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L’Union européenne avatar du projet nazi (Arthur Koestler, 1943)

Envoyé par Francis Marche 
» Le cocher est mort, l'homme est resté vivant : cela compte tout de même.

Ah non, lorsqu’il s'agit de réaliser l'Idée, ça ne compte pas, voyons... Il nous reste encore à espérer que les contrevenants aux nouvelles réglementations concernant l'emploi du mot "race" soient en définitive passibles, et le plus vite sera le mieux, de sanctions comparables à celles dont firent l'objet les membres des races jugées impures ou inférieures, pour que la théorie, aune ultime par quoi juger de la réalité du réel, soit sauve.
Cher Michel de Floch, ma notule sur les Femen n’est chargée d’aucun sens ou message politique direct, elle s’intéresse à la pure esthétique, se veut une invite à l’analyse de la démarche communicationnelle d’un mouvement à la lumière de la sociologie du totalitarisme, dans une continuité d’esprit avec celle des essais d’un Roger Caillois, par exemple.

Je sais, comme tout le monde, que Georges Soros les finance au nom de l’open society. Mais justement : qu’est-ce que cette open society, sinon un des piliers idéologiques d’un projet transnational aux racines historiques qui plongent vers l’origine de la modernité, datable d’une certaine époque, comme je tente de le faire admettre dans ce fil ? La commonalité de traits est trompeuse, ne doit point faire illusion sur le sens, soit, mais nous vivons une époque où l’apparence parle fort, de manière assourdissante en se donnant cela même pour objet : assourdir, ahurir. C’est ce que font les Femen : l’incendie d’une croix devant une maison pour poupées Barbie n’est porteur d’aucune espèce de sens ; c’est un geste d’étourdissement communicationnel, une action de choc ; or l’assassinat de l’entendement est aussi un des ressorts de l’arsenal proto-nazi dont la mise en œuvre s’anime sur notre continent, par l'antique absence d’habit, le dépouillement de toutes les habitudes de présentation de soi dans l’espace public, le splendide dénuement corporel et spirituel exalté par ces femmes ; l’ébranlement de l’intelligence et des sens qu’elles provoquent avec un art désormais consommé. Telle était la prétention de cette notule : faire voir et donner à entendre cet événement dans sa résonance historique et esthétique.

Je ne crois pas au dépassement dialectique du pouvoir politique par celui de l’économie, parce que je ne crois pas que le sentiment de puissance que procure l’exercice du pouvoir et qui nourrit l’action des hommes en la transcendant puisse se laisser dépasser par la force de l’économie ou « la totalité techno-économique mondiale ». Ne serait-ce que parce que l'exercice humain du pouvoir sur les hommes, le pouvoir de leur folie et leur folie du pouvoir peuvent sans scrupule saboter l’économie, comme le montre l’histoire du mouvement communiste. Mais s’il fallait vous fournir un argument matérialiste à cette affirmation, je commencerais par attirer votre attention sur le fait que ladite totalité techno-économique mondiale a fait mordre la poussière aux deux-tiers de l’humanité, depuis 2008 pour être exact, et que depuis cette date, son dépassement est à l’ordre du jour. Georges Soros lui-même raille ladite « totalité », se montre envers elle d’un cynisme confondant, en usant d’elle pour mieux en saccager les fondements. Soros se veut une sorte de financier « du dépassement hégélien », justement, soit, à rebours de vos suppositions, un financier alter-mondialiste!

L’alter-mondialisme (un peu à l’instar de « l’anti-fascisme pire produit du fascisme » selon Bordiga) est lui-même un fameux mondialisme, celui du dépassement de la totalité techno-économique mondiale à laquelle vous assignez une position indépassable. Ce dépassement, effectif ou imminent, fait que la position du Bien n’est plus assurée, elle n’est plus immuable. Le Bien se cherche. L’économie mondiale ayant failli et sa totalité prétendue, qui vient de ruiner une part majoritaire de l’humanité, n’ayant point tenu ses promesses, le Bien, tel l’oiseau dérangé, cherche une autre branche où se poser. L’exégèse que vous présentez du projet politique et économique de l’UE n’est plus d’actualité. Et, chose terrible, l’intelligibilité de l’actualité de l’Union est à présent à rechercher en-deça de la période historique de sa prospérité et de son essor, soit dans les vieux motifs et les figures de son origine, ce que je m’efforce de faire ici depuis une dizaine de jours. La démocratie chrétienne de l’après-guerre a failli, l’Europe connaît le chaos économique, l’insécurité, la submersion démographique, une crise d’identité sans précédent et se pense dans le cadre d'une vision millénariste où l’économie n’a plus le premier rôle. Les décisions de ses élites ne sont plus subsumables à la rationalité économique : on n’interdit pas l’expulsion de djihadistes algériens du sol de France par rationalité économique ; on ne fait pas supprimer le concept de « race » des constitutions nationales par rationalité économique. L’économie est sans stratégie désormais, autre que celle du pompier désespéré qui jette des seaux d’eau sur l’incendie des déficits. Le seul plan sur lequel s’exprime une stratégie européenne intelligible est désormais celui du pouvoir d’ingénierie civilisationnelle à l’échelle du continent, subsumable à aucun.
"Le cocher est mort, l'homme est vivant"...

