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Les barbares au pied du maître-autel.

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
31 mai 2013, 20:00   Les barbares au pied du maître-autel.
Au petit nombre, lettre d'un exilé à ses anciens compatriotes...

Ça craque de tous côtés. Il n'est quotidiennement pas une nouvelle qui ne raconte l'indignité ou l'imbécile connerie des Français, chez eux ou à l'étranger. Un jour c'est l'université française face à un afflux de faux étudiants boursiers dont certains des prénoms révélés par la journaliste du Monde ("Assises en rang d'oignon, Sarah, Fara, Sabrina, Samia et quelques autres, moitié apprêtées comme des starlettes de téléréalité, moitié voilées, n'ont pas davantage passé l'examen") valent tout un programme, ou le consul de France à Sidney qui dénonce "le comportement provocateur et bruyant, l'alcoolisme, le manque de respect" et les vols à l'étalage incessants dont se rendent coupables les Français en Australie. Une autre fois c'est la détérioration abyssale des finances publiques que rien ne vient enrayer, ou la chute vertigineuse de la compétitivité et de la profitabilité des entreprises que le gouvernement répare avec des rustines. Ou le désastre des écoles et des universités où l'on forme des chômeurs, et au mieux des diplômés incultes et illettrés, l'effondrement du niveau de français des élèves, la misère des chercheurs, la baisse dramatique du nombre de brevets déposés, la fuite des cerveaux à l'étranger. Sans parler des nocences qui suintent par tous les pores de la société: les hordes de racailles descendant sur la ville pour la vandaliser et la rançonner, la violence au travail et en entreprise, les incivilités dans les rapports personnels, le mal de vivre que l'on soigne à coup d'antidépresseurs, de drogues et addictions diverses et variées. Sans compter les dernières en date des singeries pédérastiques devant le maire, les babouaneries du social et de la chair cristallisé autours du mariage pour tous. Et puis le cynisme absolu des édiles, un Cahusac qui plastronne, un Strauss-Kahn qui s'affiche avec sa nouvelle grue sur les marches de Cannes, l'esprit ricaneur et malveillant ou indigent qui triomphe de Canal Plus à France Inter et France Télévision. Il y a encore quinze ans les personnalités préférées des Français se nommaient l'Abbé Pierre, Cousteau, Jean-Jacques Goldmann et Sœur Emmanuel. Depuis ce sont Zidane, Jamel Debbouze, Noah et Omar Sy, signe de rupture anthropologique radicale qui vaut tout un programme !... Un pays a les têtes d'affiches et les tètes à claques qu'il mérite.

N'en déplaisent aux souverainistes et patriotes français de tous bords, y compris ceux qui se voudraient in-nocents sans l'être vraiment, que ce soit par contamination ou osmose avec les hordes africaines ou avec leurs hôtes serviles qui disent merci parce que l'on se sert d'eux comme marche-pied, que ce soit dans les atrocités et crimes d'une histoire de France dont on s'est refusé à faire le plein inventaire, ou dans un prétendu modèle social absurde et indigent, la barbarie a saisi un peuple tout entier, à l'image de l'Italie romaine et de sa civilisation sombrant sous l'assaut des Lombards. Bienvenue dans la France barbare, incivile, violente, mal élevée, déculturée. Surtout n'allez pas croire qu'il en est ainsi partout ailleurs. La France est en avance, la France montre le chemin à l'Europe entière et à l'Occident. Cela réconfortera l'esprit gallican toujours prompt à se hausser du col. Les Allemands se réfèrent au Sorgenkind (l'enfant à problèmes) français, les Anglais parlent du tickling time-bomb (bombe à retardement) au centre du continent et les latins rejoignent les nordiques et les etatsuniens pour convenir que la France est bien l'homme malade de l'Europe. Le French bashing a ses raisons profondes et ne se limite pas aux pays anglo-saxons.

Ce pauvre Michel Rocard contait comment le bouffon du roi restait jadis au seul de la cathédrale tandis qu'aujourd'hui les comiques de la télévision et les amuseurs des médias entrent dans les lieux-saints, foulent les marches du maître-autel et s'assoient sur le trône royal. Il faut la naïveté d'un Rocard (la deuxième gauche morale française, de Mendes-France à Jospin et Hollandouille 1er, confondant vertu civique et impuissance à gouverner et se faisant gloire de son incapacité à exercer le pouvoir) pour ne voir que les bouffons ont été rejoints par les barbares, parés de toute la misère du monde, pour saccager les lieux consacrés, les objets de l'eucharistie et la sacristie. Le suicide de Dominique Venner au pied du maître-autel de Notre-Dame montre exactement là où vous en êtes: aux derniers retranchements.

Aux yeux de l'auteur des Invasions barbares, le cinéaste Denis Arcand, les nouveaux barbares étaient ces nouvelles générations dotées des savoir-faire professionnels, et maitrisant la technique au sens d'Heidegger, ou les savoirs cognitifs, mais déculturées, déracinées, et même désensibilisées aux beautés et aux émotions de ce monde, tristes et ternes, et étrangères à la civilisation dont ils procèdaient. Arcand voyait déjà juste en 2003 mais il ne pouvait envisager pour l'Amérique du nord l'étape suivante telle qu'elle se déroule en Europe, et surtout en France, après que les barbares de l'intérieur ont fait leur œuvre de tabula rasa, il ne reste plus aux barbares de l'extérieur que de prendre la place de leurs anciens maîtres.

Les Lombards, et avec eux les Wisigoths ou les Francs ou les Mongols avaient eu l'intelligence de se saisir et reprendre à leur compte la langue, la religion, les arts et la science des peuples qu'ils avaient conquis et soumis, pour les faire refleurir et prospérer. Rien de tel avec vos nouveaux envahisseurs, qui ne rêvent que vengeance, représailles et réécriture de l'Histoire. Vous avez affranchis vos anciens esclaves, au nom de vos valeurs universelles. Vous les avez même éduqué, nourri et soigné parce que vous vous êtes affilié à la religion de l'Humanité. Vous les avez démuselé, et même armé, et puis vous leur ouvrez toutes grandes les portes de vos maisons pour les inviter à votre table après que la honte vous a saisi et que seules la repentance et la pénitence peuvent vous en soulager. Et soudain, vous vous étonnez qu'ils pillent le garde-manger, volent l'argenterie, violentent vos filles et détournent vos garçons pour les enrôler ! Mais enfin, dans quel monde vivez-vous ? Vous vous pensiez le peuple le plus intelligent qui fût sur terre quand vous n'étiez que des cul-bénits humanitaires et une race servile, et des bien-pensants nihilistes. Vous avez ce que vous méritez, pauvres inconscients et parfaits idiots du village planétaire !

La culture et la civilisation françaises ne sont pas seulement à bout de souffle, ce sont les pans entiers de son décor de carton pâte qui s'effondrent sous les yeux ébahis et réjouis de ceux, qui comme moi, ne se reconnaissaient plus dans le pays où ils sont nés et ont choisi d'en partir, préférant l'exil à la honte et l'indignité. On ne voit déjà que ruines et désolation ou réminiscences muséifiées de l'esprit, du savoir-vivre, des belles manières françaises. Encore un effort messieurs les barbares, il reste quelques citadelles imprenables à bruler, ces beaux vignobles millénaires échappés à votre fureur, les œuvres dernières du génie français que vous avez sans raisons épargnés. Comme Ernst Jünger, au seuil des falaises de marbre, ou Julien Gracq sur le rivage des Syrtes ou Dino Buzzati face au désert des Tartares, on se dit qu'une civilisation qui ne peut se défendre et ne croit plus en ses propres valeurs ne mérite pas d'exister et doit en passer par le feu purificateur. Une fois nettoyées la pestilence et l'ordure qui subsistent et liquidés les amis du désastre et les apôtres de la barbarie, s'il se peut, ensuite seulement, vous pourrez reconstruire sur les chicots fumant qui vous restent, quelque chose de la noblesse et de la beauté d'antan.

Montfort

PS: pendant ce temps les bonnes nouvelles s'accumulent pour l'Allemagne; la dernière en date: le pays compte 1,1 million d'immigrés en moins que ce qui était estimé; ceux-ci ne sont que 6,2 millions sur 80,2 millions d'habitants, soit 7,7 % de la population, outre que la moitié d'entre eux ont des origines chrétiennes et européennes, et l'autre moitié, turque et musulmane pour l'essentiel, est beaucoup mieux intégrée que les populations afro-maghrébines comparables de ses voisins. Madame Merkel ne se cache pas de vouloir favoriser une immigration de travail d'origine strictement européenne et venir ainsi "en aide" aux pays latins. Gageons aussi que les mesures récentes telle que le droit opposable à trouver une place de crèche pour toute mère de famille, en vigueur à partir du mois d'août prochain, relancera la natalité allemande, sans pour autant créer un incitatif et un appel d'air pour ceux-là qui auraient des velléités de vivre de prestations sociales. Contrairement à ce que pensent beaucoup de beaux esprits français, la faible natalité allemande à été, jusqu'à présent, une bénédiction, permettant d'absorber un chômage endémique structurel dus au triple choc de l'intégration des travailleurs peu qualifiés d'Allemagne de l'est, à la mondialisation et à la révolution technologique en cours, toutes deux forts destructrices d'emplois dans les pays occidentaux. L'évidence est là, insupportable pour les Français: les cousins Germains sont meilleurs qu'eux en tous ce qu'ils entreprennent avec pragmatisme et sérieux, car comme le soulignait déjà Henri Heine ils ont l'esprit de méthode et d'organisation, le sens du collectif, sans parler de la capacité de concertation, de dialogue et de compromis, signes de leur maturité politique et de leur consécration démocratique, qui font défaut à leur voisin d'outre-Rhin.
Si ce n'est pas indiscret, quel est votre lieu d'exil et y avez-vous engagé une demande de naturalisation ?
Utilisateur anonyme
31 mai 2013, 21:47   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Canada dont j'ai acquis la nationalité et l'Allemagne dont j'espère devenir citoyen dans quelques années, y compris par l'abandon de mon passeport français dont j'ai honte et que j'évite de montrer pour ne pas être identifié comme Français. Maîtrisant les idiomes sans accent francais et mon physique de blond aux yeux bleus aidant (un peu trop aryen sur les bords, une tare et un handicap en France au rythme où ça va) je n'ai pas de mal à me faire accepter comme Allemand au Canada ou au Portugal où j'ai une résidence de vacances et Canadien en Allemagne, mon intégration culturelle ne posant aucuns problèmes probablement parce que J'aime le genie propre de chaque peuple. J'ai l'honnêteté de dire que je suis né en France, d'un père français si on me le demande, mais je me suis vraiment pris d'amour pour l'Allemagne et le Canada qui m'ont accueilli (et qui régulièrement sont cités comme les pays où il fait bon vivre et où tous les jeunes voudraient émigrer). J'ai retrouvé une identité collective dont je suis fière, nourrie des complémentarités de ces deux pays, entre ancien et nouveau monde.
"J'ai retrouvé une identité collective dont je suis fière (...)"

Mes félicitations, vous n'avez pas fait que changer de nationalité.
Ha, l'Allemagne...

Il y a tout de même des Français qui ont le sens des vraies valeurs, comme vous, avec la touche germanique qu'il faut, voyez plutôt dans le style Obertone l'histoire de ce particulier propriétaire des deux bergers allemands Adolf et Blondi :

[www.bfmtv.com]
Utilisateur anonyme
31 mai 2013, 23:30   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Toujours la réductio as hitlerium. Ça marche pour les Français accusés d'infâmie par les amis du désastre mais aussi pour les Allemands toujours ramenés à leurs 80 années de nationalisme exacerbé, de feu et d'acier, en oubliant les 2000 ans qui ont précédés, en particulier le liberalisme né dans l'Empirégermanique et les libertés communales des villes allemandes, véritable laboratoire de la démocratie occidentale

En vivant à l'étranger, j'ai aussi appris à relire une histoire où la France n'a pas toujours le beau rôle. En mon nouveau chez moi, à Heidelberg, on avait coutume pour effrayer les enfants pas sages de les menacer de la venue de l'horrible Melac, le père fouettard local, Melac, lieutenant-général du Roi, qui détruisit Heidelberg et son fameux château et incendia le Palatinat sous les ordres de Louvois. Crime contre l'humanité ?

Le passage des Français en nos contrées, ou sur le Rhin, on s'en souvient chaque fois. La soldatesque napoléonienne fit ainsi des siennes à Speyer (Spire), violant la sépulture des empereurs allemands, comme elle le fera plus tard des rois du Portugal, les droits de l'homme manifestement ne s'étendant pas aux morts et aux cadavres. Le nationalisme allemand est né de l'exemple du nationalisme français exacerbé et des excès de la Révolution et de l'Empire.

Mais bien sur, ce qui a alimenté la méfiance vis à vis de la France depuis 1619 et explique la rage antifrancaise de 1870, 1914 et 1940, outre l'imbécilité des traités de Versailles et de Trianon (dans la tradition militaire europeenne on n'ajoute pas l'humiliation et la spoliation à la défaite, ce qui valut à la France de conserver sa dignité et son intégrité territoriale en 1815) ce sont les horreurs et les crimes de la guerre de Trente Ans et le jeu de la France jamais démenti pendant 4 siecles visant à empêcher par tous les moyens l'unité allemande, que ce soit par le sud (l'Autriche et les Habsbourg) ou par le nord (la Prusse et les Hohenzollern) y compris en armant mercenaires et princes étrangers. De 30 à 70 % de la population allemande disparut dans les massacres, les famines et les maladies dans ce qui fut la première guerre européenne, et donc mondiale. Heidelberg incendiée et détruite (1621) perdit à cette occasion sa qualité de centre de rayonnement du calvinisme et sa bibliothèque qui alla enrichir les collections du pape (bibliothèque palatine). Il fallut plus d'un siècle pour que l'Allemagne se remette de ce cataclysme, sans jamais pouvoir retrouver son rang, jusqu'à 1870....
Finalement, que vous cessiez d'être Français, ce sera une très bonne chose, vous avez raison.
Ici, c'est le parti de l'In-nocence, pas de l'étranger.
Votre aliénation à la France est telle que tout les maux qui affligent ce malheureux pays vous sont matière à Schadenfreude. C'est ce que l'on retire de votre billet. Dès lors, pourquoi le déposer ici, si ce qui nous chagrine vous est source de joie ? Sadisme ? Curieuse perversion que la vôtre. Si l'on était méchant, bas-de-plafond, nous la dirions allemande. Et peut-être est-ce cela même, cette pulsion de germanophobie "primaire", que vous tentez de provoquer chez nous, pour, la recueillant, mieux vous rengorger en ajoutant à tous les défauts français, celui-là, qui vous fera jubiler plus encore.

Au fond, vous êtes un troll.
Utilisateur anonyme
01 juin 2013, 01:20   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Jean-Marc du Masnau
Finalement, que vous cessiez d'être Français, ce sera une très bonne chose, vous avez raison.

N'est ce pas ? et ce d'autant que vous avez tous ces nouveaux petits Français à accueillir, Abdel, Samia, Karin et autres Rachid sans compter les Kevin et Jennifer ? Il faut bien que les Francais de souche s'en aille pour leur faire de la place ? Votre schizophrénie est bien là. Vous ne voulez pas des méchants Allemands ni des fourbes Anglais ni des frustres Américains ni des bureaucrates bruxellois. Et bien vous avez l'Afrique et l'Islam pour defendre votre civilisation.... Bonne chance....
Utilisateur anonyme
01 juin 2013, 02:08   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Pierre Jean Comolli
Ici, c'est le parti de l'In-nocence, pas de l'étranger.

Ah certes l'étranger, le métèque, voilà le responsable et l'ennemi, sauf votre respect messieurs Aragon, Ferrat et Moustaki ! Groupusculaire rime aussi avec crépusculaire, sans pouvoir même se revendiquer identitaire quand l'arthrose vous interdit les folies et ralentit le fonctionnement des neurones...
Utilisateur anonyme
01 juin 2013, 02:26   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Francis Marche
Votre aliénation à la France est telle que tout les maux qui affligent ce malheureux pays vous sont matière à Schadenfreude. C'est ce que l'on retire de votre billet. Dès lors, pourquoi le déposer ici, si ce qui nous chagrine vous est source de joie ? Sadisme ? Curieuse perversion que la vôtre. Si l'on était méchant, bas-de-plafond, nous la dirions allemande. Et peut-être est-ce cela même, cette pulsion de germanophobie "primaire", que vous tentez de provoquer chez nous, pour, la recueillant, mieux vous rengorger en ajoutant à tous les défauts français, celui-là, qui vous fera jubiler plus encore. .

