Il semble que le tropisme le plus singulier de l'actuel président de la République soit la propension à "blaguer", comme s'il était un personnage truculent de Maupassant ou comme si son livret de chevet était l'Almanach Vermot ou l'hebdomadaire de naguère (sans doute disparu aujourd'hui), Le Hérisson.
Le problème n'est pas son goût marqué pour la blague : tant que cela reste une singularité de la personne privée, cela ne gêne personne. Mais qu'il ne puisse s'empêcher (comme disait ou aurait dit le père de Camus : "un homme, ça s'empêche") ou, dit en d'autres termes, qu'il ne puisse pas se contrôler au point de s'interdire de "blaguer" en public, même devant des étrangers ou des personnalités exerçant la même fonction que lui ou une fonction homologue, de réalités sérieuses ou graves ou qui importent aux hommes, et pas seulement aux citoyens, atteste une incompatibilité entre sa propre personne et la fonction qu'il assume et dont on est en droit de penser qu'elle se définit d'abord, aux yeux des citoyens et du monde entier, par la dignité, ou par une inintelligence effrayante qui fait qu'il ne comprend rien à ce qu'est la fonction pour laquelle il a été élu.
Quelques-unes des blagues publiques du président.
A propos de la "renonciation" de Benoît XVI : "nous n'avons pas de candidat français à présenter" (à l'élection du successeur). A propos de son prédécesseur, la blague adressée à une fillette et qui a fait s'esclaffer la vingtaine courtisans qui l'entouraient : "tu (ou vous ?) ne le reverra (reverrez ?) plus".
Pendant la campagne électorale, au cours des dernières semaines : il a qualifié son concurrent principal et président en fonction de "sale mec" et, plus insultant encore, de "l'Autre" (qu'il faut écrire sans doute avec un A), comme s'il était le Diable ou Satan.
Ou encore, selon le romancier Binet, M. Hollande, quant il dirigeait son parti, désignait M. Sarkozy, puis, simple président d'un conseil général, le président de la république alors en fonction du seul terme de "salopard". Il disait "le salopard", chacun dans son entourage comprenait qu'il désignait ainsi M. Sarkozy.