Il y a près de vingt ans, j'avais commencé des inventaires de ce type, nommés "Nouveaux Discours des Misères de ce Temps". Mais, au bout d'une semaine, j'ai pris conscience que la tâche serait interminable et j'y ai renoncé.
Voici un échantillon
Nouveaux discours des misères de ce temps
agressions, violences, terrorisme, Le Point, n° 1075, 24-29 avril 1993 :
“Le 10 mars, Danielle, 39 ans, est agressée devant l’infirmerie par quatre jeunes, cagoulés. Ils l’aspergent de gaz lacrymogène avant de lacérer ses vêtements à grands coups de lames de rasoir. Après dix-huit jours d’arrêt de travail, la lingère, qui fait aussi office d’infirmière, revient au lycée. A l’heure du déjeuner, elle est une nouvelle fois attaquée. Ses agresseurs la passent méthodiquement à tabac. Il n’y a pas de témoins. Choquée, traumatisée, Danielle Rose est transportée au centre hospitalier le plus proche. Aujourd’hui, durement éprouvée, elle n’a toujours pas repris son travail. En trois semaines, elle a changé deux fois de numéro de téléphone. Dans son courrier, elle trouve des menaces de mort. A ses proches, elle confie : “J’en ai assez de vivre dans la terreur””.
défaut de titre de transport et tentatives de meurtre, Le Figaro, vendredi 30 avril 1993 :
“Un contrôleur de la SNCF a été grièvement blessé, hier en début d’après-midi, par deux coups de feu tirés par un voyageur du train Lyon-Nice, à hauteur du Trayas (Var). Le contrôleur, Christian Ballandrade, trente-trois ans, a été transporté à l’hôpital de Cannes (Alpes-Maritimes). L’état de la victime est jugé préoccupant, mais ses jours ne sont pas en danger. Jeudi, vers 13 h 30, deux contrôleurs se sont présentés pour vérifier le billet de Saïd Ghersallah, de nationalité algérienne, et domicilié au Pontet (Vaucluse). Comme il ne possédait pas de titre de transport, l’un des employés de la SNCF lui a demandé de le suivre pour remplir un procès-verbal, ce qu’il fit. Pour une raison encore inexpliquée, Saïd Ghersallah a sorti un pistolet à grenaille modifié pour utiliser des balles et a tiré un premier coup de feu qui a blessé le contrôleur à l’oreille. Puis une deuxième balle l’a atteint au ventre. Le second contrôleur, qui n’a pu intervenir, a alors donné l’alerte.
djihad, L’Express, n° 2182, du 29 avril au 5 mai 1993.
“A la tribune, six hommes. Certains sont “légaux”, d’autres, clandestins, venus des pays voisins. Dans un silence tendu, à peine troublé par les cris de “allahou akbarou”, les six cents invités écoutent l’orateur anonyme scander d’une voix sourde : “Le choix du djihad est conforme à la loi islamique ! Le pouvoir impie doit être combattu par les armes !” Sur une table, une pile du Minbar el joumoua, bulletin dont l’éditorial proclame : “Devant le danger qui me guette, je pars à la recherche d’un fusil pour libérer mon pays”. La note de renseignement relatant la réunion souligne que “des guetteurs sont présents autour de la salle” et que “certains militants du service d’ordre intérieur arborent ostensiblement une arme de poing... Réunion islamiste à Khartoum ou au Caire ? Non : nous sommes à l’Espace des peupliers, Paris XIIIe, le 26 décembre 1992”.
Evasion, vol, Le Midi Libre, samedi 8 mai 1993,
“Youssef Boukkam, un détenu qui avait été interpellé mercredi soir en flagrant délit de vol, a réussi la belle jeudi soir au cours de son transfert du tribunal de Pontoise à la maison d’arrêt d’Osny (Val d’Oise). Il a réussi à ouvrir la porte de la voiture de police et à prendre la fuite malgré ses menottes, à travers les terrains vagues et les champs en bordure de la ville”.
