Le site du parti de l'In-nocence

Nouvelle expression des "joies" de l'invasion islamique à Béziers

Envoyé par Véra Giorda 
Voisinage dégradé par l'implantation d'une mosquée à Béziers

Pour celles et ceux qui feraient une lecture en diagonale et pourraient être trompés par leur sens (surtout après l'heure de l'apéro non encore supprimé par l'instauration de la charria en notre noble République ), il s'agit de la mosquée "aNNOur" et non aMour.
J'aime beaucoup cet euphémisme: "Mais cette mosquée ne fait pas que des heureux." Une manière originale, involontairement pertinente, sardonique, cruelle peut-être, de parler dorénavant de la majorité des Français, soit la seule et unique vraie victime du Grand Remplacement. Cette lame de fond qui arrache des rues entières pour y implanter ici une mosquée, là des kebabs, ailleurs des boucheries halal, etc.
Il faut lire les commentaires édifiant des lecteurs, qui vont presque tous dans le même sens, à la fois blasés sur une colonisation rampante inéluctable, et modérés pour éviter la censure. Avec ça, c'est un boulevard offert à Robert Ménard...
Je remarque tout de même qu'il y en a un qui parle de "grand remplacement".
Oui, cher Gimenez, l’expression Grand Remplacement connaît une certaine fortune dans divers cercles, sur Twitter (récemment le hashtag #GrandRemplacement a figuré une journée dans le top ten des dix hashtags les plus utilisés sur ce “réseau social” !), et, semble-t-il, un peu dans le “grand public” (un peu seulement, certes).
Le syntagme "Grand Remplacement" progresse en effet dans la parole publique. Il me semble bien parti pour faire une belle carrière. Tout ce qu'on peut lui souhaiter, c'est de connaître un développement aussi spectaculaire que la malheureuse réalité qu'il nomme. Sur le site FDesouche, on peut par exemple trouver une illustration saisissante de ceci, extraite du journal de Villeneuve-Saint-Georges, en date du 16 mai 2013 : [img96.imageshack.us]
Le rapprochement entre les naissances et les décès est édifiant...
Citation
Pierre-Marie Dangle
Sur le site FDesouche, on peut par exemple trouver une illustration saisissante de ceci, extraite du journal de Villeneuve-Saint-Georges, en date du 16 mai 2013 : [img96.imageshack.us] Le rapprochement entre les naissances et les décès est édifiant...

Ahurissant !
Citation
Jean-Michel Leroy
Oui, cher Gimenez, l’expression Grand Remplacement connaît une certaine fortune dans divers cercles, sur Twitter (récemment le hashtag #GrandRemplacement a figuré une journée dans le top ten des dix hashtags les plus utilisés sur ce “réseau social” !), et, semble-t-il, un peu dans le “grand public” (un peu seulement, certes).

"La chouette de minerve ne prend son envol qu'au crépuscule"

Quand l'expression sera connue de tous, la réalité qu'elle désigne sera déjà accomplie.

Nous devons passer d'urgence à la phase suivante.

Il faut "renverser le renversement", et militer pour un grand déplacement in-nocent.
Il est urgent de regarder au-delà de l'urgence supposée, et de s'intéresser de toute urgence déjà à l'outre-urgence. La Reconquista ("grand déplacement in-nocent"), à supposer qu'elle soit urgente, doit être non pas poussée par notre volontarisme ou un militantisme duquel il nous appartiendrait de rendre la conviction contagieuse, comme s'employaient à le faire les Bolchéviks, mais obéir à un attrait, un attracteur suffisant qui se situe au-delà l'elle -- l'islam est un attracteur civilisationnel, quel est le nôtre ?

A relire avec une attention concentrée le court texte testamentaire de Venner, on note qu'il mentionne cette obligation (si difficile à accomplir, d'où peut-être sa déchirante fin). Il mentionne Renaud Camus mais aussi Homère. Pourquoi donc Homère ?

