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Extrait du Journal 2013, samedi 5 janvier, 18:41

Envoyé par Renaud Camus 
« Faut juste pas dramatiser les choses » (chef d’orchestre, sur France Musique).
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« Le gouvernement obtiendra un accord et s’il n’obtiendra pas d’accord il… » (Jean-Claude Casanova, président de la Fondation des Sciences Politiques, “La rumeur du monde”, France Culture)
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« Moi je partage assez le souci de Jean-Claude Casanova sur est-ce que tout ça va suivre… » (“La rumeur du monde”, France Culture)
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« Je suis assez d’accord avec Jean-Claude Casanova sur quelle sera la suite » (Id.)
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Après cette brillante mise en bouche venait aujourd’hui, toujours sur France Culture, donc, l’émission de mon grand ami Sylvain Bourmeau, qui recevait un sociologue dont j’ai oublié le nom, tant mieux pour lui, auteur d’un ouvrage dont j’ai oublié le titre, à propos des “banlieues”. À vrai dire, sociologue pour sociologue, celui-là n’était pas de la pire espèce. Mais je ne peux m’empêcher, (presque) chaque fois que j’en entends un, de voir sa discipline comme une pauvre petite fille retardée mentale et aux trois-quarts aveugle qui tenterait de déchiffrer des bandes dessinées en s’aidant d’une énorme loupe grossissante collée sur le papier, et qu’elle toucherait du front ; ou bien, pour prendre une image plus aimable, disons qu’elle fait penser à la fameuse (et admirable) statue de la cathédrale de Strasbourg, la Synagogue, avec son bandeau sur les yeux…

Le plus extraordinaire est que ce qui l’aveugle, c’est le scrupule scientifique, je le crains — passablement mélangé, il est vrai, de scrupule idéologique, l’un ayant revêtu la défroque de l’autre. Ces gens ne voient pas ce qui survient, et qui est énorme (le changement de peuple, le Grand Remplacement, la guerre civile, très peu civile mais de moins en moins larvée), parce qu’ils ont le chef encombré d’appareils de précision, comme cette femme d’une très ancienne publicité pour une marque de lunettes, Lissac, si je ne me trompe ; et parce que leur langage est aussi riche de mots qui ne servent à rien que d’interdits absolus sur ceux qui ont encore une prise sur le réel. L’invité de Bourmeau a été félicité, ou jugé bien audacieux, je ne sais, pour oser parler encore de banlieues — belle performance il est vrai. Et il lui reste assez de lucidité pour reconnaître que l’expression quartiers populaires, il en convient de façon charmante, « ne dit pas tout à fait assez » ; moyennant quoi il semble résigné à dire les quartiers, abréviation pudique pour le ridicule quartiers sensibles, et dont l’absurdité sémantique est patente (Saint-Germain-des-Près, le Marais, Beaugrenelle, est-ce que ce ne sont pas aussi des quartiers ? mais il est tacitement convenu que ce n’est pas d’eux qu’il s’agit…).

Comment ces malheureux pourraient-ils dire quelque chose alors que, par convention préalable, ils ne peuvent employer que des mots qui ne nomment pas ce qu’ils désignent ? C’est comme s’ils essayaient de jouer au billard avec des branches de pruniers.