Primaire, vous avez trouvé le mot juste pour qualifier certaines pulsions auxquelles vous voulez bien résister. Pas de commentaires. Les Allemands vous laisseront d'autant volontiers votre divin marquis qu'ils furent longtemps, trop longtemps, disciples de Sacher-Masoch, un Autrichien comme vous savez, mort à Mannheim. C'est ce qui insupporte les Français d'aujourd'hui: une Allemagne normale, terriblement normale, décomplexée et même heureuse, conquérante et dominatrice économiquement certes, mais si libérale et démocratique, sans compter qu'on s'amuse à Berlin et qu'on s'ennuie à Paris, que cela en est désespérant et qu'il faut chaque fois fouiller la boue du passé, faute d'arguments. Mais étonnez-vous après ça que vos sensibles vous fassent des procès incessants sur votre histoire. Vous procédez de même avec vos cousins Germains ! Nemo auditur propriam turpitudinem allegans...

Et puis j'aimerais surtout que ce qui vous chagrine et vous accable vous fassent réagir et rebondir enfin, car il semble que la race gallicane ne puisse sortir de son confort et de sa torpeur que quand elle est poussée à bout. Il vous faut sortir du déni de réalité. Je n'aime pas ce que la France est devenu parce que j'aime ce qu'elle était autrefois. Il ne me semble exprimer là quelque chose de fort différent de la majorité des adhérents de ce parti et de ce site, non ? Or l'on voit principalement des réflexes de recroquevillement national, de rejet même de l'européanité, de l'idée de civilisation européenne, renvoyant tous les efforts du GRÈCE, d'Occident et de la nouvelle droite à une préhistoire de la pensée. La droite française est constamment renvoyée à ses divisions et son esprit de secte et de chapelle... Ce que j'aime en Allemagne ou au Portugal ou en Italie et le peu qu'il en reste en France c'est la dimension européenne de ma culture et de ma civilisation.
Le témoignage est éloquent et fort intéressant. Il confirme ce que nous savons de l'état réel de notre malheureux pays. On ne peut pas faire porter sur le témoin la responsabilité de ce dont il témoigne.
A la relecture de ce fil, je me demande si le sieur Montfort n'est pas un provocateur, car il réussit, en quelques messages, à rendre totalement odieuses bon nombre d'idées habituellement formulées sur ce site.

Pour faire court, un "jeune" qui est né ici, d'origine étrangère, "Français de papier" qui brûlerait notre drapeau est à condamner, c'est certain, mais ces agissements me semblent bien moins grave que ce reniement.

J'ai du respect pour l'Allemagne et pour le peuple allemand. J'ai parlé la langue de ce pays, et y ai pratiqué diverses activités militaires. L'Allemagne que vous décrivez est cette Allemagne prussienne, une Allemagne que beaucoup d'Allemands n'aiment pas. Votre Allemagne, c'est celle du capitaine de Köpenick ou du baron Forstner. La mienne, c'est celle d'Hölderlin.
Je suis étonné de l'écrit qui ouvre ce fil, alors que Thilo Sarrazin prétend au contraire que l'Allemagne disparaît.
Notre auteur-témoin pourrait-il expliquer que Thilo Sarrazin hallucine ?
Après tout, si l'Allemagne s'en sort, si seule la France (et la Belgique, la Hollande, l'Angleterre, la Suède) ont quelques soucis, c'est plutôt une nouvelle intéressante, mais on a des doutes.
Vous cassez pas, Loïk Anton, la France, on ne peut pas pas pire, c'est du concentré de Serbie, le bâton merdeux de l'Europe, que dis-je, de la planète ! Et les Français pouah ! Berk ! Allez ! Un passage au karcher au Canada avant de revenir s'amuser à Berlin, dans le quartier turc,heureux comme Dieu en Allemagne !
Et les villages isolés des départements reculés, ces petits bourgs peuplés de Français de souche aux aisselles et aux pieds mal lavés ? cette collection de goîtreux, de boîteux, de réformés pour cause d'hémorroïdes (mot qu'ils ne savent pas écrire) ? ces philosophes de comptoir qui vous décernent un regard bovin (encore que celui d'un veau rayonnerait par comparaison) ?

Et ces pleurnichards et pleurnicheurs, ces vaincus de toujours dès lors qu'ils furent opposés à la Race des Seigneurs ?

Croyez-moi, je trouve insultant pour les Allemands d'oser même nous comparer à eux...

Voyez leur maîtrise, déjà en 1913 :


Utilisateur anonyme
01 juin 2013, 18:47   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Jean-Marc du Masnau

J'ai du respect pour l'Allemagne et pour le peuple allemand. J'ai parlé la langue de ce pays, et y ai pratiqué diverses activités militaires. L'Allemagne que vous décrivez est cette Allemagne prussienne, une Allemagne que beaucoup d'Allemands n'aiment pas. Votre Allemagne, c'est celle du capitaine de Köpenick ou du baron Forstner. La mienne, c'est celle d'Hölderlin.

Allemagne prussienne !? Mais changez votre disque dur mon colonel ! Ou alors éveillez-vous, nous ne sommes plus en 1870 ou 1913.... Les deux Länder les plus dynamiques d'Allemagne sont la Bavière et le Bade-Würtemberg, catholiques, et calviniste avant l'union des protestantismes, et surtout souabes, bavarois, alémans... Hölderlin justement un Souabe, comme d'ailleurs à l'origine les Hohenstauffer. Parce que fédérale après qu'avoir été impériale l'Allemagne a plusieurs cœurs qui battent à des rythmes différents. Aujourd'hui l'Allemagne qui avance, qui invente, qui crée, qui va de l'avant c'est l'Allemagne rhénane avec ses affluents et c'est l'Allemagne danubienne, en fait toute la Bavière. La Prusse n'existe plus, et les Prussiens encore moins, alors de sentiment anti prussien pas davantage. En revanche si vous allez à Berlin, c'est un sentiment antisouabe que vous pourrez expérimenter.
Utilisateur anonyme
01 juin 2013, 19:37   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Jean-Marc du Masnau
Et les villages isolés des départements reculés, ces petits bourgs peuplés de Français de souche aux aisselles et aux pieds mal lavés ? cette collection de goîtreux, de boîteux, de réformés pour cause d'hémorroïdes (mot qu'ils ne savent pas écrire) ? ces philosophes de comptoir qui vous décernent un regard bovin (encore que celui d'un veau rayonnerait par comparaison) ?

Et ces pleurnichards et pleurnicheurs, ces vaincus de toujours dès lors qu'ils furent opposés à la Race des Seigneurs ?

C'est très exactement la description de la France de 1870 que vous faites là, quoiqu'il manqua quelques données chiffrées révélatrices sur l'illettrisme et l'analphabétisme, et l'organisation lourde et inefficace de ses administrations et de son armée, d'où la déroute de Sedan et la défaite honteuse et l'humiliation absolue dont la France ne s'est moralement jamais remise (à Waterloo au moins elle avait toutes les armées européennes coalisées contre elle). C'est du reste pour cette raison que la IIIe République fit de l'Education sa priorité, pour tenter de rattraper l'Allemagne, l'obsession de la France depuis sa cuisante défaite. Pendant ce temps l'Allemagne s'industrialisait à marche forcée et se dotait de lois sociales dont les Français n'auront l'équivalent que 50 ans plus tard.... Cinquante ans, c'est d'ailleurs à peu près le temps qu'il faut à la France pour reprendre à son compte les bonnes idées qui ont le tord d'être nées en Allemagne...

L'extraordinaire pour un non Français c'est de comprendre cet étrange pays qui a le coq comme emblème, (et surnommé la Grande Nation en Allemagne en référence à l'expansionnisme et au bellicisme de la Révolution et de l'Empire), cette France qui perd toutes ses guerres depuis cent-cinquante ans sans se remettre en cause, et se gargarise d'un reste de grandeur que des vainqueurs magnanimes, encore éblouis par sa gloire et sa culture passées, accordèrent en 1945 au valeureux et talentueux général de brigade qui se plaça à sa tête en remplacement des élites médiocres et corrompues qui menèrent à son effondrement de 1940.

Lisez "L'Etrange défaite" mon colonel, ou mon capitaine, je ne sais, à moins que Marc Bloch ne soit trop Alsacien pour vous ? Le livre est encore d'actualité aujourd'hui. Ça s'appelle le déni de réalité. Et la défaite (économique, financière, morale et culturelle) que vit la France aujourd'hui, elle mettra bien vingt ans à s'en remettre, si elle s'en remet jamais.

L'Allemagne s'est profondément remise en question et a tourné la page des 80 années (1865-1945) de son bellicisme, de son expansionnisme et de ses crimes. Son unité en supplément, elle a retrouvé ce qu'elle est depuis mille ans, une nation paisible, libérale et pacifique de travailleurs consciencieux et fiers, de bons bourgeois prudents et avisés, d'érudits passionnés et dévoués, d'esthètes romantiques et rêveurs.

Quelles leçons la France a-t-elle tirées de ses erreurs et de ses défaites ?
Moi qui pensais que nous avions gagné la Grande guerre...
Utilisateur anonyme
01 juin 2013, 20:02   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Loïk Anton
Je suis étonné de l'écrit qui ouvre ce fil, alors que Thilo Sarrazin prétend au contraire que l'Allemagne disparaît.
Notre auteur-témoin pourrait-il expliquer que Thilo Sarrazin hallucine ?
Après tout, si l'Allemagne s'en sort, si seule la France (et la Belgique, la Hollande, l'Angleterre, la Suède) ont quelques soucis, c'est plutôt une nouvelle intéressante, mais on a des doutes.

Il faut lire Thilo Sarrazin avant que de le mentionner à mauvais escient et dire des bêtises ! Sarrazin s'alarme non pour le passé mais pour l'avenir ! Il explique que former des immigrés et les intégrer cela coûte très cher et que le résultat n'est pas garanti, et il l'est d'autant moins que les immigrés sont d'une culture éloignée à la culture allemande. Il osa également mentionner ce que les chercheurs savent depuis quelque temps, à savoir l'hérédité de certains caractères culturels, et dès lors l'impossible assimilation de certains groupes culturels à brève ou moyenne échéance. Sarrazin fit scandale mais il a été beaucoup lu. Quel est le Sarrazin français qui serait publié à des millions d'exemplaires ?

Pour éviter d'en arriver là, sur le plan opérationnel, la droite allemande n'a pas attendu Sarrazin pour agir:

- politique familiale de soutien à la natalité en privilégiant les aides indirectes (crèches, congé parental) plutôt que des allocations qui sont contraires aux valeurs de travail et de responsabilité de la CDU et du FDP et dont on voit trop bien en France les effets pervers et d'aubaine (le 93 et les Comores champions de France de la fécondité !)

- immigration exclusivement européenne et chrétienne plutôt qu'africaine....
cette France qui perd toutes ses guerres depuis cent-cinquante ans sans se remettre en cause, et se gargarise d'un reste de grandeur que des vainqueurs magnanimes,

Vous êtes bien sûr que de 1870 à 1945 l'Allemagne a volé de victoire en victoire ?

A propos, si la France n'a fait que perdre des guerres pendant cent-cinquante ans, comment expliquez-vous que, pendant ces periodes de belligérance, elle se soit constitué un empire sur trois continents ? Comment rendre compte du fait que la France ait été, de toutes les nations occidentales la seule à pouvoir vaincre militairement et à imposer sa domination coloniale sur certains peuples parmi les plus fiers et les plus rétifs qui soient à la soumission, au Maghreb notamment, si l'on doit vous suivre dans votre raccourci synthétique taillé dans la masse ? Comment se fait-il que l'Allemagne, qui sait si bien faire la guerre, n'ait jamais même tenté de coloniser ces contrées? Et dites-nous, car vous l'avez deviné nous sommes passionnés de vos enseignements, l'Allemagne, qui sait si judicieusement choisir ses ennemis lorsqu'elle se résout à entamer les hostilités, à ouvrir les fronts qu'il faut au moment où il le faut : front russe en 1941, front africain durant la première guerre mondiale ( Lire ici) qui se soldèrent par de mémorables et décisives piquettes, n'a-t-elle jamais pu s'établir durablement, et PROUVER SA CIVILISATION, y compris même par la valeur militaire ou la dimension martiale de ses traditions, chez quelque peuple que ce soit ?

Quelle est la valeur humaine, la viabilité d'une civilisation, voire de l'esprit qui l'anime -- c'est une question ouverte, non rhétorique -- qui ne séduit que ceux qu'elle attire sur son territoire par l'appât de sa croissance économique ?

Depuis un petit demi-siècle que je voyage, je croise partout, absolument partout, des Allemands qui ont déserté leur pays, dont ils n'évoquent le nom que tête basse. Il n'est point de pays qui perde aussi libéralement ses ressortissants que l'Allemagne, et je ne parle pas de l'ex-RDA; sur ce point, comme sur d'autres, très nombreux, que vous nous avez évoqués, la France a encore du pain sur la planche pour rattraper l'Allemagne, à n'en pas douter : nos exilés économiques aussi pléthorique que soit leur nombre n'égalent pas encore les exilés sociaux que le pays de vos rêves disperse encore sur la terre entière. Je n'en tire aucune conclusion. Je tiens seulement à faire contraste à vos propos qui ressemblent à ceux, s'agissant de ce pays, que certains de ses agents de propagande réservaient à "la jeunesse du monde" il y a une quarantaine d'années.
Francis, je suis très Français, donc nul en géographie. J'avais toujours pensé que mon grand-père, engagé pour la durée de la guerre en août 14 avait ensuite été en occupation en Allemagne, à Baden-Baden. Ce doit être en Aragon, en fait. Quant au frère de ma grand-mère, lieutenant tué au Chemin-des-Dames, ce fut sans doute contre les Turcs.
Marc Bloch est né à Lyon, ses parents ayant fui l'Alsace annexée par les Danois.
Utilisateur anonyme
01 juin 2013, 20:44   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Jean-Marc du Masnau
Moi qui pensais que nous avions gagné la Grande guerre...

A vous tout seuls bien entendu ! Il aura fallu tout de même l'aide massive en hommes, en armes et en argent des Américains et de tout le monde anglo-saxon... Votre victoire de 1918 elle est comme celle de 1945, par procuration...

C'est justement la raison pour laquelle la France ne s'est jamais remise en question. Elle a cru gagné ses deux guerres mondiales quand c'était en définitive le monde germanique qui était défait, non par la France, mais par un ennemi coalisé russe et anglo saxon considérablement supérieur en moyens et en nombre.

Sans compter que c'est une curieuse victoire que celle où vous ne foulez pas une seule fois le sol ennemi ! Il n'y a que les Français pour qualifier de Grande une guerre qui fut une boucherie sans nom et qui signa le début de la fin de la civilisation européenne. Il faut croire que cette victoire ne fut pas non plus si grande ou qu'elle fut fort en demi-teinte pour que la France et les Etats-Unis insistassent afin que des clauses iniques et infamantes, contraires à outes les traditions militaires, soient introduites dans le Traité de Versailles. Si la France avait été soumise au même régime en 1815 pour avoir mise l'Europe à feu et à sang pendant 20 ans !?

L'Allemagne fut vaincue et durement punie, et ravagée complètement en 1945. Mais sur le plan militaire, en 1918 (une capitulation due aux grèves dans les usines et les casernes et l'agitation communiste, çe qui alimenta l'idée du coup de poignard dans le dos) et en 1945 (le sacrifice de soi des soldats et la destruction des villes), ce furent des défaites fort honorables et même dignes d'épopée, et peut être que l'identité allemande n'a dès lors pas autant souffert sur le plan symbolique que l'identité française (la question du rapport des Allemands au régime nazi et à l'hitlérisme est un autre aspect évidemment remis en question de cette identité).

