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Les problèmes que rencontre l'islamisme politique

Envoyé par Jean-Marc du Masnau 
Il semblerait que l'islamisme politique, souvent appuyé par les classes inférieures de la population, rencontre quelques problèmes dans les pays musulmans.

En Egypte, des foules nombreuses ont manifesté contre lui, et maintenant l'armée prend nettement parti et utilise la force (notez que la Commission européenne a trouvé le moyen de s'en plaindre).

En Tunisie, Ennahda est en grande difficulté, et le pays glisse vers la guerre civile.

En Turquie, le parti du Premier ministre a dû battre en retraite.

En Syrie, les islamistes ont épouvanté une large partie de la population, ce qui explique le regain de vigueur du régime, appuyé il est vrai par les chiites.

Cela fait trop de cas pour qu'on puisse se contenter, de mon point de vue, d'une vision trop simple de la société musulmane (une société homogène tendue vers une prise mondiale du pouvoir avec application de la charia). Il me semble au contraire que toute une frange de la population, qui n'est peut être pas majoritaire mais qui est tout de même très importante et assurément très déterminée, ne veut pas de cette vision théocratique et aspire à séparer le religieux du profane, c'est à dire, concrètement, à mener une vie quotidienne où la règle religieuse ne lui dit pas à tout instant que faire.

Les In-nocents partagent-ils cette analyse, qui est largement celle du Yediot Aharonot, en général bien au fait de ce qui se passe dans le monde musulman ?
C'est en tout cas la conclusion d'Emmanuel Todd, prédisant une possible "entrée en modernité" des pays (ou de certains pays) arabo-musulmans, conclusion à laquelle il était arrivé déjà en 2007, me semble-t-il, à partir de données presque uniquement démographiques...
Oh ben alors, si c'est la conclusion d'Emmanuel Todd...
Mais, Marcel, c'est aussi la conclusion du Yediot, plus sûrement encore celle du Haaretz, de Jean-Marc, la mienne éventuellement, si vous préférez, ça fait du monde, quand même...
Il semble cependant, pour aller dans le sens d'Alain, que les enseignements des imams et des mollahs s'arrêtent au seuil de la chambre à coucher.

Les théories salafistes suivant lesquelles une femme est un ventre qui doit enfanter à rythme soutenu sont battues en brèche par la réalité des chiffres, voyez plutôt les taux de fertilité :

- Iran, 1,58 ;

- Turquie, 2,02 ;

- Algérie, 2,08.

Source : université de Sherbrooke.

[perspective.usherbrooke.ca]

Je ne peux pas interpréter cela autrement que comme une perte d'influence de la religion sur les comportements privés.
L'islam politique... Tout le monde sait très bien qu'il n'y aura plus de nouveaux Iran et Arabie saoudite. L'islam comme ordre moral, comme totalitarisme, tumeur infiltrante, voilà le danger auquel nous devons déjà, en bas de chez nous, faire face. Dans un monde pas tout à fait encore à l'envers, les choix politiques des Égyptiens et des Tunisiens, le devenir de ces peuples qui, comme on l'a dit un million de fois, ont le choix entre la peste et le choléra - au point où on en est - on devrait s'en cogner. Le problème étant, bien entendu, la pression migratoire qui s'exerce sur les nations européennes du fait de la constante instabilité régnant dans ces pays où le barbu et le général se disputent les deux principales arènes du pouvoir: la rue et le complexe militaro-industriel.
Avez-vous vu des généraux en Tunisie ? Est-ce un général qui a été assassiné ?

On dirait que ça ne vous plait pas que des musulmans s'opposent a l'islamisme...
Sans être particulièrement adepte du "complotisme", il semble qu'il y ait eu récemment changement de braquet de la politique américaine, en défaveur du Qatar et au profit de l'Arabie saoudite. Bien qu'antérieur à la chute de Morsi et se focalisant plutôt sur la Syrie, l'article d'un site palestinien en donne une explication intéressante. Et le Qatar était le grand promoteur de "l'islamisme politique", ce qui n'est pas le cas de l'Arabie saoudite.
Citation
Jean-Marc du Masnau
Cela fait trop de cas pour qu'on puisse se contenter, de mon point de vue, d'une vision trop simple de la société musulmane (une société homogène tendue vers une prise mondiale du pouvoir avec application de la charia).

