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Communiqué n° 1451 : Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris

Communiqué n° 1451, lundi 8 octobre 2012
Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris

Le parti de l’In-nocence voit une marque patente et particulièrement alarmante de la décivilisation qu’il déplore dans l’état de pourrissement moral et d’indifférence au service de l’État que révèlent simultanément les scandales liés à des entités aussi différentes que la Brigade anti-criminalité de Marseille et l’Institut d’études politiques de Paris. Dans les deux cas, et malgré l’extrême éloignement des champs d’exercice, il s’agit d'institutions que leur nature même paraissait vouer au plus haut degré de rigueur éthique et civique ; et dont il n’est que trop évident que nombre d'agents ont eu pour principal souci leur propre intérêt. Le cas de “Sciences Po” est le plus grave, malgré les apparences, car si les infractions à la loi sont moins nettement caractérisées, la scandaleuse avidité au gain n’y est pas tant le fait de simples exécutants que du personnel de direction et de la direction même, qui pourtant plaçait emphatiquement son action, hautement idéologique, sous le signe de l’exigence morale — il est beau pour la démonstration abstraite, mais seulement pour elle, que l'aberration intellectuelle et la mise à sac culturelle d’un établissement jadis prestigieux se soient doublées, dans le cynisme le plus parfait, de manifeste indélicatesse financière, pour ne pas dire plus.
Concernant le salaire du directeur de Sciences-Po, 505 806,29 € en 2010, la comparaison, à laquelle procède la Cour des comptes d'après les journaux, avec le traitement des présidents d'université française ne me paraît pas pertinente parce que celui-ci, 160 095,61€ pour le plus élevé, ne devrait pas servir de référence tant il est faible par rapport à ce qu'il devrait être.

Pour une comparaison plus significative avec une autre institution publique, qui permet de mieux mesurer le caractère exceptionnel d'une rémunération publique de plus de 500 000 €, on peut rappeler que le salaire du directeur général du FMI, "l'agent public le mieux payé au monde" selon la formule utilisée par les médias, était de 551.700 dollars soit 380.989 € en 2011. Certes, le salaire du directeur général du FMI est défiscalisé contrairement à celui du directeur de l'IEP, mais les rémunérations nettes doivent être sensiblement proches.

La question qu'il faut évidemment se poser est d'abord celle de la responsabilité des organes de contrôle internes et externes à Sciences-Po qui ont permis une telle situation.

Mais il serait également utile sans doute de s'interroger sur les écarts de rémunérations entre les "cadres supérieurs" du public et ceux du privé, sans quoi toutes les "élites" finiront par choisir de faire carrière dans le monde du commerce, de l'industrie et dans les cabinets d'avocats...
Cette comparaison du traitement de Descoings avec celui d'un directeur du FMI est cocasse quand on songe aux circonstances très proches qui ont mit fin aux carrières de l'un et de l'autre.

Feu le directeur de Sciences-Po gagnait plus que la plupart des directeurs d'organismes intergouvernementaux de l'ONU, qui doivent traiter avec 60 ou 100 pays et gérer des budgets administratifs de plusieurs centaines de millions d'euros.

La comparaison des rémunérations entre secteur privé et secteur public est sans objet: les avocats qui gagnent un demi-million d'euros travaillent à leurs dossiers souvent sept jours sur sept et leur fonction n'est nullement entourée du prestige académique d'un directeur d'université, libre de toute astreinte, disposant de ses heures comme il l'entend.
La première partie de votre réponse allait dans le même sens que mon commentaire je crois.

Vous me permettrez de ne pas être d'accord avec la suite de votre message, pour deux raisons :

1° un président d'université n'est certainement pas "libre de toute astreinte, disposant de ses heures comme il l'entend", c'est tout le contraire, à moins bien sûr qu'il ne fasse pas ce pourquoi il a été élu. Au passage, il y a une grande différence entre les présidents d'universités qui sont élus et le directeur de Sciences-Po qui est nommé par décret (et les conditions de nomination ne sont pas les seules différences qui existent entre les fonctions). Quant au "prestige académique" il pèse peu face à certaines considérations "matérielles" et il ne se situe plus depuis belle lurette, en France, dans les fonctions de "doyen" ou de "président";

2° La comparaison s'impose entre les juristes du public (maîtres des requêtes et conseillers d'Etat, conseiller maîtres ou référendaires à la Cour des comptes, hauts fonctionnaires de la direction générale des finances publiques du ministère des finances, etc.) et les avocats des grands cabinets d'avocats parce que ceux-ci embauchent massivement ceux-là et de plus en plus, au point que le conseil d'Etat en est venu à faire travailler de nombreux rapporteurs extérieurs. L'expatriation dans les cabinets ministériels contribue également au processus, sachant qu'après un passage en cabinet ministériel la plupart des intéressés partent dans le monde des affaires ou dans la vie politique, ce qui est de plus en plus la même chose. La logique de cette évolution est la suivante : "tant qu'à perdre sa vie à la gagner, autant que ce soit pour des salaires importants" disent ces "élites". Un haut fonctionnaire de Bercy travaille autant qu'un associé d'un cabinet d'affaires, je peux vous l'assurer, et pour un revenu dix fois moindre. Comptez le nombre d'inspecteurs des finances qui sont dans le privé...
Citation
Francis Marche
La comparaison des rémunérations entre secteur privé et secteur public est sans objet: les avocats qui gagnent un demi-million d'euros travaillent à leurs dossiers souvent sept jours sur sept et leur fonction n'est nullement entourée du prestige académique d'un directeur d'université, libre de toute astreinte, disposant de ses heures comme il l'entend.


