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Le coeur du débat : que deviennent les civilisations ?

Envoyé par Ostinato 
Il s'agit d'une émission avec Jean-Claude Guillebaud. à propos de son livre :
Le commencement d'un monde : Vers une modernité métisse
Une position qui fait bien apparaître les clivages essentiels de ce forum. Un peu angélique et optimiste sur l'avenir, non dénuée de messianisme, à mon avis, néammoins très intéressante .

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Présentation de l'éditeur

]Nous sommes au commencement d'un monde. Vécu dans la crainte, ce prodigieux surgissement signe la disparition de l'ancien monde, celui dans lequel nous sommes nés. Pourtant, la sourde inquiétude qui habite nos sociétés doit être dépassée. Le monde " nouveau" qui naît sous nos yeux est sans doute porteur de menaces mais plus encore de promesses. Il correspond à l'émergence d'une modernité radicalement "autre". Elle ne se confond plus avec l'Occident comme ce fut le cas pendant quatre siècles. Une longue séquence historique s'achève et la stricte hégémonie occidentale prend fin. Nous sommes en marche vers une modernité métisse. Deux malentendus nous empêchent de prendre la vraie mesure de l'événement. On annonce un "choc des civilisations ", alors même que c'est d'une rencontre progressive qu'il s'agit. On s'inquiète d'une aggravation des différences entre les peuples, quand les influences réciproques n'ont jamais été aussi fortes. Le discours dominant est trompeur. En réalité, au-delà des apparences, les "civilisations" se rapprochent les unes des autres. De l'Afrique à la Chine et de l'Inde à l'Amérique latine, Jean-Claude Guillebaud examine posément l'état des grandes cultures en mouvement, pour décrire l'avènement prometteur - et périlleux - d'une véritable modernité planétaire. Ce rendez-vous pourrait connaître des revers et engendrer des violences. Il est pourtant inéluctable et sans équivalent dans l'histoire
Guillebaud, que j'en entendu sur France Culture un peu par hasard ce matin, affirme que le néo-confucianisme chinois actuel est le fait de la diaspora des chinois en Amérique du Nord. Cela paraît pour le moins discutable. Les vagues successive de néo-confucianismes ont été quasi-régulières dans l'histoire de ce pays sans avoir attendu l'implantation des bananes (jaunes dehors, blancs dedans, comme on désigne péjorativement les Chinois d'Amérique du Nord) dans les universités de la Côte Ouest. Il soutient que les marges des civilisations contribuent à leur déterritorialisation (c'est le terme qu'il emploie, visiblement emprunté à Deleuze). Cela peut être provisoirement le cas, jusqu'à ce qu'un "cratylien" (Mao dans le cas de la Chine) et ses armées d'analphabètes viennent tout fiche parterre pour des décennies.

Il n'y a pas lieu d'être optimiste davantage que pessimiste pour l'avenir du monde (comme Guillerbeau nomme cette chose). Le vide spirituel de l'Occident est en train d'être comblé et l'on sait comment. La déspiritualisation de certains (Occident, Inde) profite à d'autres, inutile de rappeler qui. La dynamique est complexe et Guillerbeau qui récuse le concept de heurt des civilisations patauge dans l'angélisme du "métissage". Le métissage (je pense à Shanghaï dans l'entre-deux-guerre) n'a pas d'avenir: non qu'il ne puisse s'imposer avec son génie et sa propagande propres de manière quasi-totale mais parce qu'il est privé de toute force agressive et donc voué à être balayée violemment en un point plus ou moins proche de l'histoire ; Shanghaï la métisse le fut trois fois en un siècle: par le Japon impérial, très peu porté sur "le métissage", puis par le bouleversement entraîné par l'ordre communiste et enfin une troisième fois par la Révolution Culturelle qui transforma Shanghaï en premier théâtre d'atrocités de la nation chinoise (lire à ce sujet le témoignage intitulé Life and Death in Shanghaï de Mme Nien Cheng). Toutes les vélléités de "modernisme métis" ont en Asie abouti à de sanglantes catastrophes (Saïgon, Pnom Penh, Djakarta un peu plus tôt). Il est donc vain et passablement trompeur de sa part de citer un "philosophe" chinois des années 20 à l'appui de sa thèse : Liang Shuming, dont la fascination pour Bergson s'est avérée sans objet face aux enjeux auxquels devait être confronté son pays quelques années plus tard.
Ce qui est intéressant dans cette émission, c'est l'identification et la clarté des problématiquesP présentées par Jean-Claude Guillebaud. Pas forcément les réponses, mais les réponses pour être valides doivent selon moi intégrer ces problématiques.
Dieu et les lecteurs de ce forum savent que j'abhorre la tyrannie déguisée en angélisme qu'est la doctrine du métissage comme avenir obligatoire, universel et imminent - mais dont l'avènement doit être hâté aux forceps. Cependant, il semble exister quelques sociétés où le métissage tend à se généraliser sans drames, sans conflits ethniques et sans propagande grossière : le Brésil et certaines îles de l'Océan Indien notamment. Ne pensez-vous pas ? Cela n'enlève d'ailleurs pas grand-chose à la pertinence globale de votre analyse.
Le Brésil est souvent cité en exemple comme une des sociétés les plus violentes et les plus instables au monde, battant tous les records d'insécurité et de criminalité. Ce qui ne retire rien aux charmes, indiscutables et souverains de ce pays ou d'autres qui par certains côtés peuvent lui ressembler, je pense à la Colombie.