Une connaissance historique même superficielle de l'histoire islamique préserve de telles simplifications. Au premier siècle de la conquête, ce qui n'était pas encore la société musulmane pratiquait déjà la guerre extérieure et, en même temps, la guerre civile, à la façon de cette autre entité martiale que fut Rome.
Bienheureux ceux qui pensent discerner l'issue. Je me contente pour ma part du constat, conquis de haute et longue lutte dans mon cas, selon lequel la modernisation technique, matérielle, l'accumulation primitive du capital, l'évolution de l'infrastructure pour parler comme les marxistes d'antan, n'entraînent pas mécaniquement l'évolution des mœurs, ni dans le même sens qu'ont évolué les nôtres, ni même dans un sens quelconque — qu'elles peuvent très bien s'accompagner d'un retour aux traditions locales, y compris celles qui nous paraissent les plus archaïques.
Citation
Marcel Meyer
... la modernisation technique, matérielle, l'accumulation primitive du capital, l'évolution de l'infrastructure... n'entraînent pas mécaniquement l'évolution des mœurs... elles peuvent très bien s'accompagner d'un retour aux traditions locales...

Dans un sens, c'est encourageant. Tout dépend de la "localisation" des traditions dont on parle et, en ce qui concerne le territoire d'origine de notre Mère patrie, desquelles des traditions endogènes ou conquérantes l'emporteront.
Les nations qui conservent une identité forte dans le monde s'en tirent assez bien face à la globalisation du libre-échange des biens et des personnes : Thaïlande : un "vivre-ensemble" réussi ?
Il semblerait que l'islamisme politique, souvent appuyé par les classes inférieures de la population, rencontre quelques problèmes dans les pays musulmans.

Je ne distingue pas où sont les problèmes. Le but de l’islam politique, c’est le massacre général. Or on y est bel et bien, en tout cas en Égypte (mais la Tunisie suit, je pense). Il est probable du reste que, quand on sera fatigué de s’entretuer, tout ce petit monde se réconciliera en faisant de belles brochettes de chrétiens (qui, pour le moment, se cachent dans leur propre pays ; on ne célèbre plus la messe, si j’ai bien compris).

À propos d’islam politique, l’actualité nous fournit un islamomètre, d’après le nombre de morts estimés du côté des Frères musulmans. Chiffre des frères : 70 morts. Chiffres de la chaîne Al Jezira : peut-être jusqu’à 120 morts. Chiffres du Guardian : probablement plus de 120 morts (j’ai cru voir hier un chiffre de 140 morts, mais ça n’y était plus ce matin, et j’ai peut-être mal lu ou mal retenu). Bref, les bobos britanniques sont plus hystériques que leurs amis à longues barbes. Explication possible : ils se shootent à l’idéologie victimaire, alors que, du côté arabe, tout de même, on fait la guerre, ça n’est pas très malin de raconter qu’on s’est fait complètement écrabouiller, qu’il ne reste personne de vivant !
Allons à un endroit où on ne se massacre pas, l'Iran. Comment expliquez-vous l'effondrement de la fertilité sinon parce que les gens, chez eux, ont décidé de ne pas suivre les objurgations des mollahs ? Ne voyez-vous pas que les pays musulmans sont travaillés par ces contradictions ?
Allons à un endroit où on ne se massacre pas, l'Iran.