On dira que je suis trop sévère avec eux, et avec la sociologie moderne en général : injuste, partiel, incompétent. Mais je me sens à l’abri de ces reproches parce que tous ces beaux experts finissent toujours, trente ans après tout le monde (tout le monde sauf le complexe médiatico-politique, bien entendu), par reconnaître, contraints et forcés, et non sans quelques ultimes palinodies, qu’ils se sont trompés, qu’ils ont nié trop longtemps des évidences qui n’étaient pas niables. Même Muchielli a fini par admettre qu’il y avait bien une “surdélinquance des jeunes issus de l’immigration”. Et celui de l’émission de Bourmeau a daigné lâcher, mirabile audu, qu’il y avait bien une dimension ethnique aux problèmes des quartiers, qui avait été passée sous silence pour des raisons qui et des raisons que — si c’était pour en arriver là, il aurait mieux fait de nous écouter à la fin du siècle dernier, Mme Michu et moi.
Une chose me frappe dans l'usage de l'expressions "les quartiers" pour désigner les quartiers peuplés d'immigrés où sévit une surdélinquance, c'est qu'il s'agit du même "absolutif" jadis utilisé par les classes supérieures. On disait aller "dans le monde" pour dire qu'on allait dans le grand monde ; on disait "il est né" pour dire qu'il était né dans le second ordre, etc. Il était d'une certaine manière inévitable que la classe qui dirigeait politiquement, économiquement et symboliquement le pays donnant le la en matière de beaucoup de choses, présentât comme absolu ce qu'elle faisait dès lors que toute la société la prenait effectivement pour référence.
Or l'absolutif a changé de camp. Désormais ce sont les "jeunes des quartiers" qui donnent le la. Les "quartiers", c'est eux. Les "jeunes", c'est eux. La "diversité", c'est eux (foin de la diversité des provinces françaises), etc. Il y a donc, en cours, un grand remplacement des référents symboliques que les médias diffusent avec irresponsabilité. Il y eut avant le remplacement petit-bourgeois : la "musique" pour les variétés, etc.
On ne s'étonne pas alors que les classements de personnalités préférées de Français (classements mensongers dans la mesure où il s'agit de choisir parmi des gens déjà médiatisés : les médias s'y confortent eux-mêmes) soient des divers, des allogènes, des amuseurs et des sportifs, bref tout ce qui ne fut la référence de personne pendant très longtemps, avant le grand remplacement.
Utilisateur anonyme
06 janvier 2013, 09:34   Re : Extrait du Journal 2013, samedi 5 janvier, 18:41
Aaaaah les joies des diverses contorsions sémantiques propres aux sociologues ainsi qu'aux psychopédagogues, deux catégories des "sciences humaines" (sic) se livrant une bataille homérique voire dantesque afin d'atteindre la plus haute marche du podium du "sur comment" comprendre et éduquer nos "jeunes"...
Virgil, "dans le monde", au XIXème, signifiait largement "hors des couvents". Monde est donc un terme particulièrement polysémique.
"Rebonds" (c'est ironique, évidemment). Je me permets, Cher Maître, de """rebondir""" (moult guillemets) sur vos remarques...

Pendant le mois de décembre, les journalistes ont beaucoup parlé ("parlé", c'est le mot qui convient - non pas traité de, ni analysé, ni exposé) des agences liées à l'Etat ou aux collectivités publiques (et qui sont des gouffres à milliards perdus) et des commissions ou autres comités, moins gourmands en milliards (seulement en centaines de millions d'euros). A propos de ces commissions et comités, il a été consacré de longs reportages sur la 2 et Canal+ et sur toutes les chaînes de radio ou de télévision aux comités Gustave, Théodule et Hippolyte, que De Gaulle a rendus ironiquement célèbres dans un discours de 1963, les journalistes disant en substance que les premiers étaient une resucée des seconds ou que, cinquante ans auparavant, un homme politique avait déjà brocardé les pouvoirs excessifs des seconds (sous-entendu : rien n'a changé et rien ne changera). Le seul problème, c'est que De Gaulle ne parlait pas de ces comités (ou commissions) composés d'experts, de fonctionnaires, de syndicalistes, d'universitaires, de "sachants"... chargés d'informer ou d'alerter un ministre sur tel ou tel aspect (ou micro-aspect) de telle ou telle question (ou micro-question) d'intérêt public, mais de politique, pas de (mauvaise) gestion de la chose publique (d'intendance), mais d'intérêt supérieur de la France. Les comités Gustave, Théodule, Hippolyte (pourquoi n'a-t-on retenu que les Théodule ? Pourquoi pas les Gustave ou les Hippolyte ?) étaient ces nombreux comités de "défense de la république" ou "démocratiques" qui rassemblaient des politiciens de troisième ou quatrième ordre, vieux chevaux de retour rescapés de la collaboration et des guerres coloniales, mais ambitieux, dont Mitterrand, et qui croyaient s'opposer à la volonté du peuple français en rassemblant autour d'eux trois ou quatre anciens ministres de la IVe République, deux ou trois députés "républicains" et une dizaine de conseillers généraux.
Le fondement du travail des journalistes est de vérifier leurs sources. Sur ce point, il n'était même pas nécessaire de relire les discours de De Gaulle ou d'en regarder les enregistrements que l'INA conserve. Un peu de culture suffisait. De Gaulle n'aimait guère se mêler d'intendance. On le voit mal brocarder une commission d'experts ou de fonctionnaires chargés d'étudier telle ou telle question : c'était l'affaire d'un sous-secrétaire d'Etat.