Dans la patrie de Bayard et d'Artagnan, il n'y a aucun triomphe à en retirer (et pas d'arc du même nom) ou d'honneur possible à la célébration (si ce n'est un honneur funèbre, exactement ce pour quoi vos monuments aux morts et sinistres ossuaires furent conçus) des trois conflits contre l'Allemagne: le premier fut une raclée, le deuxième un suicide d'exaltés en pantalons garance dont des alliés avisés ont permis d'atténuer les effets, le troisième une humiliation sans nom suivi d'une renaissance de quelques temps fondée sur des mythes et des mensonges.
Stephan Montfort, êtes-vous en train de conter que tout roule de l'autre côté du Rhin ? L'Allemagne serait-elle préservée des menaces qui s'amoncellent partout en Europe ? Si tel est le cas, c'est une bonne nouvelle, mais je lis ici et là nombre d'alertes provenant d'Allemagne, et des débats qui ressemblent fort à ceux qu'on entend en France.
Comment est-ce possible ?
Utilisateur anonyme
01 juin 2013, 21:33   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Francis Marche
[A propos, si la France n'a fait que perdre des guerres pendant cent-cinquante ans, comment expliquez-vous que, pendant ces periodes de belligérance, elle se soit constitué un empire sur trois continents ? Comment rendre compte du fait que la France ait été, de toutes les nations occidentales la seule à pouvoir vaincre militairement et à imposer sa domination coloniale sur certains peuples parmi les plus fiers et les plus rétifs qui soient à la soumission, au Maghreb notamment.

Je vous conseille la lecture de Jacques Marseille qui montre de manière très convaincante que le retard industriel et militaire de la France sur le continent européen et sa distanciation croissante par l'Allemagne, et ses défaites contre celle-ci, s'explique justement parce qu'elle était trop occupée par son aventure coloniale et y consacrait trop de ressources. Voilà bien un des mythes dont la France a dû mal à se défaire.

Quant à la victoire des Français sur vos maghrébins d'Abd el Kader et autres romances de type Fort Saganne je m'esclaffe bruyamment vu la différence des forces en présence. Je vous rappelle que la conquête sanglante et la pacification brutale et criminelle de l'Algérie causa la disparition de la moitié de la population autochtone et que le ressentiment de vos sensibles aujourd'hui se nourrit de ce génocide sans nom. Sans compter les expériences intéressantes faites par la France là bas du type camps de regroupement et camps de concentration dont les nazis surent tirer tous les enseignements...

Mais vous auriez pu citer d'autres grandes victoires françaises du même acabit: la conquête de Madagascar, ou celle des îles sous le vent contre les féroces polynésiens, ou peut être plus récemment la grande victoire de la France contre l'Irak en 1991 lors de la fameuse opération Daguet, et puis bien sur la grande guerre de libération menée par Hollandouille 1er au Mali après la non moins brillante victoire de Sarkonabo en Lybie....
L'aventure coloniale allemande, l'Empire allemand, ont existé; ils furent un fiasco. Si nous parlons valeur militaire il faut aussi l'apprécier dans le cadre stratégique. Cette valeur fut très remarquable de la part des troupes françaises pendant toute la période de la conquête coloniale, et en effet, elle ne s'exprima pas sans férocité; elle bénéficiait d'une pensée stratégique française qui, grâce à des jeux d'alliance, permit la réussite de l'entreprise.

La pensée stratégique allemande en Afrique fut continuellement en dessous de tout, et dut être compensée sur le terrain par des prouesses tactiques, et une vaillance des unités combattantes sur les théâtres que bien évidemment personne ne songe à contester. Malgré celles-ci, la défaite allemande fut régulièrement au rendez-vous. Pourquoi ? Pourquoi l'Allemagne a-t-elle perdu son Tanganyka, en dépit de l'héroïsme de Paul Emil von Lettow-Vorbeck (en qui les maoïstes chinois devraient reconnaître l'inventeur de la Longue Marche) ? et comment et pourquoi a-t-elle dû céder son Deutsch-Südwestafrika à l'Union Sud-Africaine dès 1915 ? à cause des Américains ? Non: à cause d'une singulière incapacité de son gouvernement à anticiper les jeux d'alliance entre puissances, soit essentiellement de sa bêtise criminelle et remarquablement récurrente à se représenter le monde comme objet indifférencié de ses ambitions et à imaginer que tout ceux qui entendent freiner ces dernières ou s'y opposer ne peuvent être que des nains. Rarement le monde aura été témoin d'un si constant et flamboyant entêtement d'une nation dans l'erreur répétée, l'erreur "à front de taureau" qui lui coûta la faillite économique entre les deux guerres avant d'entraîner le monde civilisé dans l'abîme que vous savez.
Utilisateur anonyme
01 juin 2013, 22:22   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Loïk Anton
Stephan Montfort, êtes-vous en train de conter que tout roule de l'autre côté du Rhin ? L'Allemagne serait-elle préservée des menaces qui s'amoncellent partout en Europe ? Si tel est le cas, c'est une bonne nouvelle, mais je lis ici et là nombre d'alertes provenant d'Allemagne, et des débats qui ressemblent fort à ceux qu'on entend en France.
Comment est-ce possible ?

"Des menaces qui s'amoncellent,... nombre d'alertes" mais enfin quel est ce langage qui fleure son millénarisme crépusculaire ? Que lisez et qui lisez vous ? Voyez les statistiques et les faits. Beaucoup de Français se complaisent dans une rhétorique du catastrophisme et du déclin. Connaissez vous l'Allemagne ? Voyagez vous hors de France ?

Je parle de ce que je connais bien. Pour comprendre un pays, un peuple, une culture, la première des choses est de l'expérimenter physiquement, charnellement sur son territoire et avec ses ressortissants. Je ne m'aventurerais pas à disserter sur la Chine ou l'Asie du sud-est, car je n'y ai encore pas mis les pieds, et donc je laisse ça à monsieur Marche.

On comprend que les Français ne veuillent pas se retrouver seuls dans leur effondrement mais non désolé l'Allemagne va très bien et elle ira de mieux en mieux. L'Autriche va plutôt bien, la Finlande, le Danemark aussi. La Suède et la Norvège, après les Pays-bas et bientôt la Grande Bretagne, devraient avoir compris maintenant les menaces que font peser sur leur société les mirages du multiculturalisme et prendre les mesures adéquates. Enfin l'Europe de l'Est va pour le mieux merci, Pologne en tête. Seule la France, et la Belgique, quoi qu'il en soit, ont une telle proportion de populations musulmanes et afro-maghrébines sur leur sol si pour vous telle est la principale menace...

Si vos considérations sont plus morales qu'économiques, populationnelles et sociales, alors le point de vue à avoir est différent, car là c'est toute la civilisation occidentale qui est en question, États-unis en tête, son matérialisme exacerbé, sa médiocrité satisfaite, son obsession mémorielle, etc.

Pour finir je vous dirais que je crains que les conséquences de la récession et de la débâcle financière qui ne manquera pas d'arriver sera plus dramatique en France qu'en Espagne ou en Italie par exemple, pour les raisons suivantes:

- une base productive et industrielle plus détériorée, et donc une assiette fiscale en voie de s'effondrer
- le retard inouï sur des réformes attendues depuis 20 ans et l'absence de toute baisse du poids des prélèvements fiscaux et dépenses de l'Etat.
- une surévaluation des prix de l'immobilier supérieure à celle de l'Espagne ou de la Grande Bretagne en 2008
- et surtout un tissu social très très dégradé, un sentiment d'exaspération populaire d'autant plus exacerbé qu'il ne peut s'exprimer sur le plan électoral, sans les solidarités familiales et traditionnelles des pays latins, et l'existence de larges populations immigrées déculturées et incontrôlables, et donc un risque réel de formes d'affrontements violents, pour ne pas dire de guérilla urbaine et de guerre civile.
Mais Verdun, tout de même...
Utilisateur anonyme
01 juin 2013, 22:51   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Cette Allemagne défaite, vaincue, détruite et si inférieure à la France en tout et chaque fois, comme un Phénix, à renaître de ses cendres. Je comprends que ce soit rageant pour le coq gaulois. Il y a un triple miracle allemand que les Français n'arrivent pas à digérer et surtout à comprendre: après 1945, avec la reconstruction d'un pays anéanti, après 1991, avec la réunification et la modernisation d'une Allemagne de l'est ruinée de 19 millions d'habitants; après 2003, avec la mondialisation et la révolution technologique dont l'Allemagne a su prendre le virage gagnant face aux pays émergents.

Plus rien ne peut brimer ou brider l'élan allemand, et surtout pas les donneurs de leçon français. L'Allemagne a payé et elle ne doit plus rien à ses censeurs bien pensants. Une Allemagne plus démocratique et libérale qu'aucun autre pays européen retrouve le rang ou l'élan perdu en 1914 et doit maintenant trouver comment gérer son nouveau statut de puissance dominante du continent. Fernand Braudel (Grammaire des civilisations) n'a jamais dit autre chose. L'Allemagne succède ainsi à ses voisines comme le pays qui rayonne sur l'Europe et irrigue et inspire la culture européenne.

La France a eu son temps de grandeur et de puissance dominante. Son problème est qu'elle n'en accepte pas le terme révolu et d'avoir à remettre le flambeau à une autre, et moins qu'à tout autres à ces cousins issus de germains de l'autre côté du Rhin. L'Allemagne ne fera pas la guerre à la France pour si peu. Elle a, elle, tirée les leçons du passé.... Et puis d'autres chats à fouetter. L'Allemagne est dorénavant l'interlocuteur principal des Etatsuniens ou des Chinois en Europe. La France peut toujours se rabattre sur le Maroc ou le Mali pour faire reluire un peu de son antique lustre et faire sonner les cuivres de ses fanfares militaires....
Pour finir je vous dirais que je crains que les conséquences de la récession et de la débâcle financière qui ne manquera pas d'arriver sera plus dramatique en France qu'en Espagne ou en Italie par exemple, pour les raisons suivantes:

- une base productive et industrielle plus détériorée, et donc une assiette fiscale en voie de s'effondrer
- le retard inouï sur des réformes attendues depuis 20 ans et l'absence de toute baisse du poids des prélèvements fiscaux et dépenses de l'Etat.
- une surévaluation des prix de l'immobilier supérieure à celle de l'Espagne ou de la Grande Bretagne en 2008
- et surtout un tissu social très très dégradé, un sentiment d'exaspération populaire d'autant plus exacerbé qu'il ne peut s'exprimer sur le plan électoral, sans les solidarités familiales et traditionnelles des pays latins, et l'existence de larges populations immigrées déculturées et incontrôlables, et donc un risque réel de formes d'affrontements violents, pour ne pas dire de guérilla urbaine et de guerre civile



Dans ces conclusions, il est probable que bon nombre de nos lecteurs vous rejoignent. Mais le cas français nous réserve encore bien des complexités. Sans avoir vécu en Allemagne -- que je connais tout de même un peu "charnellement", et pour y avoir travailler quelques mois dans ma jeunesse, "au contact des populations" (entreprise Bosch à Stuttgart) --, je crois pouvoir vous dire que là où "les réformes attendues depuis 20 ans" touchant notamment la protection sociale ne sont plus nécessaires, ou ne l'ont jamais été, il faut que la spéculation financière et immobilière prenne le relais de la carotte de la retraite assurée. Et qui dit spéculation -- j'ai aussi vécu, puisqu'il est beaucoup question dans vos billets de "vivre quelque part", dans des territoires et pays où de telles réformes étaient ou sont impensables puisque "prélèvement parafiscaux et dépenses de l'Etat" n'y ont jamais eu droit de cité -- dit krach, éclatement de bulle, crise financière, faillite, bank run, cavalerie et fly by night à l'horizon. La lourdeur française, celle du paquebot géant auquel il faut des heures pour pivoter sur lui-même dans le port, peut aussi avoir du bon : si elle retarde l'embellie, elle amortit le malheur économique qui ne manque jamais de frapper, et qui frappe quand il veut.
"Je vous rappelle que la conquête sanglante et la pacification brutale et criminelle de l'Algérie causa la disparition de la moitié de la population autochtone et que le ressentiment de vos sensibles aujourd'hui se nourrit de ce génocide sans nom. "
Où avez-vous pris ça? chez B. Stora, chez les indigènes de la République ?
Albert Camus, s'il vous lisait, se retournerait dans sa tombe. Même Fanon ( que j'ai connu) n'a jamais avancé une énormité pareille.
Et même si c'était vrai, c'est faire singulièrement bon marché de l'extraordinaire effort médical en direction de la population algérienne produit par France coloniale, effort qui a permis de presque décupler cette population en un temps où celle de la planète augmentait très peu.

Il vous sera, cependant, beaucoup pardonné tant votre diatribre contre la France sent le dépit amoureux.
L'Allemagne succède ainsi à ses voisines comme le pays qui rayonne sur l'Europe et irrigue et inspire la culture européenne.

Vous devriez dire cela plus haut et plus fort, pour mieux le faire entendre à tous ceux, notamment Alain Eytan, qui ont contesté ici ma récente analyse, inspirée d'un roman d'Arthur Koestler, dans laquelle je présente le projet d'Union européenne comme avatar pacifique de l'impérissable projet nazi qui prit corps en 1938 avec l'Anschluss.

Je devrais vous remercier.

pour référence
» Il vous sera, cependant, beaucoup pardonné tant votre diatribre contre la France sent le dépit amoureux

À des sigisbées qui jettent leur dévolu à coup d'arguments de marchand de voitures voulant vous fourguer la carrosserie la plus rutilante, faut voir...
Utilisateur anonyme
02 juin 2013, 02:59   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Francis Marche
L'Allemagne succède ainsi à ses voisines comme le pays qui rayonne sur l'Europe et irrigue et inspire la culture européenne.

Vous devriez dire cela plus haut et plus fort, pour mieux le faire entendre à tous ceux, notamment Alain Eytan, qui ont contesté ici ma récente analyse, inspirée d'un roman d'Arthur Koestler, dans laquelle je présente le projet d'Union européenne comme avatar pacifique de l'impérissable projet nazi qui prit corps en 1938 avec l'Anschluss.

pour référence

Puisque vous abordez le sujet, je vous avouerais avoir vu passer le fil sur Koestler tandis que je voyageais 6 semaines sur la cote Pacifique entre San Francisco et Vancouver (pour voir les géants de l'Internet et de l'informatique et comment se construit là-bas notre avenir, plutôt que de suer en chambre sur les choses du passé) et que les élucubrations que j'y ai vaguement lues et qui suivaient de peu vos théories liminaires fumeuses et démentes quant aux attentats de Boston m'ont fait craindre pour votre raison et votre sens commun. Je vous le dis sans acrimonie et même amicalement. Il m'arrive à moi aussi parfois d'écrire n'importe quoi, quand je suis déprimé ou que je reste trop longtemps dans ma bulle intellectuelle mais mon délire reste bien dans mes notes ou mon journal. Je conseillerais la marche à pied et le plein air dans ces cas là et surtout un sevrage d'Internet et d'éviter la solitude....

Au diable le detestable anachronisme en histoire! On nous avait fait Napoléon fasciste, et bien sur raciste, mais je n'avais encore jamais vu de nazisme éternel, ou impérissable, avant les nazis mêmes, et après eux également, et l'économie monde à la Braudel ramenée à une configuration prefigurant le Reich éternel. Il serait bon peut être d'éviter pour soi même cette incessante reductio ad hitlerium que Renaud Camus reproche à juste titre à la gauche bien pensante. Ou de freiner sur la consommation d'opium...

De convergences et de points communs entre les socialismes rouge, brun, et même socio démocrate et rose, après la guerre rien d'original. L'école de Vienne qui essaima à Chicago, en les personnes de Von Mieses et Frédérick Von Hayek dénonçaient la chose dès 1946 dans ce qui n'était pas de la fiction mais un ouvrage majeur au titre éloquent: The Road to Serfdom. En revanche il n'y a absolument rien de commun, rien, entre une construction européenne qui a pour caractère principal (et comme tares premières) son fondement libéral (et ploutocratique) et le régime national-socialiste qui est tout sauf libéral !!!

