Quelques impressions sur les JO

Il me semble que jamais la modernité à l'anglo-saxonne n'avait "vendu" avec autant de complaisance et de conviction sa camelote techno-libérale que lors de ces derniers jeux olympiques de Londres, en particulier lors des cérémonies d'ouverture et de clôture : près de trois heures de prouesses technologiques pour n'offrir qu'un gigantesque son et lumière aussi tape-à-l'oeil et tape-à-l'oreille qu'insignifiant quand il ne sombrait pas carrément dans la vulgarité la plus ridicule avec, entre autres, les "Spice girls" braillant et se déhanchant, perchées, chacune, sur le capot d'une voiture ; ou dans le patronage avec l'hommage niaiseux à l'insipide chanson de John Lennon "Imagine" qui aurait depuis longtemps sombré dans l'oubli si son auteur n' avait pas été assassiné, chantée par un choeur d'enfants vêtus de blancs sur une pyramide de cubes en plastique également blancs -- innocence oblige -- et sous un immense visage de saint Lennon entouré de lumière comme un christ dans sa mandorle ! Et je ne parle pas d'autres "artistes" à périr d'ennui : celle-ci qui se contorsionnait laborieusement dans un miteux collant étoilé digne du chapiteau de Trifouilly- les- oies tout en vociférant des sons inaudibles malgré son micro collé aux lèvres ; cet autre qui arpentait furieusement le podium en grattant avec frénésie des sons tout aussi inaudibles sur sa guitare et qui eût fait passer notre Johnny Halliday pour un chanteur de génie et un génie de la scène ; ni de l'évocation, au rabais, sans le moindre panache, du beau temps de la course anglaise avec l'apparition poussive d'un bateau réduit à l'armature de sa quille, accompagné, on se demandait bien pourquoi, d'une chanteuse d'âge mûr en robe à panier fendue pour laisser voir les jambes et dont on ne savait, à son air furieux si elle engueulait l'équipage du bateau ou le public. Oui, cette cérémonie fut bien un triomphe : celui de la vulgarité, de la camelote, et du non sens intégral, le non sens à la néo-libérale, celui de la modernité modernante, qui se prend au sérieux, au pied de la lettre, dénué de la moindre trace d'humour, hormis la brève tentative ratée, pitoyable, tombée à plat, d'un flageolant chanteur sur le retour. Rien du délicieux, du bon vieux "non sense" à l'anglaise, celui, en somme, de l'Angleterre d'Avant.

( message recorrigé)

D'abord, c'est John Lennon. Et puis les Spice Girls (ou les épices du multicul). Enfin quoi, Cassandre, comment pouvez-vous escamoter de telles références culturelles ?

P.S : à vous lire je me suis régalé.

Cassandre a sans doute confondu avec l'acteur Jack Lemmon (Certains l'aiment chaud, etc.)...

Et l'imitateur de Churchill haranguant la foule cigare au bec, issant d'une espèce de tour en carton-pâte du dernier kitch, façon Alice aux pays des merveilles !

On aura vu la place de la littérature, par la même occasion. Des voitures étaient entièrement recouvertes de ce qui semblait être des journaux mais, en réalité, apprenait-on par le commentateur émerveillé, étaient des pages remplies d'extraits de "grand écrivains anglais". Quant à l'intronisation définitive de la musique pop en toutes ses variantes, elle n'a octroyé que trente secondes (et encore) à un pianiste pour qu'il exécute un petit bout de Sir Edward Elgar, immédiatement recouvert par l'attraction suivante (cela s'est peut-être reproduit, je n'ai pas regardé jusqu'à la fin, ou plutôt, supporté jusqu'au bout l'ambiance sonore de ce spectacle qui commence par un "hommage" aux embouteillages londoniens, fidèlement rendus à force de coups de klaxons...)

Elgar... n'est-ce point l'auteur de "He Banged The Leather for Goal" ?

À vous lire je suis bien content de m'être dispensé de ces spectacles.

Pour ma part, ce que je retiens de la télédiffusion de ces Jeux — pour ce qu’il m’a été donné (ou imposé…) d’en voir — c’est, d’une part, l’ébouriffante prétention des commentateurs et animateurs, leur façon de phagocyter sans vergogne la retransmission des épreuves et, d’autre part, le fait que l’on ne puisse jamais se poser quelque part pour essayer de comprendre ce qui se joue et d’en suivre le déroulement jusqu’à l’issue. C’était le triomphe du zapping imposé et de la logorrhée décérébrante.

Eh bien les aminches, je ne sais même pas de quoi que vous causez. C’était encore un de ces truc qui passent à la télé, c’est ça.

