Ce qui suit est à lire comme enchaînement à la discussion intitulée « Communiqué n°1565 : Sur l’attentat de Boston et sur l’antiracisme »
I C I
Quelle différence y a-t-il entre le projet de réaliser l’unité politique d’un continent par une épuration raciale (l’instauration d’une pureté raciale) et un remaniement de ses peuples d’une part, et d’autre part celui de réaliser cette unité par une vidange démographique du contenu du même continent, soit le remaniement de ses peuples par un processus de substitution de masse lorsque, dans le premier cas, on use du racisme pour mettre en œuvre ce projet et que, dans le second cas, on use de sa contrepartie, l’anti-racisme en vue d’aboutir au même résultat final ? Quelle différence de processus entre d’une part le remaniement politique d’un continent par le truchement d’un racialisme solidaire et un continent dont on projette l’unité politique à l’issue d’un remaniement idéologique devant le rendre
pur de toutes races, propre de toute idée de race ? Quelle différence entre le projet d’un continent habité d’une race propre et celui d’un continent habité propre de toutes races ? Réponse : aucune. Le racisme dans le premier cas, l’anti-racisme dans le second sont mis au service d’un même projet, dont l'aventure fut tentée une première fois par le 3ème Reich avec l’ampleur de moyens que l’on sait pour la catastrophe finale que l’on sait, et remis en chantier quelque vingt ans plus tard avec la même ampleur de moyens mais en inversant le manche et la lame de la cognée (anti-racisme au lieu de racisme) pour aboutir bientôt à un résultat tout aussi catastrophique que peut dès à présent le laisser pressentir la nature excessive, systématique et totalitaire de l’avatar moderne du vieux projet nazi et la magnitude et le caractère outrageant des moyens requis, dans l’avatar comme dans le projet originel.
Le sentiment du Bien devenu fou, soit l’antiracisme érigé au rang de doctrine politique, totem surplombant sa nature ontique de levier d’ingénierie géopolitique, est en train de préparer le désastre à venir, celui de l’effondrement du projet par un réveil chaotique des peuples victimes de la grande vidange, du grand lavage du continent-contenant par la machine antiraciste conçue pour en récurer les compartiments de son indigène ou séculaire diversité, celle des identités nationales, raciales et culturelles préexistantes, quand cette vidange était elle-même préparatoire et indispensable à l'intégration du champ de force (Koestler) de l’espace considéré (du Portugal à l’Oural).
Cette commonalité de nature entre les deux processus historiques (3ème Reich et construction européenne par l’UE) est rarement mieux mise en évidence que dans ce dialogue du roman de Koestler paru en 1943 :
Croisade sans Croix. Un agent nazi y expose le projet européiste de ses maîtres à un jeune homme de 22 ans, juif hongrois, garçon de bonne famille qui vient de se détacher du parti communiste de son pays (où il a été arrêté et torturé) et s’apprête à quitter le continent européen pour l’Amérique après avoir un moment caressé l’idée de s’embarquer pour l’Angleterre et d’y combattre avec la Royal Air Force. Le nazi se prénomme Bernard, le jeune juif Peter. Soulignons-le, ce roman est paru en 1946, il ne peut donc s’agir aucunement, dans l’esprit de son auteur, d’un pamphlet anti-UE, même si celui-ci, mort en 1983, vécut assez longtemps pour voir s’esquisser dans la réalité et prendre vie les grotesques, cauchemaresques mais prophétiques visions de son personnage :
« Ils entrèrent dans le salon où Bernard se présenta dans les règles avec un salut légèrement ironique. […]
Peter n’éprouvait aucune émotion particulière, ni haine ni honte, rien qu’une vive curiosité, à parler à cet homme de l’autre côté de la barricade. Au cours de ses récents soliloques, il avait commencé à se rendre compte qu’en somme il ne connaissait rien des gens de l’autre côté. Des livres, des tracts, des discours, oui ; mais tout ce vous en apprenait peu sur le dessin intérieur de leur existence, l’odeur et le goût de leur atmosphère.
[Peter confie à Bernard qu’il s’apprête à s’embarquer pour l’Amérique]
Mon cher dit Bernard soudain en repoussant ses cheveux d’une main nerveuse, vous ne savez pas la chance que vous avez de pouvoir vous sortir de tout ça.
