Prétendre qu'il n'y aurait jamais eu, depuis l'aube de l'humanité, de massacres de femmes et d'enfants sur aucun continent en dehors de ce qui s'est produit lors de la Révolution française, c'est s'avancer quand même un tout petit peu, me semble-t-il.
Par ailleurs, je lierais les massacres moins à la déchristianisation qu'à la nature révolutionnaire en elle-même : par sa volonté d'une transformation brutale, radicale, et à l'opposé du système précédent, une révolution (et pas uniquement la Révolution française) est forcément tentée d'appliquer aux populations la même chose qu'elle applique aux autres éléments du système qu'elle prétend changer : l'annihilation pure et simple.
Par ailleurs, je pense que l'absence de sentiment moral qui rend possible de tels massacres provient de l'exaltation délirante (et infondée) produite par la seule idée de changement révolutionnaire : comme si le nouveau système allait se révéler tellement supérieur le précédent que sa mise en place pourrait justifier tous les excès, car ils seront effectués "pour la bonne cause".
Tout changement, tout progrès (quel qu'il soit) implique nécessairement que l'amélioration qu'il induit soit contrebalancé par une part de perte, de régression par rapport à la chose précédente. Face à cet état de fait, chacun va réagir selon sa sensibilité : le conservateur ou le réactionnaire va remarquer dans le changement en question davantage la part de perte que la part d'avancé, le progressiste va plus être sensible à l'amélioration qu'à la régression, quant au révolutionnaire, il ne va voir
que l'aspect positif du changement en faisant abstraction des côtés négatifs, aussi graves soit-ils, avec, en plus de cela, la certitude absolue d'être dans le vrai, quitte à mentir, désinformer et biaiser la perception de la réalité pour imposer sa vision.
Il n'est pas interdit de voir dans le Grand Remplacement actuel des germes d'un certain état d'esprit révolutionnaire : changer le fond de la population des pays d'Europe, et par là même changer les cultures, les espaces, les rapports entre les êtres et les représentations mentales, tout en affirmant haut et fort que c'est un fait inéluctable et positif, qu'il faut s'y faire, et que ceux qui s'y oppose ne peuvent être qu'animés d'un état d'esprit fondamentalement mauvais. Bien sûr, nul massacre, nul moyen trop explicitement coercitif ne sont mis en place, ce qui rend le processus beaucoup plus insidieux mais aussi beaucoup plus efficace car moins critiquable à première vue puisque l'état d'esprit des populations est progressivement modifié de telle sorte que chacun se sente obligé d'accompagner le changement de son plein gré sans se rendre compte qu'on lui impose en fait un système dans lequel il n'aura rien à gagner.