L'Allemagne et surtout Stuttgart ont certainement beaucoup changés depuis que vous les avez "visités" dans votre jeunesse, dont vous ne donnez pas la date. Cette méconnaissance de l'Allemagne par les gens de votre génération, et les préjugés à son propos, tranche avec celle précédente, des Raymond Aron, Michel Tournier, Lévy Strauss, et Sartre, tous germanophiles et germanophones et les générations suivantes, dont je suis, nées après le traité de l'Elysee et le début de l'amitié franco-allemande et très curieuses de ses cousins germains.
Utilisateur anonyme
02 juin 2013, 03:51   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Cassandre
"Je vous rappelle que la conquête sanglante et la pacification brutale et criminelle de l'Algérie causa la disparition de la moitié de la population autochtone et que le ressentiment de vos sensibles aujourd'hui se nourrit de ce génocide sans nom. "
Où avez-vous pris ça? chez B. Stora, chez les indigènes de la République ?
Albert Camus, s'il vous lisait, se retournerait dans sa tombe. Même Fanon ( que j'ai connu) n'a jamais avancé une énormité pareille.
Et même si c'était vrai, c'est faire singulièrement bon marché de l'extraordinaire effort médical en direction de la population algérienne produit par France coloniale, effort qui a permis de presque décupler cette population en un temps où celle de la planète augmentait très peu.

Il vous sera, cependant, beaucoup pardonné tant votre diatribre contre la France sent le dépit amoureux.

Vous venez comme un cheveu sur la soupe. Le point soulevé avec monsieur Marche tenait à la question des guerres gagnées et perdues par la France, non de la colonisation et de ses "bienfaits". La guerre de conquête de l'Algerie ne fut en rien glorieuse et ne fit pas honneur aux traditions militaires françaises ne serait-ce que par la disproportion des forces en présence.

Non vraiment de l'amour pour la France ça le fait pas, mais pour la langue francaise et sa culture OUI, et sans dépit aucun, mais pour cela il n'est besoin d'etre français, du reste c'est dans la francophonie que l'on trouve les meilleurs défenseurs du francais... Mais vous êtes délicieuse et tellement française à croire que l'on ne peut faire autrement que d'être transis d'amour pour votre pays. Pardonnez moi d'être indélicat mais votre Weltanschauung se réfère à un passé bien ancien et révolu, quand effectivement tous les esprits éclairés au monde rêvaient de la Françe, aujourdhui c'est bon pour les films de Woody Allen ou les fashion victims chinoises et japonaises, encore un mythe tenace dont les Francais ont du mal à se débarrasser.

Mais vous savez au fond, les guerres mondiales, la colonisation, le nazisme, le fascisme, le communisme, et tout ce qui nous ramène à ces discussions d'anciens combattants je m'en fiche comme de ma dernière chemise. Plutôt que de toujours ressasser le passé, dans un registre obsessionnel ou mémoriel selon le camp, je préfère m'intéresser au présent et au futur.

Il serait bon que les anciens combattants eux mêmes renouvellent quelquefois leurs connaissances et renouvellent leur logiciel, sauf votre respect. L'âge n'est pas en question mais l'adaptation à un monde en changement rapide et à des nouveaux savoirs. Ainsi typiquement monsieur Marche s'élance comme un cheval fougueux dans la défense de la colonisation à la française versus les piètres performances coloniales allemandes alors que depuis les travaux de Jacques Marseille la démonstration est faite que la France a payé un prix exhorbitant en termes de ponction financière et de retard economique et industriel ses aventures coloniales, et probablement elle le paya aussi par son retard sur l'Allemagne...
Utilisateur anonyme
02 juin 2013, 04:01   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Francis Marche: - je crois pouvoir vous dire que là où "les réformes attendues depuis 20 ans" touchant notamment la protection sociale ne sont plus nécessaires, ou ne l'ont jamais été, il faut que la spéculation financière et immobilière prenne le relais de la carotte de la retraite assurée. Et qui dit spéculation -- j'ai aussi vécu, puisqu'il est beaucoup question dans vos billets de "vivre quelque part", dans des territoires et pays où de telles réformes étaient ou sont impensables puisque "prélèvement parafiscaux et dépenses de l'Etat" n'y ont jamais eu droit de cité -- dit krach, éclatement de bulle, crise financière, faillite, bank run, cavalerie et fly by night à l'horizon.

Voilà par exemple des phrases qui n'ont aucuns sens, soit que vous usiez de raccourcis incompréhensibles soit que vous ayez perdu le sens commun.

Sur ce, je retourne à une autre hibernation de 6 mois. J'ai assez écrit en deux jours pour que l'on me fasse grâce de ne plus poursuivre sur ce fil pour un nouveau semestre surtout compte tenu de la haute tenue intellectuelle de mes interlocuteurs, à part monsieur Marche, vous avez ce mérite d'aimer débattre et vous serez probablement le dernier à dire des choses intelligentes, mêmes si insensées, sur ce site sur lequel je ne vois plus guère les contributions de la DG....
Décidément, dès qu’on tourne le dos...
Traduction à l'intention de l'Hibernateur Germanophile : dans les sociétés où les régimes de protection sociale, et notamment les régimes de retraite par répartition, n'existent point, soit qu'ils aient subi des réformes en profondeur, soit qu'ils n'aient jamais existé, se développent des stratégies de capitalisation privée, par l'actionnariat, la spéculation immobilière et le boursicotage qui viennent doubler les dispositifs de solidarité tribale (les tontines, le prêt privé non conventionné tels qu'on les trouve dans les sociétés d'Asie orientale, voire dans le mode méditérranéen), et parfois se substituer à eux.

Or ces modes de capitalisation, très prisés en Asie (Japon, Hong-Kong, Singapour, Thaïlande, Indonésie etc.), créent des flambées spéculatives entraînant des bulles immobilières, qui, infailliblement, finissent par éclater brutalement, en étant immédiatement suivies de crises boursières et bancaires, accompagnées de phénomènes d'assèchement du crédit. Tel fut le scénario, typique à cet égard, de la Crise asiatique qui s'ouvrit en 1997 et qui dura quatre ans; dans le cas japonais, le marasme qu'elle causa dura quinze ans environ. Dans les régimes de surprotection sociale, tel qu'en offre un exemple le système français, la rapidité d'évolution de ces crises, leur nature brutale et dévastatrice, leur amplitude se trouvent amoindries par les coussins régulateurs qu'assurent les protections sociales et le caractère collectif des dispositifs de sécurité sociale, qu'il serait grand temps de réformer selon l'Hibernateur Germanophile.

Concernant le reste, soit l'essentiel qui nous occupe aujourd'hui : la construction européenne qui révèle de jour en jour davantage ses racines plongées dans les ambitions germaniques les plus profondes, telles que nous les a révèlées notre investigation koestlérienne : Naguère comme aujourd'hui, s'affirme encore et toujours la même entièreté (la wholeness de Popper) de la vision euro-germanique : si l'Europe ne peut avoir sa Race des Seigneurs, alors l'Europe doit être sans races aucunes (a-racisme moderne). Philosophie de sale gosse.
A propos de ce débat qui anime le Forum sur l'expatriation, on lira avec intérêt la nouvelle entrée du Nouveau Dictionnaire de la Langue Française (site Nouvelle Langue Française), où les acceptions des mots Refuge / Réfugiés sont analysées. Pour ma part, je conçois que l'on émigre et me refuse à moraliser sur la question, à faire la leçon. Je voudrais rappeler seulement ce qu'a de tragique une telle décision quand on la prend inconsidérément, et non pour sauver sa vie : en effet, l'émigré ne pourra jamais retourner chez lui, retrouver la patrie qu'il a quittée. Elle aura changé sans lui, vécu sans lui, évolué sans lui. Etranger en terre étrangère, il doit savoir qu'il reviendra dans son pays, s'il revient, pour s'y retrouver étranger en terre étrangère. L'exil n'est pas pour rien, dans certains systèmes juridiques, une peine, aussi grave et définitive que la mort. L'ironiste Voltaire, le citoyen du monde Voltaire, trouve des accents émouvants dans ce passage de L'Ingénu où son héros rencontre des huguenots sur le départ : "Quand il fut à Saumur, il s'étonna de trouver la ville presque déserte, et de voir plusieurs familles qui déménageaient. On lui dit que, six ans auparavant, Saumur contenait plus de quinze mille âmes, et qu'à présent il n'y en avait pas six mille. Il ne manqua pas d'en parler à souper dans son hôtellerie. Plusieurs protestants étaient à table : les uns se plaignaient amèrement, d'autres frémissaient de colère, d'autres disaient en pleurant :
... Nos dulcia linquimus arva,
Nos patriam fugimus
...
L'Ingénu, qui ne savait pas le latin, se fit expliquer ces paroles, qui signifient : Nous abandonnons nos douces campagnes, nous fuyons notre patrie." (chapitre 8)
Je remarque ici que personne ne se réjouit de partir, ni n'accable la patrie, ou même le Roi qui se querelle avec le Pape. C'est le chagrin qui domine.
"Sur ce, je retourne à une autre hibernation de 6 mois. J'ai assez écrit en deux jours pour que l'on me fasse grâce de ne plus poursuivre sur ce fil pour un nouveau semestre surtout compte tenu de la haute tenue intellectuelle de mes interlocuteurs, à part monsieur Marche"

Monsieur, personne n'ayant manqué de coutoisie à votre égard, je trouve déplacée votre ironie désobligeante à l'égard des habitués de ce forum (même si nous sommes tous d'accord ici pour reconnaître la valeur hors norme de Francis Marche ) comme j'ai trouvé choquant le ton supérieur et cassant que vous avez utilisé dans vos analyses.

Bon vent !
Cher Henri,

Comment traiter l'expatriation, dans ce schéma-là ? Francis est le type même de l'expatrié qui est plus Français que bien des résidents français.
En revanche il n'y a absolument rien de commun, rien, entre une construction européenne qui a pour caractère principal (et comme tares premières) son fondement libéral (et ploutocratique) et le régime national-socialiste qui est tout sauf libéral !!!

Pouvez-vous faire l'effort de concevoir qu'un projet, un objectif peut être poursuivi de manière alternée par une mobilisation de moyens qui, d'une phase à l'autre de cette alternance, en effet, n'ont absolument rien de commun ? Est-ce là pour vous une "vision démente" de l'histoire qui ne saurait germer que dans un esprit insuffisamment aéré ?

J'étais à Stuttgart en 1979.
Ce que l'on peut reprocher à cette Allemagne rhénano-bavaroise "qui avance", c'est de mener une politique économique, aidé en cela par les institutions européennes qu'elle contrôle, contraire à toutes les règles de bienveillance à l'égard de ses voisins. Stratégiquement, pour ceux qui défendent les intérêts d'une Europe qui ne soit pas dirigée par la seule force économique, une alliance privilégiée entre la France & l'Italie serait judicieuse. L'axe Paris-Rome pourrait être un contrepoids d'importance à la domination de cet Allemagne-là sur l'Union européenne, bien qu'il faille admettre qu'un tel axe soit fort improbable à courte vue.

Au passage je regrette que ce soit l'Allemagne rhénano-bavaroise qui soit celle "qui avance". Il y a peut-être là la source des problèmes que rencontre la construction européenne. Monsieur Marche n'a d'ailleurs pas tort d'y voir un lien avec Hitler. On peut encore faire un autre lien, par opposition : l'Allemagne qui recule, qui a été vaincue, est l'Allemagne prussienne (cf. les conjurés du 20 juillet 1944 qui se prévalaient de l'esprit prussien). Pour remonter au pied de la source, d'après Venner cette mise à mort de l'Allemagne prussienne fût entreprise par le IIème Reich avant d'être parachevée par le IIIème Reich d'Hitler.

*



(Dîner au château de Sans-Souci à Posdam. Conversation animée autour de Frédéric II. Voltaire se penche vers lui. Le français était la langue du roi qui réservait l'allemand à ses chevaux.)

Est-ce que notre ami Stephan Montfort croit lui-même en son propos ?
Cette vision d'un avenir radieux, mâtiné de technologie et d'informatique maintenant, avec son économie florissante et cette jeunesse du monde enthousiaste, n'est-ce pas justement le sentiment de la vie qui ne sied en rien avec ce que l'on voit - en Allemagne et ailleurs ?
Comment un tel (pseudo) optimisme est-il il possible ?
Ou bien, sommes-nous tous fous, ici, parce que gagnés et gangrenés sans le savoir par un climat malsain, qui dresse un étrange brouillard entre le monde radieux et nous ?
Citation
Loïk Anton
Est-ce que notre ami Stephan Montfort croit lui-même en son propos ?
Cette vision d'un avenir radieux, mâtiné de technologie et d'informatique maintenant, avec son économie florissante et cette jeunesse du monde enthousiaste, n'est-ce pas justement le sentiment de la vie qui ne sied en rien avec ce que l'on voit - en Allemagne et ailleurs ?
Comment un tel (pseudo) optimisme est-il il possible ?
Ou bien, sommes-nous tous fous, ici, parce que gagnés et gangrenés sans le savoir par un climat malsain, qui dresse un étrange brouillard entre le monde radieux et nous ?

La croissançôlatrie fait encore des émules. La conviction que la France et ses Français Nouveaux seront sauvés en prospérant de la même manière que les Allemands et les Asiatiques - en exportant tout plein de machines-outils et des écrans plats? - est désarmante. Le salut par la compétitivité retrouvée...
Que l'Allemagne ait pris une longueur générationnelle d'avance (vingt-cinq ans) dans l'économie et l'industrie et voilà un chantre de sa réussite qui reproduit à la lettre l'hubris germanique du flambeau européen, cette fois portée par un discours sur l'économie qui aurait pu être écrit il y a exactement vingt-cinq ans, en 1988, au sommet de la décennie Reagan-Thatcher, avant que tout ça ne s'effondre dans la succession des "crises" (crise du système monétaire européen en 1993, crise asiatique de 1997, marasme boursier de 2000-2001, encanaillage général du système bancaire en 2008, etc.) cycliques, prévisibles et abondamment glosées. Et c'est à NOUS que l'on vient dire que "nous n'apprenons rien de l'histoire" et que nous n'entendons rien au glorieux passage du flambeau de l'Europe, événement parfaitement apollinien, totalement inédit dans l'histoire de ce continent, et très certainement que personne, avant Mme Merkel, n'avait jamais envisagé ou rêvé outre-Rhin, et surtout pas un petit bonhomme à moustache qui portait si beau en lederhosen !
Citation
Renaud Camus
Décidément, dès qu’on tourne le dos...

Il semblerait que cette manie de mettre un point final au titre soit tenace. Que voulez-vous, votre advertance est irremplaçable.
Poisons et délices du fait de tourner le dos...
Utilisateur anonyme
02 juin 2013, 18:30   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
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Cassandre

Monsieur, personne n'ayant manqué de coutoisie à votre égard, je trouve déplacée votre ironie désobligeante à l'égard des habitués de ce forum (même si nous sommes tous d'accord ici pour reconnaître la valeur hors norme de Francis Marche ) comme j'ai trouvé choquant le ton supérieur et cassant que vous avez utilisé dans vos analyses.

Bon vent !


Ma chère dame, en aucuns cas je ne suis discourtois. Je dis que les interlocuteurs de ce forum, réduits comme une peau de chagrin à un carré d'épigones, et à quelques individualités près, professent des platitudes, ou se contentent d'apostropher leurs contradicteurs sans argumenter sur le fond ou en énonçant des bêtises plus grosses qu'eux.

Je ne leur intime pas de se taire, car je reste démocrate, mais je ne me priverais pas de leur rappeler que toutes les opinions ne se valent pas et qu'il conviendrait quelquefois que l'on se taise, quand on ne sait pas, une sorte de coitus interruptus oratoire, pour que les opinions éclairées puissent avoir quelques chances de se faire entendre au milieu du magma de l'hyperdémocratisme des idées.

L'égalitarisme nous révulse mais soyons clair il prend sa source dans le poison égalitaire lui-même, en particulier dans l'expression libre et anarchique des opinions, sans ces freins qu'étaient dans les sociétés hiérarchiques la bienséance ou la conscience exacte de soi.

Je crois en l'élitisme et au gouvernement des meilleurs, en fait au régime aristocratique, et en ce sens là je suis parfaitement conforme à mon éthique libérale et même à la méritocratie républicaine, et à l'école du même nom qui n'est en rien, contrairement à ce que dit la doxa, égalitaire.