Vous plaisantez, Jean-Marc. L’Iran est le recordman du monde de la pendaison. On pend par dizaines, et en public, comme au Moyen-Âge, au moindre prétexte.
Je parlais de situation de guerre civile. Sur le fond, il me semble que les sociétés musulmanes sont écartelées entre deux courants : un qui veut vivre selon la charia, l'autre non.
Je pense que vous projetez des catégories occidentales sur des sociétés non-occidentales. L’urbanisation, avec ses transformations sociales et démographiques (les femmes travaillent, font moins d’enfants, d’ailleurs un enfant en ville, ça coûte cher, etc.) n’empêche nullement l’adhésion profonde à la charia. Pour parler de façon volontairement naïve, on ne les rendra pas « comme nous » en les faisant vivre comme nous.
Je donne un exemple. Le ramdam. En voilà une idée de crétin. On fait la bamboche toute la nuit, mais on ne prend rien de l’aube au crépuscule, comme cela on est sûr d’être en hypoglycémie. Et comme en plus on n’a pas dormi... A priori, c’est totalement incompatible avec notre mode de vie (ne serait-ce que parce qu’on devient un danger pour soi et pour les autres). Eh bien écoutez les conversations des chauffeurs de bus, à l’arrêt. C’est très instructif. On compare les expériences, on se donne des conseils. Tout le monde est très excité (bon, ils n’ont pas dormi).
Une "modernisation" technique est évidemment souhaitée par tous les peuples en ce qu'elle entraîne un adoucissement de la vie. Mais être plus riches et plus heureux n'empêchera pas les musulmans de souhaiter la conversion, l'asservissement voire la mort des "gens du Livre".

Je pense que vous surinterprétez la baisse de la natalité. Elle est probablement mieux analysable par des facteurs économiques et de politique familiales plutôt que par la sécularisation.
L'islam des Frères musulmans se heurte à l'évidence à des contradictions politiques liées à l'exercice du pouvoir. Sur ce point Jean-Marc et Alain ont parfaitement raison. L'Iran des mollahs également, d'ailleurs, qui vit une sorte de guerre civile larvée entre une partie de la société, le mouvement vert, issu des classes moyennes produites par l'urbanisation du pays et le développement des études supérieures y compris chez les femmes, et les mollahs alliés au couches populaires qui ont le plus bénéficié de la révolution de 1979. En revanche, voir dans la modernisation des sociétés islamiques un facteur qui viendrait compromettre mécaniquement l'avenir de l'islam politique me semble une erreur. Contrairement à ce que dit Jean-Marc, les Frères musulmans en Egypte et en Turquie trouvent une grande partie de leur base sociale dans les couches moyennes supérieures (avocats, médecins, ingénieurs, entrepreneurs). L'occidentalisation du monde est technique et économique mais nullement éthique : le musulman veut bien des ordinateurs et de l'internet mais pas forcément du mariage gay, de l'égalité homme-femme, et de la démocratie parlementaire. La modernisation produit une réaction qui n'est pas près de s'éteindre. En outre, la rupture de l'Occident avec le monde traditionnel s'est faite sur fond d'un développement économique (malgré les crises et les guerres) qui a permis d'assurer une cohésion sociale que l'on ne trouve pas dans ces pays où le capitalisme est un produit exogène.
Je pense que nous allons assister à des situation chaotiques sur le modèle de ce qui se passe en Irak où les guerres confessionnelles ont repris de plus belle. Irak, Syrie, Liban, Lybie, Egypte, Soudan, sans parler de l'Afrique subsaharienne, où là la transition démographique est à peine entamée (deux milliards d'habitants d'ici une quarantaine d'années), qui voit l'islam wahabbite se développer à grande vitesse (Nigéria, Mali, Côte d'Ivoire). Et puis à ceux qui pensent que l'islamisme est soluble dans la modernité, comme le communisme dans l'alcool, le cas des musulmans européens, à contre-courant de la vague de sécularisation qui touche les populations européennes, serait, avec leur taux de natalité, le développement de l'endogamie, et leur pratique religieuse, plutôt un contre-exemple. Non ?
Cher Michel, vous avez raison de souligner une de mes erreurs : en Turquie en effet les islamistes ont une composante appartenant à la classe moyenne, c'est indéniable (j'ai cité sur un autre fil un ouvrage fort intéressant a ce propos). Il n'en demeure pas moins qu'ils sont minoritaires au sein de la classe moyenne et majoritaire au sein des basses classes.
En évoquant le rapport des Frères aux classes moyennes, cher Jean-Marc, plutôt qu'à la Turquie (même si une bonne partie de la base de l'AKP en Anatolie est constituée d'entrepreneurs) je pensais à l'Egypte où les partisans de Morsi (lui-même ingénieur ayant fait ses études aux USA) sont très puissants dans les organisations professionnelles d'avocats, de médecins et d'ingénieurs.
Chacun a encore en mémoire le fait que les dizaines de terroristes directement impliqués dans les attentats du 11 septembre étaient tous des hommes modernes appartenant aux classes moyennes supérieures techniciennes supposément les plus "occidentalisées".
Citation
Marcel Meyer
Chacun a encore en mémoire le fait que les dizaines de terroristes directement impliqués dans les attentats du 11 septembre étaient tous des hommes modernes appartenant aux classes moyennes supérieures techniciennes supposément les plus "occidentalisées".
C'est probablement ce qui produit en eux un conflit de loyauté aigu, lequel trouve un soulagement dans l'action terroriste.
Ce phénomène de double appartenance éclaire également les processus de réislamisation que nous constatons à l'heure actuelle.
Cela n'invalide pas le raisonnement, Marcel.