Le PI est réactionnaire. Soit, au reste c'est la raison pour laquelle je fréquente ce site. Je n'eusse toutefois jamais imaginé que l'on s'y adonnât à l'idolâtrie madeliniste...
Cher Monsieur Marche, je suis directrice d'hôpital: le prestige est réservé aux chirurgiens, l'astreinte (afin de gérer fugues, suicides, hospitalisations d'office, réquisitions et tout l'arpège des tracasseries administratives), en revanche, sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre, m'incombe une semaine par mois, en contrepartie de quoi, je le reconnais, je suis logée "par nécessité absolue de service", et, puisqu'il en allait d'abord du salaire, je peinerai, en fin de carrière, à amasser le centième du montant que vous évoquez -et que j'espère annuel.
Il ne s'agit pas pour moi de vous agonir; je tenais toutefois à vous rappeler qu'entre les professeurs de collège et les conseillers d'Etat, la plupart des fonctionnaires n'ont pour eux ni l'oisiveté complaisante, ni les salaires et l'entregent mirobolants.
C'est, certes, leur problème: que n'ont-ils présenté l'agrégation ou le concours d'entrée à l'ENA -et l'eussent-ils jamais décroché? Mais si l'on pouvait, à tout le moins, sur ce site éviter de les couvrir de crachats...
et tout l'arpège des tracasseries administratives

C'est beau, ça...
Ce doit être la saison des embrouilles et des mauvaises humeurs: voilà que j'ai "couvert de crachats" les fonctionnaires à présent.

Chère Madame Irru,

je ne vais pas vous le c(r)acher : les fonctionnaires français n'ont jamais suscité ma sympathie spontanée. Disons que c'est personnel et sans intérêt pour le débat. Vous reconnaîtrez volontiers que leurs fonctions sont diverses, et que certains sont davantage exposés, au quotidien, à des situations déplaisantes ou stressantes. Je me doute bien que l'hôpital est bien le lieu par excellence, avec l'école aujourd'hui, où le désagrément se rencontre au quotidien, ne serait-ce que sous la forme du désagrément suprême -- la mort. Mais enfin, vous reconnaîtrez également que l'on ne se suicide ni ne fugue ni ne se fait passer la camisole de force aussi fréquemment à l'université qu'à l'hôpital, si bien que la pénible sujétion d'une directrice d'hôpital que vous évoquez et qui inspire chez moi la plus grande sympathie n'est en rien comparable à celle que peut comporter le métier de vieux beau qui va l'amble dans les couloirs des institutions et qui, deux ou trois jours dans le mois, "reçoit" dans l'établissement dont il a la charge, sous l'intitulé professionnel de "président d'université". Son exposition à la terrible brutalité des rapports humains qui caractérise la société française actuelle lui est considérablement adoucie par la nature même de sa fonction ou me trompè-je ? Les fonctionnaires français jouissent d'un nombre moyen de semaines de congés par an que je renonce à connaître -- la dernière fois que j'ai eu une conversation sur ce sujet avec une dame fonctionnaire de "collectivité territoriale", en l'occurrence une "communauté de communes", elle m'a humblement annoncé que son contrat prévoyait douze (12 !) semaines par an. J'en suis fort aise. Mais rien entre ces deux mondes, le mien et le sien, n'est à comparer, non point que sa situation serait infiniment enviable par rapport à la mienne ou le contraire, non, rien n'est comparable parce qu'il s'agit de choix d'existence étrangers l'un à l'autre: l'un dispose de temps libre (12 semaines de congés payés !), de la sécurité de l'emploi, d'un vieux fond de respect qu'inspire encore, dans la société où nous vivons, l'agent de la fonction publique, bardé de mutuelles, sur-assuré social, courant une retraite; l'autre n'a rien de tout ça, et ce qui lui est ainsi refusé lui est compensé par une rémunération tant soit peu supérieure à celle de son homologue du public, en principe, mais pas toujours: j'ai appris par exemple qu'un directeur de caisse primaire d'assurance maladie, fonction sans grande prise de risque, pouvait percevoir 15000 euros de traitement mensuel, sécurité sociale à laquelle celui qui vous écrit n'a aucun droit tout en y cotisant en partie (par ma prime d'assurance auto, ainsi que la Cour des Comptes nous l'a révélé récemment). Ce n'est qu'un exemple.
Citation
Francis Marche
Ce doit être la saison des embrouilles et des mauvaises humeurs: voilà que j'ai "couvert de crachats" les fonctionnaires à présent.

Cher Monsieur Marche,
Il me semble que le PI n'a nul besoin de se transformer en PCUS.
Je comprends toutes vos objections et gage que vous comprendrez les miennes; restons-en là pour la plus grande gloire de l'in-nocence!
Et je vous rencontrerais avec grand plaisir.
"le métier de vieux beau qui va l'amble dans les couloirs des institutions et qui, deux ou trois jours dans le mois, "reçoit" dans l'établissement dont il a la charge, sous l'intitulé professionnel de "président d'université"."

Ce portrait n'est plus d'époque, surtout depuis que le législateur a organisé l'autonomie des universités et il ne ressemble pas non plus à la façon dont feu le directeur de l'IEP de Paris exerçait sa mission.

Pour ma part je trouve tout à fait normal que les fonctions rébarbatives de "gestion" (au sens large du terme) soient particulièrement bien payées par rapport à des fonctions universitaires de recherches et d'études.

Mais aujourd'hui :
1° nombre de fonctions publiques sont devenues très lourdes alors qu'elles ont perdu tout prestige (cf. la fonction de recteur par exemple) et que la rémunération qui leur est attachée reste faible, de sorte qu'elles ne tentent plus "l'élite" administrative qui préfère "pantoufler" ;
2° les fonctions "nobles" (à mes yeux) de recherche et d'études (d'érudition si l'on veut) sont polluées par des obligations administratives de plus en plus grandes, tandis qu'elles ne sont plus rémunérées de façon suffisante pour permettre une vie culturelle à la hauteur des exigences intellectuelles du métier.

Le P. I., je crois, est favorable à la reconstitution d'une élite intellectuelle. Il est donc sans doute opportun d'envisager les conditions de survie de la recherche et de l'enseignement supérieur.
Utilisateur anonyme
10 octobre 2012, 09:23   Re : Communiqué n° 1451 : Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris
« Message à la communauté étudiante de Sciences Po


Chers élèves,

Vous avez sans doute lu hier et aujourd'hui des articles dans la presse concernant le rapport de la Cour des comptes.