Voulez-vous faire une recherche sur le nombre des paysans qui ont mis fin à leur jour dans le Vaucluse et le Gard depuis les années 50 Michel ? Vous seriez surpris.
Le persiflage vous va si mal Alain...

L'unicité de l'holocauste est telle qu'elle est non seulement sans répétition possible mais aussi sans réplique (comme à un séisme succèdent des répliques), puis, par glissement, sans mime "pacifique", et enfin, par la vertu d'une second glissement: sans conséquence directe ou indirecte possible. C'est ainsi qu'une certaine conception étroite de cette unicité, et le persiflage envers ceux (moi) qui ne comprendraient rien à l'unicité de cette unicité, conduisent au.... révisionnisme historique !

With due respect, l'holocauste fut un acte des hommes, il n'est pas dû à la main de Dieu, étant dû à la main de l'homme, il est, par principe ou "en théorie", répétible, ou à tout le moins susceptible de répliques modulées; si l'on exclut pareille hypothèse (répliques modulées démilitarisées), on doit le considérer comme un acte d'unicité divine, hypothèse qui porterait en elle la sous-hypothèse de son excuse sinon de sa justification, d'où mon affirmation du paragraphe précédent.

[message modifié]
"L'idéal de l'UE, c'est sa propre disparition dans une grande surface mondiale où les individus qu'ils s'appellent Mohamed, Chang, Yukio, Jacob, Necmettin, Jean, Olaf, qu'ils soient bi, trans, zoophiles, ou hétéros, en burka ou sans burka, voilés ou dévoilés, excisés ou pas, circoncis ou pas, bourreront le caddie en chantant vive la World compagny. L'UE, projet vaticanesque et démocrate-chrétien, n'est pas nazie, mais d'essence paulinienne ; c'est le christianisme devenu fou. C'est l'Empire mondial du bien. L'antithèse du nazisme. "

C'est sans doute exact, mais en attendant :

IIIème reich = discrimination négative à l'encontre des non "aryens" en général et des juifs en particulier / UE = passe-droits de l'homme en couragés en faveur des non "aryens" autrement dit discrimination négative à l'encontre des Européens de souche.
IIIème reich = propagande antisémite totalitaire / UE = propagande anti "aryenne" autrement dit anti Européens de souche quasi totalitaire et tolérance pour la haine antisémite cultivée par les populations discriminées positivement .
IIIème reich = terrorisme à l'encontre des juifs autrement dit "pogroms" non réprimés ni par la police ni par la justice/ UE = terrorisme anti "aryens" autrement dit anti Européens de souche ainsi qu' émeutes répétées en France à l'encontre des mêmes et de tout ce qui est français, peu réprimées par la police et par la justice.
Etc.Etc.
L'étape intermédiaire avant l'Empire mondial ressemble bien à une sorte de quatrième (islamo)reich où, au nom de l'antiracisme, on traite les indigènes européens comme les nazis traitaient les juifs au nom du racisme.
Je n'ai jamais prétendu que l'Holocauste fût non répétible (un historien comme Chaunu prétendait, en écho en effet à certaines conceptions juives orthodoxes, qu'il illustrât une "élection à rebours") ; seulement que les réalités auxquelles renvoient, dans l'acception la plus concrète possible du terme "réalité", respectivement le nazisme et l'UE sont sans commune mesure, cela également par nature et vocation politique.