Dans C dans l'air, sur la 5, mercredi ou jeudi, l'animateur a réuni pour un "débat" deux astrologues (deux dames charmantes), un journaliste qui traite habituellement de comètes et de conquête spatiale et un sociologue, maître de conf. en sociologie "à la Sorbonne" (il n'a pas cessé de parler de sa Sorbonne), et qui a ou aurait étudié les croyances populaires. Evidemment, ni le journaliste scientifique, ni le sociologue ne croient à l'astrologie (moi non plus d 'ailleurs) et ils se sont acharnés de façon discourtoise, surtout le sociologue, sur les deux voyantes qui sont persuadées, comme les hommes le sont depuis au moins cinq mille ans, que les astres, et la lune en particulier, influent sur les humeurs et sur la destinée des hommes. La thèse du sociologue a consisté à dire que toutes les conclusions de l'astrologie étaient "démontrées fausses", que ce que prédisait les astrologues était dû au hasard et que, par hasard, leurs prédictions se révélaient justes une fois ou deux fois sur dix - de façon aléatoire et avec une pourcentage de réussite qui est celui du hasard, etc. etc.
S'il avait été cultivé, il aurait pu montrer que l'astrologie avait été tenue pour un "art", parfois pour une "science", jusqu'au XVIIIe siècle (alors on distingue l'astronomie et l'astrologie), et que cette réputation n'était pas ursurpée sur un point : l'établissement des calendriers, les changements de calendriers (du païen au chrétien), la détermination de l'épacte, etc. S'il avait été insolent (mais il ne l'était qu'à l'égard de charmantes dames, un peu allumées), il aurait pu rappeler qu'une partie de notre vocabulaire social ou sociologique (influence, influer sur, tendance, etc.) vient du vocabulaire de l'astrologie.
Surtout, le débat a été comique en ce que le sociologie de service, quand il se gaussait des croyances populaires, dont celles des astrologues, et surtout de leur pérennité, parlait en fait de lui-même, de son savoir, de sa discipline. Il ne s'est pas rendu compte (la lucidité est le dahut des sociologues ) que les mots astrologie et sociologie se ressemblent et sont formés de la même manière (discours sur les astres et sur le socio - social, société, sociétal) et que, s'il existe une profession qui se nourrit, plus encore que les astrologues, de croyances et de croyances démenties par les faits, c'est celle des sociologues. Combien d'entre eux ont cru que les camps de concentration étaient une étape vers le bonheur de l'humanité ? Combien ont cru à la supériorité du socialisme sur tout le reste ? Combient croient à la grandeur de cette RATP qu'est l'islam ? etc. etc. etc. La sociologie est, comme l'astrologie et plus encore que l'astrologie, un grand réservoir de croyances mortes, mais qui se transmettent savamment de maître à disciple, et d'abord dans ces temples de l'obscurantisme que sont les universités "de lettres".
Le mot "monde" est sans doute polysémique. Mais dans "le monde" on dit, "dans le monde" pour parler du petit monde choisi - encore aujourd'hui. De même, un normalien dit "l'école" en parlant de l'ENS - comme s'il n'y avait pas d'autre école digne de porter ce nom.
Quand je parle d'absolutif, je veux dire qu'il s'agit de mots qui sont arrachés à l'usage commun et utilisés avec un article défini (le, la). De cette manière, on suggère qu'il n'y a qu'une école, qu'une monde (social), qu'une naissance (digne de porter ce nom), et, depuis quelques années, sous la plume des sociologues et des journalistes (et des politiques), "les quartiers", comme si les autres quartiers ne méritaient pas ou plus ce nom. C'est tout simplement une captation de lexique.
Avant les classes dirigeantes et cultivées le captaient, maintenant ce sont les intouchables symboliques (les divers, les artistes, les gauchistes) qui captent : seulement eux ne construisent rien, ne produisent aucune forme civilisatrice, ne laisse pas d'oeuvres, pas de monuments, pas de beauté. Ils sont obsédés par le bled et l'Amérique et détestent tout ce qui est et fut la France, quel que soit le niveau social ou le lieu en question : nous voilà mal partis.
Utilisateur anonyme
06 janvier 2013, 10:14   Re : Extrait du Journal 2013, samedi 5 janvier, 18:41
Un grand drame pour la France est que le général de Gaulle n’ait guère aimé se mêler d’intendance.
Utilisateur anonyme
06 janvier 2013, 10:20   Re : Extrait du Journal 2013, samedi 5 janvier, 18:41
On entend aussi beaucoup « nos quartiers » pour désigner “les quartiers”. Je crois que M. Manuel Valls est très expert de cette tournure. Non seulement nous devons prendre ces “quartiers” pour modèles mais encore devons-nous les chérir, nous sentir concernés, solidaires, impliqués, ne penser qu’à eux toute la journée.
ne penser qu’à eux toute la journée.