Aujourd'hui, alors même que sa version définitive n'a pas été remise à la Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, ni même transmise à Sciences Po, son traitement médiatique nous conduit à vous donner quelques éléments de contexte et à partager avec vous notre position sur le sujet.

La Cour des comptes a procédé, de septembre 2011 à juin 2012, à une mission de contrôle de Sciences Po pour la période 2005-2010, comme cela a été le cas en 2002. Elle nous a transmis son rapport provisoire en juillet dernier et nous y avons apporté une réponse courant septembre.

Nous avons pris très au sérieux l'évaluation réalisée par la Cour des comptes et ses recommandations visant à améliorer la gestion de Sciences Po à la suite du développement rapide de l'institution et aux changements intervenus ces dernières années dans l'organisation de la formation. C'est dans cet esprit que nous avons fait part à la Cour en septembre dernier d'un certain nombre d'engagements, afin d'apporter davantage de transparence et de contrôle dans la gestion de Sciences Po.

Nous sommes également revenus sur un certain nombre de points qui témoignaient d'une différence d'appréciation entre la Cour des comptes et Sciences Po et avons défendu l'évolution de Sciences Po au cours des années, ainsi que son statut original.

Si des erreurs ont été commises, elles seront corrigées. Néanmoins ce que révèle clairement le rapport de la Cour des comptes c'est que ces erreurs n'ont aucun caractère systématique.
Ce qui a un caractère systématique, c'est la capacité de Sciences Po à déployer une stratégie de développement ambitieuse au service des étudiants, dans un monde en plein bouleversement, qui fait rayonner le système d'enseignement supérieur français.

Aujourd'hui, nous regrettons cette polémique autour de Sciences Po, institution que vous avez choisi d'intégrer et que vous représentez avec fierté. Sachez que nous sommes déterminés à défendre la réussite du modèle éducatif de Sciences Po, marquée par l'ouverture sociale, le rayonnement international et l'innovation scientifique et pédagogique. Nous sommes persuadés que c'est au regard des résultats obtenus que la gestion de l'établissement doit être appréciée et son originalité préservée.

Hervé Crès, Administrateur provisoire de l'IEP de Paris. »


(Message reçu ce matin.)
Que pensez-vous, cher Leroy, de la formule : Chers élèves... ?

Que pensez-vous de l'officialisation - assez récente - de l'appellation : Sciences Po ?

Quand j'ai connu cette institution, il y a quelques décennies, cette appellation était certes très répandue, la plus commune : mais elle n'était pas officielle, c'était l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, communément appelé Sciences Po.

Je ne crois pas que les institutions gagnent grand chose à se débaptiser pour adopter officiellement leur sobriquet, même s'il a un certain renom et une certaine patine, comme c'est le cas de "Sciences Po", reconnaissons-le. A quand la Sécu, ex-sécurité sociale ? A quand Popol, ex-Pôle Emploi ? A quand 3,1416 ex-PI ou Parti de l'In-nocence ?
Utilisateur anonyme
10 octobre 2012, 10:38   Re : Communiqué n° 1451 : Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris
Vous savez, cher Thierry Noirot, en général, dans les mails que nous recevons du petit personnel de l'administration, nous avons droit au diptyque tragique « Bonjour / Cordialement » (de la part des maîtres de conférences aussi et je ne vous parle pas des élèves). Une formule très étrange est également utilisée : « Chers tous »...

J'aime beaucoup la façon dont Paul Morand parle de ce qui s'appelait encore l'Ecole libre des sciences politiques : ils parle « des Sciences Po » ; il dit « lorsque j'étais aux Sciences Po ».
En l'occurence, comme le message s'adresse explicitement à la "communauté étudiante de Sciences Po", "chers élèves" est redondant, j'aurais commencé gravement par : Messieurs, Mesdames...
Il est toutefois satisfaisant que tout en appartenant à une communauté (ça on ne peut jamais y échapper) étudiante, vous ayez gardé le beau nom d'élève, vague réminiscence, en effet, du temps de l'Ecole libre des sciences politiques et de l'indépendance totale vis-à-vis de l'Université.
« A quand 3,1416 ex-PI ou Parti de l'In-nocence ? »

C’est le nombre de membres ?
Utilisateur anonyme
10 octobre 2012, 11:23   Re : Communiqué n° 1451 : Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris
“Le 3,14”, c'est le p'tit nom du parti, ô Maître. Nous sommes chaque jour plus nombreux.
Utilisateur anonyme
10 octobre 2012, 11:46   Re : Communiqué n° 1451 : Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris
Je me considère, en tant que membre du PI, comme une partie du π.
10 octobre 2012, 12:18   À défaut de casque...
Ce n’est pas mal, là, votre espèce de dolmen, comme emblème... C’est gaulois ?

Ah, si, j’ai trouvé comment on faisait ça :

∏∏∏∏∏∏∏∏∏∏∏∏
10 octobre 2012, 12:33   Diptyque tragique
Cher Leroy, vous écrivez : Nous avons droit au diptyque tragique « Bonjour / Cordialement » (de la part des maîtres de conférences aussi et je ne vous parle pas des élèves).

Dussé-je encourir un bannissement définitif hors de toute zone contrôlée par l'In-nocence, j'avouerai une certaine indulgence pour le Bonjour inaugural. Je vois bien tout ce qu'on peut reprocher, à bon droit, à ce Bonjour. Pourtant, il rend bien des services, lorsqu'on ne sait pas trop à qui on s'adresse (en cas de réponse), ou qu'on s'adresse à la cantonade, ou encore qu'on ne sait pas si le degré d'intimité est suffisant pour utiliser le prénom (il arrive qu'on puisse hésiter sur ce point). Ce Bonjour électronique (je ne parle que des courriels) n'écorche pas mes oreilles. Il le devrait sans doute, en bonne doctrine. Mais non.

Cordialement ne serait pas désagréable en soi. Mais son hégémonie le rend indéfendable. Je vous approuve donc entièrement sur cette partie-là du diptyque.