Au risque de se faire reprocher de nouveau un "néo-platonisme" de mauvais aloi, revenons à cette étude de Jullien où il est question du Beau, de Plotin et ici, d'Homère :

Le Beau lui-même est bien une création platonicienne. Car dira-t-on jamais assez qu'il ne s'agit pas là d'une catégorie mondiale, comme tendraient à nous le faire croire désormais l'uniformisation et la standardisation contemporaine ? Le grec kalos, comme adjectif, d'où a été isolée l'idée de beauté, possédait, en effet, un sens beaucoup plus divers : non seulement "beau à voir", mais aussi "convenable", "accompli", "satisfaisant". De même que nous disons : "la belle affaire", ou bella cosa farniente, etc. ; et il en va exactement de même en chinois (notion de mei). C'est seulement comme substantif que la beauté, dès Homère, sélectionnant entre ces sens, signifie la beauté physique; puis signifiera la beauté morale. Or c'est sur cet effet de substantif que s'appuie lui-même Platon pour en tirer un effet de concept élevant à la notion de l'en-soi pur ou de l'idée. L'idée du Beau est même chargée d'une fonction pédagogique à cet égard : car, si c'est l'idée du Bien qui en vient à dominer le monde platonicien des essences, l'élévation à ce stade de l'en-soi pur et de l'absolu s'accomplit d'abord sous l'attraction du Beau. C'est lui qui convie le mieux à passer du pluriel du sensible -- les "belles choses" -- au singulier de la forme idéale, le privilège de la beauté étant de surgir le plus manifestement du sein du sensible (comme ekphanestaton, Phèdre, 250d); et donc de conduire le plus méthodiquement de là, par l'abstraction de la Forme, à la contemplation de l'Idée.

Notre conclusion doit être ferme : pas de Reconquista envisageable sans avoir en premier lieu envisagé une Renaissance, morale, esthétique, artistique, spirituelle qui re-inaugurera l'attrait de la civilisation. La Reconquista est proprement impensable en l'état de dénûment spirituel et moral dans lequel nous nous trouvons, à l'heure où la langue commune de ce qui nous tient encore lieu de culture est en train de se déliter au point de perdre sa fonction élémentaire de véhicule à la communication des pensées et des affects au sein de la communauté nationale, où la pensée émiettée ne fait plus que balbutier, résiste à toute synthèse, où la vision de notre histoire et celle de l'histoire à faire sont dépourvues de toute esquisse d'unité ou de perspectives engageantes, et sans espoir d'élévation. Mais nous persistons car nous savons que le salut n'est point dans un rembobinage, un re-enroulement, un refoulement physique des menaces qui pèsent; le "grand déplacement" est un mot vain, comme "révolution"; il n'ouvre d'autre perspective que le tumulte d'affrontements répétés. Rendre la paix attrayante est la seule voie de dépassement de l'impasse de la répétition, et pareille reconstitution de l'attrait devrait guider, depuis l'au-delà du mur qui barre l'avenir, toute action, urgente ou de moyen terme, y compris celle d'une Reconquista qui apparaît souhaitable. Nous ne nous suiciderons pas, ni comme Venner ni comme des révolutionnaires violents qui vouent l'histoire à la lassante répétition des massacres. Nous devrions, face à la difficulté de ne pas nous suicider, nous tenir pour forts de la conscience nôtre de la nature de cette difficulté et de la grandeur des solutions qu'elle appelle.
Je me dis parfois à suivre un peu ce qui se passe en Russie dans le domaine de l'expression artistique, en particulier dans l'art lyrique et dans la danse "classique" où les Russes sont en train de tenir le haut du pavé, qu'il se pourrait que la culture occidentale se réfugie en partie dans ce pays, par un mouvement inverse de celui qui avait poussé la culture grecque à se réfugier en occident à la suite de la victoire des Turcs sur Byzance. Il semblerait que le sens de la Beauté et l'attachement à l'Art dans l'acception que l'occident avait donné à ces deux concepts soit encore très fort en Russie et dans son peuple qui paraissent capables de s'ouvrir à la modernité sans s'y perdre. La façon dont l'occident actuel snobe ce pays qui s'aime et refuse de renier son histoire et sa grandeur est d'ailleurs significatif. Les leçons de démocratie et de droits-de-l'homme qu'on lui donne, en core récemment, prêtent sourire quand don voit l'état de l'Europe.
Nos attracteurs civilisationnels fonctionnent à plein cher Marche : RSA, RMI, allocations familiales, sécurité sociale, minimum ceci, minimum cela. Mais trève de plaisanterie : j'ai dans les mains le dernier livre de Venner, d'ores et déjà disponible à la libraire Notre-Dame située rue Monge à Paris, et ce que vous dites sur la nécessaire Reconquista spirituelle à mener sur nous-mêmes constitue une bonne part du propos du Samouraï d'Occident.
Il est probable que Venner ait pris une longueur d'avance sur la plupart d'entre nous. Prenons un exemple concret (comme dirait notre ami Du Masneau) : le sujet du bac professionnel de cette semaine (en philosophie ou en français, peu importe) a porté sur une chanson du chanteur de variété J.C. Goldman intitulée Là-bas, où l'on trouve des bouts rimés par lesquels l'auditoire est invité à se plier à tous les protocoles émotionnels et compassionnels ordinaires dont doit bénéficier "le" migrant (alors que depuis l'instauration de la politique de regroupement familial "le" migrant, celui qui, dans La plus haute des solitudes, inspira un Taha Ben Jelloul, par exemple, n'existe plus en France).