La signification même du "nazisme" ne peut faire abstraction des modalités particulières de l'application de ce que fut le programme politique du parti nazi et de la façon dont cela s'est traduit "sur le terrain", même ferroviaire : entre des Européens après tout satisfaits de leur sort et somnolant dans un TGV, et les wagons à bestiaux dans lesquels s'entassaient les futurs Stücke, ravis d'être là, il ne peut y avoir comparaison que sur un plan tellement conceptuel, par pure analogie idéelle, que le dénominateur même de la comparaison, en l’occurrence le "nazisme", en perd tout sens.
Car après tout, Francis, si cela n'avait été qu'idée et projet, et ne traitait que de cela, une aventure intellectuelle, le nazisme ne serait pas si infâme que cela, et l'UE pas si ignominieusement coupable en le voulant "répliquer". Le nazisme n'est réellement inqualifiable que par ce qu'il a fait ; vouloir oblitérer de la démonstration le motif même de la disqualification (puisque vous prétendez ne vous référer qu'au "projet", et non aux "réalisations") de tout ce qui de près ou de loin ressemble au nazisme, et dans le même temps faire cette comparaison pour ce qu'elle implique de rejet et de réprobation justement, cela vous a une drôle d'allure.

Et puis, Francis, je ne persifle pas davantage que vous ne semblez tout à coup devoir rivaliser à tout prix avec la partie adverse quant à l'assommant argumentum ad Hitlerum.
Excusez-moi, cher Eytan, d'enfoncer mon clou : si l'on prend lUE seule, on peut être d'accord avec vous, mais si l'on admet, comme je le fais, que l'UE s'est choisi pour complice dans son entreprise de liquidation et de déculturation des nations européennes, l'islam, qu'elle en a fait son allié objectif, alors il s'agit de tout autre chose. Quand on prend le diable comme idiot utile on se retrouve vite fait l'idiot utile du diable. Or le projet de ce diable-là s'est réalisé depuis belle lurette. On sait de quoi il est capable : génocide hindou, génocide arménien, pogroms récurrents contre les non musulmans partout dans le monde, terrorisme de masse, disparition des peuples et des cultures indigènes là où il s'est implanté et j'en passe. Et jamais la moindre autocritique, la moindre repentance qui pourrait conduire à croire qu'il a renoncé à être ce qu'il a été, bien au contraire ! En s'obstinant dans cette alliance, en fermant les yeux sur ces réalisations criminelles, c'est l' UE qui devient l'idiot utile de l'islam et qui donc participe, qu'elle le veuille ou non, à ses réalisations criminelles futures de plus en plus probables.

(message corrigé)
Le nazisme n'est réellement inqualifiable que par ce qu'il a fait, écrivez-vous cher Alain. C'est vrai. Mais c'est court. Son rejet et sa réprobation ne peuvent s'arrêter à cette vérité car précisément, ce serait là noyer sa spécificité. La machine nazie n'a pas toujours été en régime de croisière, il lui a fallu une période de lancement, de rodage, où le meurtre de masse non encore industrialisé, s'accompagnait de phénomènes de persécution, d'un bouleversement des normes de propagande, d'affirmation doctrinale dans la vie publique, dans l'espace public, dans les modalités du discours, etc. L'appareil doctrinal du meurtre de masse connut une genèse, fut précédé par la formation d'un cadre de pensée qui devait sous-tendre son projet, le justifier et justifier que sa réalisation soit portée à son point de finalité extrême, et par celle d'une vision embrassant tout l'espace européen.

Tout meurtre de masse n'est pas nazi. Le meurtre de masse nazi se distingue par son inscription dans un cadre de pensée particulier. Et comme je l'ai écrit en citant l'étude Popper The Poverty of Historicism, on voit dans l'UE ce cadre de pensée reconstituer aujourd'hui ses linéaments : vision sans-frontiériste et holiste de l'espace européen dans la recherche d'un "équilibre de ses régions"; train de l'histoire, épuration a-raciale des nations européennes, trafic d'êtres humains opéré en masse et vidange démographique des nations, et à présent protection accordée aux djihadistes anti-sémites, etc. ce qui ne veut point dire fort heureusement, que le TGV est déjà le train mixte nazi décrit par Koestler en 1943.

Mais hors la prise en compte de ce cadre idéologique, de la nature holistique fort bien analysée par Popper de ce pouvoir et de son avatar actuel que l'un et l'autre offrent à leurs adeptes, continuateurs et émules, et hors la lecture sémiologique que j'en propose (le TGV figure du "train de l'histoire" dans l'espace européen), l'on se prive de l'intelligence de ce qui advient, d'une part, et, d'autre part, l'on ne disqualifie qu'incomplètement le nazisme en envisageant son phénomène de manière indifférenciée, soit comme un brut et opaque excès de violence et de meurtre sans pensée.
Il semble que toute analogie est toujours possible ; on peut trouver des structures communes entre un Conte d'Andersen et Lacan ou un tableau abstrait et la Constitution, pourquoi pas ? Mais prendre une analogie pour une sorte de décalque du réel en train de se faire, n'est-ce pas oublier l'espace de la représentation ?
Il n'y a aucune analogie dans mon propos, mais le constat ou le descriptif de la continuité d'un cadre agissant, tantôt militarisé, tantôt pacifique, toujours avec le même solde historique : celui d'un remaniement holiste de l'Europe racialement purifiée ("de race pure" dans l'original; "purifié de toute race" dans l'avatar). C'est bien du terme de continuité ontologique (ou de reprise dans un avatar) qu'il convient d'user lorsqu'on pense comme je le fais et comme je l'ai écrit que la construction de l'UE a débuté le 19 mars 1938 par la publication de la Loi d'Anschluss et que la succession des phases ontiques (militarisée et violente puis pacifique et violente) de l'entreprise n'entame en rien son unité ontologique.