Chers tous ou Bien chers tous n'est pas si étrange que ça. Il appartiendrait plutôt, me semble-t-il, à un certain langage familier, pour ne pas dire familial, avec un zeste de cordialité ou de complicité (dans un groupe). Il n'a que faire, c'est entendu, dans la communication officielle ou officieuse de "Sciences Po". Mais enfin, la formule n'est pas une invention récente ou créée de toutes pièces juste pour vous embêter : elle est sérieusement et anciennement attestée, mais à un niveau de langage qui n'est sans doute pas celui que vous préférez, et moi non plus.
Utilisateur anonyme
10 octobre 2012, 13:46   Re : Diptyque tragique
Citation
Thierry Noroit
Dussé-je encourir un bannissement définitif hors de toute zone contrôlée par l'In-nocence, j'avouerai une certaine indulgence pour le Bonjour inaugural.

Le problème, cher monsieur, c'est que cela devient une norme. Jamais je ne commence mes courriels professionnels par "bonjour" (mais par "Monsieur" ou "Madame") ni ne les termine par "cordialement". Or j'ai eu des échos sur ma pratique qui m'informent que certains de mes chers collègues me prennent, au mieux, pour un type pas très sympa, ou, au pire, pour un goujat.

Dois-je céder ?

P.S. cher Renaud Camus, vous me taquinez ! Cependant, une lettre grecque comme emblème, à titre temporaire bien sûr, ne serait-ce pas une bonne façon d'apporter un peu notre soutien à ce peuple ?
Utilisateur anonyme
10 octobre 2012, 14:24   Re : Diptyque tragique
J'avoue, cher Thierry Noirot, ne pas bien comprendre votre position. Avez-vous bien lu les passages concernés de Décivilisation ?

Plus fondamentalement, je pense qu'une des plus grandes erreurs des gens dans leur rapport à Internet, c'est cette croyance sans cesse démentie par la réalité qu'Internet serait un monde clos, une partie séparée du reste des choses et que le temps passé dessus n'aurait rien à voir avec le reste du temps. Je crois que c'est une erreur grave qui amène les gens à faire d'Internet « une vaste poubelle », pour parler comme Alain Finkielkraut. La position de Renaud Camus est, comme sur bien des sujets, la plus subtile et je vais me permettre de faire un peu d'exégèse. Ce que propose Renaud Camus, c'est un usage normal d'Internet, un usage sinon littéraire, du moins lettré ; un usage où Internet est en fin de compte réduit à sa dimension technique et non à une quelconque envergure culturelle. (Voir à ce propos la vidéo d'une émission d'Arte datant de l'année 2000 où Renaud Camus parle de cette question — la vidéo est visible sur le site de la Société des lecteurs.) Cette vision-ci d'Internet implique qu'il (Internet) ne possède pas sa langue spécifique, ses codes particuliers ou je ne sais quels us qui lui seraient propres. Elle propose qu'on se comporte sur Internet comme on se comporterait n'importe où ailleurs et l'exigence pour les internautes est dès lors la même que pour n'importe quel concitoyen : celle de politesse, de civilité, d'urbanité etc. Un autre aspect de la question est celui de la langue. Je pense que pour Renaud Camus, elle compte plus que son support. Cette vision n'est pas partagée par tout le monde ici (cf. les interventions de M. Orimont Bolacre sur lesdites “liseuses” et autres “tablettes électroniques”). Mais sur le fond, le message est clair : écrivez sur Internet comme vous écrivez ailleurs. Commencez-vous un lettre manuscrite par un stupide et jovial « Bonjour ! » ? Non ! Alors pourquoi le faire dans un mail ? Considérez donc ce mail comme une banale lettre. Oubliez le Réseau. Il ne doit pas y avoir de solution de continuité entre la vie et le virtuel, entre la langue d'un livre et la langue sur Internet. On pourrait d'ailleurs renverser la formule du « moins pour le plus » (moins de soi-même, moins d'immédiateté, pour plus d'Être, pour plus d'élévation) en un « plus pour le moins » : plus de Réseau pour moins de Réseau. Au lieu de bâcler nos interventions sur Internet en une minute (ce qui fait d'Internet une poubelle), prenons trois minutes pour en soigner la langue, la forme, la mise en page. Le Réseau est alors “moins Réseau”, plus proche de nous, tout de suite moins étranger, moins hostile, plus vivable.
Non, non, je ne vous taquine pas, je suis vraiment à la recherche d'une emblème simple pour signifier la présence du P.I. ici ou là. Le π me semble assez séduisant... Évidemment, au début, il intriguerait. Mais les gens comprendraient vite qu’ils ont affaire à un grand parti omniprésent (on n’aurait qu’à envoyer Leroy faire des tournées avec un pot de peinture ou seulement un gros marqueur).
Utilisateur anonyme
10 octobre 2012, 14:27   Re : Diptyque tragique
Et quand je parle de croyance sans cesse démentie par la réalité, ce que je veux dire, c'est que l'assertion selon laquelle « on s'en fout, c'est sur Internet » est intenable puisque les gens passent déjà des heures par jour sur Internet. Ils se créent leur propre enfer mais, aveugles, ne sauraient le voir.
Utilisateur anonyme
10 octobre 2012, 14:32   Re : Diptyque tragique
Le problème, c'est que π, ça fait un peu fraternité d'étudiants américaine...
Utilisateur anonyme
10 octobre 2012, 14:34   Re : Diptyque tragique
Nous pourrions organiser des opérations de recouvrement des villes avec notre sigle, comme dans le film Die Welle.
Utilisateur anonyme
10 octobre 2012, 14:41   Re : Diptyque tragique
Citation
Jean-Michel Leroy
Le problème, c'est que π, ça fait un peu fraternité d'étudiants américaine...

Vous marquez un point. Il va falloir trouver aut' chose.
Utilisateur anonyme
10 octobre 2012, 14:49   Re : Communiqué n° 1451 : Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris
Citation
Renaud Camus
je suis vraiment à la recherche d'une emblème simple pour signifier la présence du P.I. ici ou là.