-- M’en sortir ? répéta Peter. Oui, sans doute. Si vous trouvez que j’ai tant de chance, pourquoi n’en faites-vous pas autant ?
-- Peut-être parce que je n’ai pas encore atteint à votre stade de résignation stoïque, dit Bernard en souriant. Mais, en réalité, il y a une différence entre votre cas et le mien. Vous avez essayé de marcher contre votre classe et vos traditions, tandis que je me conforme aux miennes. Je n’ai pas besoin, comme vous, de motifs psychologiques spéciaux pour expliquer ma conduite.
-- Foutaises ! fit Peter. Les traditions de notre Mouvement sont plus anciennes que les vôtres.
-- Parfaitement mais ce ne sont pas les traditions de votre classe et de votre éducation.
-- Et après ? Il y a certaines idées comme la Justice et l’Egalité, qui peuvent déterminer notre conduite tout aussi bien que la classe ou l’éducation.
-- Peut-être oui dit Bernard, mais peut-être non. En tout cas, votre ligne de conduite a-t-elle été dictée par ces abstractions ou par des motifs d’un caractère plus personnel et qui relèvent du domaine du Dr Bolgar [une psychanalyste] ?
[…]
-- En tout cas, reprit Bernard, je puis vous assurer que j’ai eu amplement l’occasion d’observer [vos soi-disant révolutionnaires intellectuels]. La première chose qui m’a frappé, ç’a été la laideur de vos femmes (voir ceci) . Il y avait des exceptions, évidemment, mais, généralement parlant, l’élément féminin, aux réunions de votre parti, aux conférences, aux groupes de discussion, ressemblait à une collection de Cendrillons neurasthéniques qui avaient envie de renverser une société où personne ne les invitait à danser. Et quand on arrivait à connaître les hommes, c’était à peu près la même chose. Mais je ne devrais pas dire « homme », parce que le type qu’on rencontrait le plus souvent dans votre milieu, c’était l’éternel adolescent. Quand on commençait à les connaître bien, on s’apercevait qu’ils avaient presque tous certaines lacunes qui les avaient empêchés de devenir tout à fait adultes. Ils étaient intelligents, certes, bien plus intelligents que les nôtres, mais d’une façon difforme, naine. Quelle procession de déficients, mon pauvre ami ! Il y avait des timides, fanatiques de la violence, des libertins rougissants, des Danton maladroits. Il y avait des dialecticiens coupeurs de cheveux en quatre qui faisaient le panégyrique de la simplicité prolétarienne, des OEdipes repentants, des cadets jaloux en quête d’une fraternité abstraite ; des vieilles filles mâles que le Pouvoir n’avait jamais demandées. Et tous voulaient abattre l’arbre parce que les fruits étaient trop hauts pour eux.
-- Quelle calomnie ! dit Peter. Nous avions parmi nous les gens les plus brillants ; et c’est volontairement qu’ils refusaient de grimper à l’arbre.
-- D’accord. Ils étaient brillants et intelligents, mais il y avait quelque chose qui les forçait à devenir des exclus, des rebelles. Ce n’était pas le handicap de la naissance, celui qui barre la route au fils du mineur par exemple ; et ce n’était pas, en premier lieu, leur préoccupation du sort des mineurs, n’essayez pas de me raconter des boniments. Nous savons que le caractère d’une personne est formé par l’hérédité et l’entourage avant qu’elle ait atteint l’âge de dix ans ; la psychologie moderne dit même avant cinq ans. Mais nous n’entendons guère parler des fils de mineurs et des théories sociales avant quinze ans au plus tôt. Donc, ce n’est pas la théorie qui modèle le caractère du rebelle de bonne famille, mais son caractère qui le rend réceptif aux théories rebelles. D’où il s’ensuit que le tout relève du psychologue et non du sociologue ; quod erat demonstrandum.
-- Est-ce que vous entendez par là, interrompit Peter, que tout le progrès humain, depuis les Gracques jusqu’à la Révolution française, est le produit de névrosés et d’ambitieux ratés ?