Concrètement, donc : que donnerons-nous, comme sujet au "bac pro" après que le programme politique de Reconquista déroulé par notre ami Barrique aura été mené à bien et couronné de succès ? Une chronique relatant l'épopée de Bugeaud dans l'Algérois ? Des répliques de Port-Royal de Montherlant ? ou d'autres empruntées au Dialogue des Carmélites de Claudel et Poulenc ? ou bien mieux : pour ne point trop dépayser nos chères têtes redevenues blondes, nous garderions le titre de la chanson de Goldman et proposerions à nouveau Là-bas, mais de Huysmans...

Bien sûr que non, il n'est pas nécessaire, pour bien faire, de se tourner vers les oeuvres du passé, et la contemporanéité (sinon la modernité) peut très bien élever les esprits par des oeuvres remarquables, direz-vous. Proposer une page de l'Inauguration de la salle des vents, alors, peût-être... Oui. Il n'est pas interdit d'essayer, mais cela risque de ne pas vraiment, comment dire... motiver les candidats. Alors quoi, d'actuel, d'intelligent, de stimulant, de bien écrit, dans un français de qualité, sobre et net, croustillant sous la dent de l'esprit, de drôle même et qui soit contemporain ? Réponse : rien! ou fort peu. Muray peut-être, bien que l'anti-moraliste soit encore trop exclusivement occupé de morale. Puis qui d'autre d'accessible à l'enfant du peuple (dans cet esprit, la littérature populaire doit se concevoir comme pouvant s'élever très haut, jusqu'à Hugo et ses Misérables) ? Où sont les Paul Guth, les Jules Renard, les Courteline de la modernité ? Où est notre Marcel Pagnol de 2013, Marcel Pagnol, ne serait-ce que ça ? Nulle part.

Pour commencer, combler ce rien, ce petit rien, le corriger, en nous remotivant face à ce vide, et s'occuper déjà et en même temps de combler toutes les strates du Rien, jusqu'à la strate métaphysique et spirituelle. Il n'est probablement pas de défi plus grand. Mais sans avoir surmonté ce défi il n'est point de "Reconquista" envisageable.
Mais peut-on "créer" une civilisation ? Ce mouvement n'échappe-t-il pas à toute "volonté" ? Dans son ouvrage sur la fin du paganisme, Merejkowski montre la tentative de Julien pour ressusciter les dieux, face à des populations qui ne les comprennent plus. La tentative fut vaine.
Faute d'une impulsion mystérieuse, soit venue de l'inconscient collectif ou d'autres tréfonds, il semble difficile de se dire un beau matin : "Aujourd'hui, il me reste juste une civilisation à créer !"
Je crois votre objection valide, Loïk. Mais observez qu'elle fait déjà la courte-échelle à qui désire la surmonter. Il faut créer une civilisation, bien sûr qui renoue avec l'ancienne, mais bien la créer, en effet, ou accepter de périr à tout jamais. Créer ou mourir, et c'est bien à mon sens pour signifier cette terrible alternative, et la momentanée impuissance qu'il éprouva face à elle, que Venner s'est donné la mort. L'alternative de l'Absolu; soit la Mort ou la Création.