Monsieur Camus n'a certes pas ma brutalité mais il n'en pense pas moins en terme d'élitisme et de sélection. Relisez vos textes madame. Qu'est ce que le règne des héritiers et de la bourgeoisie (on ne parle pas de noblesse héréditaire ici vous l'aurez compris) si ce n'est le gouvernement des meilleurs tel que conçu par la tradition et le mérite ?

Bon vent, c'est ce que l'on dit aux marins. Ça tombe bien car je suis un adepte des sports nautiques, aussi bien à voile et à vapeur du reste (et des sports de montagne, ah si vous pouviez voir mon beau piolet !). C'est Socrate ou Aristote qui disait: "il y a les marins et puis les autres", les autres qui restent au port, les peureux, les pleutres, les effarouchés, les sensibles... CQDF...
"Je dis que les interlocuteurs de ce forum, réduits comme une peau de chagrin à un carré d'épigones, et à quelques individualités près, professent des platitudes, ou se contentent d'apostropher leurs contradicteurs sans argumenter sur le fond ou en énonçant des bêtises plus grosses qu'eux. "

"C'est Socrate ou Aristote qui disait: "il y a les marins et puis les autres", les autres qui restent au port, les peureux, les pleutres, les effarouchés, les sensibles... CQDF..."

Si c'est de la courtoisie alors qu'est-ce que ça doit être quand vous êtes discourtois !
Utilisateur anonyme
02 juin 2013, 18:43   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
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Francis Marche
Traduction à l'intention de l'Hibernateur Germanophile : dans les sociétés où les régimes de protection sociale, et notamment les régimes de retraite par répartition, n'existent point, soit qu'ils aient subi des réformes en profondeur, soit qu'ils n'aient jamais existé, se développent des stratégies de capitalisation privée, par l'actionnariat, la spéculation immobilière et le boursicotage qui viennent doubler les dispositifs de solidarité tribale (les tontines, le prêt privé non conventionné tels qu'on les trouve dans les sociétés d'Asie orientale, voire dans le mode méditérranéen), et parfois se substituer à eux. .

Ceci est un tissu d'inepties. L'économie n'est pas votre fort. Vous n'avez jamais entendu parler du krach de la tulipe au 17e, du krach de la banque Law au 18e et des multiples et réguliers krachs financiers qui rythment la vie du capitalisme bien avant tout système de protection sociale, au point que tout un pan de la théorie économique se nomme la théorie des cycles (Kondratieff,...) et que la théorie keynésienne dite de l'équilibre général vise justement à l'atténuation de ces cycles ? La spéculation, les bulles spéculatives et les krachs sont inhérents au capitalisme
Krach... n'est-ce pas un mot allemand ?
Citation
Stephan Montfort
C'est Socrate ou Aristote qui disait: "il y a les marins et puis les autres", les autres qui restent au port, les peureux, les pleutres, les effarouchés, les sensibles...

La citation que l’on trouve habituellement est « Il y a trois sortes d'hommes, les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer. » et elle n’a pas du tout le sens que vous lui donnez…
Utilisateur anonyme
02 juin 2013, 19:28   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
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Henri Bès
Pour ma part, je conçois que l'on émigre et me refuse à moraliser sur la question, à faire la leçon. Je voudrais rappeler seulement ce qu'a de tragique une telle décision quand on la prend inconsidérément, et non pour sauver sa vie : en effet, l'émigré ne pourra jamais retourner chez lui, retrouver la patrie qu'il a quittée. Elle aura changé sans lui, vécu sans lui, évolué sans lui.

Pour certains dont je suis, le départ fut une joie et un soulagement pour ne pas dire une libération, et je suis certains qu'il en est ainsi de tous les opprimés dans leur pays, ainsi de certains de mes aïeux parpaillots qui avaient déjà pris le chemin de l'Allemagne.

Assimiler départ volontaire et exil contraint est aussi faire peu de cas des découvreurs et explorateurs et de toute la littérature d'épopée. J'aime beaucoup les Portugais et l'âme portugaise pour ça, c'est un peuple d'aventuriers, ils ont été les premiers à partir découvrir le monde et ils ont façonné une facette la civilisation européenne. Les Lusíadas de Camões est un des chefs d'œuvre de la littérature universelle, et se range dans la lignée de l'Odyssée, de Perceval ou du Livre des rois de Firdusi, et il n'y a rien de tragique dans le départ de ces conquérants.

Comme on sait, il n'est que depuis très récemment que la France est devenue une terre d'émigration, ce qui lui coûta naguère ses possessions coloniales américaines face à l'Angleterre. Il reste dans le fort intérieur français l'assimilation du départ à une déchirure.

J'ai pris soin du reste de mentionner que je ne me suis rendu compte que plus tard, en constatant le fossé entre moi et mon pays de naissance, de ce qui était en fait un exil idéologique. Sur le moment je suis parti soulagé et heureux.

Plus que le départ, je crois que le retour d'exil est finalement pire, car la déception est au rendez vous. C'est exactement ce que l'on nomme "les larmes d'Ulysse" et que l'on trouve exprimer dans Kundera dans un contexte moderne. J'ai moi aussi expérimenté cette sensation brise-cœur d'une rupture et d'une perte irrémédiable quand je suis retourné là ou je suis né et que tout était changé, pour le pire, ou ce choc que fut pour moi par exemple d'entendre après plusieurs années de sevrage les journalistes de la télévision française s'exprimer dans ce qui semble être la nouvelle façon de prononcer le français (intonation, débit, ton, accentuations) et qu'Élise Lucet a la première expérimenté, il me semble, un idiome qui semble fait pour des demeurés et des débiles, et à tout le moins un peuple infantilisé et dont Hollandouille 1er donne une autre illustration magistrale.
Utilisateur anonyme
02 juin 2013, 19:45   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
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Benoît Kammerer
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Stephan Montfort
C'est Socrate ou Aristote qui disait: "il y a les marins et puis les autres", les autres qui restent au port, les peureux, les pleutres, les effarouchés, les sensibles...

La citation que l’on trouve habituellement est « Il y a trois sortes d'hommes, les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer. » et elle n’a pas du tout le sens que vous lui donnez…

Quand on enlève les morts avec lesquels ni vous ni moi n'avons l'honneur d'interagir ou de converser, il reste quoi, les marins et les autres vivants, ceux qui se contentent de vivre et de survivre.... Pardonnez moi d'avoir offert une version expurgée de la pensée aristotélicienne....
Ecoutez Monfort, vous me fatiguez. L'économie n'est pas plus mon fort (Monfort), ou pas moins, que tout ce qui n'est pas elle. En quoi ce que je vous dis des cycles des crises économiques qui ont secoué le monde industrialisé depuis 1993 se trouve-t-il invalidé par ma méconnaissance supposée du krach des bulbes de tulipe au 17e ? Par quel argument étayez-vous ce verdict sur mon propos: tissu d'inepties ? Je vous dis que votre discours exalté sur la réussite économique allemande actuelle, laquelle vous interprétez très subjectivement, et romantiquement (mais d'un romantisme horriblement tardif et dégradé) comme signe d'une "reprise du flambeau européen" par Berlin est pathétiquement naïf, et j'appuie mon dire sur deux ordres de considérations: le fil historique de la construction européenne qui remonte au IIIe Reich (en dehors de tout stigmate attaché au nazisme, cette filiation atteste l'absence de toute nouveauté du phénomène qui vous exalte) d'une part; la triste ordinarité de la "réussite allemande" qui s'inscrit dans la morne suite des sauts de carpe moribonde qui, alternés aux périodes de crises et dépressions, secouent le capitalisme Volswagen en Europe depuis déjà un petit demi-siècle, d'autre part.

Lire sous votre plume auguste que les solutions keynesiennes aux trous d'air du capitalisme industriel sont porteuses d'avenir me rassure un peu sur ma nullité en économie; ce "rassure" est celui de l'expression quand je me regarde dans la glace je m'inquiète, quand je vois les autres, je me rassure.

Il se trouve que le magazine Causeur a publié un dossier le mois dernier sur l'Allemagne, qui a de quoi doucher votre enthousiasme sur la réussite économique et politique apparente, en fait très conjoncturelle, de ce pays et les solutions keynesiennes en général.
Utilisateur anonyme
02 juin 2013, 20:27   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Ce coup-ci je pars pour de bon, pour une autre hibernation de six mois, sans oublier auparavant le coup de pied final de l'âne, ou de l'aigle germanique, au coq gaulois, son cousin de plus en plus éloigné, et ainsi me faire détester davantage, comme il se doit pour tout bon Allemand en pays de France....

Mais un doute me taraude. Quels peuples parmi leurs voisins les Français ne détestent-ils pas ?

Ennemi héréditaire: divers et nombreux, se dit au pluriel, dans la langue de Molière, successivement Anglais, Espagnols puis derechef Anglais et enfin les Allemands... les méchants, méchants et vilains prussiens et nazis d'Allemands avec ces pauvres Français....

Je me répète certes mais j'ai la complaisance d'aimer la fulgurance de ma formule:

Des trois conflits de la France contre l'Allemagne, le premier fut une raclée, le deuxième un suicide d'exaltés en pantalons garance dont des alliés avisés ont permis d'atténuer les effets, le troisième une humiliation sans nom suivi d'une renaissance de quelques temps fondée sur des mythes et des mensonges...
Dans ce cas, comment qualifier 1918 et 1945 pour l'Allemagne ? Dire des conneries avec assurance ne les transforme pas en vérités.
Utilisateur anonyme
02 juin 2013, 21:13   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Cassandre
"Je dis que les interlocuteurs de ce forum, réduits comme une peau de chagrin à un carré d'épigones, et à quelques individualités près, professent des platitudes, ou se contentent d'apostropher leurs contradicteurs sans argumenter sur le fond ou en énonçant des bêtises plus grosses qu'eux. "

"C'est Socrate ou Aristote qui disait: "il y a les marins et puis les autres", les autres qui restent au port, les peureux, les pleutres, les effarouchés, les sensibles... CQDF..."

Si c'est de la courtoisie alors qu'est-ce que ça doit être quand vous êtes discourtois !

Quoique j'éprouve quelques scrupules à m'acharner inutilement, je ne résiste pas a l'envie de vous répondre pour mettre un point final à mes interventions ici.

Je suis d'une infime courtoisie au sens du 18eme siècle, tout particulièrement à l'égard du beau sexe, consistant à dire à une femme disgracieuse qu'elle a beaucoup d'esprit et à une femme qui professe des sottises, qu'elle est est délicieuse et charmante.

Mais si vous entendez que je ne suis pas courtois au sens de sympa, effectivement je me plais à être l'affreux jojo antipathique contre l'idéologie molle et châtrée du sympa.
Vous avez tout de même certains progrès à faire, par exemple savoir ce que les mots "hibernation" et "point final" signifient.
» et que la théorie keynésienne dite de l'équilibre général vise justement à l'atténuation de ces cycles

Pardon, mais la théorie dite de "l'équilibre général" n'est-elle pas due en premier lieu à Walras, complétée ensuite par la "loi de l'équilibre" de Say, et n'est-ce pas justement l'idée contenue dans ces théories, à savoir qu'il pourrait exister un système économique capable d’auto-redressement spontané et de retour à l'équilibre, que Keynes combattit, en voulant démontrer le terrible coût humain de ce supposé équilibre des économistes néo-classiques ?
Utilisateur anonyme
02 juin 2013, 22:29   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Alain Eytan
» et que la théorie keynésienne dite de l'équilibre général vise justement à l'atténuation de ces cycles

Pardon, mais la théorie dite de "l'équilibre général" n'est-elle pas due en premier lieu à Walras, complétée ensuite par la "loi de l'équilibre" de Say, et n'est-ce pas justement l'idée contenue dans ces théories, à savoir qu'il pourrait exister un système économique capable d’auto-redressement spontané et de retour à l'équilibre, que Keynes combattit, en voulant démontrer le terrible coût humain de ce supposé équilibre des économistes néo-classiques ?

Dont acte, absolument, ma langue a fourché, La théorie générale de Keynes est celle d'un déséquilibre général cependant que les politiques keynésiennes visent bien à rétablir cet équilibre. On oublie que Keynes était un libéral. On trouve du reste la formulation d'un nouvel équilibre général dans une perspective keynésienne dite de la synthèse néo-classique chez Samuelson.
On se croirait dans un opéra italien...
"Je n'aime pas ce que la France est devenu parce que j'aime ce qu'elle était autrefois."

L'Allemagne s'est profondément remise en question et a tourné la page des 80 années (1865-1945) de son bellicisme, de son expansionnisme et de ses crimes. Son unité en supplément, elle a retrouvé ce qu'elle est depuis mille ans, une nation paisible, libérale et pacifique de travailleurs consciencieux et fiers, de bons bourgeois prudents et avisés, d'érudits passionnés et dévoués, d'esthètes romantiques et rêveurs.

Comme l'attestent ces deux extraits, vos propos sont contradictoires : vous dites aimer le passé de la France mais vous ne cessez en même temps de le calomnier en refusant, par exemple, à la France le mode de jugement que vous réservez à l'Allemagne, à savoir que hormis 80 années funestes, la civilisation de cette dernière a été "globalement positive", ce qui est sans doute vrai, mais ce qui est vrai aussi de la France en général et de la colonisation, en particulier, laquelle a eu des effets globalement positifs hormis, peut-être, en effet, les premières années de la conquête et encore ...

Je suis étonnée, d'ailleurs, qu'à une époque où tout le monde s'envoie nombre de massacres et de génocides à la figure en faisant le décompte des victimes, aucun chiffre global n'est jamais donné pour ceux de la colonisation pourtant si dénigrée . Il me semble que la raison en est que de toutes les grandes entreprises "idéologiques" de l'histoire : islamisme, nazisme, communisme, (entre autres) la colonisation française est de très loin la moins meurtrière tout en étant la moins négative. Les tueries à mettre à son compte doivent paraître si dérisoires en comparaison des quarante millions de morts du nazisme et surtout des cent millions de morts du bolchevisme, que la gauche et surtout la gauche communiste n'a aucun intérêr à en faire état. En revanche elle voudrait faire passer la colonisation pour un crime contre l'humanité afin de faire oublier les crimes autrement plus nombreux et plus révoltants du socialisme à travers le monde..
Pour Stephan Monfort

Il me semble que vous agglutinez deux choses : la position politique et la position idéologique.

La cause de l'affaiblissement définitif du saint-empire est la réforme, et ce n'est pas François I qui l'a provoqué ...
François I a d'ailleurs échoué dans toutes ses tentatives de desserrer l'emprise personnelle des Habsbourg, car tel était le problème initial : le problème n'était pas le saint-empire, mais le fait qu'un seul homme avait en sa souveraineté plus de la moitié de l'Europe, sauf vraisemblablement celle auquel il tenait le plus, à savoir la Bourgogne ....
Ensuite, les petits jeux de Richilieu/Mazarin et Louis XIV ne sont pas nets du tout, mais vous ne pouvez pas lui imputer tous les massacres de la Guerre de Trente ans.

En 1789, la question politique était réglée : l'Alsace était acquise et la Lorraine avait été échangée contre l'élection impériale de son ancien duc. Le mouvement qui avait commencé juste après le partage de Verdun était terminé : toutes les parties romanes de la "Lotharingie" - sauf la "wallonie" et la suisse romane - étaient revenues à la seule France, plus quelques pays germaniques frontaliers et une seule région.

Pour ce qui est de la position idéologique, la révolution est par nature non seulement anti-chrétienne mais aussi anti-germanique , ce que ne pouvait pas être, et n'était assurément pas, le "regnum francorum". Et je ne développerais pas plus, tellement la chose transpire de partout.

Mais, me direz vous, en quoi tout cela concerne l'Allemagne elle-même ? L'Allemagne ayant été agressée physiquement et idéologiquement par la France, elle a réagi en faisant de cela un tout. Et à sa place, nul n'aurait fait autrement.

Bref : l"étrangement" franco-germanique (Entfremdung/Entfernung) a une Histoire. Et autand les différents politiques peuvent toujours se régler - ils l'avaient été - autand nul ne peut régler la volonté mortifère de balayer la fondation imbriquée de la France et de l'Allemagne : non seulement il n'y a pas de France sans les Francs, mais il n'y a pas non plus d'Allemagne sans eux.