[…]
[Bernard continue imperturbable] Les seuls êtres sains parmi vous étaient ceux qui sortaient de la classe pauvre, et ils préféraient, pour la plupart, aller droit à un fauteuil confortable dans un des bureaux du parti ou des syndicats, et devenir fonctionnaire de la Révolution. Quoi qu’il en soit, vous appartenez au passé, vous êtes un membre gangrené de la race ; il nous a suffi de secouer un peu ce membre pour le faire tomber…
Il y eut un silence. […] Au bout d’un instant, Peter dit :
-- Et, par opposition à nous, pauvres névrosés, vous autres, vous êtes évidemment sains, normaux, les vrais porteurs de flambeau…
-- Parfaitement, fit poliment Bernard. Pour une nation vaincue, la guerre est aussi naturelle que les barricades pour les pauvres. Nous n’avons pas à nous appuyer sur des abstractions éthiques ou autres notions hypothétiques. Nous étions le prolétariat de l’Europe, la seule grande race du monde dont le vingtième siècle n’eût pas réalisé l’unité territoriale ; qui avait été dépouillée de ses colonies, de son armée, de sa flotte et de sa propre estime. Si vous voulez savoir à qui la faute il faut remonter à la guerre de Trente ans, qui nous a fait perdre un siècle et demi dans la course capitaliste et impérialiste, nous a privés des bénéfices culturels de la Renaissance et des bénéfices matériels de l’expansion coloniale. Quand Napoléon a conquis l’Europe, nous n’avions même pas encore découvert que nous étions une nation et ce que ce mot signifiait. Mais, précisément, en partant en retard dans la course pour la domination du monde, nous avons gagné l’avantage d’arriver frais et dispos pour la dernière étape. C’est là le secret de ce que l’on appelle notre esprit d’agression. Les autres ont épuisé leur dynamisme racial ; nous, nous en sommes gonflés ; on presse un bouton et il se précipite ; nos Valmy et nos Trafalgar n’ont pas encore été livrés…
[…]
-- Quand vous parlez de Valmy, dit Peter, c’est plutôt un blasphème. On y a vaincu au nom des Droits de l’Homme, sous le drapeau tricolore, et non pas sous le signe des totems…
-- J’attendais cela, dit Bernard en souriant. Mais vous ne pouvez donc pas voir plus loin que le bout de votre nez ? Vous ne comprenez pas que ce que nous faisons est une vraie révolution et plus internationaliste en ses effets que la prise de la Bastille ou du Palais d’Hiver de Pétrograd ? Vous n’avez pas l’air d’avoir encore compris que toute idée nouvelle, cosmopolite, de l’Histoire doit d’abord être adoptée par une nation particulière, devenir un monopole national, être formulée en termes nationalistes, avant de pouvoir commencer sa mission universelle. Le Droit civil a été répandu à travers le monde par les légions romaines ; il a fallu que le christianisme s’incarnât dans le Saint Empire Romain avant de pouvoir conquérir l’Europe ; la première chose que la Révolution française ait enseignée à ses citoyens, ce fut la notion de patriotisme ; et les Russes eux-mêmes ont dû y revenir. Toutes les idées qui ont modelé le monde à l’échelle internationale ont commencé leur conquête enveloppées dans les imageries de la tribu. La Louve romaine, le Saint-Père, la Mère des Parlements, la Patrie du Prolétariat. Les idées qui ne sont pas devenues au départ la propriété d’une nation ou d’une race sont demeurées stériles utopies. D’où l’échec du puissant mouvement travailliste ; la Seconde Internationale est morte parce qu’elle n’avait pas de patrie ; la Troisième, qui en avait une, est devenue tout naturellement l’instrument de celle-ci. Pour obtenir l’approbation universelle, une idée doit mobiliser les forces de la tribu qui sont latentes dans la race qui l’a adoptée ; en d’autres termes, les mouvements internationaux ne peuvent s’étendre qu’en utilisant le véhicule du nationalisme ; pour qu’une idée conquière, il faut des conquérants…
[…]
-- Et qu’est-ce, je vous prie, demanda Peter avec lassitude, que cette révolution que vous faites ? Quelle est l’idée soi-disant universelle qu’elle contient ?