Une fleur (le lys, c'est pris), un objet (le casque gaulois, ça avait de la gueule malgré tout), juste les lettres P.I ? J'y réfléchis de mon côté.
Utilisateur anonyme
10 octobre 2012, 14:52   Re : Communiqué n° 1451 : Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris
Non mais π, c'est pas mal ! Ma remarque était annexe.
Cher Leroy, merci pour votre intéressante et pointilleuse exégèse. J'ai bien conscience que mon indulgence pour le Bonjour inaugural de beaucoup de courriels risque de ne pas être des plus aisée à justifier ici même. On a chacun nos faiblesses - enfin vous, je ne sais pas. Il me paraît irréaliste de supposer qu'internet pourrait être sans aucune influence, vraiment aucune, sur nos modes d'expression. Ou alors il faudrait le (internet) refuser en bloc, comme le fait Alain Finkielkraut. Ce n'est pas notre cas, puisque nous sommes ici. Alors plutôt que de suivre la doctrine au pied de la lettre, essayons plutôt de limiter les dégâts. Qu'en pensez-vous ? Le Bonjour qui nous occupe, ne fait pas partie, à mon avis, des dégâts majeurs. Simple avis qui n'implique aucun prosélytisme, faut-il le dire.
Capturer dans un même lasso le Celte, l'Hellène et la constance mathématique, c'est plutôt chic, je trouve. Je suis pour.
Utilisateur anonyme
10 octobre 2012, 15:38   Re : Communiqué n° 1451 : Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris
Cher Thierry Noirot, je crois justement que la position de Renaud Camus — qui est mienne, cela va sans dire — quant à Internet est plus intéressante que celle d'Alain Finkielkraut (position que je comprends néanmoins mais qui me semble irréaliste) : au lieu de refuser en bloc le Réseau, ils s'agit, en somme, de nous imposer à lui, de le dompter et d'en faire un outil à notre service (et non un système producteur d'une “culture” qui nous broie). Il faut ramener la technique à sa juste place de serviteur de l'Homme. Donc, oui, pour ma part, je crois qu'il faut tout faire pour qu'Internet aie le moins d'influence possible. (C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il faut qu'il existe des bons cours d'informatique dans les écoles, même si ça chagrine Finkielkraut.) A cet égard, je crois le « Bonjour » assez symptomatique de ce qui arrive si nous nous laissons faire par Internet : nous nous croyons au terrain de jeu, perdons toute rigueur, toute notion de nos codes habituels : nous faisons n'importe quoi.
Citation
Donc, oui, pour ma part, je crois qu'il faut tout faire pour qu'Internet aie le moins d'influence possible.

On croit rêver. Dire cela sur un forum qui n'existe que grâce à internet.

Même si l'usage du mot "Bonjour" peut paraitre cavalier et à certains déplacé il est normal que le nouvel outil de communication que constitue internet entraine de nouvelles normes.

En outre d'une part la rédaction d'un courriel n'est pas comparable à celle d'une lettre de caractère privé que l'homme moyen envoyait au grand maximum une dizaine de fois dans une année avant la création du oueb et d'autre part la facilité et la vitesse d'expédition jamais vus dans l'histoire de l'humanité.

Ce changement de paragdime rend les anciens usages caducs.
Utilisateur anonyme
12 octobre 2012, 10:16   Re : Communiqué n° 1451 : Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris
Citation
Gérard Rogemi
Citation
Donc, oui, pour ma part, je crois qu'il faut tout faire pour qu'Internet aie le moins d'influence possible.

On croit rêver. Dire cela sur un forum qui n'existe que grâce à internet.

Cher monsieur, pourriez-vous développer, je ne vois pas de contradiction entre utiliser un outil et souhaiter dans le même temps qu'il n'ait pas trop d'influence, notamment au regard de ses méfaits qui me semblent indiscutables (surtout quand on n'a pas appris à s'en servir).
Cher Mr. Rivoallan,

J'ai écrit il n'y a pas longtemps sur ce forum:
" Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes " - Bossuet
Utilisateur anonyme
12 octobre 2012, 12:17   Re : Communiqué n° 1451 : Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris
Je constate les effets et je ne chéris pas particulièrement les causes, cher Rogemi.
Ce n'est pas parce que ce Forum (loué soit son nom) n'existe que par Internet qu'il ne doit exister que pour Internet !
Vous ne m'avez pas compris : cette idée que de nouveaux modes de communication devraient nécessairement engendrer de nouveaux us me semble tout à fait progressiste.
On peut commencer le premier mail par « Monsieur », « Madame » ou « Cher Untel » et, ensuite, ne rien mettre au début des messages suivants et transformer ainsi l'échange, s'il a vocation à durer, à être composé de nombreuses missives, en une sorte de conversation écrite.

Enfin, je suis étonné de votre réaction car je crois n'avoir adopté et défendu là la stricte position de Renaud Camus, notre Maître à tous en ces lieux (et ailleurs).
Utilisateur anonyme
12 octobre 2012, 12:22   Re : Communiqué n° 1451 : Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris
Et puis l'internet a du bon, il permet de faire des rencontres amoureuses :

[www.europe1.fr]
Citation
Enfin, je suis étonné de votre réaction car je crois n'avoir adopté et défendu là la stricte position de Renaud Camus, notre Maître à tous en ces lieux (et ailleurs)

Nous n'allons pas nous bagarrer sur des points de détail car je suis absolument d'accord avec le diagnostic de Renaud Camus sur la perte d'urbanité et je suis aussi entièrement de son avis pour essayer par tous les moyens d'y faire obstacle. Cependant cette perte n'est pas le fait d'internet mais avait déjà largement eu lieu avant son apparition qui est très récente.

Vous dites
Citation
tout faire pour qu'Internet aie le moins d'influence possible.
. Mais internet est en soi d'abord insaisissable, impalpable et par ailleurs parfaitement neutre.

Internet est un moyen de communication inédit ( comme les portables/smartphones) dans l'histoire de l'humanité et les conséquences de son utilisation ne sont pas au jour d'aujourd'hui calculables. En tout cas dans plusieurs domaines La Toile a déjà entrainé des transformations considérables et nous ne sommes qu'au début de cette révolution webmatique.