L'Europe avait deux piliers : ce Royaume et cet Empire, et ils se sont fracassés l'un sur l'autre, et avec eux, l'Europe.

Et puisque l'on parle de "Barbare" :

Bien sûr, ce n'est pas la Seine,
Ce n'est pas le bois de Vincennes,
Mais c'est bien joli tout de même,
A Göttingen, à Göttingen.

Pas de quais et pas de rengaines
Qui se lamentent et qui se traînent,
Mais l'amour y fleurit quand même,
A Göttingen, à Göttingen.

Ils savent mieux que nous, je pense,
L'histoire de nos rois de France,
Herman, Peter, Helga et Hans,
A Göttingen.

Et que personne ne s'offense,
Mais les contes de notre enfance,
"Il était une fois" commence
A Göttingen.

Bien sûr nous, nous avons la Seine
Et puis notre bois de Vincennes,
Mais Dieu que les roses sont belles
A Göttingen, à Göttingen.

Nous, nous avons nos matins blêmes
Et l'âme grise de Verlaine,
Eux c'est la mélancolie même,
A Göttingen, à Göttingen.

Quand ils ne savent rien nous dire,
Ils restent là à nous sourire
Mais nous les comprenons quand même,
Les enfants blonds de Göttingen.

Et tant pis pour ceux qui s'étonnent
Et que les autres me pardonnent,
Mais les enfants ce sont les mêmes,
A Paris ou à Göttingen.

O faites que jamais ne revienne
Le temps du sang et de la haine
Car il y a des gens que j'aime,
A Göttingen, à Göttingen.

Et lorsque sonnerait l'alarme,
S'il fallait reprendre les armes,
Mon cœur verserait une larme
Pour Göttingen, pour Göttingen.
Pour Stephan Monfort

"Ce coup-ci je pars pour de bon, pour une autre hibernation de six mois, sans oublier auparavant le coup de pied final de l'âne, ou de l'aigle germanique, au coq gaulois, son cousin de plus en plus éloigné, et ainsi me faire détester davantage, comme il se doit pour tout bon Allemand en pays de France..."

Je comprends ce que vous ressentez.
Mais voyez comment les choses tournent faute de revenir correctement à l'origine.
Autand le Heilige Römische Reich peut revendiquer un Aigle, autant ce "coq gaulois" n'existe pas ...

Quand un Français veut faire la Paix avec un Allemand, il vont visiter d'abord la cathédrale de Reims, et ensuite Aix et sa Chapelle.
Pour Francis Marche

"A propos, si la France n'a fait que perdre des guerres pendant cent-cinquante ans, comment expliquez-vous que, pendant ces periodes de belligérance, elle se soit constitué un empire sur trois continents ?"

Merveilleux empire, en vérité .... Tout ce dont la Grande-bretagne ne voulait pas ...


"Comment rendre compte du fait que la France ait été, de toutes les nations occidentales la seule à pouvoir vaincre militairement et à imposer sa domination coloniale sur certains peuples parmi les plus fiers et les plus rétifs qui soient à la soumission, au Maghreb notamment, si l'on doit vous suivre dans votre raccourci synthétique taillé dans la masse ? "

Là, c'est un peut trop. Vaincre les peuples les plus techniquement retardés n'est pas très difficile, même si, comme dans toute guerre, on y laisse des morts. Il était autrement plus difficile de vaincre des Européens, et la chair à pater importée d'Afrique, envoyée sur le Rhin en première ligne, n'y a pas suffit, à ce que l'on sait.

"Comment se fait-il que l'Allemagne, qui sait si bien faire la guerre, n'ait jamais même tenté de coloniser ces contrées?" .

La "vraie" droite, celle qui regarde Bonaparte pour l'étranger qu'il est - et certes pas pour le fils adoptif de Childeric, comme il avait l'outrecuidance de le prétendre en s'affublant de ses abeilles - , vous le direz bien : l'Allemagne n'a pas de colonies. Et elle en avait pas, parce qu'elle n'en avait pas besoin pour se prouver, ou pour prouver au monde son existence. Pendant que la "grande nation" faisait l'andouille, l'Allemagne inondait l'Europe de son génie.
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Je sais que vous êtes un patriote, et ne doutez pas que le sois aussi : tout ce sang, toute cette énergie, dépensée en pure perte ! Mais je m'en tiens à la Vérité, et je répète avec Pierre Chaunu :

"C'est entre 1789 et 1815 que tout s'est joué: joué, mal joué et perdu. ... Le bilan de ce tournant mal négocié, ... il est facile de constater, irréfutable, de noter que le décrochement est là, bien là, et pas ailleurs. ... La France perd définitivement la première place et toutes les chances de la retrouver, mais elle reste pour un temps au deuxième rang de l'équipe européenne. Avant de rétrograder de plusieurs rangs au XIXe et au XXe... La France reste seconde en 1815. On ne peut en vingt ans dilapider totalement l'avance d'un millénaire!"

Par contre, en deux siècles, on a largement le temps de dilapider l'avance d'un millénaire ....

Et en moins de 100 ans, on peut même remplacer un peuple par un autre, sans tirer un seul coup de fusil ....
Pour stephan Monfort

Des trois conflits de la France contre l'Allemagne, le premier fut une raclée, le deuxième un suicide d'exaltés en pantalons garance dont des alliés avisés ont permis d'atténuer les effets, le troisième une humiliation sans nom suivi d'une renaissance de quelques temps fondée sur des mythes et des mensonges...

Je souscris à cette formule ...
Sauf que vous avez oublié le premier conflit, qui est la cause de tout.

Même vous, qui êtes avisé, oubliez le principal, parce que pendant que l'on faisait gober aux enfants de la soi-disant république une histoire délirante, on faisait gober, à Göttingen, que Bismark avait inventé l'Allemagne.

Pour qu'il y ait un 3e reich, il faut bien démolir le 2e. Mais pour qu'il y ait eu un 2e reich, il "fallait' bien démolir le tout premier, le fameux, et le seul qui ait jamais duré 1000 et 6 ans.

Qui détruit le Saint-Empire est la véritable cause de l'Empire malsain.
Il est remarquable que vous citiez Pierre Chaunu, qui dans son ouvrage Histoire et décadence (1982) cite ...Arthur Koestler en s'arrêtant au concept de paedomorphose, soit un "reculer pour mieux sauter" (en français chez Koestler), s'agissant des fausses décadences, notamment celle du moment épipaléolithique. Chaunu lecteur de Toynbee et usant de ce concept koestlerien à plusieurs reprises dans son livre, apporte ces conclusions sur la décadence, qui paraissent résumer sa pensée sur le sujet :

Dans l'histoire d'après l'Ecriture, et avant le temps présent que nous chercherons à déchiffrer à nouveau, le moment venu, je ne vois guère que trois moments qui peuvent répondre à la définition proposée d'une décadence objective : Rome, bien sûr, l'Amérique indienne de la Conquista et plusieurs moments que je perçois mal de l'histoire de la Chine. Rome seule et la civilisation antique allient tous les indices. Rome est bien la décadence référante. L'Amérique est, sans doute, la plus brutale, la plus cruelle... celle qui s'est soldée par une perte totale, définitive, irréparable, un reculer pour mieux disparaître, un reculer pour mieux disparaître, un reculer avec saut dans le vide, un processus de recul sans paedomorphose.

En dehors de ces deux décadences, la référante et l'objective, je ne vois que des décadences partielles, que des moments dans un processus de croissance. A condition de faire à la Chine une place à part.


De Gaulle avait coutume, pendant la seconde Guerre Mondiale, de faire valoir auprès de alliés américains, avant que ceux-ci de se déclarassent, l'argument selon lequel la France face à l'hitlérisme ne se battait pas seulement pour elle mais pour le salut de l'ensemble du monde libre, et qu'il n'était donc que logique que la France Combattante souhaitât voir l'ensemble du monde libre se mobiliser avec elle pour joindre ses efforts aux siens.

Dans sa conquête de l'Algérie lancée militairement en 1830 la France de Charles X se trouvait dans une situation, au regard des intérêts et des alliances, qui pouvait s'apparenter à celle de la France Combattante de De Gaulle : combattre pour l'ensemble du monde libre et le respect des traités et des engagements à en honorer les termes (notamment les reconnaissances de dette du Dey d'Alger), et à mettre fin à des siècles d'exactions. Que fit l'Allemagne alors ? se joignit-elle à cet effort du monde libre (dans lequel les Anglais s'étaient impliqués) pour obtenir une remise en ordre en Méditerranée ? Certes non: elle préparait ses offensives continentales. Et si l'Algérie est devenue colonie de peuplement, cas unique, ou presque (Canada) dans les annales de l'épopée coloniale française c'est aussi et surtout par l'exode des populations françaises des régions du nord-est du territoire occupés par l'Allemagne à partir de 1870.

Le choix de l'offensive au Maghreb ottoman ne fut pas entièrement calcul ni choix : il répondait à une nécessité collective à laquelle l'Allemagne, elle, fit le choix de ne pas se soumettre. Les orientations stratégiques étaient entièrement divergentes entre les deux pays, et il n'est guère pertinent dès lors de mettre en balance, de mesurer les avantages et les inconvénients de l'action de l'une et de l'autre des deux nations à la lumière des événements ultérieurs. Il n'y avait ni course ni concours de beauté entre les deux nations qui envisageaient leur avenir dos à dos, sur des terrains et dans des voies entièrement disparates.

Quant à 1789 et la dissolution de l'ordre ancien, il faut se contenter d'y voir un cas de paedomorphose, qui devait préluder à l'âge industriel moderne du XIXe.

Dans tout Koestler, l'on bute sur cette interrogation, que je crois métaphysique et encore entièrement ouverte : les révolutions, soit les phénomènes historiques, de suite événementielle incontrôlable, ont-il valeur de prélude, de présentation (comme en musique) sont-ils des amorces programmatiques de la mutation à venir; où faut-il en faire une lecture augurale de ce qui naîtra (et qui donc veut naître) et se stabilisera au terme de la mutation ? Les Droits de l'Homme de la Révolution française programmaient-ils la révolution industrielle, où bien étaient-ils la figure augurale de l'âge post-industriel que nous connaissons ?

La lecture de Koestler peut déboucher sur une approche, ou une conception, véritablement inédite de l'être de l'histoire : l'histoire serait un organisme vivant dont la morphologie règlerait les événements observables (à mon sens cette morphologie est pyramidale-fractale, mais c'est un autre débat), plus encore que tout déroulé chronologique; l'ontogénèse historique se donnerait à lire dans l'organisation hiérarchique (terme auquel Koestler préfère son néologisme holarchique) de ses macro-événements; dans cette vision, les événements et micro-événements de l'histoire occupent les fonctions des organes et organelles de l'organisme dans son entier, et leur disposition chronologique répond à un ordre hiérarchique dont les principes d'organisation en arborescence sont ceux des êtres vivants. Mais l'arbre, ou la pyramide, est inversée; elle se tient la tête en bas et l'actualité du jour, l'apex de la pyramide, n'est ainsi que le gros orteil de l'être-de-l'histoire. Et le Roi de la Pyramide siège à sa base, dans son tréfonds, qui, en vertu de cette inversion, se situe au Ciel. Je ne sais si cette perception de l'histoire a permis à Koestler de "prophétiser" (par exemple, l'Europe que nous connaissons aujourd'hui) dans une sorte d'archéologie inverse; ou si, au contraire, comme dans la psychanalyse du personnage de son roman Croisade sans Croix, c'est la scène primitive (la guerre européenne) qui imprima de son augure la page de notre présent.

J'espère avoir le temps, ou l'otium d'y revenir ici. La lecture de Koestler est en soi une aventure intellectuelle passionnante.
Plus précisément : il n'y aurait pas de diachronie historique, de temps linéaire, mais une structure vivante d'organisation pyramidale de l'être-de-l'histoire et "l'effet d'histoire" que produit l'enchaînement des configurations événementielles serait le résultat d'une expansion continue de la pyramide, l'éternel retour de ses étages, eux-mêmes pyramidaux (architecture fractale). Cette vision du temps, congruente à sa nature de dimension tierce (ou quatrième) de l'observable, que propose la science depuis déjà plus d'un siècle, est la seule à même de réduire l'ambivalence entre l'augural et l'in-augural : ce qui advient est l'ombre, le double augural de l'évènement futur qui donne à lire son a-vènement dans l'é-vènement. Le corps de l'histoire s'appréhende alors comme le Un narratif dont la croissance en phases (et par à-coups) serait globalement constante et la fin de l'histoire (la fin de l'être-de-l'histoire, donc) serait ce moment redoutable de coïncidence de l'Un à l'Un sans retour possible. Alain Badiou, dans un petit livre sur Deleuze de 1997 qui vient d'être réédité chez Fayard (Deleuze, "La clameur de l'être") dans la collection Pluriel, et qui, il faut bien le dire, n'est pas sans une certaine tenue ni rigueur philosophique, aborde ce thème et, comme souvent chez cet auteur, déploie une pensée qui dénonce comme à son insu les catégories du politique les plus chères à son auteur -- ce passage, extrait du chapitre Eternel retour et hasard :

On peut penser que l'éternel retour se dit, comme de son sujet, de l'Un lui-même. C'est l'Un qui revient, et revient éternellement? Mais comment l'Un peut-il revenir ? Il le peut si on le pense selon son identité, Un = Un, ce qui est le point de départ de Fichte, et une compréhension posible de l'intuition de Parménide (l'Etre est Un parce qu'il ne s'identifie que comme identique-à-soi, et il est circulaire, ou comme une sphère, parce qu'il ne peut que revenir selon cette identité). Deleuze dira : dans une telle conception du retour du même, l'identité de l'Un est "principe" (Différence et Répétition, 164). Il s'ensuit que l'Un est en position transcendante au regard du multiple. Car les différences lui sont soumises, comme une diversité l'est à son principe. Le multiple n'est lui-même pris dans le retour identique de l'Un, dans sa permanence inaltérable, qu'autant qu'il en participe sur le mode de la dégradation, de ce qui altère et corrompt le principe d'identité. Le multiple est rappelé à son être essentiel, et la forme d'être corrompue qu'il représente est rectifiée, corrigée par le retour du Même, par la réaffirmation de ce que l'Un est l'Un, comme dans certaines religions la croyance, et le salut qui s'y attache, sont intégralement contenus dans la proposition : Dieu est Dieu

On le voit, la réaffirmation que Dieu est Dieu, et l'holisme politique qu'elle emporte, nous menacent, menacent la mécanique de croissance pyramidale de l'être vivant de l'histoire.

Sur l'architecture fractale hologigogne de l'être-de-l'histoire : Référence

On notera à la lecture de ces références que les phases de revue-bilan accélérées que paraît traverser cet être à l'approche de ses grands neuds calendériques (récent passage du millénaire notamment), aux arêtes, aux grandes pliures de son garde-temps, peuvent être assez justement interprétées comme phases paedomorphiques de dégraissage au sens où l'entendent Chaunu et Koestler ("reculer pour mieux sauter") précédant les grands sauts millénaristes (sauts quantiques révolutionnaires) dont celui qui se profile : les redoutables épousailles des deux grands sans-visages de l'histoire -- l'islam et l'Union européenne.
Et pour revenir à votre texte fondateur, qu'allez-vous chercher à l'étranger que vous ne trouverez pas en France?
Ayant moi-même vécu quelques années dans plusieurs pays étrangers dont les USA et ayant souffert de l'éloignement de la mère patrie, je suis curieux de votre réponse.
Excusez-moi si la réponse se trouve déjà dans ce long fil de discussion mais je manque de loisirs.
Attentivement vôtre.
Je n'ai pas très bien compris, Francis, quel est le rôle et le statut de l’Éternel Retour dans tout cela : est-il une description adéquate de la modalité de ce qui advient, ou n'est-ce qu'une théorie totalisante et délétère enfermant votre organisme historique dans la plégie engluante de l'Un ?
C'est la "description adéquate de la modalité de ce qui advient". Mais il importe de ne rien croire de ce qui advient et de n'y point toucher, sous peine de ce que Koestler nomme désordre de l'"hyper-réfléxion" (après Victor Frankl, fondateur de la "logothérapie") -- l'hyper-réflexion c'est, par exemple lorsque la morale, l'éthique explicite, s'égare dans les holons sociaux inférieurs et se dit comme être univoque (l'univocité signifie que c'est la même chose qui arrive et qui se dit : l'attribuable de tous les corps ou états de choses et l'exprimable de toutes les propositions -- Deleuze). L'hyper-réflexion produit la plégie, en effet (quand il est demandé au mille-pattes de décrire l'ordre de mouvement de ses pieds, il se fige, paralysé, nous dit Koestler).