Concernant les îles de l'océan indien, que je ne connais pas: vous semblez penser à Maurice. Si ces populations sont parvenues à des symbioses culturelles plus ou moins heureuses (même chose au Antilles, dans une certaine mesure), qu'on ne perde pas de vue que n'est que sur des territoires limités, voire des micro-territoires on se sont réunies des diasporas (indiennes, chinoises, océaniennes, africaines, etc.) obligées à se supporter (se tolérer) mutuellement ne serait-ce que par l'exiguïté des lieux et une histoire commune. Mais pour peu que préexiste à leur venue une nation autochtone (comme à Fidji, dans l'autre océan), voilà la guerre et les heurts qui ne manquent pas de surgir, et les prises du pouvoir par les militaires, et les profondes remises en cause du modèle "singapourien heureux".
Utilisateur anonyme
07 septembre 2008, 15:53   Re : Le coeur du débat : que deviennent les civilisations ?
"Nous sommes en marche vers une modernité métisse."

Ah oui alors ! Témoins le bouton on/off métis, les ordinateurs métis, le moteur à explosion métis, les écrans de télévision métis, la procréation médicalement assistée métis, le lancement d'engins spatiaux métis, la bombe atomique métis etc. etc.
Il semble que l'Afrique du Sud, autre société multiraciale, ait dépassé le Brésil et la Colombie en matière de violences.

Croyez-vous que la violence qui règne dans la société brésilienne soit liée à son caractère multiracial et au grand nombre des métis ?

A Orimont : oui, la niaiserie, la crétinerie de la propagande pour le métissage et ses retombées publicitaires sont un des aspects les plus insupportables de cette tyrannie. Mais cela ne répond pas à toutes les questions.
Utilisateur anonyme
07 septembre 2008, 17:05   Métissage ou diversité?
Non confondez-vous pas métissage et diversité? La diversité imposée par 30 ans de politique immigrationiste n'a rien à voir avec le métissage.

Le métissage est le fait d'individus qui décident de se mêler à un groupe ethnique qui n'est celui de leur origine : relations sociales, sexuelles, familiales. Il est le fait de décisions individuelles sur lesquelles la propagande d'Etat n'a pas prise. L'Etat aura beau encenser le métissage je n'en tomberai pas plus ou pas moins amoureux de ma voisine (ou mon voisIn) Sénégalaise (Chinois).

L'éloge de la diversité au contraire a tout à voir avec la propagande d'Etat : nous faire prendre pour un bien absolu les conséquences imprévues de la politique de regroupement familiale à savoir l'existence d'individus qui ne s'assimilent pas, se regroupent en communauté puis revendiquent des droits etc.

La propagande pour le métissage est dérisoire car elle est compéltement à côté de la plaque. La propagande pour le diversité est dangereuse vis à vis des Français de souche (au mieux elle les culpabilise au pire elle leur bourre le crâne) et vis-à-vis des communautés d'origine étrangère car elle légitime leurs revendications.