Je ne suis en rien un progressiste mais le raz-de-marée est en cours et nous pouvons difficilement nous mettre sur la touche et sans vouloir enfoncer des portes ouvertes sans internet ce forum et le PI n'existeraient pas.
Utilisateur anonyme
12 octobre 2012, 15:59   Re : Communiqué n° 1451 : Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris
En effet, cher Rogemi : ne nous bagarrons pas ! D'ailleurs, créer la bagarre n'est en aucun cas le but de mes remarques. J'ai seulement l'impression que vous vous contredisez : vous dites d'abord qu'Internet est neutre (avec quoi je suis d'accord) puis que le Réseau entraîne des « transformations considérables » (ce avec quoi je ne suis pas d'accord). Ce n'est pas, à mon sens, le Réseau qui entraîne des transformations, ce sont les gens qui transforment leurs habitudes, leurs pratiques, face à une innovation parce qu'ils croient utile de le faire. Bien sûr, dans de nombreux cas, il en résulte un progrès. Le rapport des gens à Internet (cette façon de le voir comme un vaste brouillon) me fait penser qu'il peut y avoir de la régression. Aussi, ce que je dis est que nous ne devons pas nous en laisser conter par les gens qui se servent d'Internet d'une façon qui signifierait qu'il y a une façon webmatique de s'en servir. Nous devons imposer les codes de l'ancien monde dans le nouveau. Mais je suis peut-être plus radical que vous...
Citation
Nous devons imposer les codes de l'ancien monde dans le nouveau.

Euh il me semble que la bataille est perdue. Il faudra boire le vin jusqu'à la lie.
Utilisateur anonyme
12 octobre 2012, 16:17   Re : Communiqué n° 1451 : Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris
Rogemi, c'est l'In-nocence molle !
Utilisateur anonyme
12 octobre 2012, 16:17   Re : Communiqué n° 1451 : Sur la BAC de Marseille et l’IEP de Paris
(Je plaisante, hein !)
Je pense que c'est le calice qu'on boit jusqu'à la lie, c'est la formule du psaume 75.


Si vous voulez avoir une comparaison avec la société française actuelle, c'est comme boire une tasse de café turc jusqu'au marc.
Citation
Jean-Michel Leroy
Cher Thierry Noirot, je crois justement que la position de Renaud Camus — qui est mienne, cela va sans dire — quant à Internet est plus intéressante que celle d'Alain Finkielkraut (position que je comprends néanmoins mais qui me semble irréaliste) : au lieu de refuser en bloc le Réseau, ils s'agit, en somme, de nous imposer à lui, de le dompter et d'en faire un outil à notre service (et non un système producteur d'une “culture” qui nous broie). Il faut ramener la technique à sa juste place de serviteur de l'Homme.

Cher Jean-Michel, votre position est intéressante et tout à fait défendable; cependant je crains que sur ce point vous commettiez une sorte d'anachronisme : vous supposez en effet qu'il serait encore temps de dominer la technique, alors que, tout autour de vous, les preuves sont là, criantes, que nous n'avons plus de contrôle volontaire sur nos machines depuis longtemps -- depuis un siècle peut-être. L'expansion de l'internet en est la preuve incontestable : si nous avions la moindre prise sur le phénomène technique, si nous n'étions pas déjà suffisamment décivilisés pour être incapables de toute discrimination, nous n'aurions pas déployé ce réseau monstrueux sans méfiance ni réflexion préalable. Nous aurions peut-être renoncé à le déployer sous sa forme actuelle. La technique moderne est indomptable, parce qu'elle n'a pas vu un seul dompteur depuis des lustres.
"Things are in the saddle, and ride mankind", disait (déjà) Emerson.
Cher Olivier Lequeux,

Comme vous avez raison d'écrire "l'internet", et non "Internet" ou, pire, "internet" !
J'ai été convaincu de l'incorrection de toute autre forme que "l'internet" par un intervenant dont j'ai oublié le nom, dans une émission de radio dont j'ai oublié le nom. Il rappelait qu' "internet" était un nom commun, et qu'il était aussi absurde de dire "je vais sur internet" que de dire "je vais prendre métro".
J'ai été convaincu de l'incorrection de toute autre forme que "l'internet" par un intervenant dont j'ai oublié le nom, dans une émission de radio dont j'ai oublié le nom. Il rappelait qu' "internet" était un nom commun, et qu'il était aussi absurde de dire "je vais sur internet" que de dire "je vais prendre métro"

C'est discutable, en tout cas, c'est "un peu plus compliqué que ça" comme on disait ici à une époque désormais révolue. Internet n'est pas un nom commun, du moins s'il l'est il ne fonctionne pas tout à fait comme les autres, ses prédécesseurs des réseaux de communication: il ne décline pas l'adjectif internétique, comme le fait le téléphone qui donne téléphonique ou le chemin de fer qui aurait pu donner chemindeferrique mais qui donne ferroviaire. On ne parle pas de réseau internétique en français comme du réseau téléphonique. Ca change tout, ou presque, notamment le fait que l'on dise et écrive le réseau Internet, comme on dit ou écrit le réseau SFR, ce qui justifie au moins un peu que ce nom puisse rester nom propre.
Au Québec Olivier, au Québec, où la Washmatic devient la vache matique, ou presque.