-- […] Eh bien, pour commencer, oubliez au moins la moitié de notre propagande officielle. Il faut bien que nous battions le tambour pour mettre les gens en train : si nous leur disions la vérité, ils ne comprendraient pas. Ce que nous croyons, en réalité, c’est qu’avec le développement rapide de la science et de la technique, l’humanité est entrée dans la phase de sa puberté, une phase d’expériences radicales, globales, avec un mépris total de l’individu, de ses soi-disants droits et privilèges et autres boniments libéraux. Les lois de l’économie classique : douanes
[1], changes
[2], frontières
[3], parlements, Eglises, traditions sacramentelles, le mariage
[4], les dix Commandements, autant de boniments. Nous partons de zéro. Je vais vous dire comment… Fermez les yeux. Imaginez l’Europe jusqu’à l’Oural comme un espace vide sur la carte. Il n’y a là que des champs de force : énergie hydraulique, minerais magnétiques, gisements de charbon, puits de pétrole, forêts, vignobles, régions fertiles ou stériles. Reliez ces sources de force par des lignes bleues, rouges et jaunes et vous aurez le réseau de distribution. Bleues : la grille d’énergie électrique s’étendant des fjords de Norvège au barrage du Dnieper ; rouges : le flux dirigé des matières premières ; jaunes : l’échange réglé des produits fabriqués. Tracez des cercles de rayons variés autour des points d’intersection, et vous aurez les centres d’agglomérations industrielles. Calculez la quantité de travail humain nécessaire pour servir le réseau à chacun de ses points, et vous aurez la densité convenable de population des différentes régions, provinces ou nations ; divisez ces chiffres par la quantité de chevaux-vapeur produite et vous obtiendrez le niveau de vie des populations. Effacez ces ridicules frontières, ces murailles de Chine qui traversent nos champs de force ; supprimez ou transférez les usines construites aux mauvais endroits ; liquidez la population superflue dans les régions où on n’en a que faire ; transférez les populations de certaines régions, de nations entières s’il le faut, dans les espaces où on en a besoin et vers le type de production pour lequel elles sont le mieux douées de par leur race ; supprimez tout champ de force gênant qui pourrait se surimposer à notre réseau, c’est-à-dire l’influence des Eglises, des capitaux étrangers, de n’importe quelle philosophie, religion, système éthique ou esthétique du passé…
-- Y compris les totems et les images de la tribu dont vous vous serviez si volontiers ? interrompit Peter.
-- Oui, naturellement, continua Bernard imperturbable, y compris les traditions nationales et la culture des peuples temporairement opprimés. Ils n’abandonneront jamais leurs revendications anachroniques de souveraineté nationale ; […]
-- Et c’est vous qui êtes choisis par Dieu pour abolir le nationalisme en conquérant les autres nations ?
-- Oui, si c’est Dieu qui nous a donné notre situation géographique. Pensez à la carte : nous sommes au centre d’un champ de forces convergentes, c’est sur notre sol que vous trouverez le plus grand nombre de points d’intersections. La même position centrale qui fit de nous le champ de bataille de l’Europe fait de nous aujourd’hui le tremplin du nouvel Etat mondial. Ce siècle est le nôtre, comme le XVIe celui de l’Espagne, le XVIIe celui de l’Angleterre, le XVIIIe celui de la France. Les Espagnols ont christianisé l’Amérique, les Anglais ont mercantilisé le monde, les Français y ont apporté la culture et la philosophie bourgeoise ; nous, nous apportons l’Etat mondial supra-national. Appelez cela de l’arrogance si vous voulez, vous ne changez pas les faits. Les idées qui flottent dans l’air choisissent toujours l’instrument le mieux approprié ; elles sont comme les djinns des Arabes qui sautent sur les épaules d’un homme et le mènent jusqu’à ce qu’il tombe d’épuisement sur la route. ..
[…]
-- Et que sera au juste votre super-Etat mondial ? demanda Peter au bout d’un moment.