Il m'est arrivé de dresser des analogies (entre la Révolution culturelle chinoise et celle qui secouait la France dans les discours et les actes de son personnel politique au pouvoir il y a trois ou quatre ans, pour un article des Cahiers de l'In-nocence); ici ce n'est pas le cas: l'analogie formelle (et non "idéelle" comme le prétend Alain Eytan) dévoile un même être en mouvement, armé et animé d'une volonté qui ne recule devant rien et dont l'avatar ne reculera mêmement devant rien (cf. la dernière en date des interventions de Cassandre).
Il y a analogie en ce sens que la continuité historique entre l'UE et le régime nazi est hautement discutable, le contenu du projet aussi (sans parler des moyens employés et des crimes incommensurables du nazisme) ; seule une forme de structure similaire est mise en avant... (Quant à l'être qui se continue à travers des étants distincts voire opposés, on entre ici dans une métaphysique ; de quelle substance relève cet être qui se poursuit ?).
Quand ni les acteurs ni le contenu du message ne sont gardés, je ne vois pas trop en quoi il n'y aurait pas analogie. Le reconnaître serait d'ailleurs une façon de répondre aux objections longuement développées, à mon sens à juste titre, au propos tenu.
A mon avis, si nous devions chercher une réelle continuité historique, avec les mêmes acteurs, ce serait entre le projet révolutionnaire marxiste et le projet révolutionnaire islamiste ; je songe à une forme de continuité des acteurs, Carlos, Garaudy, étant des phares qui sont passés d'une cause à l'autre. Ils ont créé un cadre mental et repris une histoire. on trouve dans certains journaux et réseaux les mêmes acteurs, qui par anti-colonialisme sont passés de la révolution point 1 à la révolution point 2.
Là c'est du costaud, et y'a pas besoin de faire de l'ontologie sous-jacente, il suffirait d'utiliser de la généalogie historique et idéologique, les deux étant cohérentes.
Loïk, le communisme en tant que force agissante dans le présent est mort. Sa filiation est une branche sèche sans fruit, et le fait que quelques individus isolés et en vue qui, y ayant trempé, aient trouvé à recycler aujourd'hui leur névrose dans l'Islam n'est strictement d'aucune portée ou signification à l'échelle du destin de ce continent, et n'intéresse personne, pas même les islamistes.

Deux forces sont vivaces, s'agitent et convoitent la domination du continent :

1/ l'Union européenne toujours et encore en voie d'intégration (qui est dirigée par des sans-frontiéristes universalistes et pragmatiques dont Barrosso, ancien jeune gauchiste);

2/ l'Islam.

Ces deux forces sont les seules à prôner l'universalisme et l'a-racialisme en 2013 sur ce continent, à en faire leur cheval de bataille.

a) l'UE par idéologie (et on a vu QUI en Europe prôna cette idéologie, et ce plan d'unification politique du continent, etc.)
b) l'Islam agissant au plus près de ses doctrines sources et de sa théologie qui ne différencie ni nations ni races.

or l'on constate DEJA une affinité, une bon-entente entre les deux qui s'apparente à une conjonction d'intérêts. L'attraction fusionnelle des deux forces semble pouvoir s'expliquer par une parenté de plan, une singulière complémentarité: l'UE est une coque vide qui doit se rempli, au terme de son opération de vidange démographique engagée pour des raisons initiales de COMMODITE DE L'EXERCICE DU POUVOIR (les peuples nouvellement amenés seront toujours des peuples clients de la puissance supranationale qui les accueille, protège et garantie leur bonne installation); l'Islam est avide de conquête, d'espace de conversion religieuse. Ces deux forces ne sont pas en opposition mais en relation de complémentarité.