Il est tout à fait possible que des terroristes appartiennent à la classe moyenne alors que celle-ci, dans sa majorité, lui est opposée. Cela a été le cas en France avec le terrorisme de type "Action directe". Notez aussi que pour commettre l'attentat du 11 septembre, il fallait avoir une raison valable d'être aux Etats-unis et, pour certains, il était nécessaire de savoir plus ou moins piloter.

Au fond, que reprochez-vous à mon point de vue ? au Caire, à Tunis il y a des foules de manifestants. D'où viennent-ils, sinon de la classe moyenne, sachant que les basses classes sont achetées par le système social fort efficace des frères musulmans.
» Et puis à ceux qui pensent que l'islamisme est soluble dans la modernité

Le fait est qu'on ne sait pas ; certains (le Pr Emmanuel Sivan, par exemple) pensent que la résurgence relativement récente de l'intégrisme musulman serait justement l'expression d'une telle crainte, ce qui constituerait presque une confirmation de l'intérieur... Et "en exil", on est toujours davantage enclin à préserver ce qu'on considère être les racines et à consolider comme on peut des repères identitaires.
A force de multiplier les "catégories" distinctes de l'islam, telles que islams au pluriel, islamisme, islam politique, islam modéré, islamisme modéré, et maintenant islamisme politique, on n'observe plus les faits ou les choses, mais on résonne (et non pas "raisonne") sur les mots et les seuls mots ou on les fait résonner. C'est à croire que la multiplication de ces catégories, les multiplicateurs étant les intellectuels organiques, les sociologues, les diseurs de bonne parlure, les spécialistes du monde arabo-musulman et nos inévitables caisses de résonnance que sont les journaleux, n'a pour but que d'ajouter de nouvelles confusions à une confusion première et rendre totalement aveugles ceux qui n'aspirent qu'à rester borgnes.

L'islam est un ordre juridique qui embrasse la totalité des existences humaines : il est essentiellement (id est "par essence") ou naturellement politique. Pour l'appréhender, le saisir, le comprendre, l'étudier, il n'est même pas nécessaire, comme le font les disciples de Rodinson, Berque, Etienne, Roy, etc. de créer des monstres ou des chimères ou des zombies conceptuels que l'on baptise "islamisme" ou "islamisme politique".