-- Oh c’est plus ou moins clair. Je vous ai dit que nous ferons des expériences, mais des expériences à une échelle dont on n’avait encore jamais rêvé. Nous nous sommes embarqués dans quelque chose, quelque chose de grandiose et de gigantesque qui dépasse l’imagination. Il n’est aujourd’hui plus rien d’impossible à l’homme. Nous attaquons pour la première fois la structure biologique de la race
[5]. Nous avons commencé à faire naître une nouvelle espèce d’homo sapiens. Nous en arracherons les mauvaises herbes des hérédités néfastes. […] Parallèlement à cette besogne d’élimination, nous construisons, par des procédés d’élevage méthodiques, une nouvelle race aristocratique. […] La mesure suivante, déjà en préparation, sera l’établissement d’un fichier pour toute la nation ou chaque famille figurera avec ses traits héréditaires essentiels, sorte de Livre de Raison du protoplasma national
[6] […]
-- Continuez du Peter. J’écoute. […]
-- Après l’hérédité, le plus important, c’est le milieu, poursuivit Bernard. Au cours de ces dernières années, nous avons progressivement abaissé l’âge auquel l’Etat prend la garde de l’
homo novus afin de le modeler dans un milieu spécialement organisé. Nous continuerons à l’abaisser peu à peu jusqu’au berceau et au ventre maternel, établissant ainsi un lien continu depuis le fichier sélectionné qui règle la conception
[7]. La surveillance éducative commence au point même où finit la surveillance eugénique
[8].
[Bernard illustre son propos par une comparaison avec « la termitière d’Afrique » qui, sans planification, se coordonne et prospère « grâce à l’instinct », puis use de cette image pour produire l’idée, réalisée de nos jours, que pareille coordination n’est autre qu’une « fonction cérébrale collective», celle-là même que nous reconnaissons volontiers aujourd’hui au
crowd-sourcing de la noosphère, ou à Facebook, qui produit un « colosse cyclopéen aux millions de jambes, aux millions de bras ». Puis Peter demande à Bernard à quoi s’occuperont les Etats-cyclopes sur cette terre. Bernard lui répond ceci, en 1943, soit avant même l'heure où le Nazi Von Braun devait se faire employer au programme spatial des Etats-Unis :]
[…]Ils se chercheront avec leurs membres étendus à travers les continents, et la planète sera secouée par la chute de leurs corps gigantesques jusqu’à ce que, une fois de plus, la loi de la conquête soit reconnue, et atteinte l’étape finale de l’intégration ; alors, l’Etat-Dieu nouveau-né ira s’attaquer aux étoiles.
[Bernard se lance ensuite dans un parallèle audacieux entre Staline, Hitler et Bonaparte, qui tous trois proviennent des marges des pays respectifs qu’ils se mettent en devoir d’incarner, tous trois étant des provinciaux envieux qui changèrent de nom, puis il enchaîne avec ceci] :
Nous savons qu’il n’est pas de révolution authentique sans arabesques byzantines. Rappelez-vous cet autre provincial toqué, Robespierre, qui a essayé de fonder une nouvelle religion et a invité le peuple de Paris au Champ-de-Mars où une actrice nue personnifiait la déesse Raison. Le culte saugrenu de Robespierre est oublié, mais les Droits de l’Homme ont survécu.
Le sens d’une Révolution n’apparaît que cinquante ans après [9]. C’est comme une distillation ; les fumées s’évaporent tandis que l’essence se concentre lentement au fond.
[Bernard ajoute ceci, porteur d’un terrible écho aujourd’hui] : Même en supposant que nous soyons vaincus, le résultat, à la longue, serait atteint. Les autres essaieraient une fois de plus de rajuster les pièces de leur mosaïque et de gouverner l’Europe selon les conceptions périmées du dix-neuvième siècle : souveraineté nationale, équilibre des puissances, traités préférentiels et le reste. Leur victoire ne représenterait qu’un post-scriptum du dix-neuvième siècle à la première moitié du vingtième. Mais il ne pourrait pas durer plus d’une vingtaine d’années. La surface de la planète se contracte, leur mosaïque craquerait et casserait […]. Même si nous perdons cette guerre, la marche de notre idée ne pourra être arrêtée. L’Occident ne possède pas de vision d’avenir à lui opposer, ses devises sont celles d’une tradition pourrie, hypocrisie sentimentale, lieux communs creux. Tout ce [qui peut être fait contre cette vision] c’est d’engager une action retardatrice contre l’Histoire, sous les drapeaux en loques du passé.
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[1] Disparition des frontières fiscales en Europe occidentale en 1993
[2] Création de l’ECU en 1979, de l’Euro en janvier 2002
[3] cf Traité de Rome ; Traité de Maastrich
[4] cf. la loi dite « du mariage pour tous » qui vient d’être votée
[5] Séquençage du génome humain
[6] Fichier ADN
[7] PMA/GMA
[8] Maternelle à 2 ans
[9] c’est nous qui soulignons