Messieurs (mais où donc sont les In-nocentes?), je vous trouve bien cruels et fort peu doués de compassion pour ces pauvres petites Femen si attendrissantes qui, tout de même, viennent de faire, à leurs risques et périls, une très grande découverte scientifique, si j'en crois leur air stupéfait et passablement innocent (sans tiret) lors de leur conférence de presse. Fraîchement rapatriées, ces juvéniles et naïves combattantes furieusement modernes, un tant soit peu humiliées et traumatisées par leur épouvantable séjour dans les geôles mahométanes, tiennent absolument à nous apprendre ce que jusqu'alors nous ignorions tout à fait, pauvres mal informés que nous sommes, à savoir (je cite) que les droits de l'homme ne sont pas respectés en Tunisie, que la Tunisie est un État liberticide, que la charia y est clairement appliquée. Tout ça pour ça ! ?, est-on tenté de leur répondre. On les aurait bien volontiers prévenues à l'avance de la terrible expérience qui les attendait là-bas, mais sans doute n'auraient-elles pas manqué de nous traiter, avec le sens légendaire de la mesure qui est le leur, d'infâmes islamophobes...
N'empêche, quand bien même leurs idées ni leurs manières ne sont les nôtres, il me semble qu'il serait tout à notre honneur de nous réjouir de leur libération. Car les Femen ne doivent pas être punies ni enfermées, ni réprimées ni interdites de parole ; elles doivent seulement être moquées, ce qui est déjà beaucoup. Cette tâche devrait nous accaparer durant encore quelques années (c'est à craindre).
(Quelqu'un ici pourrait-il avoir l'extrême bonté de les dissuader d'aller taquiner le Taliban des montagnes afghanes ou d'avoir la fantaisie d'exhiber leurs revendications
topless sous la barde des Ayatollahs ; quant à la Somalie, mes chéries, c'est même pas la peine d'y penser...)