Je dis que vous nous faites la courte-échelle en nous rappelant les tentatives échouées du passé. En effet nous n'allons pas restaurer des dieux déchus parce qu'on ne répare pas de la déchéance avec de la déchéance, constat qui nous somme de créer désormais hors du passé. L'islam arrive, il se tient hors notre passé, hors notre histoire, hors nous; le seul moyen ou la seule voie qui puisse nous donner l'espérance de lui faire échec est de sortir de nous-mêmes et de notre histoire inconsciente avant que lui ne le fasse pour nous et qu'il ne nous emporte ! et il importe d'opérer cette indispensable sortie anticipatoire (comme les Lansquenets lors du siège de Vienne) en se résolvant de ne répéter rien -- c'est tout le sens que revêt cette obligation de création. Oui, comme vous dites un mouvement inconscient a mobilisé les forces civilisatrices, eh bien pour commencer, connaissons ce mouvement, les livres sur le sujet de manquent pas -- notre civilisation moribonde a produit plus de livres et de pensées qu'aucune de son histoire. La solution, la recette même, gît quelque part en eux, les livres, et en nous, pour créer ce qui ordinairement ne se crée pas.

L'empereur Julien n'avait pas connaissance des erreurs et des échecs de Julien, nous, si. L'extraction du passé (extraire la civilisation de son histoire) en pleine connaissance de cause, c'est à dire grâce à lui, le passé, et à tous ses legs, y compris les plus négatifs, cette extraction ne peut manquer de revêtir des formes communes avec celle à laquelle donne lieu l'approche du trépas. L'imminence d'une création et l'imminence du trépas du sujet sont à cet égard similaires : ces deux branches de l'alternative absolue convoquent l'une et l'autre le passé pour une cérémonie d'adieu doublée d'un examen de la connaissance de soi, lequel n'est nul autre que celui de la conscience de la civilisation.

[message modifié]
"La philosophie ne pourra pas produire d'effet immédiat qui change l'état présent du monde. Cela ne vaut pas seulement pour la philosophie, mais pour tout ce qui n'est que préoccupations et aspirations du côté de l'homme. Seulement un dieu peut encore nous sauver. Il nous reste pour seule possibilité de préparer dans la pensée et la poésie une disponibilité pour l'apparition du dieu ou pour l'absence du dieu dans notre déclin; que nous déclinions à la face du dieu absent."
Martin Heidegger interrogé par "der Spiegel", Réponses et questions sur l'histoire et la politique, trad. Jean Launay, Mercure de France, 1977, pages 48-49.
Création certes. Cependant la richesse et la variété de notre culture passée est telle et l'ignorance à son sujet si grande qu'il serait possible d'y trouver quantité d'oeuvres qui apparaîtraient neuves, originales, aux nouvelles générations. J'ai fait avec ma petite fille l'expérience de lui réciter " Le mariage de Roland " à son repas de communion. Elle qui n'avait jamais entendu parler de Hugo, ni de Roland ni de Charlemagne, a été éblouie.* C'est un exemple mais il y en aurait breaucoup d'autres. A ce propos, puisque le " vrai "Français est devenu pour ces générations quasiment une langue étrangère, voire morte quand il s'agit de certains auteurs classiques, je suis de ceux qui seraient favorables à une "traduction" en français "moderne " d' auteurs suceptibles d'interesser encore nombre de jeunes gens bien plus que l'insipide soupe aux droits-de-l'homme qu'on leur sert, faute de quoi, ces trésors disparaîtraient à jamais purement et simplement. En somme il nous faut une Reconquête et une Renaissance, laquelle remit au goût dujour nombre de chefs-d'oeuvre antiques.