Citation
Oui, cette cérémonie fut bien un triomphe : celui de la vulgarité, de la camelote, et du non sens intégral, le non sens à la néo-libérale, celui de la modernité modernante, qui se prend au sérieux, au pied de la lettre, dénué de la moindre trace d'humour, hormis la brève tentative ratée, pitoyable, tombée à plat, d'un flageolant chanteur sur le retour.

Oui bien chère Cassandre vous avez en grande partie raison. La performance de la chanteuse Annie Lennox de l'ex-groupe Eurythmics fut accompagnée de remarques élogieuses (par le commentateur de la tv allemande) sur son engagement pour les minorités. Elle serait l'égérie de la communauté gay anglaise.

Il n'en reste pas moins que le peuple (les gens simples) de tous les pays du monde ont pu assister à des compétitions particulièrement prenantes et se sont passionnés pour les exploits des un(e)s et des autres. La victoire de Renaud Lavilenie au saut à la perche poussé dans ses derniers retranchements par deux allemands fut du point de vue francais un moment très fort.

"Il n'en reste pas moins que le peuple (les gens simples) de tous les pays du monde ont pu assister à des compétitions particulièrement prenantes et se sont passionnés pour les exploits des un(e)s et des autres. La victoire de Renaud Lavilenie au saut à la perche poussé dans ses derniers retranchements par deux allemands fut du point de vue francais un moment très fort. "
Cher Rogemi, j'excepte évidemment, les athlètes auxquels va toute mon admiration. La victoire de Renaud Lavilenie a été, en effet, un grand moment . C'étaut aussi beau qu'un suspens de film américain.

d'une chanteuse d'âge mûr en robe à panier fendue pour laisser voir les jambes et dont on ne savait, à son air furieux si elle engueulait l'équipage du bateau ou le public.

Quoi?! Ils ont ressorti Petula Clark !?

L'Angleterre d'avant (celle qui mettait déjà les nerfs en boule aux Français) :

Je préfère la gadoue.

C'est terrible, le coup que vous nous faites là, Francis, terrible.

Pétula Clark était l'invitée d'une émission de France musique il y a une dizaine de jours, et elle faisait le choix des extraits que l'on diffusait. Cela m'a fait l'effet bizarre d'une résurrection — je n'avais pas entendu prononcer son nom depuis au moins vingt ans. Dans mon enfance, tout le monde savait qui était Pétula Clark mais aucun de ceux — des vingtenaires— avec qui j'étais au moment de l'émission n'en avait la moindre idée.

C'était une sorte de Dalida anglaise, mais pas belle et très cruche.

Une mauvaise impression :

[www.sudouest.fr]

Accessoirement, il parait que "La table coûte très cher" et c'est au moins aussi triste de l'apprendre que le geste de cette équipe (pour être sincère, c'est, pour moi, encore plus triste car cette histoire est un exemple supplémentaire d'arroseur arrosé, eu égard à l'hystérie coutumière des journalistes sportifs.)

J'aime bien "Imagine", c'est grave docteur ?
Et Sir Edward (Elgar ) me paraît un peu lourd.
Et je vois mal une cérémonie de clôture au son de Purcell, c'est aussi bien pour ce dernier.
La cérémonie de clôture se voulant populaire, les chances de trouver autre chose que ce que l'on y vît étaient restreintes.
Évidement si Paris l'avait remporté nous aurions admiré des textes de Renaud Camus lus sur fond de Couperin ou de Sainte Colombe, mais les anglais ont mauvais goût, pas nous.

Le peuple a bon dos.
Cet incessant et lassant ballet de lumières ciardes n'égalait ni en beauté ni en poésie le traditionnel feu d'artifice, spectacle auquel le bon peuple en liesse a toujours été, que je sache, très sensible.
On peut apprécier " Imagine" -- ce n'est pas mon cas -- tout en jugeant ridicule la mise en scène saint-sulpicienne de la chanson et en pensant que beaucoup d'autres du répertoires lui sont bien supérieures.
Qu'il n'y ait d'autres alternatives à Purcell, à Couperin -- pour reprendre les noms que vous citez -- que les pauvres prestations, hormis quelques apparitions des Beatlles à leur grande époque, des artistes que nous avons vus, prouve à quel point la musique populaire, que ce soit en Angleterre, en France ou ailleurs, s'est vidée de sa substance comme tout ce qui procède de cette modernité anglo-américaine, laquelle s'est diffusée partout. Et puisqu'apparemment on ne peut y échapper, je persiste à penser, quitte à faire hurler les amateurs éclairés, que, dans le genre, un Johnny Halliday au mieux de sa forme eût fait preuve de bien plus de panache, de punch, d'allure et de voix que les pantins sans âme qui nous ont été infligés.
Je suis une indécrottable populophile et je suis certaine qu'en France, un Robert Hossein, par exemple, avec les mêmes moyens colossaux, saurait donner, dans le goût populaire, un spectacle bien plus réussi.