Mais n'est-ce point ce que vous faites déjà ?
Utilisateur anonyme
06 janvier 2013, 10:40   Re : Extrait du Journal 2013, samedi 5 janvier, 18:41
Oh non, pensez-vous, cher Jean-Marc ! Moi, j’ai mes horaires ! J’y pense le matin en me levant, un petit coup vers dix heures vingt et en général, après, j’attends 17h23 pour y repenser. Parfois, quand je sens que je me laisse aller, je m’en remets une petite dose avant de dormir.
Vous me rassurez, à lire le forum je craignais qu'ils ne fussent (ces quartiers et leurs hôtes) omniprésents dans les pensées de chacun.
Mieux vaut, en effet, pour la tranquillité de l'âme et le confort de la digestion, penser à autre chose ou même ne pas penser du tout, et après nous le déluge.
"La sociologie est, comme l'astrologie et plus encore que l'astrologie, un grand réservoir de croyances mortes, mais qui se transmettent savamment de maître à disciple, et d'abord dans ces temples de l'obscurantisme que sont les universités "de lettres".

Tellement juste !

En fait il faudrait trier entre les vrais sociologues et ceux, les plus nombreus, hélas, que l'on pourrait appeler "parasociologues", lesquels croient pouvoir tordre le réel par la seule force de leur verbe jargonnant comme un Uri Geller prétendait tordre le métal par la seule force de l'esprit.
Ah ah, excellent, la parasociologie ! Et j’adhère de même à cent pour cent, faut-il le dire, aux propos de notre ami Rebeyrol.

M. Waldburg connaît sans doute le merveilleux « Toute la France était là » de Mme de Sévigné, à propos d‘un mariage à Versailles. Il nous pend au nez, à ce rythme, que « Toute la France », bientôt, ce soit nos amis Sensibles.
Cher maître,
En plein dans le mille ! Vous prenez deux rappeurs, deux humouristes, deux footballeurs, deux slameurs et deux filles voilées (avec une majorité de divers) et "Toute la France (nouvelle) est là" !
Voir Djamel Debbouze dans son spectacle :
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][/url]
Heureusement, l'essentiel est au début : pas besoin de tout regarder...
De Madame de Sévigné à Jamel, normalement cela conduit à ne plus croire au progrès !
Utilisateur anonyme
06 janvier 2013, 16:59   Re : Extrait du Journal 2013, samedi 5 janvier, 18:41
Citation
Virgil Waldburg
Heureusement, l'essentiel est au début : pas besoin de tout regarder...
De Madame de Sévigné à Jamel, normalement cela conduit à ne plus croire au progrès !

Jamel Comedy Club

JamelDebbouzeForever

"Les nouveaux humoristes urbains (...) vont faire du stand up"

En effet, ça sonne authentiquement français et l'influence américaine ne se fait pas du tout sentir...

A 1'28" (spectacle sur Youtube), la phrase qui dissuade d'emblée: "ça fait plaisir ma parole, y'a des gens de toutes les races*, de tous les âges. Putain, mais c'est ça la Fraaaaaaaance!" => ovation

* Jamel Debbouze semblerait donc sous-entendre explicitement qu'il existe différentes races?...
En dehors des mille raisons qui me font détester résolument Jamel Debbouze, le fait est, me suis-je dis aujourd'hui en rangeant la vaisselle, que celui-ci ne m'a jamais arraché le début d'un sourire. Depuis tout ce temps, il aurait dû y avoir un malentendu, un accident, voire une trouvaille cachée dans l'un de ses épuisants sketchs provoquant ce mécanisme du rire érigé par Rabelais en propre de l'Homme... Or rien, pas même un rictus.

Je me souviens en revanche d'avoir éprouvé la plus vive envie de jeter ma télé par la fenêtre, ce jour où je l'entendis dire: "Wallah, c'est pas des cisteras les Céfrancs..."
Pompidou, c'est pas mal non plus : [www.in-nocence.org]
Utilisateur anonyme
07 janvier 2013, 20:26   Re : Extrait du Journal 2013, samedi 5 janvier, 18:41
Leur danse, leur musique...si c'est ça la France, je me barre en Russie.
Pour les amateurs de déconstruction sociologique :

[www.hoaxbuster.com]
"Le" Bourmeau se répète dans cette recension du livre Refaire la cité, prétexte déjà à l'émission radiophonique évoquée au début de ce fil, et qu'il anime. Mieux vaut (servir la soupe) deux fois qu'une, donc...

Cet article est parfaitement écoeurant, à l'instar des propos habituels de son auteur et de l'ouvrage qu'il présente. Aux trois recommandations formulées dans celui-ci (interdire le contrôle au faciès, accorder le droit de vote aux étrangers et dépénaliser le cannabis), et qui forment la chute de l'article, on pourrait ajouter les deux suivantes: 1)Autoriser les mariages forcés 2) Nommer Sexxion D'Assault à la tête du futur centre national de la musique.

P.S: le titre est criant de vérité.
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