* Les deux combattants ressemblent furieusement aux héros "positifs" des westerns, hommes au courage indomptable et à l'âme généreuse qui veulent rester, quoi qu'il leur en côute, à la hauteur de leur réputation et qui à force d'estime finissent par se lier d'une amitié fraternelle. Tout dans ce genre de texte parle encore à la jeunesse et elle sent très bien que la force du "récit" tient aussi au style de Hugo. Pourtant ces textes qui ne présentent aucune difficulté sérieuse de vocabulaire ni de compréhension sont scandaleusement abandonnés au profit d'auteurs minables plus ou moins contemporains.
Puis qui d'autre d'accessible à l'enfant du peuple (dans cet esprit, la littérature populaire doit se concevoir comme pouvant s'élever très haut, jusqu'à Hugo et ses Misérables) ? (Francis Marche)

Pierre Gripari ?

*

LA MORT DU MANDARIN
suivi de trois notes marginales


Le mandarin était en conversation savante avec son disciple favori lorsqu'il s'arrêta brusquement au milieu d'une phrase, porta la main droite à son cœur avec une expression de souffrance et murmura, comme pour lui même :

--- Quelqu'un a choisi.

--- Maître, qu'avez-vous donc ? demanda le disciple.

--- Aide-moi à m'étendre, dit le mandarin.

Une fois couché, il murmura encore, sur le ton d'une prière :

--- Puisse-t-il trouver ainsi le bonheur... bien que je n'en crois rien !

--- Qui ? demanda le disciple.

Le mandarin ne répondit pas.

--- Je vais chercher des secours, dit le disciple en se levant.

Mais le mandarin le rappela d'un geste :

--- Si tu pars maintenant, tu ne me reverras que mort. Reste près de moi, plutôt.

Le disciple s'assit au chevet de son maître. Celui-ci, les yeux clos, souffrait en silence. Au bout d'une minute, pourtant, il rouvrit les yeux, écarta les lèvres et dit avec effort :

--- Dis-moi : si tu pouvais, au prix de la vie d'un occidental inconnu, acheter la réalisation du plus cher de tes vœux, le ferais-tu ?

--- Je ne comprends pas, maître, dit le disciple.

--- Écoute : suppose qu'il y ait ici un bouton. En appuyant dessus, tu peux obtenir la chose que tu désires le plus, mais en même temps tu fais mourrir un habitant de l'Europe, n'importe qui, un homme sans importance, que tu n'as jamais vu... Appuieras-tu sur le bouton ?

Le disciple rougit et ne répondit pas. Le mandarin hocha la tête :

--- Ce n'est pas ainsi que tu trouveras le Tao, murmura-t-il avec un air de doux reproche. Et si tu le trouve un jour, tu n'auras plus rien à souhaiter qui vaille la mort d'un homme.

Il y eut encore quelques secondes de silence.

--- Puis-je poser une question, maître ? demanda le disciple.

--- Pose.

--- Et si, en appuyant sur le bouton, je demandais justement le Tao ?

Le maître, cette fois, sourit, mais il secoua de nouveau la tête :

--- À quoi bon demander ce que tu possèdes déjà ? Pour avoir le Tao, il ne te manque rien. Il te faut déposer, au contaire, ce que tu as en trop. C'est ce que tu as en trop qui te donne envie d'appuyer sur le bouton...

Le jeune homme n'osait plus questionner, mais il était visible qu'il n'avait pas compris. Le mandarin s'en aperçut. Au prix d'un grand effort, il décolla encore une fois ses lèvres pâles et articula faiblement :

--- Le Tao n'est qu'un nom pour l'absence de désir. Celui qui cherche ne trouvera pas. Celui qui demande ne recevra pas. À celui qui frappe à la porte on ouvrira.

--- Que faut-il faire, alors ? demanda le disciple.

--- Trouve sans chercher. Obtiens sans désirer. Ne frappe pas à la porte, mais dépose ton fardeau, et entre.

--- Et si la porte est fermée ? objecta le disciple.

--- Elle est toujours ouverte, râla le mandarin. Tu peux entrer n'importe quand, tout de suite si tu veux. Personne ne peut t'en empêcher, si ce n'est toi, toujours toi...

Et, en disant ces derniers mots, le mandarin mourut.


(Rêverie d'un Martien en exil, Éditions L'Âge d'Homme)
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