Connaissez-vous des Européens qui placent nonchalamment le café internétique ou la boutique internétique dans une conversation ?
C'est vrai; cela dit il me semble avoir déjà vu le mot écrit à plusieurs reprises, et son usage ne me paraît pas exagérément barbare (même s'il est assez laid).
Pas tout à fait un nom commun comme les autres non plus parce qu'il me paraît peu acceptable de l’utiliser avec un article indéfini et de dire : « un internet », par exemple.
Peut-être est-ce cette difficulté-là qui explique l’abandon de tout type d'article...
"Un internet dangereux pour les jeunes enfants" me paraîtrait une tournure acceptable, cependant... Cela dépend du contexte, me direz-vous. Quoi qu'il en soit, nous sommes ici, avec ces forgeries lexicales correspondant à des "objets" techniques flous, difficilement saisissables et en perpétuelle évolution, dans un registre plutôt glissant, et participant d'une "insécurité linguistique" assez forte.
"Un internet dangereux pour les jeunes enfants"

Ah oui mais là on est dans tout autre chose. Ce "un" a une tout autre fonction que celle d'un article, me semble-t-il, qui n'entame en rien la qualité du nom propre: un Pierre-Marie Dangle dangereux pour son entourage, pour lui-même, pour la démocratie, redoutable pour les rédacteurs négligeants et autres attributs n'entame en rien l'unicité et la singularité du sujet, et ne rend nullement ce nom commun. Evidemment, ce trope doit porter un nom grec épouvantable qui ne me vient pas à l'esprit, si je l'ai jamais connu...
Enfin non Jean-Marc, il me semble que l'antonomase suppose une substitution, n'est-ce pas ? (Renard pour le goupil, etc.). Dans l'expression: un Jean-Marc dubitatif ou inquisiteur ou que sais-je, il n'y a aucune variation, aucun jeu sur le nom lui-même.
Oui, votre remarque est intéressante, cher Marche. Je ne pense pas, cependant, qu'il soit nécessaire de convoquer les tropes pour autant ; on a plutôt affaire, me semble-t-il, à un simple tour emphatique dans l'utilisation de l'article (ici singulier, mais qui aurait pu aussi bien être pluriel — La première moitié du XXIe siècle a connu des internets successifs et bien différents, par exemple...). Il n'en est pas moins vrai que la frontière nom commun / nom propre reste délicate à établir.
La question n'est pas tranchée :

Le terme d'origine américaine « Internet » a été dérivé du concept d'internetting (en français : « interconnecter des réseaux ») dont la première utilisation documentée remonte à octobre 1972 par Robert E. Kahn au cours de la première ICCC (International Conference on Computer Communications) à Washington.
Les origines exactes du terme Internet restent à déterminer. Toutefois, c'est le 1er janvier 1983 que le nom « Internet », déjà en usage pour désigner l'ensemble d'ARPANET et plusieurs réseaux informatiques, est devenu officiel.
En anglais, on utilise un article défini et une majuscule, ce qui donne the Internet. Cet usage vient du fait que « Internet » est de loin le réseau le plus étendu, le plus grand « internet » du monde, et donc, en tant qu'objet unique, désigné par un nom propre. Un internet (un nom commun avec « i » minuscule) est un terme d'origine anglaise utilisé pour désigner un réseau constitué de l'interconnexion de plusieurs réseaux informatiques au moyen de routeurs.
Une publication au Journal officiel de la République française indique qu'il faut utiliser le mot « internet » comme un nom commun, c'est-à-dire sans majuscule. L'académie française recommande de dire « l'internet ». Il existe une controverse sur le sujet entre les partisans des expressions « l'Internet » , « l'internet » , « Internet » et « internet ».


(Source)
Merci de cette mise au point sur le flou, si l'on peut dire.
Vous avez raison, qui dit antonomase dit substitution, c'est donc autre chose.
14 octobre 2012, 14:15   Débat interne
Citation
Marcel Meyer
La question n'est pas tranchée :

Le terme d'origine américaine « Internet » a été dérivé du concept d'internetting (en français : « interconnecter des réseaux ») dont la première utilisation documentée remonte à octobre 1972 par Robert E. Kahn au cours de la première ICCC (International Conference on Computer Communications) à Washington.
Les origines exactes du terme Internet restent à déterminer. Toutefois, c'est le 1er janvier 1983 que le nom « Internet », déjà en usage pour désigner l'ensemble d'ARPANET et plusieurs réseaux informatiques, est devenu officiel.
En anglais, on utilise un article défini et une majuscule, ce qui donne the Internet. Cet usage vient du fait que « Internet » est de loin le réseau le plus étendu, le plus grand « internet » du monde, et donc, en tant qu'objet unique, désigné par un nom propre. Un internet (un nom commun avec « i » minuscule) est un terme d'origine anglaise utilisé pour désigner un réseau constitué de l'interconnexion de plusieurs réseaux informatiques au moyen de routeurs.
Une publication au Journal officiel de la République française indique qu'il faut utiliser le mot « internet » comme un nom commun, c'est-à-dire sans majuscule. L'académie française recommande de dire « l'internet ». Il existe une controverse sur le sujet entre les partisans des expressions « l'Internet » , « l'internet » , « Internet » et « internet ».


(Source)

Pour le coup, wikitruck nous induit vaguement en erreur.

"internetting (en français : « interconnecter des réseaux »)"
Curieux ? Interconnecting, je veux bien, mais internetting pour « interconnecter des réseaux », faut voir ?...

"Les origines exactes du terme Internet restent à déterminer."
Tiens ? Ce n'est donc pas un diminutif d' "internetting", alors à quoi bon ce qui précède ?...


Essayons de reprendre cela, avec deux approches.

La première est celle par agglutination adjectif-substantif. « Internet », du préfixe de l'adjectif international avec le substantif net (un filet, un épervier, un piège).

La seconde est celle par décomposition en verbes. « Internet », avec comme composants to inter (enterrer) et to net (profit matériel, « rapporter net »). On peut d'ailleurs retrouver ce dernier dans l'expression to fall into the net (« tomber dans le panneau », venir se faire prendre au filet).


D'autre part, le rapprochement avec "ARPANET" est révélateur.
A.R.P.A. sont les initiales de l'Advanced Research Projects Agency, qui officie toujours pour le Pentagone, avec actuellement comme objectif prioritaire la mise en place d'immenses champs électromagnétiques (objet d'une question officiel de l'Union Européenne à la fin des années 90 sur les finalités d'un tel projet).


Enfin, on pourra se reporter instructivement aux vocables utilisés pour désigner l' "internet" : le "Web" (issu du chiffre d'accès aux serveurs WWW (pour Word Wilde Web) et désignant une trame (celle d'une machination, d'un complot), un piège (spider's web -- la toile d'araignée) ou un tissu (web of lies -- « un tissu de mensonge »)) ; la "Toile" (« surfer / naviguer sur la toile »).