Il ne semble pas que cet islam régresse ou soit confronté à quelque difficulté que ce soit en Arabie saoudite, au Qatar, au Koweit, dans les EAU, à Brunei, etc. Au contraire. Les ressources en énergie, vendues à des prix scandaleusement élevés au monde entier et sans que ces pays se soient donné la peine de les découvrir ou même de les exploiter, forment une rente apparemment inépuisable grâce à laquelle il est possible aux autorités politiques de ces pays de maintenir leur peuple dans la servitude et une servitude volontaire, dans laquelle ce même peuple repu se complait. Nous pourrons nous réjouir ou prédire un futur moins sinistre quand cet ordre islamique commencera à se fissurer dans les pays de la péninsule arabique. Ce n'est pas demain la veille, hélas. Il ne semble pas qu'en Arabie saoudite, les choses aient bougé de plus d'un kasra en un demi-siècle... Le soleil d'Allah continue à briller sur l'Arabie et ses confins.

Il en va différemment dans les pays qui ont une longue histoire antérieure à l'islam, qui disposent d'un Etat et d'un Etat plurimillénaire ayant ses règles bureaucratiques propres et dont les citoyens ont gardé l'habitude de commercer avec les peuples avec lesquels ils entretenaient des relations avant que les arabes islamisés ne les soumettent à une loi nouvelle. Dans ce cas, les vieilles dynamiques étatiques ou militaires s'opposent, assez mollement à dire vrai, à cet ordre qu'est l'islam, n'acceptant de cet ordre que des fractions, lesquelles, suivant les pays, peuvent représenter une part plus ou moins importante de la totalité de l'ordre. Que l'islam s'y heurte à des oppositions, plus ou moins vives, est dans l'ordre des choses : c'est ce qui s'est quasiment toujours passé. A l'Est, il n'y a rien de nouveau.
Le fait est cependant que la modernisation ou occidentalisation des mœurs a reculé très sensiblement depuis un demi-siècle dans ces pays musulmans qui furent plus proches de nous, en tout cas au sein des bourgeoisies : voyez les photos de ces jeunes femmes en talons hauts, jupes courtes et coiffées d'une choucroute en Iran ou en Égypte dans les années soixante. Il est loin le temps où Atatürk, Bourguiba ou Nasser incitaient les femmes du peuple à se dévoiler. C'est ça que, pour le moment, nous dit l'histoire et le reste est conjectures.
» A force de multiplier les "catégories" distinctes de l'islam, telles que islams au pluriel, islamisme, islam politique, islam modéré, islamisme modéré, et maintenant islamisme politique, on n'observe plus les faits ou les choses

Certes, mais la résurgence au cours du XXème siècle d'un "radicalisme islamique" prônant ouvertement la nécessité d'une renaissance islamique et d'un retour au sources, afin de lutter contre ce qui était perçu par ces mouvements comme une occidentalisation croissante de certain pays arabes, cela ne fait-il pas partie des faits et des choses à observer ? N'est-ce pas exactement la raison de la création des Frères musulmans, entre autres ?
Comment voulez-vous rendre compte du réel, justement, si au nom d'une "essence" générale présupposée et théorique vous omettez de décrire comment cette essence est actualisée et vécue dans ces pays ?
Il me semble que l'"islamisme politique" fait souvent référence à cette radicalisation religieuse comme phénomène historique et social, et non seulement du point de vue strictement doctrinal de la nature intrinsèque de l'islam, ces deux aspects de la question étant à distinguer...
Vous portez un regard bien irénique sur le Royaume de Thaïlande cher Eric, quand il y a trois ans seulement, le pays déchiré était au bord de la guerre civile, Bangkok hérissé de barricades, etc.

La société thaïe est en pleine mutation, avec quatre-vingt pour cents de laissés-pour-compte de l'enrichissement et de l'industrialisation qui supportent de plus en plus mal la modernité, ses nuisances, ses modes d'asservissement, la destruction de l'environnement, et la déterioration générale des nivaux de vie dans des régions entières du pays.

L'implantation de mosquées s'opère à un rythme exponentiel dans le bassin de Bangkok, auquel ne peuvent se comparer que ceux de la banlocalisation et de l'extension de la lèpre industrielle et des industries poubelles dans cet espace qui, il y a encore une trentaine d'années, offrait à la vue un paysage bucolique et insouciant (rizières, buffles, enfants joyeux plongeant dans les klongs, bambous ornementaux piqués le long des routes, etc.).

