Michel Crépu ne comprend toujours pas.

Voici en effet ce qu'il écrit, dans son dernier éditorial "mobile" de la Revue des deux mondes :


Ce qui frappe, concernant l’islam, c’est l’oscillation des observateurs. Tandis qu’Olivier Roy, avec beaucoup d’intelligence, nous conjure de ne pas prendre pour argent comptant le radicalisme islamique (on reconnaît là une vieille thèse éprouvée naguère par Daryush Shayegan, appliquée à l’Iran des années quatre-vingt, où Shayegan lisait dans l’anti-occidentalisme des mollahs un aveu de défaite annoncée), un Renaud Camus, à l’autre bout de la scène, voit venir un grand changement de civilisation, d’autant plus irrésistible que nous lui déroulons, par correction politique, le tapis rouge. Roy et Camus (deux exemples parmi beaucoup d’autres que nous ne comparons pas ici terme à terme) sont également à écouter – à ceci près que la préférence déclarée par Renaud Camus pour Marine Le Pen laisse tout de même pantois, venant d’un esprit aussi fin que le sien : croit-il sérieusement que cette confrontation majeure entre deux cultures (car c’en est bel et bien une) puisse être résolue à l’échelle pathétiquement simpliste du discours frontiste ? Roy, de son côté, ne pèche-t-il pas par excès de répulsion instinctive à l’égard du discours alarmiste ? Ah, si seulement le réel – même le plus follement géopolitique – n’était que rationnel…

Il est troublant de se dire qu’il existait encore il y a peu un Jacques Berque, un André Miquel, pour assurer vis-à-vis de la religion musulmane un rôle médiateur : ces hommes de savoir opposaient par leur noblesse intellectuelle un vrai rempart à l’hystérie idéologique. Sans vouloir faire de peine au brave Malek Chebel, qui fait ce qu’il peut pour valoriser un « islam des Lumières », force est de reconnaître que la culture islamique est désormais privée de médiateurs de cette qualité. Et ne parlons pas des savants travaux menés par notre ami Christian Jambet, dans le sillage d’un Henry Corbin, d’un Louis Massignon. Oh, nous le savons bien, les esprits pressés (c’est-à-dire paresseux) demanderont si l’urgence est bien à lire par le menu la théologie du chiisme iranien, plus sophistiquée encore par l’intelligence que les chapitres les plus inaccessibles de la Somme de Thomas d’Aquin.

Eh bien nous leur répondrons qu’ils se trompent et qu’au contraire, il n’est rien de plus urgent que de se plonger dans les textes admirables d’un Massignon ou d’un Mollâ Sadrâ : rien de plus nécessaire que de retrouver, dans cette période historique en proie au vertige, le sens des vraies profondeurs. S’arracher à l’« opinionite » hystérique du forum et renouer avec la distance de l’étude, la solitude du travail. Les vrais fondateurs de l’Europe, les moines de Saint-Benoît, ne s’y sont pas pris autrement. Que nous l’ayons oublié est une chose, mais personne n’est obligé de persister dans la bêtise du discours immédiat, s’exaltant de ses blogs, de ses Tweets et de ses commentaires sur Facebook. Nous ne sommes pas naïfs au point de croire qu’il y a encore des oreilles pour entendre cela, mais cela fait toujours plaisir de l’écrire.

Pauvre Crépu. Mais ce n'est pas étonnant car sa revue doit être dépendante de financiers mondialistes.

Michel Crépu sera le contradicteur de Richard Millet dans l'une des prochaines émissions de Finkielkraut.

Comment avez-vous appris cela, cher Rivoallan ?

Citation
Jean-Michel Leroy
Comment avez-vous appris cela, cher Rivoallan ?

Grâce à ceci

Sur le site de l'émission, la date du 20 octobre est libre, CQFD.

Habile...

Citation
Jean-Michel Leroy
Habile...

Lui permettra-ton d'organiser cette émission ? J'attends de voir (ou d'entendre plutôt).