Si avec cet éclairage ce n'est pas encore clair, je ne peux plus rien...


Citation
Propos de Dominique Wolton dans une interview publiée par 'La Vanguardia'
Le rêve d'Internet est de réduire l'humanité à six milliards de consommateurs reclus chez eux.
Internet, c'est le règne de la rumeur, du mensonge, de l'erreur.
Un espace sans lois est une porte ouverte à tous les crimes : si le système n'est pas réglementé, la cybercriminalité augmentera considérablement.

Citation
Isaïe, XIV.17
La panique, la fosse et le filet
sont sur toi, habitant de la terre.
Piron, mon cher ami, vous délirez aimablement ou vous vous moquez -- deux travers que nous vous pardonnons volontiers, mais non sans quelque mise au point:

le "net" de "internet" est une apocope de network qui signifie réseau; inter-net est construit donc comme signifiant "ce qui relie les réseaux", et qui est parfois appelé "le réseau des réseaux".

Le "web" n'est aucunement un vocable qui sert à désigner Internet, il désigne le seul réseau www. Les protocole ftp qui n'en font pas partie font partie d'Internet.

Cela dit votre pastiche derridien ne manque pas de piquant.

Dominique Wolton, auteur de l'ouvrage intitulé Internet et après, est un âne, et il n'y point de lieu au monde où l'homme n'aurait déjà perdu toute crédibilité intellectuelle n'eût été celle que lui préserve complaisamment l'Université française, devenue au fil des ans largement à son image.
14 octobre 2012, 16:37   Débat interne
Marche, mon très Cher,

et moi qui croyais que vous étiez un Grand voyageur ! Allons, aventurez-vous, ne vous arrêtez pas en cours de route, poussez votre réponse un peu plus en avant (origines de « network », signification de « inter », sens commun de « "web" », définition de « protocole ») , et vous m'en direz des nouvelles (je ne parle donc pas de Wolton, hein, il s'est perdu en chemin celui-là, et vous avez maintefois raison de ne pas le suivre sans y regarder de plus près).
14 octobre 2012, 19:49   Re : Débat interne
Web est souvent rendu en français par la Toile, de l'expression populaire j'ai fait une toile. Vous remarquerez que que dans Toile il y a oie. Or si les cobweb sont bien des toiles d'araignée (pas de celles qui prennent la mouche trop facilement, comme certains ici), le cob, c'est l'épis (de maïs, etc.), lequel sert à nourrir les vaches et les oies. Or les pattes d'oie se disent goose web, puissant signifiant renvoyant au référent de la ferme animale, le roman d'Orwell, évidemment, où les vaches et les oies conspirent. Ce qui dit bien la nature profonde de la chose : le web est aussi réticulaire qu'orwellien, il est une toile dans l'histoire du progrès technologique humain et sert avant tout à prendre la mouche et à cancaner.

Voyez que tout en n'étant plus un Grand voyageur -- la SNCF m'a fait rendre ma carte de Grand Voyageur depuis que j'ai confié à ses services que j'avais peur de prendre ses tunnels et que hormis le trajet Toulon-Brignoles deux fois par an je ne bougerai plus de chez moi, où depuis, et craignant trop les vaches et les oies, j'élève des chèvres, dont je ne sais pas trop ce que j'en ferai, enfin, je vais pas en faire un fromage non plus -- je sais, en vous imitant, moi aussi aller au fond des choses.



J'en profite pour vous envoyer une vue extérieure de mon modeste logis d'ancien grand voyageur:

C'est un peu tiré par les cheveux votre affaire. Ah mais, peut-être était-ce là votre intention : la dérision (raison et dérision de Derrida, voyez, je suis bon public).


(L'orage rôde sur le ciel d'Aubagne, les éclairs, sourds, transpercent les épais nuages noirs. Il y a quatre heures, une mini-tornade s'est abattue dans les environs, à Plan-de-Campagne. La pluie a maintenant fait son apparition, ici. La tempête ne passera pas la Sainte-Baume (pour rejoindre le massif du Faron, à Toulon, les vents dominants venant du nord-ouest) et s'échouera dans notre cuvette. Ainsi les dieux en ont-ils décidé. Les grondements se font maintenant entendre de plus en plus nettement, fortement, les éclairs atteignent jusqu'aux fenêtres de la pièce où je me situe. Il me faut à présent m'écarter de l'ordinateur, de peur de prendre un coup de tonnerre. Pays de Cocagne, qu'ils disaient.)
(Je tenai à rassurer le lecteur. Tout est rentré dans l'ordre des choses. Encore une fois, les nuages qui précèdent l'orage auront occupé l'espace, engouvrés, détournant ainsi le gros. C'est vraiment un pays de Cocagne, je retire ce que je sous-entendais sous le coup de la peur.)
14 octobre 2012, 21:25   Re : Débat interne
Là encore vous faites erreur mon cher Piron: l'orage a franchi la Sainte-Baume est il est sur Hyères et les ïles d'Or. Les nues noires sont striées d'éclats hugoliens, mazzepiens, les chiens déchaînés hurlent à la mort, la chouette hulule, la huppe pupule, et j'attends d'une minute à l'autre l'arrivée de Dracula sur le balcon, descendu des camelles noires des Maures transformés en monts de Transylvanie.
Pour l'erreur, vous avez raison, c'est s'que j'disais : "les nuages qui précèdent l'orage auront occupé l'espace, engouvrés, détournant ainsi le gros" (donc vers Toulon, pour reprendre mon explication météo-géographique). Mais votre "Là encore" est une prétention. Ne serait-ce pas justement les dieux qui vous punissent pour vos mensonges éhontés [intonation humoristique], tranchant ainsi notre différent (même si je reçus quelques égratinures au passage, oh trois fois rien, peut-être pour me gronder d'avoir écrit ce "Word Wild(e) Web" légèrement cauchemardesque (il fallait lire World Wide Web, of course)) ?
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