Que vient faire le concept d'Eternel Retour dans cet essai d'ontologie historique ? Si le temps n'est plus rien qu'une des faces de la pyramide de l'être-de-l'histoire (on trouve cette image de la pyramide de cristal, contenant de tous les événements compossibles, dans la théodicée de Leibniz) comment définir le mouvement de l'histoire ? Le mouvement de l'histoire, nullement traversé de quelque flux que ce soit, et au premier chef de quelque flux temporel, est tout monument historique. Son devenir est monumental et n'est que cela, et s'il est animé c'est d'une dynamique interne de re-constitution et expansion de soi, du Même (bien le même Même que celui du ewige Wiederkehr des Gleitchen), dynamique d'ondes partant du lieu engendreur, point théorique de la chambre du Roi au plus profond de l'édifice, pour atteindre la pointe extrême et extérieure de la petitesse des jours, lesquels se tiennent en équilibre à l'apex de cette pyramide. Et la contemplation des siècles ne se peut avoir lieu que de cette cime incertaine, qui, dans l'image inversée de ce monument, touche le sol, n'est point auguste, en ce point de contact où tout se joue et où s'actualise l'ordre émis par les siècles.

Les ressorts dynamiques de l'évolution historique sont multiples comme peuvent l'être les stratégies d'un jeu aux règles fixes, mais seul l'Un peut revenir avec certitude, s'auto-affirmer dans des mimes de soi, parfois dérisoires dans les moments les plus quiescents de la croissance de l'être de l'histoire, parfois dyonisiaques dans les phases de furie belligérante.

Si la doctrine de l'éternel retour de Nietzsche suppose un temps infini, on voit que dans cet édifice, cet infini est subordonné à la pérennité de croissance de l'être-de-l'histoire : le temps n'est infini que subsidairement, soit pour autant que le soit d'abord la dynamique d'expansion et de croissance de cet être. Il s'ensuit que l'infinité du temps paraît dépendre aussi des hommes, et donc sans doute de leur sagesse.

[message modifié]
Utilisateur anonyme
06 juin 2013, 01:34   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Gilles Barrique
Pour Stephan Monfort

"Ce coup-ci je pars pour de bon, pour une autre hibernation de six mois, sans oublier auparavant le coup de pied final de l'âne, ou de l'aigle germanique, au coq gaulois, son cousin de plus en plus éloigné, et ainsi me faire détester davantage, comme il se doit pour tout bon Allemand en pays de France..."

Je comprends ce que vous ressentez.
Mais voyez comment les choses tournent faute de revenir correctement à l'origine.
Autand le Heilige Römische Reich peut revendiquer un Aigle, autant ce "coq gaulois" n'existe pas ...

Quand un Français veut faire la Paix avec un Allemand, il vont visiter d'abord la cathédrale de Reims, et ensuite Aix et sa Chapelle.

Cher Gilles Barrique,

Par vos propos pleins d'amabilités, de mesure et de poésie à mon égard vous m'obligez à revenir dans l'arène pour vous remercier...

La régression nationaliste et antigermanique en France est phénoménale et explique ma hargne à rappeler certaines évidences contre le déni de réalité. Il y a de quoi être abasourdi par ce que l'on entend dans les médias en ce moment tant à gauche qu'à droite, ou ce qu'on voit de certaines assertions dans ce forum par des personnes dont on attendrait plus d'à-propos en tant que lecteurs de Renaud Camus dont récemment nous avons pu lire ce qui limitait son adhésion aux thèses de Marine Le Pen en particulier sur l'Europe et l'économie.

Les problèmes actuels de la France n'ont rien à voir, rien, avec l'Union européenne et la construction du même nom ni avec les succès présents de l'Allemagne. Du reste qui connait les institutions européennes sait qu'elles ont été conçues sur le modèle administratif français, avec ses Insuffisances et ses excès. Mieux, l'Europe a été l'aiguillon nécessaire à la France pour se transformer.

Je ne connais pas de pays aussi masochiste avec son propre passé, autant dans l'obsession mémorielle et dans la repentance que la France.

Désolé de le dire ainsi mais dorénavant l'avenir d'une France épuisée, appauvrie et tiers mondialisée est dans l'imitation de l'exemple allemand. Le modèle ordolibéral et fédéral (héritier des libertés et du légisme de l'Empire) dit rhénan a fait la preuve de son efficacité et de sa supériorité sur les modèles étato-dirigiste français et ploutocratique anglo-saxon.

L'Europe est certes spirituellement et moralement malade, et l'Occident dans son ensemble ne va guère mieux mais il faut en chercher les causes non pas tant dans les guerres du 20e siècle et l'histoire conflictuelle des peuples européens que dans la modernité libérale elle-même, et le cours pris par les démocraties.

Il faut aspirer à une Europe fédérale et ordo libérale construite sur le modèle allemand parce que c'est ce qui est le plus adapté au monde qui vient, comme l'Europe fut en son temps latine, germanique ou française. Rappelons toujours aux Français que les Francs étaient des Germains, que Karl der Grosse s'exprimait en lotharingien, qu'Aix la chapelle se dit Aachen et que nous trouvons encore en Allemagne aujourd'hui le rappel de ce cousinage ancien: la Franconie et les Franconiens séparent la Saxonie des entités bavaroise, souabe et alémanique. Comme dirait aussi l'autre le français, c'est du latin prononcé à l'allemande.

L'européanité c'est accepter que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous différencie, c'est accepter les complémentarités et le génie de chacun de nos peuples, c'est se rassembler autours d'une culture continentale fondée sur la raison athénienne, la spiritualité de Jérusalem et le légisme romain en regard de cultures nationales plus récentes, fragiles ou en perte de vitesse.

Que le coq gaulois puisse amener peut être de la finesse d'esprit, de l'humour, de la légèreté et même de la capacité d'auto dérision qui étaient des traits gallicans et que l'on trouve assez mal en l'aigle allemand. Laissez aux Allemands leur profondeur, leur rigueur et cet esprit de méthode et d'organisation qu'Heine avait si brillamment entrevu.

Je suis né Savoyard. Or comme vous le savez le duché de Savoie faisait partie du Saint-Empire, comme pendant longtemps tout l'est de la France actuelle. Nous avons même failli avoir un Empereur germain issu de la maison de Savoie... Vendus à Napoleon III en échange de l'unité italienne, nous ne sommes Français que depuis 1860, une paille à l'échelle de la longue durée... Nos deux plus grands penseurs et écrivains, Rousseau et de Maîstre, figurent parmi les plus grands stylistes de la langue française, les plus grands peut-être, et furent ceux qui comprirent très tôt ce que serait la modernité occidentale, l'un pour l'annoncer, l'autre pour la dénoncer. Ils ont incarné ce qu'il y avait de mieux dans la culture française, et pourtant ils n'étaient pas Français....
Utilisateur anonyme
06 juin 2013, 02:05   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Gilles Barrique
Pour Stephan Monfort

Il me semble que vous agglutinez deux choses : la position politique et la position idéologique.

.

Rapidement, car j'ai déjà dit l'essentiel.

Oui absolument pour la bonne raison que je me place dans la perspective de longue durée de la création de l'Etat-nation d'abord en France et en Angleterre, à travers l'absolutisme monarchique, processus retardé en Allemagne par absence d'absolutisme et surtout faute d'unité politique et territoriale, dont la France de Richelieu à Louvois et Napoleon furent largement responsables. Le luthéranisme fut certes la cause initiale de la division de l'Empire mais aussi son Sonderweg pour l'édification d'une Eglise nationale, étape nécessaire à l'affirmation de l'Etat-nation comme la constitution de l'église anglicane et le jansénisme en France en attestent, d'autant que la plupart des princes réformés furent fort modérés, refusant la partition entre protestantisme et catholicisme et c'est le jeu manipulateur respectif de la France et de l'Autriche qui empêcha une solution allemande aux guerres de religion.

Le nationalisme allemand du 19ème siècle et les crimes allemands du siècle suivant ne sont jamais qu'un rattrapage sur les processus et les crimes perpétrés par les Français et les Anglais en leur temps dans l'édification de leurs États-nations. Bismarck est pour l'Allemagne tout à la fois Richelieu, Colbert et Napoléon en même temps. Il mérite bien à ce titre d'avoir son nom accolé à toutes les places principales des villes allemandes, les Allemands, étant leibniziens par excellence, et gens forts pragmatiques, sont assez réconciliés avec leur histoire et leur passé.

Pour comprendre le meilleur de l'âme allemande éprise de légalisme et de justice je conseille la lecture du Michael Kohlhass de Kleist dont une adaptation cinématographique vient de sortir. Et bien sur la lecture de tous ces écrivains francais germanophiles et germanophones de Nerval à Rimbaud et Apollinaire, de Victor Hugo à Gracq et Tournier.
Pour Francis Marche.

Au modèle de l'éternel retour sous toutes ses formes, on peut aussi opposer un modèle hégélien, dans laquelle la chose qui revient n'est pas la chose même, mais la dynamique qui passe d'une chose à une autre.

De votre riche commentaire, appliqué à notre seul problème, j'induis que vous voulez me dire que la décadence éventuelle de la France ne serait qu'un faux semblant.

Mais je remarque aussi qu'après avoir commenté la "conquête" initiale de l'Algérie dans son contexte - car ce que l'on en a fait n'était pas au programme de Charles X - vous me dites : " Quant à 1789 et la dissolution de l'ordre ancien, il faut se contenter d'y voir un cas de paedomorphose, qui devait préluder à l'âge industriel moderne du XIXe".

Or vous comprendrez aisément que 1789 n'est pas simplement la dissolution d'un ordre ancien, mais la destruction solennelle de la fondation de la France. Ce qui s'est passé là n'a pas d'équivalent dans aucune des deux révolutions anglaises, ni même dans la révolution russe, si l'on y regarde de plus près. Typiquement, dans les trois cas, nul n'a songé à aller vider les tombeaux des rois - ce qui ne fut jamais fait ailleurs qu'en France -, et nul n'a songé à changer le nom du peuple même - ce qui fut proposé à l'assemblée, mais accompli seulement sous une forme un peu plus ingénieuse pendant le second empire et la IIIe république, avec "nos ancêtres les gaulois".

Donc, quand je me complais avec d'autres à parler de "l'Afrance qui vient", ce n'est pas pour dire seulement la nature ethnique du remplacement, mais pour dire en premier lieu qu'elle est bien l'incarnation historique particulière d'une volonté essentielle de priver la France de son essence. Et certes, en 1789, la volonté était simplement de démolir cette essence, mais la nature ayant horreur du vide - là aussi - il se trouve que cette volonté essentiellement négative devait nécessairement se remplir finalement de quelque chose. Qui aurait prédit ce quelque chose en 1789 ? Personne ! La seule chose prédite est que ce devait être tout sauf ce qui fut conçu au Ve siècle et maturé pendant 13 siècles.

Bref : la véritable conclusion est que les nations ne sont pas éternelles ! Que, dans l'histoire du monde, certaines nations aient un certain rôle au regard des autres, voilà ce qui est éternel - tant que dure l'humanité, du moins. Mais que ces nations restent les mêmes dans ce rôle, ou que les nations survivent même sans tenir ce rôle, voilà qui n'est pas éternel.

Je parlais de Hegel : il articulait, à ce que je me souviens, l'Histoire en empire oriental, empire grec, empire romain, monde germanique. On a interprété cette dernière expression,à cause de la traduction, comme s'il s'agissait d'un "deusches Reich", tandis que l'expression est bien "germanishes Welt", qui dénote volontairement par deux fois, et qui signifie simplement, le rôle déterminant donné aux Germains en général après la chute de "l'empire romain de chez Romains".
Sur ce schéma, je suis plus hégélien que Hegel, en distinguant plutôt le monde celtique comme thèse centrale originelle de l'europe, l'empire greco-romain comme antithèse démolissant cette thèse, et le fameux monde germanique, comme synthèse, rétablissant un peu de la thèse, sans rejeter toute l'antithèse. Typiquement, ces germains qui viennent du nord, contrebalancent cette action venue du sud, ce qui rétablit le centre à 2000 kilomètres au nord de Rome. On ajoutera que la chose est bien plus complexe, car le centre spirituel lui-même, et non pas temporel, demeure Rome, mais on rajoutera aussi que l'évêque de Rome n'est pas "le chapelain de l'Europe", mais bien le chef visible d'une société mondiale.

Pourquoi dire tout cela ? Pour dire simplement que l'Europe elle même étant cette synthèse dynamique, elle n'est pas en soi éternelle !

Et que la France ne soit pas éternelle en soi, pas plus que l'Europe, signifie que notre combat est encore une preuve de la liberté humaine, dans son aspect individuel ou collectif.

Pour parliez aussi de l'Empire Romain. Il n'a jamais tenu que par la volonté supérieure d'un petit groupe (le sénat), puis d'un seul homme (les césars), qu'il tienne debout, alors que par nature il était géographiquement intenable ! Il suffit de regarder une carte. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'on ne peut jamais regarder Rome qu'avec un mélange perpétuel d'admiration et de répugnance ...

Quand un être humain meurt, hors le cas où il est pulvérisé, c'est souvent qu'"il a fait son temps" et qu'il le sent. Mais à l'échelle d'une nation ou d'un continent, cette conscience est moins localisable. Imaginons toutefois qu'elle soit dans l'élite. cela peut vouloir que le corps lui-même, par les signaux sensitifs qu'il donne à l'élite, ne parvient même plus à l'influencer ! Pire que cela ! Il arrive qu'une élite ne dise pas tout au peuple, pour ne pas le décourager temporairement face à l'adversité. Mais ici, l'élite n'a objectivement pas d'autre but que de mentir au peuple, pour le faire disparaître, en lui disant expressément qu'il ne disparaît pas, que sa santé n'a jamais été aussi bonne.

Serons-nous capables, nous, tels des anges gardiens de la France et de l'Europe - des "principautés", pour employer les termes de "l'angelologie", de contrecarrer l'effet des petits démons ?

Aucune idée ! L'Eternel fait bien ce qu'il veut ! Mais une chose est sûre : c'est honorer ses commandements que de vouloir transmettre à nos enfants la Terre que nous avons reçus de nos pères, et nous y employer. Honorer sa patrie, ce n'est pas honorer un bout de terre et des pierres amoncelées, si bonne soit la première et belles les secondes, c'est avant tout honorer ses pères.

Mais vous avez conclus sur les épousailles de l'Islam et de l'Union européenne. Mon avis est qu'il n'y a pas d'épousailles. Depuis que l'Islam existe, sa cible est l'Europe, non pas pour sa dote ou ses beaux yeux , mais parce que son existence, comme forteresse explicite du christianisme, et refuge implicite du judaïsme, est comme une injure au Coran. L'exception est certainement les Turcs, car leur intérêt pour l'Europe ne fut jamais celui-là, même quand ils venaient assiéger Vienne ...

Et si l'on reprend toute eschatologie en ce sens, l'anéantissement de l'Europe n'est "permise" par l'Eternel aux disciples de "son prophète tautologique" qu'à partir du moment où le christianisme est répandu dans le reste du Monde, et le Judaïsme "sauvé", deux conditions aujourd'hui pleinement réalisées.

Mais encore une fois : entre ce qu'a prévu l'Eternel pour l'Europe et ce que nous devons comme Européens, il y a ce cinquième commandement, qui nous intime de nous battre pour elle !
Je ne sais ce qu'en dit Koestler, mais l'Eternel Retour nietzschéen n’admet en principe pas de construction ou déploiement "en pyramide", même inversée : il n'y a pas de "'lieu engendreur", pas de point de commencement, pas véritablement de croissance ou de décroissance non plus, et c'est un point capital : « Le devenir reste, à chaque moment, égal à lui-même dans sa totalité : la somme de sa valeur est invariable. » (La Volonté de puissance) Ce qui veut dire qu'il n'est aucun moment du cours des cycles parcourus qui puisse être intrinsèquement "meilleur", souhaitable ou plus abouti que n'importe quel autre : ce serait, dans le cours du devenir toujours égal à lui-même, instaurer le figement de l'être, horreur par excellence, desquamation du derme sain.