Une guerrilla islamique revendique une province entière du Royaume, frontalière à la Malaisie.

A part ça, ça va.
Et alors? Le radicalisme national socialiste n'est-il pas né du sentiment de la judéisation de l'Allemagne et pas seulement de la stricte doctrine prônant la supériorité aryenne?
30 juillet 2013, 00:08   Comme le temps passe
Oui, chère Cassandre, mais il me semble que cette intoxication occidentale des âmes dénoncée par les meneurs "fondamentalistes" — "westoxication" dont les effets à une certaine époque étaient effectivement constatables — désigne un phénomène plus réel que la judéisation de l'Allemagne, et moins fantasmatique... non ?

(Nous eûmes une discussion semblable il y a quelques années déjà...)
Citation
Francis Marche
Vous portez un regard bien irénique sur le Royaume de Thaïlande cher Eric...

Hum... Je crains, cher Francis, qu'à mon corps défendant vous n'ayez raison. Face au consumérisme exacerbé qui semble être la seule perspective offerte par cette fameuse société globalisée censée résoudre tous nos problèmes, on cherche un peu désespérément de par le monde toute mince lueur de résistance, aussi ténue soit-elle.
Dans ce contexte, l'islamisme politique a ceci d'angoissant que ses solutions liberticides et moyenâgeuses apparaissent pour certains comme une réponse efficace, car construite et énergique, à l'indifférenciation mercantile.
Alors, oui, la Thaïlande n'est pas la panacée, pour les motifs que vous avez fort bien rappelés, mais je pense quand même que son identité forte freine un peu les effets destructeurs de la mondialisation. Une alternative plus traditionnelle en quelque sorte que l'asservissement islamique, plus respectueuse de l'ordre naturel, qui limiterait au moins les dégâts.
Je vous l'ai dit, je crois, je suis un éternel optimisme. Le défaut de cette position peut être parfois d'embellir un peu trop la réalité.
Et, bien que je ne sois pas un spécialiste de ce pays, l'évolution récente du Bhoutan n'est pas pour me réjouir.
Il ne nous restera bientôt plus que la Corée du Nord...
Merci, cher Alain d'avoir permis de relire tous ces messages à propos de l'islam, sur ce fil lancé par Elise, (Elise, dont le retrait de ce forum est bien regrettable).
Dame Ashton, Laurent Fabius... Sacrebleu, l'Europe se soucie grandement du sort de l'islam politique fait homme en Egypte! Je sais bien que ces gestes diplomatiques sont effectués pour empêcher un nouveau bain de sang. Mais tout de même, c'est bien d'un leader des Frères musulmans (certes président élu) qu'il est question!
L'année des grandes inondations (2011) qui faisait suite à celle où Bangkok fut sur le point d'être mis à feu et à sang, consacre la faillite d'un certain modèle économique qui ruine le pays.

Ces inondations, comparables à aucune de mémoire de Thaï, furent causées par l'artificialisation forcenée des sols de la plaine de Bangkok, elle-même entraînée par ce modèle d'industrialisation esclavagiste qui sévit en Chine. Deux disques durs d'ordinateur sur trois vendus dans le monde sont fabriqués dans cette plaine désormais bétonnée comme un parking de supermarché ou d'usine.

Presque tout le monde sait cela en Thaïlande, mais personne ne peut ou ne veut rien y faire. Ce qui peut rappeler certaines structures de cauchemar politique récemment soulignées par R. Camus dans son journal libre, et qui nous touchent en Europe sur un tout autre plan, ou par des voies tout autres.

Nous vivons le siècle de l'impuissance, l'âge des castrats politiques.
l'âge des castrats politiques.

Le timbre de voix de F. Hollande, et de tant d'autres "hommes" politiques d'aujourd'hui, confirme cela. La protestation virile, aux conséquences pas toujours heureuses, il est vrai, a totalement déserté l'expression des politiques.
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