Donc la propagande pour le métissage est stupide mais inoffensive. Elle est même drôle tant elle est déploie d'efforts pour rien.
07 septembre 2008, 17:25   Anthropo-cosmologie
M. Guillebaud s'emploie dans cet entretien à nous bien asséner, bien faire comprendre que la richesse se trouve dans les marges, dans les marges des civilisations. La paroi poreuse des cellules territoriales, des civilisations, serait le lieu béni de toutes les richesses échangistes. On aime le concept. On le trouve aguichant.

Les cosmologues goûtent les métaphores alimentaires pour faire comprendre au public, dans leur louable effort de vulgarisation, à quoi ressemble le cosmos, selon les dernières nouvelles du jour: tantôt une galette, tantôt une grosse bombe glacée, et dernièrement, un doughnut. Oui, un doughnut, savoir une couronne en trois dimensions, ainsi serait organisé le grand tout orbital. Bien.

Qu'on me pardonne de leur emboîter outrageusement le pas en vous disant que le schéma des civilisations est celui du camembert. Oui, du camembert: plus riche, plus onctueux, plus chargé de ferments en sa périphérie, mais aussi, dans la même marge: plus coulant, plus croulant, plus putride, plus prêt à l'effondrement que nulle part ailleurs dans son corps. Tel est le schéma des aires civilisationnelles: la diaspora, c'est la richesse périphérique et la coulure du camembert, l'affaissement aux premières pressions du centre continental (les armées révolutionnaires et correctrices de le nation chinoise ont TOUJOURS attaqué la périphérie décadente et corrompue par le coeur centrasiatique, depuis le premier empereur Qin Shi Huang Di mais je crois même avant lui) ou aux premiers assauts idéologiques des forces extérieures; la périphérie, la marge et le synapse civilisationnel qu'elles constituent sont certes le lieu de tout ferment intellectuel mais aussi de l'ineffable trahison des élites, de leur fuite outremer et du ventre mou général qui cède au premier haussement de ton des ayants-droits du territoire central.

Alger, puisqu'il est question de la France, fut, au moins deux ou trois décennies, un second Paris de par sa vie intellectuelle et artistique, et même politique pendant l'Occupation. Voyez la suite.
Utilisateur anonyme
07 septembre 2008, 19:13   Re : Le coeur du débat : que deviennent les civilisations ?
Cher Marcel, je voulais dire qu'à mon goût aucune époque ne fut moins métissée, moins diverse, que la nôtre, plus désireuse de mettre au point un homme unique au diapason des machines. Celui-là bâche sa femme, cet autre veut convoler avec son pareil, tous deux ne savent plus rien faire sans téléphone portable (par exemple.)

"Une longue séquence historique s'achève et la stricte hégémonie occidentale prend fin." écrit l'essayiste. Ah oui ? Au niveau du port du boubou, de l'harissa dans les gamelles et des pétards du Nouvel An chinois. Mais en ce qui finit par organiser la vie de n'importe qui n'importe où, les gestes quotidiens, la couleur des jours, l'ambiance, l'ambiance, comment peut-on dire que l'hégémonie occidentale prend fin au moment même où le sort de chacun est suspendu à la moindre découverte scientifique, sachant que la recherche de pointe est entièrement dirigée par des Occidentaux ou, quand elle ne l'est pas, dépend entièrement de leurs méthodes ?
07 septembre 2008, 19:24   Brésil
Bien cher Marcel,

La violence au Brésil est d'une autre nature que chez nous. La violence gratuite y est quasi-inconnue.

La violence y est "utilitaire" : vengeances, affaires passionnelles, vols...


Par ailleurs, elle frappe surtout les couches les plus pauvres (dans les classes aisées, vous risquez tout au plus le vol, à condition de ne pas résister).

A mon sens, cette violence est d'abord "Américaine" : tous les pays d'Amérique, à l'exception peut-être du Canada, sont violents.

Les Etats-unis sont très violents, même "entre blancs" (dans ce pays avide de statistiques, il est démontré qu'on se tue "au sein de la même race"). L'Argentine est violente.

Mon idée là-dessus est que ces pays sont "injustes" et que cette "injustice" est intériorisée et valorisée par la population, même la plus pauvre. Dès lors, les éléments déviants passent à l'action avec une grande facilité.

Un pays que j'aime aussi est en train de prendre la "voie brésilienne", c'est le Mexique.

A mon sens, cela n'a rien à voir avec le métissage (l'Argentine est blanche, le Brésil divers, le Mexique métis d'indiens et d'européens).
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