À partir de ces deux présupposés, l'absence d'état final, l’impossibilité d'assigner jamais quelque but que ce soit, et la répartition parfaitement égale de forces déterminées et finies à l'œuvre à chaque moment du déploiement du devenir, l'Eternel Retour se peut déduire presque nécessairement : comme il n'y a pas de décrochage de trajectoire impliquant un changement de nature qualitatif (lequel serait la réalisation d'un but quelconque, le terme d'un parcours instaurant un sens), et comme d'autre part les combinaisons possibles de l'état du monde sont finies (constance d'énergie et de forces déterminées), ces séries de possibilités sont vouées à se répéter, les mêmes dés étant jetés une infinité de fois.

« Si l'on peut imaginer le monde comme une quantité déterminée de force et comme un nombre déterminé de centres de forces — toute autre représentation demeure indéterminée et par conséquent inutilisable — , il s'ensuit que le monde doit traverser un nombre évaluable de combinaisons, dans le grand jeu de dés de son existence. Dans un temps infini, chacune des combinaisons possibles devra une fois se réaliser, plus encore elle devra se réaliser une infinité de fois. Et, comme entre chacune des combinaisons et son retour prochain, toutes les combinaisons possibles devraient être parcourues et que chacune de ces combinaisons conditionne toute la succession de la même série, on démontrerait ainsi un mouvement circulaire de séries absolument identiques : on démontrerait que le monde est un mouvement circulaire qui s'est déjà répété une infinité de fois et qui joue son jeu à l'infini. » (Ibid.)
Pour Stefan Monfort

Heureux que vous l'ayez bien pris ....

Mais voyez encore : der Teufel se cache dans les détails.

Rien à dire sur le modèle rhénan, qui a fait ses preuves. Je ne retiendrais qu'une chose pour son juger de son efficacité : que les employés se regroupent pour négocier en force avec leur employeur, voilà une chose assez évidente. Sauf que, en France, il ne s'agit pas de négocier avec les patrons, mais de faire plier l'Etat !

Non, je me permettrais de corriger certaines expressions, avec d'autant plus de force que je sais où vous les avez prises : en Allemagne, et même peut-être en Franconie .....

"La Franconie et les Franconiens séparent la Saxonie des entités bavaroise, souabe et alémanique". La Franconie ne "sépare" pas : elle est le centre historique du saint-empire, là où se font les diètes, là où il y a le plus de villes impériales - dont dépendant immédiatement de l'empereur.

"Comme dirait aussi l'autre le français, c'est du latin prononcé à l'allemande". Je la connais cette phrase, sauf qu'elle a du être dite en Anglais la première fois, de sorte que l'on employait pas Deutsch, mais german, et cela est bien plus large que Deutsch .... J'aurais du mal à dire que les Francs originels, avant qu'ils sortent de leur marécage - à tulipes - pour venir à droite et à gauche du Rhin étaient des Deustch ! Car si je dis celà, je devrait dire que les scandinaves sont aussi des Deustch .... Tel est bien le problème de "l'Allemagne" que de vouloir capturer toute germanité .... Or les Deustch ne sont "que" les Germains centraux. Et les Franconiens (die Franken) sont ainsi "les germains centraux au carré", tandis que les Francs originels (die Franken aussi) étaient bien les Germains occidentaux ...

Car les Francs ne sont arrivés en Franconie que bien après être arrivés en France . Puisque précisemment leur installation en Franconie résulte de la volonté délibérée des Carolingiens de faire à l'Est du Rhin comme il avait été fait à l'Ouest trois siècles plus tôt par Clovis et ses rejetons. Mais cela n'a pas aussi bien fonctionné, parce que les Saxons n'étaient pas des Gaulois romanisés attendant leurs sauveurs .... Ceci dit, quand certains avancent que ce saint-empire aurrait été fondé par Othon, ils oublient de rajouter qu'Othon le Saxon n'a jamais prétendu autre chose que de succéder à Karl le Franc ...

Vous me reparlez de ce coq gaulois. Une fois pour toutes : le coq n'est pas un symbole celtique référençant les celtes, et il faut avoir été lobotomisé par les Romains pour le penser .... Le coq est bien (aussi) un symbole celtique, mais il représente le soleil levant, et c'est pour cette seule raison qu'il fut placé sur les églises. Le "coq gaulois" est le symbole de gens qui ne savent pas ce qu'ils sont "comme gens" ...
Et si devais parler de la vertu essentielle de l'ancienne France, je ne parlerais pas de cette légèreté qui s'opposerait à la lourdeur, mais bien d'élégance, et seulement de cela. Ce "je ne sais quoi", dont parlait si bien Yankelevitch quand il ne versait dans son dada habituel : s'opposer au systématisme allemand. Pour vous donner l'exemple qui me tiendrait le plus à cœur : je place au sommet de mon panthéon musical Bach, Beethoven et Wagner, et cependant, l'élégance est une qualité que je n'accorderais jamais à aucun d'entre eux ...

La touche finale : vue que toute la Lotharingie était vite venue dans l'escarcelle de l'Empereur plutôt que dans celle du Roi, l'empire initial, comme l'indique d'ailleurs le titre primatial des trois électeurs ecclésiastiques (cologne, mayence et trèves) comprenait une partie des gaules, la germanie, et une partie de l'italie. Mais il n'y avait pas que la savoie ! La provence aussi, et le dauphiné (du viennois), et une grande partie de l'auvergne, et toute la suisse, allemanique ou pas, et une très grand part de la future bourgogne, faisait allégeance à l'empereur, sans parler une langue germanique pour autand ... Pour la Suisse, la chose singulière est d'ailleurs que c'est d'un canton allemanique qu'est partie la révolte contre l'empire ...

Et quand à dire, au nom des Savoyards, "nous n'étions pas Français", la chose plus sûre encore est que vous n'étiez pas Italiens, et pas Provençaux non plus, et pas du tout "Deutsch". .. et ce, notez le bien, quelque soit l'importance de l'ascendance Burgonde .... En vérité, s'il y avait bien un coin du carré Sud-Est qui se voulait française depuis longtemps, c'est la Savoie .... Pourquoi, je ne sais, mais il se trouve que "sur ordre" de ses ducs - ou presque - on parlait français "le Dimanche", ce qui n'était pas le cas en Provence.

Voilà mes "petites corrections", ne m'en voulez pas ....

Mais je rends au Kaïser ce qui n'est jamais été qu'à lui, et au beau Royaume de Loÿs ce qui lui est destiné depuis le début de l'aventure ...


.
Pour finir, aussi ...

Bismarck est ce "rusé géant", donc un incroyable personnage, car aucune mythologie n’aurait pu prévoir cela. La seule chose que j'ai à dire, c'est que dans la défaite de 1870, mon dégoût ne frapperait pas les Prussiens, mais la bande de cloportes qui fusillèrent des Français parce qu'ils ne voulaient pas capituler ....

Je crois encore que les Allemands sont bien plus réconciliés avec leur passé que les Français, mais qu'ils ne le sont pas complètement non plus.

Mais je pourrais dire surtout, pour conclure de "tout choeur" avec vous, et en convoquant la pimpante fanfare qui va bien : "zerging in Dunst das heilige Römische Reich, UNS bliebe doch die heilige deustche Kunst"
A Alain Eytan :

Matrice structurale du monument historique :



Si le temps n'est qu'une des quatre faces de l'édifice pyramidal, son infinitude éventuelle est subordonnée à (n'est autre que l'expression de) l'infinitude de la croissance holomorphe de l'édifice. Le temps n'est que l'inscription pétrifiée de la croissance de l'ouvrage par adjonction-répétition de tous ses holons.

Aux neuds du garde-temps -- tout l'édifice est garde-temps, il soutient le temps, soude la face du temps aux trois faces (du cours) de la construction historique pyramidale -- des holons (parties de la matrice et unités entières) soutiennent de leur pointe l'étage supérieur, en inaugurent la présence et, conjointement à cette fonction, augurent par holmorphisme la forme de l'édifice global (résolution de l'ambivalence augurale/in-augurale de tout événement au regard de ses suites).

La répétition (retour éternel) est inscrite dans la fractalité de l'édifice (dont toute partie reproduit l'ensemble) -- « Le devenir reste, à chaque moment, égal à lui-même dans sa totalité : la somme de sa valeur est invariable. » (La Volonté de puissance)

A chaque étage/étape historique, les dispositifs événementiels compossibles sont figurés alternativement par des pleins, soit les compossibles qui furent, et des vides, soit les compossibles qui ne furent point mais dont la présence rend possible la pyramidalité de ceux qui furent (ce qu'explicite le motif géométrique de la matrice).

Pour en savoir plus sur les principes de l'holarchie, lire d'Arthur Koestler Janus : A Summing Up (1977). Koestler identifie une structure holarchique à plusieurs domaines de l'expérience: le biologique (les écosystèmes et leurs chaînes alimentaire; les organismes vivants); l'organisation sociale; la physique et l'astro-physique mais il est à souligner qu'il s'abstient (conscienmment, inconsciemment ?) de considérer sous ce prisme matriciel l'Histoire des sociétés humaines et de leurs réalisations, constructions et destructions.


La construction européenne telle qu'elle se présente aujourd'hui, en détruisant l'étage holarchique -- les holons dans cette matrice sont à l'organisation sociale, politique et historique ce que les taxons sont à la taxonomie -- des nations et en promouvant les holons de rang inférieur (les "régions"), menace de dévorer l'édifice, et l'injonction morale (a-racisme policier) devenue folle en s'échappant de son coeur est tout en même temps signe de crise structurale (la structure menacée de collapsus) et agent de destruction. L'équilibre du temps est menacé; et les temps sont menaçants. L'Un se cherche. Et en vertu du caractère maudit de l'auto-réflexion (voir supra), il n'est guère envisageable de malheur plus grand que celui qui gît dans l'hypothèse qu'il puisse se trouver.

NB.: la figure (un coussin thaï) donnée en illustration n'est pas une pyramide, bien sûr: il s'agit d'un prisme droit à base triangulaire qui compte neuf arêtes et dont la cime se trouve ainsi être une "ligne de faîte". Mais sa structure pyramidale fractale n'en illustre pas moins le propos.

[message modifié]
Utilisateur anonyme
06 juin 2013, 18:35   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Utilisateur anonyme
06 juin 2013, 18:45   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Utilisateur anonyme
06 juin 2013, 18:47   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Gilles Barrique

Pour Stefan Monfort

Heureux que vous l'ayez bien pris ....

Voilà mes "petites corrections", ne m'en voulez pas ....

Mais je rends au Kaïser ce qui n'est jamais été qu'à lui, et au beau Royaume de Loÿs ce qui lui est destiné depuis le début de l'aventure ...

Vos corrections d'historien et d'érudit sont d'autant mieux bienvenues que je ne suis en la matière qu'un amateur mais je suis heureux de retrouver confirmées chez un éminent connaisseur de l'Allemagne et un germaniste ce qui n'étaient chez moi que des intuitions et des impressions.

La Franconie, je n'ai fait que la parcourir, d'ouest en est et du nord au sud, et j'ai été ébloui par ses beautés naturelles préservées, ses villes intactes, ses habitants charmants, et son histoire primordiale, de Bamberg et Coburg à Wurzburg, de Speyer et Worms à Trêves et Homburg, de Heidelberg à Berlichingen et Rothenburg, comme si les Anglo-saxons s'étaient résolu à ne pas détruire le cœur du Saint-Empire, sans compter ces villes du pourtours franconien qui connurent un plus mauvais sort en 1945 mais qui ont inscrit l'Allemagne dans l'histoire universelle, soit au nord - Francfort, Göttigen, Eisenach, Erfurt, Weimar, Jena - soit au sud comme Nuremberg.

Vous évoquez Reims et Aix la Chapelle où se réunit le couple franco-allemand. Que l'Allemagne n'ait pas complètement fait la paix avec son passé, j'en voudrais la preuve dans le fait que l'Allemagne ne défendît pas la candidature de Speyer à ce titre, Spire sur cette partie méandreuse du Rhin magnifiée par Victor Hugo, ville paisible, capitale de l'asperge pour la petite histoire, avec son admirable cathédrale romane, la plus grande qui soit, où sont inhumés les empereurs germaniques, à quelques encablures de Schwetzingen, de son château baroque et de son célèbre festival de musique, de Ludwigshafen d'où est originaire Helmut Kohl, ce père de l'Europe, et d'Heidelberg et son château romantique, et le Neckar à ses pieds chanté par Hölderlin, Spire enfin où les forces d'occupation française inspirèrent la création de la Hochschule für Verwaltungswissemschaften, l'ENA allemande qui n'a pas les défauts rédhibitoires de son modèle français.

J'ai écrit que la Franconie séparait deux Allemagnes mais vous avez raison en fait elle les relient. Je voulais juste souligner auprès de mes contradicteurs que l'Allemagne ne se résumait pas à la Prusse et aux Saxons.

Le coq gaulois vous agace manifestement. Mais là pardonnez moi vous manquez d'humour. Plus qu'à une quelconque représentation héraldique ou à un animal totem, je pensais au Chanteclerc du Roman de renard et d'Edmond Rostand, auteur de l'admirable incarnation d'une autre figure familière et d'un héros à la française impérissable, Cyrano.

Mon esprit de dérision trop français se satisfait de penser qu'un peuple capable de s'identifier à un animal assez ridicule et vain, et non moins agressif et cruel, possède une distance par rapport à soi et une réserve d'intelligence supérieure à toutes ces nations qui ne se peuvent représenter que sous la forme de la force et de la puissance: l'aigle, ou le lion, ou l'ours,...
Mon esprit de dérision trop français se satisfait de penser qu'un peuple capable de s'identifier à un animal assez ridicule et vain, et non moins agressif et cruel, possède une distance par rapport à soi et une réserve d'intelligence supérieure à toutes ces nations qui ne se peuvent représenter que sous la forme de la force et de la puissance: l'aigle, ou le lion, ou l'ours,...

Cassandre disait qu'il vous sera beaucoup pardonné. Cette coda devrait y pourvoir. Les orientaux savent de très longtemps que le coq est l'être le plus (vainement) intellectuel de la création. C'est le Don Quichotte des animaux, qui bariole de folles constructions para-logiques tout ce qui l'entoure, et qui est "doué pour les chiffres" plus qu'aucun. Les Chinois voient dans le coq une sorte de calculateur délirant et gratuit, entré par effraction dans la création, et dont la vocation est d'entonner solipsistement le chant chiffré, rigoureux et éclatant de l'ordre qui l'entoure. Il est l'être le plus absurdement intelligent de la création.
Utilisateur anonyme
06 juin 2013, 20:15   Re : Les barbares au pied du maître-autel.
Citation
Francis Marche
Les Chinois voient dans le coq une sorte de calculateur délirant et gratuit, entré par effraction dans la création, et dont la vocation est d'entonner solipsistement le chant chiffré, rigoureux et éclatant de l'ordre qui l'entoure. Il est l'être le plus absurdement intelligent de la création.

Cher Francis, avec ce coq gaulois revu par les Chinois, si insupportable, insultant et attachant, dont vous faites le portrait, c'est bien de vous-mêmes dont vous vous moquez... Cordialement. Montfort.
» L'Un se cherche

Oh, qu'Il se repose en attendant de se trouver sur une structure en pouf.
Chers Alain Eytan, Monfort,

Vous manquez de sérieux. Barthes dans un de ses derniers cours fut amené à dire "oui, je me prends pour un écrivain, et sans me comparer à eux, je m'identifie aux plus grands", soulignant avec insistance que l'identification exclut la comparaison. A sa manière, je vous dis "oui, je me prends au sérieux" et j'ajoute que la moquerie insidieuse de votre part n'a d'autre but que celui de vous rassurer face à ce sérieux. On se rassure comme on peut : jeu de dérision, jeu de comparaison servent de bouclier, de filtre et de voile face au sérieux de l'identification.
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