Citation
Henri Chatterton
La racaille fêtait la rentrée ce mardi midi sur France Culture.
M. Gabriel Cohn Bendit a dit tout le mal qu’il pensait de ses collègues enseignants, à commencer par celui qui s’est suicidé à Marseille (« Quand on ne supporte pas les gamins, on change de métier »), et a soutenu que l’école était là pour matraquer dès le départ et sélectionner.
On a répété qu’il fallait supprimer les vacances d’été, et non sans arguments, puisque la nouvelle semaine de classe voulue par M. Peillon est elle-même une grande colo.
À ce sujet, j’ai cru m’étouffer de rire en découvrant dans La Croix le profil des animateurs des activités périscolaires.
Certes, ces petits nouveaux ont été préparés, rassurés, bichonnés. Mais demain, ce n’est pas sans appréhension qu’en début d’aprèsmidi, équipés d’une tenue de sport, de partitions musicales ou de pinceaux, ils s’engageront sur le chemin de l’une des 26 écoles maternelles et élémentaires d’Arras. Restera alors à trouver la bonne salle, à installer leurs affaires d’une main un peu moite, pour se retrouver enfin face aux enfants. Pour la toute première fois.
Des professeurs ? Non, les fantassins de la réforme Peillon, les fameux animateurs chargés des activités périscolaires. Ces ateliers qui remplacent les heures de cours en partie transférées le mercredi matin. Chaque jour, en début d’après-midi pour la maternelle, en fin de journée pour l’école élémentaire, ils dispenseront quarante-cinq minutes de « sensibilisation ». À la musique, au jardinage, ou à la peinture. Difficile de mettre un nom sur ces modules. « Ce n’est pas de la garderie, ce n’est pas un mini-cours » , résume Jonathan, 26 ans, qui initiera les bouts de chou à la « crosse canadienne » et au « bumball danois », deux sports peu connus en France.
Eux aussi ont fait leur pré-rentrée. Sans emploi, étudiants, profs de musique ou de sport, ils fourmillaient de questions. « Faut-il se laisser tutoyer ? », « à quel moment remet-on la salle en état ? », « Comment ça se passe si un enfant veut faire pipi ? » Les équipes de la mairie les ont apaisés. Tout a été prévu depuis des mois, même si, bien sûr, il reste toujours quelques détails à régler. Par exemple, pour les ateliers « arts et culture » , la peinture est bien arrivée mais les pinceaux se font attendre.
La réforme des rythmes scolaires de Vincent Peillon est, tout simplement, farcesque !
Bertrand Delanoe, pour lui sauver la mise, lui a emboîté le pas à Paris. Or, de fait, la mairie de Paris a mis en place cette réforme en y allant à tâtons sur les moyens en matière d'encadrement. En effet, la mairie a envoyé des lettres en mai aux familles parisiennes afin de tenter de savoir si elles avaient ou non l'intention de laisser participer leurs enfants à ce "dispositif". Fin juin, ces demandes ont été aussi envoyées par le biais des écoles. C'est dire à quel point tout cela a été bâclé ! Dès lors, la question du recrutement des personnels est, en effet, pertinente : qui la mairie a-t-elle recruté en si peu de temps pour autant d'écoles ?
En outre, Paris, en guise d'ouverture culturelle, a publié une brochure dans laquelle on apprenait avec bonheur que, lors de ces activités périscolaires, seraient abordés les thèmes du recyclage, du vivre-ensemble, etc. Autant d' ateliers de bourrage de crâne. Sans oublier les inévitables initiation à l'internet avec la création d'ateliers "blogs, je raconte ma vie".
Bien entendu, il y était aussi question d'activités sportives. En revanche, il était impossible de savoir quels sports seraient proposés et avec quels équipements sportifs, question pourtant cruciale.
De toute évidence, ni les parents, ni les enfants n'auront le choix de ce qui sera proposé dans les établissements scolaires. En matière d'activité pérsiscolaire, supposée valoriser les enfants, ce simple fait ma paraît aberrant ! Tartempion qui aime le dessin, apprendra à trier les plastiques, comme ça, il votera écolo plus tard !
A Paris, cette réforme, en outre, n'allège nullement les journées des élèves puisque les heures de présence à l'école seront les mêmes mais, qu'en plus, les enfants devront aussi s'y rendre le mercredi matin.
Le ministre Peillon défend sa mauvaise réforme en prétendant que nombre d'élèves n'étaient pas pris en charge le mercredi matin et se trouvaient donc à traîner devant la télé ou dans les cages d'escalier - je cite ses propos tenus hier soir sur France 3.
D'une part, les élèves pouvaient aller au centre aéré. D'autre part, l'école ne me semble pas avoir vocation à servir de garderie en apparence gratuite.
Les élèves vont à l'école pour apprendre.
Si Peillon a la naïveté de croire qu'en envoyant davantage les enfants issus de la diversité à l'école, ces derniers s'intégreront à la société française, il est fort sot et n'a pas encore saisi que draper ces enfants dans le drapeau tricolore et leur proposer Racine comme référent universel est désormais obsolète.
C'est, hélas, le modèle communautariste qui s'impose.
En attendant, cette réforme poudre aux yeux qui dévalorise la vrai rôle de l'école (être le lieu des apprentissages) embête tout le monde !
Un dernier point, nul ne sait comment la réforme sera financée dans le temps ... La mairie de Paris a promis qu'elle n'occasionnerait pas de hausse d'impôts en 2014. Qu'en sera-t-il après, nul ne le sait mais il semble évident que si des personnels qualifiés viennent à être recrutés, il faudra bien les payer de façon décente.