Que va-t-il se passer ? La question est inquiétante dès lors que l'on se penche sur le passé, et le passif des deux projets, et s'agissant de l'islam nous pouvons faire confiance à Cassandre pour mener à bien cet examen; s'agissant de l'UE, la dernière fois que sur ce continent fut entreprise une action d'intégration, le processus s'accompagna (ou fut porté) par la plus grande catastrophe qu'ait connu l'humanité dans cette partie du monde, et si l'on poursuit l'examen dans le détail, des analogies (puisque vous tenez à ce terme) formelles, une homologie, un isomorphisme se dessinent entre les deux moments (ou phases) du processus d'intégration qui, inquiétants, le sont plus encore, à commencer par la continuité, le report, de la problématique raciale qui s'inverse mais CONSERVE TOUT SON CARACTERE D'ABSOLU entre le moment de la belligérance (XXe siècle) et le moment de "la paix" dans l'insécurité et la violence que nous connaissons dans ce début de XXIe siècle.

J'y vois donc des signes qui transcendent l'analogie formelle pour aller jusqu'à l'identification ontologique d'un être géopolitique (je ne sais si le terme d'empire est adéquat) en formation au cours des 80 dernières années, ce qui, pour les grands empires continentaux qu'a connus l'Eurasie dans son histoire est un laps de temps plutôt bref, un début, en quelque sorte; pour être clair, les épousailles entre un continent qui doit accoucher d'une civilisation nouvelle par tabula rase et la prise de possession dudit par une civilisation programmée pour l'expansion opportuniste peut prendre, entre phases de convulsions alternées à des phases de paix relatives, deux cents à deux cents cinquante années.

A mon sens, et si ma lecture est pertinente, nous sommes, en 2013, dans une phase préparatoire à la convulsion suivante; la phase de récupération ayant fait suite à la première convulsion ayant duré 50 ans environ (de la Libération à la Guerre en Bosnie).
Dans Les hommes ont soif, Koestler fait dire à l'un de ses personnages :

« … La raison pour laquelle l’Europe dégringole la pente est évidemment que nous avons accepté la finalité de la mort personnelle. Par cet acte d’abdication, nous avons rompu nos liens avec l’infini, nous nous sommes isolés de l’univers ou, si vous préférez, de Dieu. Cette perte de conscience cosmique que vous voyez partout exprimée, dans le caractère cérébral de la poésie, de la peinture, de l’architecture modernes, a conduit à l’adoration de ce nouveau Baal, la Société. Je ne parle pas du culte de l’Etat totalitaire, ni même de l’Etat en tant que tel : le mal véritable réside dans la déification de la Société elle-même. Sociologie, science sociale, sociothérapie, intégration sociale, tout ce que vous voudrez de social. Depuis que nous avons accepté la mort, comme finale, la Société remplace le Cosmos. L’homme n’a plus de commerce avec l’univers, les étoiles, le sens de la vie ; toutes ses transactions cosmiques sont monopolisées et toutes ses impulsions transcendantales absorbées par le fétiche Société. Nous ne parlons plus de l’homo sapiens, de l’homme ; nous parlons de l’individu. Nous n’aspirons plus à la bonté, à la charité : nous aspirons à l’intégration sociale.
[…]
Voici ce que je veux dire : les convictions religieuses ayant été remplacées par l’idolâtrie sociale tandis que l’horreur instinctive de l’homme pour l’apostasie est demeurée inchangée, nous sommes tous condamnés à périr victimes de nos fidélités séculaires."

Arthur Koestler Les hommes ont soif (1951) trad. Denise Van Moppès

Cette question de "l'horreur instinctive de l'apostasie" me parait très importante. Je me demandais s'il n'est pas plus "facile", en régime "d'idolâtrie sociale", de changer de religion que d'idéologie, et je crois bien que c'est le cas. Quantité de gens traditionnellement de gauche acceptent plus facilement la conversion de quelqu'un à l'islam que son passage dans "l'autre camp", tout simplement parce que dans des sociétés archi-sécularisées, la religion est assimilée à une affaire personnelle, anecdotique, goûts et couleurs, comme de devenir végétarien, ou philatéliste, tandis que les "idées", alors là, c'est du sérieux ! Le fils de bobo qui devient musulman passera pour "original", exotique, pourquoi pas vaguement moderne, et ne sera pas rejeté. Au fond, on s'en fout. Qu'il se mette à militer dans un parti "nauséabond", la malédiction tombe sur lui. De là une terrible paralysie.
Je me demande si Koestler est encore lu aujourd'hui. Il y a 20 ou 30 ans la plupart de ses romans étaient au "Livre de poche"... Un "Cahier de l'Herne" lui avait été consacré. La collection "Bouquins" avait rassemblé ses écrits autobiographiques dans un volume il y a 10 ou 15 ans.
Les Belles lettres sont entrain de rééditer une bonne partie de son oeuvre.
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