Hold up, récidive, vol de voiture, Le Midi Libre, jeudi 6 mai 1993. Alès (30)
“Les trois jeunes Alésiens, retranchés mardi matin dans un appartement et qui se sont rendus aux policiers après avoir raflé un maigre butin à l’office municipal des HLM, ont été mis en examen hier soir au palais de justice de Nîmes pour “vol avec armes”. Ils sont passibles de la cour d’assises. Dans ses réquisitions (...), le substitut de permnence au parquet de Nîmes a réclamé l’incarcération provisoire de Mouloud Aounia, 29 ans, d’Amar Akab, 22 ans et d’un adolescent de 17 ans. Le trio a ensuite été présenté au juge délégué, puis devant le juge d’instruction. Les trois auteurs présumés de ce hold up sont déjà connus de la police. Mouloud Aounia avait été condamné à cinq ans de réclusion criminelle par les assises du Gard pour avoir tué un Alésien à la fin des années 80. Il avait été libéré il y a moins d’un mois. L’enquête des policiers de la sûreté urbaine d’Alès a permis d’établir que le mineur attendait au volant de la voiture, une R 21 volée à un Lyonnais dimanche à la Grande Motte, pendant que les deux complices adultes, masqués et armés, se faisaient remettre le dérisoire contenu des caisses de l’office municipal d’HLM, un butin récupéré par les enquêteurs dans l’appartement des cités Prés Saint-Jean où le trio s’était réfugié” (...)
Immigration clandestine, France-Soir, vendredi 23 avril 1993 :
“Huit immigrés clandestins ont été découverts dans la nuit de mercredi à jeudi, cachés dans un wagon à bestiaux stationné dans la gare de marchandises de Cannes-La Bocca. Démunis de papiers et sans argent, ils ont été repérés par le chef de gare et conduits au commissariat. Ils venaient d’Italie. Six Algériens et un Marocain ont été transférés au centre de détention de la caserne Auvare de Nice. Le huitième, marocain et mineur, a été remis en liberté par les policiers de Cannes”.
Le Nouvel Observateur, n° 1486, du 29 avril au 5 mai 1993 :
“Je suis policier, je suis au PS depuis trente ans et je suis fils d’immigrés. A Béziers, il y a des clandestins dans tous les coins. Quand on en arrête un, on l’amène à Montpellier, au consulat du Maroc, d’Algérie ou de Tunisie. Personne ne le connaît. Il n’a pas de papiers et on le laisse donc partir dans la rue. On fait ça tous les jours. Je suis socialiste, je ne suis pas facho, mais on ne peut accepter cette politique d’immigration”.
Le Midi Libre, samedi 8 mai 1993. Montpellier (34).
“Un Marocain, âgé de 27 ans, qui avait été condamné de 14 avril dernier à un mois de prison ferme parce qu’il séjournait irrégulièrement sur le territoire français a refusé hier après-midi d’être expulsé vers le Maroc. A 15 h, il n’a pas voulu embarquer dans l’avion. Il a été présenté à 16 h au substitut du procureur qui a demandé sa mise en détention pour avoir tenté de se soustraire à l’exécutiuon d’une décision de justice. A 16 h 45, le clandestin était ramené à la prison de Villeneuve-les-Maguelonne qu’il avait quittée trois heures avant. Il sera jugé lundi par le tribunal correctionnel”.
immigration clandestine, récidive, infraction à interdiction de séjour, trafic de drogue, Le Provençal, mardi 4 mai 1993 : Avignon (84).
“C’est le pemier mai, vers 18 heures 30, que les policiers de la Brigade anti-criminalité ont procédé, à la suite d’une course poursuite, à l’interpellation, rue du Crucifix, de deux hommes qui avaient pris la fuite à leur vue. Ces deux hommes, des ressortissants algériens, ont été conduits au commissariat central et placés en garde à vue. L’un d’eux, âgé de 28 ans, qui se trouvait en séjour irrégulier sur le territoire national a fait l’objet d’une procédure judiciaire avant d’être présenté au Parquet d’Avignon. Le second, âgé de 31 ans, bien qu’en possession d’un passeport, se trouvait en infraction à une interdiction de séjour. Par ailleurs, il était détenteur de barrettes de résine de cannabis pour un poids total de 40 grammes. Lors de son audition, il a reconnu devant les inspecteurs de la brigade des stupéfiants se livrer à un trafic de drogue. Cet homme, qui a déjà été condamné à deux reprises pour des faits similaires sera présenté aujourd’hui au Parquet d’Avignon à l’issue d’une prolongation de la garde à vue”.