Chère Cassandre. Honnêtement je n'ai pas vu la cérémonie. Je vous trouvais simplement injuste avec « Imagine » qui me semble une chanson populaire de qualité, mais c'est ma jeunesse alors je suis partial.
Pour le reste : l'appauvrissement de la culture populaire, je suis d'accord avec vous.
Mais le fossé est devenu si grand que je ne sais si les deux « cultures» sont réconciliables dans un cérémonie. Enfin vous avez raison Robert Hossein pourrait essayer.

Citation
Chère Cassandre. Honnêtement je n'ai pas vu la cérémonie. Je vous trouvais simplement injuste avec « Imagine » qui me semble une chanson populaire de qualité, mais c'est ma jeunesse alors je suis partial.

Vous étiez jeune et vous ne compreniez peut-être pas les paroles, cher JF , car elles sont d'un progressisme du plus niais. Le pauvre John Lennon était un activiste crypto-communiste qui militait pour le One-World.

(Message supprimé à la demande de son auteur)

Citation
Rogemi

Citation
Chère Cassandre. Honnêtement je n'ai pas vu la cérémonie. Je vous trouvais simplement injuste avec « Imagine » qui me semble une chanson populaire de qualité, mais c'est ma jeunesse alors je suis partial.

Vous étiez jeune et vous ne compreniez peut-être pas les paroles, cher JF , car elles sont d'un progressisme du plus niais. Le pauvre John Lennon était un activiste crypto-communiste qui militait pour le One-World.

Mais, cher Rogemi, nous étions nombreux à être très niais à l'époque. « Imagine » est aussi le souvenir de ce temps où tout était voulu beau mais ne l'était pas forcément (la drogue et la paix par exemple). Pour une génération, ce fut le monde avant le péché originel, c'est à dire avant la réalité. Il y aurait beaucoup de chose à dire sur la déculturation liée l'invention de l'adolescence (et son triomphe, et son prolongement infini), phénomène purement historique.

(Message supprimé à la demande de son auteur)

Citation
nous étions nombreux à être très niais à l'époque.

J'en faisais partie bien sûr - je veux dire "des niais".

Je trouve stupide d'avoir diffusé deux fois le même programme, France2 et Eurosport. En revanche, j'ai pu suivre les épreuves d'équitation en direct sur la chaine Equidia, un vrai plaisir.

« Il y aurait beaucoup de chose à dire sur la déculturation liée à l'invention de l'adolescence (et son triomphe, et son prolongement infini), phénomène purement historique. » : oh que oui ! Petite enfance et adolescence sont les deux mamelles de l'humanité post-moderne."

Entièrement d'accord. Il me semble que cela nous vient bel et bien d'Amérique. Les premiers films à exalter l'adolescence "rebelle" furent, je crois, " L'équipée sauvage" avec Marlon Brando puis "Rebel whithout cause" qui révèla James Dean. Ces films firent un triomphe, surtout auprès de la jeunesse, chez qui, depuis, la rebellion devint posture. Le film avec James Dean était pourtant plus critique sur cette rébellion que les commentateurs ne le dirent ainsi, d'ailleurs, que le souligne le titre américain. Le fait de l'avoir traduit en France pas " La fureur de vivre" préfigurait déjà, d'une certaine façon, le soi-mêmisme à venir.
Je précise qu'à l'époque j'avais adoré ces films.

Citation
Didier Bourjon
« Il y aurait beaucoup de chose à dire sur la déculturation liée à l'invention de l'adolescence (et son triomphe, et son prolongement infini), phénomène purement historique. » : oh que oui ! Petite enfance et adolescence sont les deux mamelles de l'humanité post-moderne.

Quelle tranche d'âge ou quel statut recouvrait le terme "adulescens" chez les romains?

Citation
Orimont Bolacre
Et l'imitateur de Churchill haranguant la foule cigare au bec, issant d'une espèce de tour en carton-pâte du dernier kitch, façon Alice aux pays des merveilles !

un petit bout de Sir Edward Elgar,

My god ! pauvre Elgar !

Un petit bout de " pompes and circonstances "

Yes, Sir, juste un p'tit toc.

Citation
Jean-François Chassaing
J'aime bien "Imagine", c'est grave docteur ?
Et Sir Edward (Elgar ) me paraît un peu lourd.
Et je vois mal une cérémonie de clôture au son de Purcell, c'est aussi bien pour ce dernier.
La cérémonie de clôture se voulant populaire, les chances de trouver autre chose que ce que l'on y vît étaient restreintes.
Évidement si Paris l'avait remporté nous aurions admiré des textes de Renaud Camus lus sur fond de Couperin ou de Sainte Colombe, mais les anglais ont mauvais goût, pas nous.

Pétula ? non, mais Jeremiah, Yes : trompet vonluntary

Jeremiah Clarke (et non Clark, comme Petula) Trumpet Voluntary.