 août 2012, 20:23   Re : Sans appel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
09 août 2012, 22:07   Re : Sans appel
Vous aurez raison de me réprimander sur ce point, cher Didier, parce que c'est (presque) seulement pour la bonne bouche, mais je demeure toujours stupéfait, jusqu'à l'admiration, de la façon dont on peut si définitivement révoquer la valeur d'un homme, quand l'aire d'évolution qu'on lui a d'autre part si généreusement et généralement attribuée est toute d'"ouverture".
10 août 2012, 00:16   Re : Sans appel
Sartre était attablé au Flore, et tout quidam pouvait, dit-on, l'interpeller et entreprendre une discussion avec lui. Je crains qu'on ne puisse plus espérer toucher de façon aussi directe quelque célébrité que ce fût, si contestable soit-elle par ailleurs... Badiou vient à ses cours comme une star, et il ne me semble pas que Bouveresse ou Finkielkraut soient non plus faciles d'accès.

Sinon, l'ère sartrienne laisse un goût de nostalgie ambiguë : en ce temps-là, du moins, le étudiants semblaient pouvoir se passionner pour quelques questions de philosophie ; aujourd'hui, n'est-on pas vraiment en-deça, avec le foot pour quasi-seul horizon d'une jeunesse ennemie de la culture ? Mais dans le même temps, c'est peut-être Sartre et ses épigones qui ont préparé cette fin de la culture. D'où me semble-t-il les sons de cloches discordants à son sujet, sur ce fil.
Utilisateur anonyme
10 août 2012, 08:19   Re : Sans appel
Citation
Loik A.
Sartre était attablé au Flore, et tout quidam pouvait, dit-on, l'interpeller et entreprendre une discussion avec lui. Je crains qu'on ne puisse plus espérer toucher de façon aussi directe quelque célébrité que ce fût, si contestable soit-elle par ailleurs... Badiou vient à ses cours comme une star, et il ne me semble pas que Bouveresse ou Finkielkraut soient non plus faciles d'accès.

Mais pourquoi relever ceci --- un intellectuel de rang national engageant facilement la discussion avec un quidam?

Je suis frappé, à chaque fois que je me rends à une conférence, par la nullité de la figure imposée des questions du public. Une intervention parfois brillante se conclut au mieux sur des banalités, au pire sur un esclandre.
10 août 2012, 11:56   Re : Sans appel
Citation
Chatterton
Je tiens Orientalism pour une imposture intellectuelle — pas moins nuisible et pas moins imposture que Les Protocoles des sages de Sion ou que les autres impostures que lisent ces gens-là.

Ma question, cher ami, n'a rien de polémique : je suis un peu surpris de ce que vous dites de L'Orientalisme d'Edward Saïd : c'est un livre dont j'ai lu et exploité les seuls premiers chapitres en 1984 et que je n'ai plus rouvert depuis. Avez-vous de bonnes raisons de traiter ce livre (qui m'avait paru original, mais je ne l'ai pas lu en entier) d'imposture intellectuelle et de l'associer aux Protocoles des sages de Sion, que pour le coup je n'ai pas lus du tout ? Vous voyez que je suis bien léger ....
10 août 2012, 12:45   Re : Sans appel
Certes, Emmanuel Michon, les questions du public sont souvent - toujours ? - plates. Néanmoins cette accessibilité du philosophe me semble constitutive, dès les origines ; n'est-ce pas la légende de Socrate, qui marchait dans les marchés, devisant avec les petites gens et s'inspirant des métiers ? De Socrate à Sartre, n'y a-t-il pas une forme de continuité, sous cet aspect, le philosophe-personnage, toujours en mouvement, agité, un peu fou ?
Du moins si Sartre trouve des défenseurs ou semi-défenseurs ici, n'est-ce pas pour cet aspect - qui le rend moins antipathique que le philosophe-fonctionnaire, le philosophe-journaliste ou le philosophe-inquisiteur ? (Evidemment Sartre c'est aussi le philosophe-gourou et le philosophe-militant, sauf erreur, et là dessus il y a fraude sur la marchandise).
10 août 2012, 13:32   Re : Sans appel
Cher Henri Bès, je vous envoie un message privé.
10 août 2012, 13:51   Re : Sans appel
Un message privé ? Alors nous n'aurons pas droit à votre réponse, cher Chatterton, sur la ressemblance entre les "Protocoles" et "Orientalism" ? Dommage...
10 août 2012, 13:59   Re : Sans appel
Monsieur Chaouat aura également un message privé.
Utilisateur anonyme
10 août 2012, 23:37   Re : Sans appel
Incidemment, Onfray nous apprend que Giraudoux (dont il semble tout ignorer par ailleurs) a été "commissaire à l'information du régime de Vichy" (sic).
12 août 2012, 09:57   Appel
J'étais sur le point de dire qu'Onfray "réglant son compte" à Sartre, c'était un peu Fréron exécutant Voltaire, quand je me suis avisé que j'allais faire profiter les lecteurs d'un jugement sur Sartre encore plus minuscule, s'il est possible : celui d'un professeur du secondaire. Pourtant je ne le crois pas totalement inutile : commençant par le début des Tragiques d'Agrippa d'Aubigné (I, 55 sq, "Je n'écris plus les deux d'un amour inconnu") et finissant par un extrait sartrien sur le devoir d'engagement de l'artiste, je constituais un dossier sur le rôle politique que les auteurs cherchent à avoir ou se construisent a posteriori (tels Retz ou Saint-Simon). Je voulais amener les élèves à délibérer vraiment sur cette nécessité de l'engagement de la littérature dans la politique (ou bien le poltique, quelque bonne âme me dira la différence entre les deux). Eh bien cet extrait de Sartre rendait la délibération ou même la distance critique, ou même la critique, impossibles dans le cours que je projetais : sa prose est douée d'une telle séduction, son raisonnement était si beau, que j'ai craint, vraiment craint, que les élèves ne se rangent tous de son côté et se trouvent aussi incapables que moi de délibérer. J'ai donc fait le Soviétique : le dossier sur l'engagement est passé à la trappe. Je ne suis pas fier de cet épisode, mais il me paraissait important de ne pas ajouter des sartriens supplémentaires dans un lycée de banlieue parisienne où l'enseignement était déjà bien trop orienté. Aujourd'hui, une quizaine d'années après, je tenterais le coup, je crois).

Les deux seuls penseurs laïcs à m'avoir fait cet effet-là (poético-intellectuel, charme - magie - de l'idée et du raisonnement) au cours de mes études sont Pascal et Hegel.
12 août 2012, 18:32   Re : Sans appel
Entièrement d'accord avec Henri Bès. Sartre était un argumentateur de génie.
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